
G A L G A L
■ G a l a s ou G A L L A S ( Ma th ieu ) , ( Hifl.
mod..), un des meilleurs généraux de l'gmpire
pendant la guerre de trente ans, naquit à Trente
en 1589. Il fit fes premières armes en Italie : de là
il pafiTa en Allemagne , où il fé diftingua dans la
guerre de Bohême , fous le, fameux comte de 1 illy > ü revint en Italie, où, commandant fous le
général Colalte, en 1630, il prit la ville de Man-
toue3 qui fut livrée au pillage. 11 eft au nombre des
vainqueurs de Nortlingue, en 1634. ( Voye^ ci-
après ^ à Werth , l'article de Jean de Wer th.) En
163 j-, commandant en chef fur le Rhin, il fit à la
fuite de divers avantages,, le fiége de Deux-Ponts,
que le cardinal de la Valette, ayant fous fes ord
re s le vicomte de Turenne, & joint au duc de
Saxe-Veymar, lui fit lever. Galas, obligé pendant
quelque tems de fe1 tenir fur la, défenfive contre
une armée fupérieure ,à la fienne,. parvint à lui
couper les vivres,^ 8c .-à la forcer de repaffer le
Rhin > Galas fe mit à fa pourfuite, & cette armée,
affoiblie infenfiblement par la diiete, & n'étant
plus en état ni d'attaquer Galas qui la preflbit toujours
de plus en plus, ni de fe procurer des fub-
fiftances, fe vit bientôt réduite à de Fâcheufes
extrémités. Veymàr prit lepajrti courageux d'enterrer
feçrétement.fqa çanon.ÿ de brûler fon bagage
pour les dérober à ,l'e n n u i. Le: cardinal de
la Valette, pourdpnnerd'exemple, fit brûler fon 1
çarroffe à la tëte .de Partqee. Weymar trouva en7 j
fuite une iffueà travers des défilés peu connus, 8ç
fe couvrant d'une chaîne de montagnes, & dérobant
par une extrême diligence quelques marches
à l'ennemi, il finit par fe tirer d'un fi mauvais pas.
Il fut atteint cependant au paffàge de la Loutre ;
mais alors les Français & les Suédois, tournant tête
avec audace, repoufferent vigoureufement les Impériaux.
Ceux-ci les attaquèrent encore à une
journée de Metz , & furent encore repouffés. Les
efcadrons français rompirent entièrement'la cavalerie
impériale , 8c l'armée françaifé & fuédoife,
après treize jours d'une marche forcée , fans vivres
& fans bagages, arriva enfin en lieu de fureté.
Galas, faifî d’admiration de cette retraité viéto-
rieufe, avoua que c ’étoit la plus belle manoeuvre
de guerre qu'il eût jamais vue > mais les Impériaux
prirent. Frçnkendal, Mayence & Keiferloutre.
En 1(^36 Galas entra dans fia Bourgogne , . & y
fit le'fiége de Saint-Jean-de-Lône, pendant que
Jean de W e r t, prenant Corbie & Raye , s'avan-
çoit vers Paris : ce fut le moment de crife pour la
France ; mais la crife lui fut favorable. Galas fut <
contraint de lever le fiége ƒ en abandonnant fon
.artillerie 8c une partie de fon bagage. Le comte de
Rantzau défit fon arrière-garde : les payfans alfomnièrent
une partie dé fon armée ; 8c de trente mille
hommes dont elle étoit compofée, il ne s'én fauva
pas douze mille. Ce fut un échec des plus confi-
dérables.
En 1637 Galas.prit fa revanche, en faifant lever
le fiége de Leipfick au fameux général Banier,
qu'il prefia enfuite avec des forces fupérieurès}
comme il avoit prefié le duc. de Weymar, 8c qui
lui échappa de même par la plus lavante & là plus
étonnante retraite. Banier & Galas fe firent en-
fuite dans la Poméranie une guerre de chicané,
où, déployant toutes les reffources de leur art, fe
pouffant & fe repouflant 1 un l'autre tour-à-tour,
ils méditèrent l'efiime des guerriers, fans avoir
rien fait aux yeux des ignorans, parce qu'à force
de talens ils ne purent avoir l'un fur l'autre aucun
avantage confidérable.
En 1639 Galas, trop inférieur en forces à Banier,
fut obligé d'abandonner la Poméranie & de
repEanf-f ei r l'Elbe. 644 il porta du fecours dans le Holftein ,
au roi dé Dannemarck, ennemi naturel du roi dé
Suède ornais bientôt les Impériaux 8c les Danois
fe féparèrent mécontens les uns des autres, 8c fe
faifant mutuellement des reproches. Affoibli par
cette féparation-, Galas ne put tenir devant Torf-
tenfon, général fuédois , qui tailla en pièces fa
cavalerie Sr.une partie de fon infanterie, près de
Jutterboch. Galas fe fauva fous les murs de Mag-
debourg , où les trilles relies de fon armée périr
rent par la faim. On lui reprochoit de la négligence
8c de l'intempérance, 8c on attribuoit fes
échecs à ces deux défauts, car les talens ne lui
manquoient pas.
En 1645, après la bataille de Nortlingue', il
mena du fecours au duc de Bavière avec l'archiduc
Léopold i ils firent lever le fiége d'Hailbron au
vicomte de Turenne, qu'ils pourfuivitentenfuite,
&; qui leur échappa encore par une magnifique retraite
( fur quoi voyeç l'article Jean de Werth') ; ils
s ’en dédommagèrent en reprenant diverfes places
entre le Necker & le Danube. La défaite du général
Galas près de Magdebourg 8c fa rupture avec
les Danois lui avôient fait ôter, pour un tems, le
commandement des armées impériales. ; il fe juf-
tifia, & l'on continua de l’employer, comme il
vient d'être d it, mais en lui donnant cependant
un fupérieur 5 il commandoit, mais fousTarchiduc
Léopold 5 il n'étoitplus qu'au fécond rang, après
avoir été fi fouvent 8c fi long-tems au premier. J1
ne fit plus rien de remarquable, & il mourut peu
de tems après , en 16 47, à Vienne en Autriche.
L’Empereur l'avoit fait comte de l’Empire.
Si on le-compare avec Jean de Werth fon cçatemporain
8c fon émule , il eut moins d'éclat 8c
plus de revers, & n’infpira pas comme lui affez de
terreur aux Français pour être chanfonné par eux.
G A LER IA , COP IO LA, EMBOLIARIA. (Hift.
rom.) Ces trois mots défignent une célèbre actrice
de Rome, foit que ce fuffent véritablement
fes noms, foit que ce fulfent les noms de quelques
uns de fes principaux rôles. On fait que Rome
n’avoit pas, comme Paris, des fpeélacles tous les
jours, 8c que les fpeétacles y faifoient partie des
fêtes ou jeux qui fe célébroient à de certaines
époques ou à l’ occafion de certains événemens.
Les magiftrats quidonnoient de ces fêtes ou jeux,
èc qui attachoient une grande importance au fuc-
cès de ces mêmes jeu x, dont dépendoit fouvent
la faveur populaire, avoient foin d'appeler, à ces
fpe&acies les aéleurs qui s’étoient acquis le plus
de réputation dans les occafions précédentes j
plus ils avoient été célèbres , plus ils étoient recherchés
, 8c quelquefois même, dans un âge où
leur talent dégénéré n’étoit plus rien, on fe fou-
venoit de ce qu’il avoit é té , 8c l ’on comptoitplus
fur l’expérience du pàffé;, qu’on ne fe fioit à. un
talent plus jeune, non encore éprouvé ou trop
peu exercé j mais iFarrivoit fouvent auffi que ces
vieux talens^rappelés par honneur fur la fcène, n’y
paroilfoient que pour fe déshonorer. Nam pri-
inîtm, dit Cicéron ( en parlant des jeux donnés
par Pompée pour la confecration de fon théâtre) ,
honoris eau fa in feenum redit! ant i l quos ego hondi is
caufâ de feenâ decejfijfe arbitrabar. De ce nombre
étoit le plus grand adleur tragique dé l’ antiquité,
qui n’ eut d’éga l, mais dans un genre différent &
même oppôfé , que fon contemporain Rofcius,
modèle du jeu comique, comme Lfopus de la déclamation
tragique. C ’eft ainfi que le Kain & Préville
ont fait, pendant trente ans à Paris, chacun
dans leur genre, les délices des gens de goût &
des âmes fenfibles 5 mais la mort impitoyable (enleva
le Kain au milieu de fa gloire 8c delà perfection
de fon talent, Efopus au contraire rie reparut
qu'à fa honte dans ces jeu x de Pompée : la voix
lui manqua dans un endroit remarquable de fon
rôle, 8c toutle monde convint qu'il étoit plus que
tems qu’il fe retirât. Delici* verô tu& nofter Efopus
ejufmodi fu i t , ut et definere per pmnes homines iice-
ret. I s jurare cum cepijfet, vox eum déficit in illo
loco : S i s c ie n s f a l l o .
Mais un véritable phénomène ‘ qui parut dans
ces mêmes je u x , ce fut la vieille aarice Galeria,
Copiola, Emboliaria, en qui Pompée fe plut a faire
voir au peuple romain ce qu'on voit fi rarement,
un grand talent dans l'extreme vieilleffe. C e n'eft
pas tout : cette même aétrice, âgée de cent quatre
ans, après quatre-vingt-onze ans entiers d exercice
de fon art & de jouiffance de fa gloire, reparut
encore à des jeux bien pollérieurs, célébrés
pour le rétablilfement de la fanté d’Augufte, 8c
l'on ne dit pas que fon âge l'ait trahie comme
Efopus. Cette femme étonnante avoit eu près
d’ un fiècfe de fuccès, depuis le confulat de Ma-
rius 8c de Carbon, jufqu’ à celui de Poppoeus 8t
de Sulpicius. (Plin. 1. 7 , c. 48.)
GALIÈNE ( t iîjl de Fr. ) , perfonnage fabuleux,
mais qui appartient par un côté à l’FIilloire , & à
une partie importante de lH ifto ire , à ceile de
Charlemagne, Toutes les conquêtes de ce grand
Prince en Ëfpagne avoient été faites fur ies Sarra-
fins, 8c l'on ne conçoit pas par quelle bizarrerie
les auteurs efpagnols, même chrétiens, font plus
favorables aux Sarrafins leurs opprefîeurs, qu’ à
Ghârlemagne leur libérateur, du moins en partie ;
mais enfin les Efpagnols n’ont jamais pu fouffnr
qu, on dit que Charlemagne avoit fournis une partie
de l ’Efpagne ,,8ç, pour n’en pas convenir, ils ont
cherché e expliquer, par une fable ridicule & def-
tituée de tout fondement, les témoignages qu’ ils
rencontroient à chaque pas des expéditions dé
Charlemagne dans leur pays. Cette fable eft rapportée
fur la foi de quelque„bruit populaire, par
Rodéric, archevêque de T olèd e, écrivain du treizième
fiëcle. C et auteur dit que Charlemâgne s’é,-
tant brouillé avec Pépin-le-Bref fon père , ce monarque
le, chaffa.de fes Etats} que Charlemagne
alors fe retira chez Galaffe ou Galaftre , Roi far-
rafin de T o lè d e , 8c qu il fervit dans fes troupes,
contre Marfile, roi de Sarragoffe ; qu il reçut en
Efpagne la nouvelle de la mort de fon père ; que fur
cette nouvelle il revint en France, emmenant avec
, lui la fille du roi Galaftre, nommée Galiène, qui
fe fit chrétienne & qu’ il époufa. On dit, ajoute Rodéric
, qu’il lui fit bâtir un palais à Bordeaux. En
effet, on donne encore vulgairement le nom de
Palais Galiène à l’ amphitéâtre de Bordeaux, dont
M. le baron de la Baftie a donné la defeription
dans les Mémoires de l'Académie des inferiptions
8c belles-lettres, 8c qu’on croit avoir été conftruit
par l’empereur Gallien ; ce qui fournit le mot de
l’énigme, fans qu'on foit obligé de recourir à la
fable de la princeffe Galiène.
GANA Y ( Hift. de Fr. )• 3 nom d'une ancienne
famille qui a produit un chancelier de France. Un
de fes ancêtres, Girard, feigneur de Ganay, qui
vivoit en l'an 1300, eft qualifié chevalier. Guichard
de Ganay, feigneur de Savigny dans le Charolois,
étoit, en 142.3, confeillèr de Philippe-le-Bon, duc
de Bourgogne , 8c juge du comté de Charolois.
Il attira au parti de Bourgogne, Guy de Ganay,
feigneur de Chaffenay, fon frère puîné j celui-ci
fut fait prifonnier par les Français du parti de
Charles VII j il obtint, en 1433, des lettres de
rémiflion de ce Prince , à condition de ne plus
porter les armes pour la Maifonde Bourgogne. C e
Guy forma une branche qui s’établit en Bourgogne,
& qui a fourni quelques guerriers diftingués ,
entr'autres Jérôme de Ganay,'feigneur de Levault,
q ui, dans le commencement de ce liècle* fervoit