
1622. Louis Mendez Vafconcellos , 6 'mois. "
1623. Antoine de Paule ou de Paulo , 1 3 ans..
1636. Jean-Paul de Lafcaris, 21 ans.
Paul-Martin de Rhédin, 2^ 3 ans.
1660. A-net de Chatce-Clermont-Geflàns , 3 mois.
1660. Raphaël C o to n e r , 3 à 4 ans.
1663. Nicolas Cotoner, frère de Raphaël, 17 ans-
K'80. Grégoire Caraffe, 10 ans.
1^90. Adrien de VJgnacourt, 6 ans 6 mois.
1697. Raymond de Perellôs de Rocafull, 22 ans
11 mois 3 jours.
1720. Marc-Antoine Zondodari , 2 ans 5 mois 3
jours.
1722. Antoine-Manuel de Vilhena, 14.ans y mois
23 jours.
1736. Raymond Defpuyg Montanègre, 4 ans 2
jours.
1741. Emmanuel Pinto de Fonfeca.
Ordre des Templiers.
Ordre militaire, qui commença vers l’an n 18 à
Jérufalem. Hugues de Paganis, Geoffr oy de Saint-
Omer pu Saint-Aumaire, 8c fapt autres, dont les
noms font ignorés, fe çonfacrerent au fervice de
Dieu à la manière des chanoines réguliers, & firent
les voeux de religion entre les mains du patriarche
deJérufalem. Baudoin II, confldérantle zèle deces
neuf ferviteurs de Dieu , leur prêta une maifon près
du temple de Salomon, d’ ou ils eurent le nom de
Templiers ou de chevaliers de la milice du temple..
Comme ils ne- vivoient que d’aumônes, le Roi,
les prélats 8c les grahds leur donnèrent des biens,
les uns pour un rems , .& les autres à perpétuité.
L ’objet ne cet inftitut é toit, comme celui des chevaliers
de Saint-Jean-de-Jérufaiem , de défendre
les pèlerins de la cruauté des Infidèles, 8c de t e nir
les chemins libres pour ceux qui entraprenoient
le voyage de la Terre-Sainte. Oes neuf premiers
chevaliers ne reçurent perfonne dans leur fociété
jufqu’à H 2 f . Après la célébration d’ un concile
tenu à Troyes en Champagne , l’évêque d’Albe ,
légat du Saint-Siège, y préfidoit de la part du
pape Honorius I I , 8c avec lui les archevêques de
Rheims & de Sens,avecleursfoffragans & quelques
abbés, entrelelquek étoit faint Bernard : Hugues
de Paganis s’y trouva, fuivi de cinq de fes. confrères.
Ils demandèrent une règ le , & feint Bernard
eut ordre d’ y travailler ;.ce qu’il fit. Le concile
ordonna que les Templiers porteraient l’habit
blanc, 8c en 1146 Eugène JII y ajouta une .croix
fur leurs manteaux. Dans la fuite cet Ordre fut en
grande réputation , 8ç acquit de fi grands biens ,
que Mathieu Paris affûte que les Templiers avoient
des richefies immenfes & neuf mille maifons. ’Ces
biens, d it-on, les rendirent fi arrogans, que non-
feulement ils refufèrent de fe foumettre au patriarche
de Jérufalem , mais qu’ils -ofèrent même
s’élever contre les têtes couronnées, leur faire 1
h guerre, tifurper & piller indifièremsoent 5 s
terres des Infidèles 8c des Chrétiens y même s’accorder
avec les premiers , comme quand ils donnèrent
au foudan d’Egypte les, moyens de lur-
prendre l’empereur Frédéric I I , qui étoit palfé
dans la Terre-Sainte. Les hiftoriens, qui font tous
allez d’accord fur ce qui concerne les premiers
tems de l ’inftitution des Templiers, fe partagent
quand on approche du tems de leur ruine. Les
uns, touchés de commifération de leur fupplice 8c
de leurs tourmens, 8c de la confiance de quelques-
uns d’eux dans ces mêmes tourmens, & de leurs
proteftations continuelles d’innocence, les en ont
crus fur leur parole, 8c les oht regardés comme des
victimes déplorables de l’env ie, de la tyrannie 8c
de la rapacité î les autres, lübjugués par l’autorité,
ont cru tout ce que les ennemis des Templiers ont
voulu faire croire, 8c ont accumulé contr’eux les
plus étranges accufations.;Qu’ onTapporteenpreuve
de leur orgueil infuppomble , ou du moins de la
réputation qu’ils en a v o itn t, une mauvaife plaisanterie
du roi d’Angleterre, Richard i,Coe u r -d e -
i lion, qui difoit qu il taijjoitfa fuperbe aux Templiers,
on fent que cela ne prouve abfolumént rien , 8c
qu’une accufation vague d’orgueil eft abfolumént
infi^nifiante} mais voyons d’autres accufations dans
les écrivains les plus crédules. Enfin, difent- ils ,
les excès des Templiers les rendirent odieux à tous
les Princes, 8c furent caufe que leur Ordre fut entièrement
aboli. Deux chevaliers qui en avoient
«été retranchés HË condamnés pour leurs crimes ,
l’un prieur de Montfaiieon , dans la province dé
Touioufe, 8c l’autre un Florentin appelé Nofto-
D ù } furent les inftrumens dont on fe fervit pour
perdre l ’Ordre entier. Soit pourfie venger de leurs
confrères , fqk pour éviter la peine qui les mena-
ç o i t , ils révélèrent les défordres cachés auxquels
les Templiers s’ étoient abandonnés depuis long-
tem s , & les acculèrent de crimes fi horribles ,
que le roi Philippe-le-&et, quoique leur ennemi,
eut peine à y ajouter foi. Non, il n’y croyoit pas ,
mais il vouloir qu’on y crût. On entrevoit là des
horreurs qu’on ©fie a «peine énoncer. Recevoir
pour dénonciateurs contre un Ordre entier de chevaliers,
deux fripons que l’Ordre avoit rejetés de
fon fein 8c condamnés au fupplîce ; leur promettre
leur-gr-ace à condition qu'ils aecufer ont leurs juges'*
leur fuggérer les accufations, & feindre enfuitè
d’avoir peine à y croire , pour montrer de la modération
& de l’impartialité , tandis qu’ on a foi-
même , par toutes fortes d’ artifices/drefle tout
l’échafaudage deprétenduespreuves qu’oneftbien
réfolu de trouver concluantes : voilà un des points
de vue de l’ affaire, 8cibeftbien auffi vraifemblable
que celui qui rend tous les Templiers coupables
des crimes dont on les accufoit. Philippe en informa
Je pape Clément V,Bertrand de G o t, né fon fujet,
8c auquel il avoit procuré la tiare fous la condition
de lui fecrifier les Templiers} il lui en parla aucon-
cile de Ly on, 8c lui en fit encore parler à Poitiers.
Le Pape , par une bulle du 23 août 1306, adreffée
à Philippe-le-Bel, lui' promit de fe rendre à
Poitiers dans peu de jou rs , pour éclaircir lui-
même ces accufations, que le .grand-maître de
l ’Ordre foutenoit être faufies ( tout cela étoit ou
pouv.oit être de leur rôle convenu ;). L e R o i ,
pourfuivent les hiftoriens , ne laiflà pas de pafler
outre , 8c de mettre en exécution le projet qu’il
avoit conçu. 11 donna ordre d’arrêter en un meme
jour tous les Templiers de fon royaume} ce qui fut
exécuté le y octobre 1307. L e Pape trouva fort
mauvais qu’on eût procédé fans lui dans une affaire
de cette importance ( colère qui vraifembla-
blement étoit encore de fon ,rôle ) ; ce qui n’em-
pécba pas Philippe-le-Bel de nommer pour com-
miffaire Guillaume de Paris, de l’Ordre des Frères
prêcheurs , avée autorité de faire le procès aux
Templiers. Les crimes les plus énormes dont ils
étoient accufés y é toient, i ° . d’ obliger ceux qui
entroient dans leur Ordre , de rçnier Jéfos-Chrift
dans le tems de leur réception, 8c de cracher trois
fois contre un crucifix ; 20. de les engager à baifer
celui qui les recevoit, à- la bouche, au nombril 8c
au fondement ; 30. de leur permettre de s’abandonner
au crime de fodomie avec leurs confrères,
pourvu qu ils s’abftînfient du commerce des
femmes j 4°. d’expofer dans cette cérémonie 8c
dans les chapitres généraux une idole à grande
barbe, de bois doré ou argenté , qui étoit.adorée
par tous les chevaliers. Une partie de ces faits fut,
dit-on, avouée par Jacques Molai, grand-maître de 1 Ordre,par Guy, frère du Dauphin (non de Viennois
,' comme le difent les hiftoriens, mais d’Auvergne),
8c par Hugues Pérault, auflîbien que par
un grand nombre des cent quarante chevaliers qui
furent interrogés à Paris. Dans les autres villes du
royaume on fit fubir interrogatoire à ceux qui
avoient été arrêtés , 8c la plupart convinrent des
chefs d’accufetion dont on les chargeoit, hors
celui de l’adoration d’une idole. Quelques-uns
dénièrent d’abord, 8c ne les avouèrent qu’après
avoir été mis à la queftion. Clément V , irrité ( ou
rtqn ) de ce que Philippe-le-Bel avoit entrepris de
feire par lui-même le procès aux membres d’une
milice fourni fe à l’E glife ., s,’en plaignit aigrement
(toujours le rô le ), 8cfut autorifédans fes plaintes
par la décifîon de la faculté de Paris, laquelle prononça
en fa faveur, de forte que le Roi fut obligé
de,remettre les principaux prifonniers entre les
mains de deux cardinaux que lui avoit envoyés le
Pape, qui les attendoit à Poitiers. Il y furent conduits
8c interrogés parce pontife même, auquel ils
avouèrent les crimes en queftion ; ce qui fut confirmé
par le témoignage d’un Templier, domeftique
du Pape. C e fut pour lors que Clément V , qui avoit'
fufpendu lepouvoir des évêques 8c archevêques du
royaume, leur permit de proçéder dans leurs dio-
cèfes contre les accufés ( quel je u , fi tout cela
n’étoit qu’ un jeu ! ) , fe réfervant néanmoins la con-
noiflance du procès1 contre. le grand-maître du
Temple , 8c çontre les maîtres 8c précepteurs de
France, Terre d’ôutrè-mer, Normandie , Poitou
8c Provence. A l’ égard de leurs biens , il déclara
qu’ils dévoient être employés au recouvrement de
la Terre-Sainte , 8c pourvut, par des bulles ex-
prefles , à leur garde 8ç confervation. Quoiqu'en
levant la fufpenfion , il eût confirmé l’ autorité des
inquifiteurs français , il ne laiffa pas de nommer
' encore trois cardinaux pour revoir les premières
informations. Les plus confidérables des prifonniers
convinrent de tout derechef ; enfuite de quoi le
|i Pape 8c le R oi, qui s’abouchèrent à Poitiers-, réfo-
| lurent ( ce qu’ils avoient réfolu depuis long-tems }
| de faire faire le procès à tout l’Ordre en général.
On demanda au grand-maître s’ il prétendoit em-
j brafter la défenlë de’fonOrdre: il parut êtreréfoiii
J de l’entreprendre j 8c lorfqu’on lui fit leêture des
! articles qu’il avoit confefîes , il témoigna ne s’en
! point fouvènir. Il fe récria contre l ’injuftice que
j l’ on faifoit ( fur la feiile dépofition de quelques
‘ faux témoins ) à tout un Ordre qui avoit rendu de fi
| grands fervices au chriftianifme. Il protefta enfuite
I que ceux qui avoient avoué, n e l’avoient fait que
! par la crainte des tourmens ou pour ayoir été
féduits. Malgré fes raifons', pendant que les com-
miftaires du Pape pourfuivcient le procès qu’ ils
avoient commence contre tout l’Ordre , 8c qu’ils
entendoiént les dépolirions de deux cent trente-
un témoins, le concile de Sens jugea cinquante-
quatre d’entr’eux , qui , après avoir per fi fié dans
le défaveu de ce qu’ils avoient confefte , furent
condamnés comme relaps , dégradés ,. livrés atf
bras féculier , 8c brûlés à Paris, hors de la porte
Saint-Antoine, au mois de mai 1310. ( Quel amas
d'irrégularités 8c de monftrueufes cruautés ! ) Iis
moururent rous en proteftant de leur innocence.'
En Italie , en Angleterre, dans la Caftille & en
Àrragon, l’ on pourfuivit aufiî les Templiers, mais
avec moins d’acharnement 8c de rigueur. La décifion
de ce qui regardoit tout 1 Ordre en général fut
réfervéë au concile général qui fe tint à V ienne
au mois d’ o&obre 1311 . L’entière defiruétion des
v Templiers y fut réfôlue, 8c la bulle en fut publiée
au mois de mai de l’an 1312. Les biens des Templiers
furent unis à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jéru-
falem, à l’exception de ceux qui étoient fitués
dans le royaume d’Arragon, qui furent unis depuis
à l’Ordre de Calatrava, établi dans ce royaume 8c
alors indépendant de celui de Caftille, 8c en Portugal,
où on les donna à l’Ordre des chevaliers du
Chrift. Cependant la plupart des Princes partagèrent
lés dépouilles de ces malheureux , car
Philippe-le-Bel retint pour les frais du procès lés
deux tiers de leurs biens mobiliers : le roi d’Ar-
ragoir s’empara de dix-fept châteaux t u places
fortes qui leur avoient appartenu , 8c le roi de
Caftille en garda aufti quelques-uns. Comme le
Pape s’étoit réfervé j e jugement du grand-maître
& de trois autres principaux chevaliers , il envoya
umcommiffaire a Paris pour y porter la fentence
qui les dépofoit, 8c les conaamnoit à une prifon