R E G R O B
I^ ,A O U L . (Hiß., litt, moa!.) Deux écrivains de
ce nom fe font fait connoître dans le tems des
premières croifades.
i° . L'un nommé Raoul Ardent, parce qu’ on lui
trouvoit alors beaucoup de feu dans l’elprit, &
qu'il avoit beaucoup de zèle pour la F o i, furtout
pour la foi aux croifades , étoit un prêtre du dio-
cèfe de Poitiers, qui fuivit Guillaume IX , comte
de Poitiers, à la croifade de i l o i , & qui mourut,
à ce que l’ on croit, dans la Paleftine. il a lailféun
recueil d’Homélies latines : on les a imprimées en
1 586 : on les a aufli traduites en français.
2°. L’autre, nommé Raoul de C aen, du lieu de
fa nailfance, a eu dans un fîècle de fuperftition le
mérite de combattre une fable fuperftitieufe. Il à
écrit l’hiftoire de Tancrède, l ’un des chefs de la
première croifade. Un autre hiftorien de la même
croifade, Raimond d’Agiles , & après lui une
foule d’auteurs , s’ étoient efforcés d'accréditer la
prétendue decouverte de la faillie lance, c ’eft-à-
dire, de la lance dont J. C . avoit eu le côté percé.
Raoul de Caen traite hautement cette découverte
d’ impoflure. Mort vers l’ an 111 ƒ.
REGILIEN. (Hiß. rom.) Quintus No nius Regil-
lianus fut un de ces aventuriers qui fe multiplièrent
à l'infini fous le règne du foible empereur
Gallien, & qu’ on nomma tyrans, parce qu’ ayant
tous prétendu à l’Empire, ou bien y étant parvenus
fans y prétendre, ils ne furent pas s’y maintenir
, & fuccombèrent fous le poids de cette en-
treprife, fouvent formée fans leur aveu, fouvent
même contre leur gré. Ces promotions irrégulières
à l’Empire impofoient la néceflité de réuffirj
c’étoient des arrêts de mort quand on ne réuflif-
foit pas. Regilien étoit Dace d’ origine : on croit
qu'il étoit parent de ce Décébale, vaincu par
Trajan j il fervit avec diftinétion dans les armées
romaines, & acquit furtout beaucoup de réputation
fous l’empire de Valérien j il parvint aux premiers
emplois militaires. Sous l’empire de Gallien
, il commanda_en chef dans l lllyrie & dans la
haute Moefie ; il y remporta des victoires affez con- !
fidérables la n 2005 enfin il fut malheureufement ;
allez en vue pour qu’on jetât les yeux fur lui dans ;
le mécontentement général qu’excitoit Gallien, & !
au milieu du profond mépris qu’infpiroit ce Prince, j
La manière dont Regilien fut élu Empereur, & les
motifs qui concoururent à fon élection, méritent
d être obfervés, & appartiennent à l’hiftoire de
l ’efprit humain. Des officiers de l’armée de Regilien
, étant à fouper enfemble, s’entretenoient de
leur général, & remarquoient le rapport grammatical
qui fe trouvoit entre fon nom & le titre de
Roi. C e rapport leur parut d’ un heureux préfage*
& , s’échauffant fur cette idée fuperftitieufe, ils en
vinrent jufqu’ à le revêtir de la pourpre dès le lendemain.
Les peuples d’ illyrie applaudirent à ce
choix $ mais, bientôt épouvantés des préparatifs de
guerre & de vengeance que les partifans de Gallien
faifoient fous fon nom, ils communiquèrent
leur frayeur aux foldats de Regilien, qui le maffa-
crèrent au moment o ù , pour foutenir l’honneur de
; leur choix > il fe préparoit à porter la guerre chez
; les Sarmates. C e fut l’an 263.
REYNÂ ( C a s s io d o r e ) , (Hiß. litt, mod.),
auteur d’une traduélion de la Bible en efpagnol,
fous ce titre : La Biblia que es los facros libros del
viejo y nuëvo tefiamento , tranfladada en efpanol.
Cette traduction eft toute calvinifte : elle parut
. en 1 y 6 9 , non enEfpagne, où le calvinifme n’ avoit
pu pénétrer 3 mais à Bâle. L’auteur, qui a caché
fon nom fous ces deux lettres initiales^ C . R ., a
mis à la tête de fon ouvrage un long difcours en
faveur des traductions de la Bible en langue vulgaire.
La fienne eft devenue trèsr-rare.
ROBERT-GROSSE-TÊTE, ( Hiß. litt. mod. ) ,
en latin Capito, né en Angleterre dans le pays de
Suffolck, de parens pauvres, parvint à l’archidia-
coné de Leicefter, & en 1235 à l’évêché de Lincoln.
11 eft principalement connu par fon oppofi-
tion aux entreprifes de la cour de Rome, qu'il y
avoit alors quelque courage à combattre, mais
qu’il n’y a plus depuis long-tems que de la bafleffe
& de l’impiété à outrager. Par une fuite du même
principe, il défendit avec beaucoup de force la
juridiction de l’Ordinaire contre les moines, qui,
cherchant à s’y fouftraire, intérefioient l’autorité
pontificale à leur accorder des exemptions def-
truCtives de toute difcipline & de toute hiérarchie.
Le pape Innocent IV ayant accordé d’office
une difpenfe, relativement à un canonicat de
l’églife de Lincoln, trouva dans l’ évêque l’oppo-
fition la plus vigoureufe & la plus confiante. On
a quelques-unes des lettres de cet évêque dans
le recueil de Brown, intitulé Fafciculus rerum expe-
tendarum . Son ouvrage fur les Obfervations Légales a
été réimprimé à Londres dans le dernier fîècle ; fon
Teßamentum duodecim Prophetarum eft devenu très-
rare j ce qu’il 11e faut pas prendre pour un éloge ,
car les bons livres fe réimpriment en proportion
du befoin ou de l’empreffement. Son Abrégé de la
fphéreyfes Commentaires fur les analytiques d’Arif-
tote , ont eu de la réputation. En général il aimoit
les lettres, haïffoit les vices & le défor dre, &
s ’ eft plu à faire la guerre à ces derniers dans la
plupart de fes ouvrages. *11 mourut-en 1253.
ROYE ( de ) , ( Hift. de Fr.) I nom d’ une ancienne
Mai fon fondue dans celles de Condé & de
la Rochefoucauld, vers le milieu du feizième.fiè-
cle : cé nom lui venoit d’ un bourg de la Picardie.
Dès le onzième & le douzième fîè c le , des fei-
gneursdeRoye, de cette Maifon, avoient accordé
ou confirmé des franchifes aux égliies de Cambrai
& de Saint-Quentin.
i° . Barthélemi de Roye étoit en faveur auprès
de Philippe-Augufte, qui lui donna, en 1199^ la
forêt d’Herelle près Mont-Didier, & qu’il accompagna
au fiége de Rouen, dont ilfigna la capitula- -
tion en 1204, & dix ans après à la bataille de Bovines.
11 fut fait chambrier de France en 1209, &
fonda, en 1221, l'abbaye de Joyenval près Saint-
Oermain, dans la forêt de Marly 3 où il eft enterré.
•
2°. Son petit-neveu, Mathieu, premier du nom,
fuivit faint Louis dans fes deux voyages d’ outremer
en 1248 & en 1270, & fervoit encore en
Flandre en l’an 1300.
30. Jean II fon fils rendit de grands fervices au
roi Philippe de.Valois, & fe diftingua furtout par
fa belle défenfe de Tournai contre Edouard III,
en 1340.
40. Mathieu I I , fils de Jean I I , après de longs
& utiles fervices rendus aux rois Philippe de V alois
& Jean, fut un des feigneurs donnés en otage,
en 1360, pour la délivrance de ce dernier. Il refia
quatorze ans en Angleterre.
50. Dans la branche des feigneurs du Plefîier
& d’Aunoi, Mathieu IV fervit en Flandre en 1437
fous le connétable d’Eu, & en 134c fous le duc
de Normandie ( depuis le roi Jean) en iyyS &
1359. Il fervit bien le dauphin Charles, alors Régent
j en 1360 il pafla en Angleterre pour ramener
le roi Jean en France > en 1364 il étoit à la bataille
de Cocherel.
6°. 70. 8°. Mathieu IV eut trois fils tués à la
funefte bataille dé Nicopolis.j lavoir : Jean I ,
chambellan du Roi, avantageufement connu d’ ailleurs
par la 'défenfe de la ville d’Aire contre les
Anglais, en 1383, & par une expédition d’Afrique,
où il avoit fuivi le duc de Bourbon.
Renaud de R o y e , feigneur de M illy, l'un des
hommes les plus adroits de fon tems , q u i, en
1360, avoit défendu pendant trente jours un pas
d’armes près de Calais, & q u i, en 1383, avoit
fervi avec diftinétion en Flandre fous le connétable
de Cliffon.
Enfin Dreux de Roy e, dit Lancelot, maître des
eaux & forêts de Languedoc.
90. Mathieu V , feigneur de R o y e , fils de Jean I ,
& neveu de Renaud & de Dreux, fut fait prifon-
nier à la bataille d’Azincourc.
io°. Antoine, lire de Roye, petit-fils de Mathieu
V , fut tué à la bataille d’Azincourt.
i i ° . Eléonore, dame de R o y e , de Conti, Sec.
fa petite-fille, porta ce nom de Conti avec la terre..
dans la Maifon de Condé.
1 20. Et Charlotte de Roye, comtefle de Rond ,
fa foeur, porta fa part des biens de la Maifon de
Pvoye, dans la Maifon de la P.ochefoucai ld.
130. Mathieu IV , mentionné fous le n°. y , outre
fes trois fils tués à Nicopoîis, en eut encore
deux très-recommandables > lavoir : Mathieu, dit
Tri flan, feigneur de Bufanci, qui s'étoiefignalé au
fiége de Duras, & qui, fervant en Flandre fors
le connétable de Clilion, avoit été fait prifonnier.
Il mourut le 8 décembre 1386, dans une expédition
en Efpagne.
140. Gui de R o y e , fuccelfivement chanoine de
Noyon, doyen de Saint-Quentin, évêque de Verdun
, de Caftres, de D o l, archevêque de Tours,
de Sens, & enfin de Reims C ’eft lui qui a fondé
à Paris, en 1399, le collège de Reims. Il vécut
beaucoup à la cour des Papes d’Avignon. Enfin,
étant en chemin pour fe rendre au concile de Pife,-
affeniblé dans la vue de faire cefler le fchifme, un
homme de fa fuite prit querelle dans un bourg,
près de Cènes, avec un autre homme qu’il tua >
cet accident excita une fédition furieufe. Le prélat,
qui fe vit invefti dans fa maifon, voulut defeendre
pour appaifer le tumulte, lorfqu il fut frappé d’ un
coup a arbalète, dont il mourut le 8 juin 1409.
1 y°. Il eut un petit-neveu nommé, comme lui,
Gui de Roye , q u i, attaché d’abord au parti de
Bourgogne, mais rendu au fervice de fon Pvoi par
la paix d’Arras, contribua beaucoup à la réduction
de la Normandie , notamment à la prife de
Pont-Audemer en 1449. Il y fut armé chevalier
par le R.oi. Le duc de Bourgogne le fit, en 1461,
chevalier de fon Ordre de la Toifon-d’Or. Il mourut
en 1463.
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