
les armes d'Efpagne, de Savoie & de Nemours , |
font brûler en place publique 1Jeffigie d'une femme
habillée en forcière, portant écrit fur fon front :
La Ligue y & ne donnent qu'un mois aux petites'
villes de la dépendance de Lyon pour fuivre fon
exemple & fe ranger à leur devoir.
Le duc de Nemours avoit le talent de s'échapper
des prifons ; fon valet-de-chambre étoit à peu-
près de fa taille ; il change d'habit avec lui , fort
de fa chambre en portant le baffin de fa chaife
percée & détournant le vifage comme pour éviter
la mauvaife odeur j il fe dérobe à la vue des fol-
dats qui gardoient l'antichambre & qui ne le reconnurent
point; il gagne ainfî la porte, puis la
rue, puis la campagne : il mourut l'année fuivante
1595. 11 avoit la beauté des Nemours, l'ambition
& la fierté des Guifes, qu'il pouflfoit peut-être
encore plus loin. Lorfque fon neveu, le duc de
G uife, eut fait fa paix avec Henri IV , & que le
duc de Mayenne paroiffoit fe difpofer à faire la
fienne, quelqu'un dit à Henri IV que le duc de
Nemours fuivroit peut-être bientôt cet exemple:
Pour celui- la, répondit le R o i , i l ejl trop fier; i l
ne confentira jamais à m obéir.
590. C'étoit le marquis de Saint-Sorlin fon
frère ( Henri de Savoie), qui, da^s fa malheureufe
expédition de Lyon, lui avoit procuré & amené
les fecours de l’Efpagne & de la Savoie. Brantôme
d it, mais par ouï dire feulement, que « c'é-
» toit un Prince très - accompli, & furtout fort
» homme de bien, de bonne ame, & de fcrupu-
» leufe confcience. » Mort le 10 juillet 1632.
40°. Il laiffa trois fils, Louis, qui tomba malade
au fiége d'Aire en. 16 4 1 , & mourut le 16
feptembre.
410. Charles-Àmédée, le plus célèbre des trois,
pair de France & colonel-genéral de la cavalerie,
fervit avec diftin&ion aux fiéges de Gravelines ,
de Béthune, de Lens, deBourbourg, de Mont-
calfel, de Courtraf; il fut bleffé a la jambe au
fiége de Mardick. Il étoit, ainfî que le duc de Vendôme
Beaufort fon beau-frère, un des lieutenans
du Grand-Condé dans la guerre civile de la
Fronde, & la méfintelligence de ces deux beaux-
frères nuifoit à la caufe qu'ils fervoient. En 165-2,
au combat de Saint-Antoine, le duc de Nemours
reçut dans fes armes neuf coups de moufquet,
dont deux le bleflèrent à la main. Le 10 juillet
fuivant il fut tué en duel d’un coup de piftolet,
par le duc de Beaufort fon beau-frère. Il ne laiffa
que des filles.
420. Henri de Savoie fon frère puîné mourut
fans enfans, le 14 janvier >659. 11 fut le dernier
duc de Nemours, & en lui finit fa branche.
430. Dans la branche des barons de Vaud, iffiie
de celle des comtes de Maurienne , Louis de Sav
o ie , fait prifonnier à feize ans , en 1266 , dans
«ne bataille contre les habitans d'Aft & ceux de
.Turin ; il furvït depuis.faint Louis en Afrique, 8c
le roi de Naples, Charles I I , dans les guerres de
ce royaume. Mort à Naples en 1302.
440. Louis II fon fils fecourut, en 1330^, L é o pold,
comte d'Hasbourg, duc d'Autriche, contre
les Bernois, à la bataille de Loupen j il fervit,
en i 339j } 34? &> 134Û, Philippe de Valois contre
les Anglais j il commandoit l'arrière-garde à-la
bataille de Crécy. Mort en 135-0.
450. Dans la branche de Tende & de Villars,
René, légitimé de Savoie, comte de Villars, de
T en d e , &c. tige de cette branche, fils naturel du
duc de Savoie, Philippe ( n°. 2 2 ), & de Bonne de
Romagne, Dame piémontaife, naquit en 1497.
Son père, en le légitimant, l’appela nommément
a fa fucceflïon au défaut de fes enfans mâles légitimes.
La ducheffe d'Angoulême fa foeur l'attacha
au fervice de la France, où il fe fit con-
noître avantageufement fous le titre du Bâtard de
Savoie. Il étoit de l'expédition du Milanez en
l S} G &: fut chargé, avec Lautrec, de porter aux
Suiffes une fomme d'argent, au moyen de laquelle
ils confentoient de livrer le Milanez fans combat.
Le cardinal de Sion engagea les Suiffes'à s'emparer
de cet argent, en égorgeant Lautrec & le
Bâtard de Savoie, & à livrer bataille. Lautrec &
René alloient tomber dans ce piège s'ils n'avoient
été avertis à tems. René fe diftingua au combat
de la Ficoque, en 1522. A la bataille de Pavie,
le Bâtard de Savoie fut tiré du milieu des morts ,
parce qu'il refpiroit encore ; il fut porté à Pavie,
où toutes les reffources de l'a rt, employées pour
lui fauver la v ie , ne fervirent qu’à le faire expirer
dans des tourmens affreux. 11 avoit été fait en 1.519
ou 1520, grand-maître de la Maifon du Roi.
46°. Claude de Savoie fon fils aîné fut fait
prifonnier à cette même bataille de Pavie. Mort
en 1566.
470. Son frère, Honç>rat de Savoie, fut maréchal
de France, & fuccéda dans la charge d'amiral,
au célèbre Coligny : il avoit été bleffé à la
bataille de Saint-Quentîn, & s'étoit diftingué à
celle de Moncontour. Mort en 1580.
48°. Un autre Honorât de Savoie fon neveu,
& fils de Claude , acquit de la gloire dans les
guerres contre les Huguenots, & fe fit ainaer dans
fon gouvernement de Provence. Mort à Aix fans
enfans, le 8 octobre 1572. En lu i, ou plutôt dans
fon oncle le maréchal, qui lui furvécut huit ans,
& ne laiffa que des filles , finit cette branche de
Tende.
490. Mais Claude (n p. 46) , frère & père des
deux Honorât, laiffa un fils naturel (Annibal de
T e n d e ) , connu dans les guerres civiles de Provence
, fous le nom du capitaine Pignans, & qui
remit la Sainte-Beaume fous l’obéiflance du Roi.
50°. Celui-ci eut un petit-fils, homme de lettres
, nommé Gafpard, qui a donné , fous le nom
du fieur de l’Etang, des règles pour la traduction >
ouvrage fort recommandé .par dom Mabillon, à
ceux qui veulent apprendre à bien traduire du
latin
latin en français. Gafpard a auifi publié, fous le |
nom du fieur de Hauteville, une relation hiftori-
que du royaume de Pologne.
51°. Dans la branche des feigneurs de Raconis
& de Cavours, bâtards de la Maifon de Savoie,
nous remarquons François, tué à la bataille de
Lépante en 1571.
La Maifon de Savoie a fourni à la France plu-
fieurs Reines & Régentes. Nous avons parlé à l’article
de Humbert II ( n°. 4 ) , d'Adélaïde fa fille, :
femme de Louis-le-Gros* puis du connétable de
Montmorenci.
Lpuis XI,eut pour femme Charlotte de Savoie,
foeur d'Amédée IX , duc de Savoie ( n°; '19).
Bonne leur, foeur alloit époufer Edouard IV ,
roi d'Angleterre: le fameux Warwick, par ordre
de ce Prince, négocioit en France ce mariage,
lorfque l'amour en ordonna autrement, &-'fit
époufer à Edouard une de fes fujètes ; ce qui le
renverfa du trône pour un tems, par un effet de
l'indignation que conçut Warwick de ce manque
de fo i, par lequel il fe crut compromis, & qui
l'arma contre ce R o i, auquel il avoit donné la
couronne.
On ne peut oublier ici Louife de Savoie, com-
teffe, puis ducheffe d'Angoulême (n°. 2 4 ) , mère
de François I , & plufieurs fois Régente en France.
Sur ce qui la concerne, voye% dans le Dictionnaire
, à l'article Bourbon, l'article particulier du
connétable Charles de Bourbon; à l’ article de la
Maifon de Foix 3 l’article particulier du maréchal
de Lautrec ; dans l'article de la Maifon de Rohan 3
l'article particulier du maréchal de Gié. Voye^
auffi l’article Semblanpay, & vous ne prendrez
pas une idée avantageuse de cette Princeffe, qui
eut des pafiions trop funeftes, mais qui ne man-
quoit ni de talens ni de courage, & q ui, pendant
la captivité du Roi fon fils , fut tirer parti de
l'état prefque défefpéré des affaires.
Marie-Adélaïde , fille du roi ViCtor, ducheffe
de Bourgogne, ne vécut pas aiffez long-tems pour
régner en France; mais comme il n’y avoit de fon
tems, ni Reine ni Dauphine , elle tenoit à la cour
de France, comme elle le difoit elle-m ême , la
place d'une Reine.
Marie-Louife-Gabrielle, fa foeur & fa belle-
foe ur, époufa Philippe V , roi d Efpagne, frère
du duc de Bourgogne, & régna eh Efpagne ou
y fit régner la princetfe des Urfins. Nous avons
dit (n°. 12) qu'Anne de Savoie,, fille d’Amédée V ,
comte de Savoie , dit le Grand, avoit époufé An-
dronic, empereur d’Orient.
SCARDEONI (Bernardin), (Hifi. Htt. mod.)3
chanoine de Padoue fa patrie, en a été l'hifto-
rien. Son ouvrage a pour titre : De andquitate urbis
Pdtavina, deque claris ejujdcrn civibus. Né en 1478.
Mort le 19 mai 1574, à quatre-vingt-feize ans.
SCEPEAUX, (Hift. de Fr. ), ancienne & illuftre
Maifon,. dont la devife eft : ln fpem contra fpem*
Hifioire. Tome VJ. Supplément.
Elle tire fon nom d’ une châtellenie fituée au
comté de Laval, entre Craon & Laval, nommée
eh latin de Cepellis, en français de Cepeaux, d’ hf-
peaulx, d'Efcepeaulx ou deSpeaux, aujourd’ hui
de Scepeaux. C ’eft dans les provinces du Maine
& de l’ Anjou que cette Maifon a eu fes établiffe-
mens, & on l'y voit figurer avec éclat, depuis fept
à huit cents ans, parmi les plus grandes Maifons.
Dom Lobineau a obfervé que les armoiries de
cette Maifon ont été peintes dans l’églife de Saint-
Nicolas d'Angers, dès le tems de la fondation de
cette abbaye, faite en .1020 par Foulques Nerra,
comte-d'Anjou, ou du moins au tems de la dédicace
de cette églife, frite peu d années après ; que
ces armoiries y font peintes dans les endroits les
plus honorables, aux arcades du choeur & de l'aute
l, aux ceintres de la nef; qu’il ne fe trouve avec
les armoiries de la Maifon de Scepeaux que celles'
de cinq ou fix des plus grandes Maifons de l’ Anjou.
11 conclut de tout cela, que ces armes fe trouvent
là , ou comme celles des feigneurs les plus
diftingués de la province, qui ont affifté à la fondation
ou à la dédicace de l’églife, ou comme armes
des alliances du comte d’Anjou, fondateur,
ou comme armes des bienfaiteurs principaux de
cette abbaye. Chacune de ces fuppofitions place
la Maifon de Scepeaux au rang des plus nobles
des plus anciennes. -
Nous diftinguerons dans cette Maifon Sylvefire
de Scepeaux & Robert fon fils aîné, tous deux
chevaliers, que nous voyons, en 12 21, frire de
grandes concédions à l’ abbaye de Clermont, dio-
cèfe du Mans, entre Laval & Vitré.
Sylveftre s’illuftra d'ailleurs dans tous les exercices
de la chevalerie & dans les guerres contre
lés Anglais'; il accompagna Louis-le-Lion, fils de
Philippe - Augufte ; il combattit près de fa per-
fonne, & contribua au gain d’ une bataille livrée
eh Poitou au roi d’ Angleterre.
Robert de Scepeaux, premier du nom, fon fils,
fervit avec lui & après lut fous le roi Louis VIII,
en 1223 &: 1214.
Jean de Scepeaux, premier du nom, dont Robert
étoit le trifaïeul, fervoit en qualité de chevalier
bachelier vers l’an 1380, avec deux de fes
parens encore fimples écuyers alors, Sylvefire &
Yvon de Scepeaux.
Jean de Scepeaux, fécond du nom, fils de
Jean I, fervit le Roi, d’abord en qualité d’écuyer,
puis de chevalier bachelier vers l’an 1386. Il eut
un fils, Yves de Scepeaux, premier préfident du
parlement de Paris & chancelier du Dauphiné,
qu’ on appeloit le g and préfident, à caufe de fon
mérite & de fon air vénérable : il étoit gendre de
Bertrand de Beaüvau, premier préfident de la
chambre des comptes, & chambellan du Roi.
François de Scepeaux, arrière - petit - fils de
Jean I I , eft qualifié conjeiller & chambellan du Roi3
le 19 juillet 1484. Son père l’ étoit du duc d’Anjou,
oncle du roi Charles V I .
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