
SORE (J a c q u e s ), ( Hifï. de Fr.,) y calvinille,
amiral de Navarre, grand-homme de mer , né au
village de 1 loques, près la ville d’Eu , voyant
la guerre déclarée entre la France & l'Angleterre
au fujet du Havre - de - Grâce , en 1563, arma en
courfe & fit des prifes confidérables. L'amiral de
Coligny lui procura des lettres de Jeanne d'Al-
bret J reine de Navarre, mère dé Henri IV, qui le
nommoient amiral de Navarre. 11 jufiifia ce titre
par des courtes heureufes fur les vaifièaux efpa-
gnols. Mais on lui impute une aétion bien indigne;
ayant pris, en 1370 , un vaiffeau qui alloit au Bréfil
& quiportoirtrente-huit ou quarante Jéfuites def-
tinés polir les millions du pays, il pouffa le zèle
protenant jufqu a les tuer tous, & faire jeter leurs
corps à la mer. Aufli plufieurs hiftoriens n'en parlent
que comme d'un pirate ; quelques-uns cependant
prennent fa défenfe, & racontent de lui des
allions plus humaines.
SOUCHES ( L o u is - RAt u it , comte de ) ,
( Hifi.mod'.'), général des armées de l'Empereur,
étoit Français, & on le difoit fils d'un épiciei de
la Rochelle ; mais les déclarations les plus authentiques
& les plus impolantes lui affinent unenaif-
fance très-dillinguée.. Le comte de Souches fut
d'abord au fervice de la Suède, où il eut un régiment
de dragons & un d’infanterie mais ayant
pris querelle avecfon général, ilrendit fes com-
miffions pourfé battre ayeclui. En voulantretour-
ner en France, il s'arrêta quelque teins à Vienne,
où on lui offrit un régiment de dragons au fervice
de l'Empereur ; il l’ accepta. En 1643, Torftenfon,
général fuédois , faifoit des progrès rapides ; il
avoit battu les Impériaux; il foumettoit les places
de la Moravie : le feul bruit de fa marche triomphante
obîigeoit l'armée impériale à lever le fîége
d’Glmutz. Il ne reftoit plus à l'Empereur de place
.forte dans cette province, que Brin ou'Brunn, au
confluent de la Sivértà & de la Zuritta. Le comte
de.Souches fe jeta dans cette place, & fit une fi
belle défenfe , qu'il donna le tems à l'Empereur
d.’ envoyer du fecours, & que les Suédois perdirent
plus de monde devant brinn, qu'ils n'auroicnt
fait dans une bataille perdue. De Souches fut
pommé Gouverneur de la place qu'il avoit fauvée.
11 paffa par tous les grades, de l’armée , fignalant
dans toutes les occafions fa valeur & fa capacité.
En 1664V ayant le commandement général des
troupes de là Hautè-Hongrie contre les Turcs, il
-battit ces Infidèles & leur enleva plufieurs places.
En 16 74 , il joignit dans le Brabant les troupes
d'Efpagne & de Hollande, & combattit à la bataille
de Senef contre le grand Condé. Il mourut
en i ( 8 i , dans la Moravie, comblé.d'honneurs,,
confeiller-d’Etat & de guerre, maréçhal-de-camp-
général-, commandant-général des frontières d jE f
clavonie, _&c.; deux de fes petites-filles furent
l ’une mrès l’autre dames d'honneur de l'Impérat
fr iç e , Ttmme ÿe l'empereur Léopold; un de fçs
fils, Charles * Louis de'Souches, général de l’infanterie
impériale , mourut des bleflures qu’il
avoit reçues à la bataille de Salankemen , en 1691,
laifiant un fils ( Louis II ) qui fervit , comme lu i,
dans les troupes de l'Empereur 3 & un autre fils
: chevalier de Malte.
i ^ La Maifon de la Souche de Saint-Auguftin efi
d’une très-ancienne noblefle, mais qui n’ a rien de
commun avec la famille des de Soucîies dont nous
venons de parler. Nous ne nous arrêterons pas fur
ce qui concerne cette Maifon (d e la Souche de
Saint-Auguftin) , parce que, quoiqu’elle ait fourni
a la patrie bien des défenfeurs, elle a eu le bonheur
de ne lui fournir aucune vi&ime connue.
SOUILLAC. La Maifon de Souillac a été moins
heureufe. Parmi une foule de guerriers diftingués,
elle compte : \
Dans la branche aînée, un colonel d’infanterie,
tue dans une embufcade en Piémont, l’an 1704.
Dans la branche des feigneurs d’Aferac, Bertrand,
bleffe à la bataille de Moncontour.
Benjamin & Jean-Frédéric, tués au'fiége de
Cafal.
René leur frère, mort de bleflures reçues au
combat du faubourg Saint-Antoine, en \6.ji-.
Dans la branche des comtes du Bourg, Bardi de
Souillac, blefle en Catalogne au fiége de Salces.
' Charles, tué à la bataille de Confarbrick près
de T rêves, en 1675.
Louis, mort en Italie , capitaine d’infanterie.
Louis-Benoît, fait prifonnier au combat de Gaffa11?
, & mort peu de tems après des bleflures qu’il
avoit reçues dans ce combat.
SPADA. (H :fi. ecçléf.) On connoït quatre Cardinaux
de ce nom. i° . Bernardin, -nommé Cardinal
en. 16 26, par L^rbain VIII. 2®. Jean-Baptifte ,
nommé le 9 mars 16y2 par le pape Innocent x ! 3°*.Fabrice , neveu du précédent, nommé le 27
mai 1675- par le pape Clément X. 4®. Horace-Thi-
lippe3 nommé le 17 mai 1706-par le pape Clément
XI. Le troifième (-Fabrice) avoit été nonce
en Sàvô.ie & en France.. Je crois que c’eft à lui
qu’eft arrivé un malheur qui eft une grande leçon
contre les inhumations précipitées , & fur l ’incertitude
des lignes de la mort. 'Il tomba en léthargie,
on le crut mort , on l ’ouvrit. Au premier coup de
fcalpel il refliifcita, porta machinalement la main
au îcalpel comme au fiége de la douleur, & retomba
véritablement mort. Chez les anciens Ro^
mains .un homme pareillement cru mort fut mis fur
le bûcher, & ne revint à lui que quand lés flammes
le gagnèrent} mais toujours privé du mouvement
fl ne put ^ue criet. On courut à Ton fecours : il
n’étoit déjà plus tems, les flammes l’en vironn oient
de toutes parts 3 il fallut le laifler brûler.
. Heureux encore l ’un & l’autre dans leur malheur.,
en comparaifon de ceux qui ne fe réveillent
que fous la terre & qu’au fond de leur cercueil,
fupplice
fupplice qui épouvante l’imagination, auquel il
faut s’abftenir même de penfer trop long-tems,
mais que la police ne fauroit prévenir avec trop
de foin.
STABERIUS ( L u c iu s ) , (Hiß, rom.) , gouverneur
d’Apollonie, en fut chaffé par les habi-
tans qui favorifoient le parti de C é fa r , comme
Céfar le rapporté lui-même au troifième livre de
la guerre civile. Horace, fatyre 3 du livre 2 , parle
d’un avare nommé Staberius :
H&redes Staberî fummam inçidere fepulchro 3 &c.
On ignore quel eft ce Staberius.
STRAZEL ( Je an ):J H*/?. litt. mod. ) Lorf-
qu’en 1535 , Danès quitta fa chaire de grec au
collège royal pour fuivre dans l ’ambaflade de
Venife Georges de S e lv e , évêque de Lavaur, il
demanda & obtint pour fuccefieur Jean Strazel ,.
flamand, né près de Bailleul, dans un lieu appelé
Strazel, dont il prit le nom. Voulté l’a célébré par
des antithèfes.
Senex puerque
Ætate efi juvenis, fenexque fenfu..,.,
Dotior ingeniofus eleganfque, /
Dotier, quique boitas amat Camoenas.
« Jeune par l’â g e , vieux par la fagefle, doêteur
m ingénieux, aimable d odeur qui aime les Mufes. »
Leger Duchefrie a fait fur fa mort, de la philo-
fophie en jeux de mots. Strazel mourut le lendemain
des Rois.
Lufus hefï fuerat convivia ducere regum,
Regaiique epulas exkilarare joco.
Luxfubiens convivia 3fedfunebria prsbet.....
Humanos cafus homines perpendite lufum
Et lux um à lutiu feparat unica nox.
Ôn a. de Strazel une explication des vers dorés
de Pythagore. il eut un neveu , homme de lettres
aufli, nommé Robert Strazel.
SURGERES. Le Dictionnaire, à cet article,
renvoie à l’article la Rochefoucauld, & là il eft
parlé de différentes branches de la Maifon de la
Rochefoucauld, mais il n’ eft point parlé de celle
de Surgères- Ajoutons ici pour réparer cette omit
fion , que la terre de Surgères, baronie du pays
d’Aunis, après avoir été pofledée pendant plufieurs
fiècles par F ancienne Maifon de Maingot-
Surgères, a paffé, au quatorzième fiècle , dans la
Maifon de Clermont,' par le mariage de Jeanne
Maingot , dame de Surgères & de Dampierre,
•héritière de la branche aînée de la Maifon de
Maingot-Surgèresy avec Aynard ou Aymar de
Clermont. De là cette même terre de Surgères
pafla dans la Maifon de Fonféque, d’où elle eft
Hifioire. Tome VI, Supplément»
tombée dans une branche de la Maifon de la Rochefoucauld
par le mariage d’Hélène de Fonféque.,
dame de Surgères , fille aînée & héritière
de Charles de Fonféque, feigneur de Surgères*
avec Ifaac de la Rochefoucauld, baron de Mon-
tendre , dont le fécond fils, François de la Rochefoucauld
, marquis de Surgères, a été la tige de
cette branche de la Rochefoucauld-Surgères, qui
avoit été annoncée & omife dans le Di&ionnaire,
& qui, comme toutes les autres branches de cette
grande Maifon de la Rochefoucauld, a produit
plufieurs militaires diftingués, entr’autres le marquis
de Surgères, Alexandre Nicolas de la Rochefoucauld,
lieutenant-général des armées du Roi.
.SYLVANUS. ( H ji. rom. ) Vers le milieu du
quatrième fiècle, tems où les nations barbares &
germaniques commençoient à fe répandre dans
les Gaules.& dans diverfes provinces de l’Empire,
on voit paroître avec quelque éclat ce Sylyanus 3
fils d’un capitaine français , qui avoit bien fervi
Conftantin dans diverfes expéditions. Sylvanus s’ attacha
d’abord au tyran Magnence ( Magnendus) ,
& fuivitfon parti contre l’empereur Confiance'}
mais à la bataille de Murfia ou Efîek en Hongrie,
bataille qui fut décifive entre les deux contendans.
Syl vanus contribua beaucoup à la victoire de Conf-
tance, en paflant de fon côté. Magnence, privé
del’appui de Sylvanus, pritla fuite dès le commencement
de l ’affaire , qui n’en fut pas moins fou-
tenue avec beaucoup de courage par les Français
& les autres peuples germains. C ’ eft une des batailles
où il fut répandu le plus de fang romain j
elle coupa les nerfs de l’Empire, difent les hiftoriens,
par la deftruélion des vieilles troupes
romaines, & l’ Empire, tombé dans un état de langueur
& de foiblefle, perdit pour long-tems les
moyens de foutenir le choc des barbares. Les
Romains, quoiqu’ ainfi détruits, furent cependant
. cenfés les vainqueurs, grâce à la défection de
Sylvanus. Confiance, pour l’en técompenfer, lui
donna le commandement de fon infanterie , & l’envoya
dans les Gaules, où Decentius , frère de
. Magnence, foutenoit les reftes de ce parti abattu,
que les crimes,de Magnence achevèrent bientôt
de détruire entièrement. Sylvanus continua de
fervir utilement l’Empereur contre d’autres ennemis
3 il purgea les-Gaules de diverfes hordes de
barbares errantes à l’aventure dans cette contrée.
Mais Confiance étoit un de ces fouverains foup-
çonneux, ombrageux, qu’il eft quelquefois dangereux
de trop bien fervir > fl avoit toujours l’oreille
ouverte aux délations , aux fuggeftions perfides
des flatteurs & des eunuques qui le gouvernoient.
Cruel & fanguinaire, facrîfiant tout aux moindres
foupçons, n’épargnant la vie de perfonne, il
croyoit aifément que tout le monde en vouloir
à la fienne} il ne voyoit partout que confpirations
on n'eut pas de peine à lui perfuader que Sylva-
nus devenoit trop puiflknt, & qu’il falloir fe défier
J-iiL