
» non. » Mais il eft plus connu par l ’anecdoteSuivante
:
On voyoit autrefois à la pointe de Saint-Euftache,
vis-à-vis les boucheries} au bas de la rue Montmartre.
& de .la rue Traînée , une grande pierre
pofée fur un égout en forme de petit pont, qu'on
appelok le P ont-Alais 3 du nom de ce Jean /liais:
& la tradition étoit que .cet homme ayant prêté
de l'argent au Roi, obtint pour fon remhourfe-
ment le produit d'un impôt dont il fut l'inventeur >
cet impôt étoit d'un denier fur chaque panier
de poifîon qu’on apportoit aux halles. Les donneurs
d'avis & inventeurs d'impôts quife font tant
multipliés depuis, étoient fi odieux alors Jean
Alais eut tant de regret de fa fatale invention,
qu'il voulut, dit-on, en expiation, être; enterré
fous cette pierre dans cet égout des ruiffeaux
des halles, en tel puant lieu 3 dit du VerdieT,
comme s'efiimant indigne d'avoir une plus honnête,
fépulture.
On obferve, & nous devons obferyer que ni
Marot, ni Théodore de B è z e , ni Bonaventure
des Périers, auteurs du tems, qui ont parlé dé
Jean Alais, n'ont rien dit de cette anecdote ; que
du V erd ier, déjà un peu poftérieur, eft le premier
qui en ait parlé, & fur de fimples ouï-dires.
Il eft vrai que l'anecdote une fois énoncée, a été
enfuite beaucoup répétée.
Desraifons de commodité & d'utilité publiques
ont fait ôter en 17 19 , là pierre du P ont-Alais.
ALAMANNI ( Luigi ou Louis ) . Nous avons
donné fon article dans lè Di&ionnaire, & nous
avons dit que François ! l’aÿoit envoyé en am-
baffade auprès de Charles-Quint. Nous ajouterons
feulement ici une anecdote concernant cette
ambaffade. Dans une audience que Charles-Quint
donnoit à Louis Alamanni, en 1 y44, celui-ci,
en haranguant l'Empereur, répéta plufieurs fois le
mot Aquila:Y Empereur faifit l'occafion, & l'interrompit
en récitant ces vers :
Aquila grifagna ,
Che per piu divorar due beccki porta.
Ces deux vers , qu’on a traduits ainfi en français,
Cette aigle, d’humeur carnacicrë,
Ne s’arme de deux becs crochus
Que pour dévorer beaucoup plus.
étoient la fin d'une épigramme fatyrique qu'Ala-r
manni avoit faite autrefois contre CharlesTQuint
dans le tems que les Impériaux ravageoient l'Italie,
pays d'Alamanni. Cetté citation étoit faite pour
déconcerter l'orateur , & c'étoit une petite vengeance
que Charles-Quint tirOit de rfti. Alamanni',
en s'y prêtant de bonne grâce, défarma l’Empereur.
Sire, lui dit-il, oubliez les folies d'un poète &
d'un jeune homme irrité, pour écouter un am-
bafladeur & un vieillard qui ne parle que de paix.
N une. ego /nitibus
Mutare qus.ro trtfiia , dupi mihi
Fias reçantatis amicus
Opprobriis anitnumque reddas. •-
ALAVIN ( Hiß. mod| ) , ch e f, général ou roi
des. Goths au quatrièmefiècle. Ces peuples ayant
été chajflfés par les Huns , . des pays qu'ils habi-
toient dans la Germanie, Alavin pria l'empereur
Vàlens de recevoir les Goths au rang de fes fujets,
& de permettrè qu'ils haibitafïept les rives du
Danube, à condition de les défendre & de garder
la frontière de l'Empire de-çq côté : c'étoit affez
l'ufage alors d'oppofer ainfi ' quelque peuple barbare
au torrent des autres peuples barbares dont
on craignoit l invàfion. Valens, accorda la demande
d'Alavin ; mais les officiers & les miniftres
de l'Empereur ne ménagèrent pas affez des.fujets.
dont ils attendoient un tel fervice 5 ils le,s accablèrent
d'impôts , & les forcèrent à prendre les
armes pour s'en délivrer : on envoya contr'eux
Lupicin, l'un des généraux de l'Empereur V ils
le battirent ; l'empereur Valens marcha contr'eux
à fon tour j ils . le. battirent auffi dans une affaire
décifive, près d'Andrinople en 378, & ce malheu-’
reux Empereur, pourfaivi dans fa fuite, fut brûlé
dans une cabane où il s'étoit réfugié.
ALBA ESQUIVEL {Hiß. eccUßaß. ) , cano-
nifte efpagnol, évêque d'Aftorga, puis d'Avila ,
puis de Cordoue, alnfta au concile de Trente }
ce qui lui donna vràifemblablement l'idée de
l'ouvrage par lequel il eft connu, & dont voici
le titre : De conciliis univerfahbus, ac de his qu,t
ad Religionis 6* ckrifiian& rcipublics. reformqtionem
inßituenda videntur. Mort en 1 y61.
ALBAN ( Saint ) , ( Hiß. d'Anglet.), premier
martyr de la Grande-Bretagne, eut la tete tranchée,
fous l’empire de Maximien-Hercüle, collègue
de Dioclétien. Son martyre eft de l’an 287 de l'ère,
chrétienne.
ALBANIE. ( Hiß. de France. ) L'Albanie étoit
anciennement le nom de l'Ecoffe , comme Albion
celui de l’Angleterre, & parla meme raifon, c'eft-
à-dire, à caufe de la couleur blanche de leurs
rochers. Des ducs d'Albanie ont formé une branche
de la maifon Stuart. ( Voy e^.Stuart.) Un de ces
ducs d' Albanie vivoit en France à la cour de
François I , & fe trouvoit à l'entrevue de. c e
Prince & Au pape Clément VIJ, à Marfeille, en
hé A
Du Bouchet & Brantôme racontent une anecdote
fingulière de cettè entrevue, & le duc d'Albanie
y joue un rôle plaifant.
Trois Dames prièrent le duc d’Albanie d’obtenir
pour elles du Pape la permiffion. 'de manger 'de
fa viande les jours défendus. Le duc d'Albanie1
trouva dans cette demande l'occafion d’une plai-
fanterie dont il voulut aiqufer.le Râpe & :le Roi},
il. feignit, d'avbir mal entendu y il. dit au P,àp©h
qu'elles lui demandoieprune permiffion.que fon.
prend quelquefois, mais :qu'on ne; demande ja- ,
mais} il les fuppofa veuves, & voulant jouir dans
leur viduitjé des privilèges du mariage avec l'argument
du Pape. 11 prépara1 cette étrange pro-■
pofitionj il yanta leur refpeêi pour ta mémoire,
de leurs maris, leur tendreffe;pour lpurs enfàns,i:
fentimens qui les empêchoient ,de Te remarier,;;
puis il allégua des fo ib le ffe sd e s tentations auxquelles
il demandoit pour elles la permiffion; de j
fuccomber fans, péché : on peut croire qu'il ne ;
l'obtint point 3 mais,il obtint audiencepour ces
Dames. §« Saint-P'ere, lui.dirent-elies, nous avons
93.prié M.. d‘ Albanie ae'vous représenter nos befo.in.s
lafoïblejfe de notre /exe & de notre complexion. *>
L e Pape , paroiffant vouloir refufer , ces Damçs.
s’écrièrent : Eh Saint-Père ! au moins trois fois
la fontaine. Trois fois la femaine , dit lejPape en
colère-, i l peccato, ai lujj'uria ! C e mot inattendu;
entraîna une explication qui dégénéra en plaifanj .
tçriev Le Pape ayant fu de quoi il s'agiifoit, accorda
la diipenfe. Brantôme dit que ces trois
Dames étoient madame de Château-Briant, madame
de Chatillon &madame la baillive de Caen.
Du Bouchet les appelle yertueufos y chafies & dévotes}
JBrantÔme fe. contente-demies dire belles &.
honnêtes : to.us deux les -difent veuves; c eft une;
erreur : .iis dévoient dire feulement que ,1e duc
d’Albanie lès difoit veuves, parce que,cette fup-
ppfition convenoit à la plaifanterie q u 'il vouloir
faire.} car il eft certain que jamais la comtefife de
Chàteau-Briaht ne fut :Veuve.- ;, -T
ALBERT i.D 'A LB ER T , ALBERTI. ( Hifi. de
France & d'Italie\ ) Nous n'avons guère parlé dans,
le DiêlionnairèT, 'à l'article -Albert a que du fameux
duc connétable; ; de Luyn.es, & à fon
occafion d'un très-petit, nombre de perfonnages
de fa Maifon. Nous obfèrverons ici q u e la pré-
tention de'cette Majfon, appuyée du fuffràge rai-
fonné & motivé de plufieurs auteurs graves, e f t .
d’êtte defeendue deT'ancienne Maifon des Albert!
de Florence^ qui poftedoit des -fiefs d e l'Em -,
pire dès l'an 10pp. On' n'ignore pas 'combien les
faétions dps Guelphes,: des Gibelins & d'autres ,
faétions femblables ont multiplié dans ce beau
pays les troubles & :les;profcripdons,. Les,.Albert!
ayant vécù long-tems aveç un.éclat q ui, dans les
Républiques, excite toujours l'envie,, fjuçcom-;
bèrent fous des ennemis alors plus puiffans, &
furent obligés de s'expatrier ; les uns s'enfuirent
a Venife, d'autres paflèrent en France, 'd-autres
s'exilèrent jufqü'à Londres. Thomas AJberti ou
d'Albert vint fe, fixer, foüs le règne de Charles V I ,
àu Pont Saint-Efpnt fui le Rhône, doiit il fut
fa it viguier par des lettres du duc de Berry, gouverneur
du Languedoc} oncle du R o i, données:
|à Paris, le ; 1.3 jahyier iq i y.
j ,1,°. Ç ’efî; ce Thpmâs Alberti-, ou d'Albert fui-
Ivant. la terminaifon franÇaife , qui eft 4a ttige de .
f a : Maifon, de Luynes },ii s'attacha, au Dapphin,
jqùifut depuis le; r-oj.Çharles V IL Q n ajouta dans
.[la fuite à la viguerie du Pont Saint-Èfprit} déjà
1 f conférée à Thomas} celle de Bagnols. Les lettres,
j qui font du 24 avril 1420, font une mention
■ Honorable.des. feryi-ces ,d;e Thomas , & annoncent
lié 1hefoin qup,}èïRqi,crqit.avoir de jfui pour m^in-
jtejoir les^Ugupdpcfdansf’obéiffaiKe./Fm ^142,1 les
i maréchaux q e Lafayqtterô^ de SéveraÇ, le chargent
j expreftement,, au ,rçom dû R o f de la.défenfe de
tout .le cours : du ,Rhône depuis, }lê ;Pont Saint-
| juÇqû” à Beaucaire ,' en y comprenant cette,
; fénéchauflée. Charles VÏI je,; fit fon: pannetier ,
, & lui témoigna en diverfes'Cbnjonéiuresifa fatif-
laction & fa, reconnoiflançe. Par des lettres du
! x7 mar? 144^ j , fffu ppmmande ment fut appr u de
| la -..charge de Baiîlj? d 'épéedu Viv^raiç.&rdu Va -
üentippis y tout le cours du Rhône ] futr fous fa
(garde depuis Vaiençe.r,-..
I homas Alberti mourut le 28 août ;iqy y.
j Jean d.Aluertle jeirne^, un.defesffils3 écuyer.
\ d u r c i LouisXI j gouverneui, du Pont Saint-Éfprit,
! prévôt ^.maître AeSjÇfrél^pnies de^/'ordre de
1 Saint-Michel, vers le tems, d,e, fon, inftitution,;
obtint en 1462 , du même R o i , diverfes j grâces
j en confidération.. des bons & grands jerviçes [que lui-
; f es prédécejfeurs avaient, faits à , Ifl . çouronne &
j à lui. { .Louis. X I ).
î .. 3°.* Flugues d'Albert fon frère aîné prend dans
I filam en t , du 7 juin 1479 ,; lt s, titres- de Nobi-
lis :& egregius.i ■ -
4°. Jacques .d’Albert fon fils pre.ndHiins le iîen ,
: du *7 m « s ts*$x ceux 4e NqbÙis éf poiens,
, J ° - Céon. d’A lb e r t .f ils de Jacques -, fut cuë
a la bataille de-Çérifqles, en ï ^44. ,,
: 6. . Son fils^fut H,pnoré.d’Albert3 connu fous le
! de, capitaine..jbüyneSj & g ^ d à cO à n è a b le .-
Cjetoit.^ejà un riche,& puiflant-fieigneur, pof-,
: fclieur de plufieurs grandçsi8< Ih IIcs terres en
. ^ravence & dans le ComtatàAenaifiiii, chevalier
de l’ordre du R o i, chambellan du duc d’Alen-,
, Çon ) gouverneur de; Beauciire ,, cd? Ghâteau-
| Dauphin & du .hont Saint;- Ëfprit, , coJonet des
! bandes fraoçaifesj maître ;de(Uar:tlllirie enitaii4
; guedde &, en Provence. Il eut pgrt-à .toutes ,les
I guerres de fon. tems,;& ce utrel.decâpirairte, par
j lequel on le didinguoit ,-annonçoit- qu’il en étoit
; un 11 avait fait fes premières.armes en i'y.yj ,
dafis. lile de C orfe, fous le marquis^,depuis
maréchal1 d,e Thermes,} il fervit en ^73 au-fiége
de la Rocliplle.vjj.fut accufé d’avoir trempé dans
la confpiration de LamoIe,& de Coçonas ;rl étoit.
parent duptemier.phatgé .parleurs .dépolirions,
il fut décrété dé prife-de-corps le 21 mai 1574^
mais ie; décret, n’eut point, d© fijite : on n’en you