
de nos royaumes , eneflaucement de chevalerie,
& accroiflement d'honneur , avons ordonné de
faire une compagnie de chevaliers, qui feront appelés
les chevaliers du Saint-Efprit du Droit-Defir,
d lefditschevaliers feront au n ombre de trois cents,
defquels nous, comme trouveur & fondeur de cette
compagnie, feront princeps j 8c aufli doivent être
tous nos fuccefîeurs, rois de Jérufalem 8c de Sicile
, & c .
Comme ce Prince mourut fans enfans de la reine
Jeanne l re. fa femme , & qu'il y eut après fa mort
d’étranges révolutions dans ce xoyaume-là, cet
Ordre périt tellement, qu'il n’en feroit pas même
refté la mémoire fi l’original de la conftitution du
roi Louis ne fûttombé par hafard au pouvoir de la
république de Venife, qui en fit préfent à Henri III
lorfqu'il revenoit de Pologne. Henri III prit ce qu’il
voulut des ftatuts de cet Ordre, 8c commanda au
fieur de Chiverni de brûler l ’original de la conftitution
', pour ne pas donner à cpnnoître qu'un
Ordre femblable à celui qu'il établiffoit, eût été
inftitué auparavant. Mais ce miniftre d'Etat, quoique
très-fidèle à fon maître, ne crut pas être obligé
d’exécuter ce commandement, & cette pièce échut
à l ’évêque de Chartres fon fils, d 'o ù , par fuccef-
fion de tems, elle tomba entre les mains de M. le
réfident de Maifons, à ce.que nous apprenons de 1. le Laboureur, qui en a donné la copie dans le
fécond tome de fes Additions aux Mémoires du fieur •
Caftelnau. Quoi qu'il en foit, lorfqu'on comparera
les ftatuts de l'Ordre de Louis, roi de Naples, avec
ceux de l'Ordre de Henri I I I , on y trouvera une
différence très-fenfible, 8c nulle apparence que
ceux-ci foient une imitation de ceux-là.
Le fécond Ordre du Saint-Efprit eft celui qu'inf-
titua en France le roi Henri III. Comme l'Ordre
de chevalerie de Saint Michel, fondé par Louis X I 3
après avoir été en grand honneur fous les quatre
régnés fuivans, étoit beaucoup déchu fous la régence
de Catherine de Médicis, & durant les
guerres civiles. Henri III, fans anéantir cet Ordre
de Saint-Michel, que l'on nommoit communément
l ’Ordre du R o i, voulut inftituer celui dü Saint-
Efprit. Il s'en déclara chef &.fouverain, & en
unit pour jamais la grande màîtrife a la couronne
de France', voulant que ceux que.Ton horibre du.
collier dé l’Ordre du Saint-Efprit, reçuifent la
veille celui de Saint-Michel. C 'e ft1 Ia; raifon pour
laquelle on les nomme chevaliers des Ordres du
Roi. La première cérémonie en fut faite par
Henri III le 31 décembre 1578, & le 1 & le 2 janvier
1579.
Les ftatuts de cet Ordre furent d'abord cômpo-
fés de foixante-quinze articles, qui ont été depuis
augmentésjufqu’ à quatre-vingt-dix-fept, 8c qui font
à préfent à quatre-vingt-quinze- Le nombre des chevaliers
a été différent i mais il eft à préfent limité à
cent, fans compter le fouverjin. Parmi ces cent font
compris neuf prélats, qui font cardinaux, archevêques
, évêques ou abbés : le grand-aumônier eft
toujours du nombre de ces neuf, & ils font nommés
commandeurs de l'Ordre du Saint-Efprit. Les
grands-officiersjfavoir : le chancelier, le prévôt,
le maître des cérémonies,le grand-tréforier 8c le
greffier font auffi du nombre des cent, 8c portent
le titre de commandeurs. Outre ces officiers, il y
a encore un intendant, un généalogifte, un héraut
roi d'armes 8c un huiffier. Ces quatre derniers por-
toient autrefois la croix de l'Ora re pendue au cou,
avec un ruban bleu comme les chevaliers > mais à
préfent elle eft attachée par un ruban bleu plus
étroit à la boutonnière de leur jufte-au-corps. Tous
les prélats, à l'exception du grand-aumônier, les
chevaliers, le chancelier 8c le prévôt doivent faire
preuve de nobleffè paternelle, y compris le bi-
faïeul pour le moins. La croix de l ’Ordre eft d’o r ,
à huit rais, émaillée, chaque rayon pommeté d’or,
une fleur de lis d'or dans chacun, des angles de la
croix, & dans le milieu une colombe d'argent. Les
chevaliers & officiers ont de l’autre côté de cette
colombe un faint Michel, au lieu que les prélats
portent la colombe des deux côtés de la croix ,
n'étant aflociés qu'à l'Ordre du Saint-Efprit, 8c
non à celui de Saint-Michel. Le collier de l'Ordre
eft à préfent compofé de fleurs de lis, d'où naif-
fent des flammes 8c bouillons de feu j d’H couronnées
, avec des feftons 8c des trophées d'armes.
C'eftainfi que le roi Henri IV le régla avec le
chapitre l'an 1^97, en changeant quelques petites
chofes de celui qu'Kenri III avoit fait deffein
d’attribuer à chacun des prélats, chevaliers &
officiers des commanderies 5 mais fon deffein
n'ayant pas eu d’exécution, il affigna à chacun
d'eux une penfion de mille écus d 'o r , réduite depuis
à trois mille livres, qui font payées fur le
provenu du droit du marc d’or affecté à.l'Ordre,
& qui fe lève fur tous les officiers pécuniaires du
royâume, avant leur réception dans leurs charges.
Le 28 mai 1730, il fut tenu à Fontainebleau un
chapitre de l'Ordre du Saint-Efprit, dans lequel
il fut fait un nouveau réglement , fuivant lequel il
fut arrêté qu'aucun officier de l ’Ordre, en vendant
fa charge, ne pourroit en çonferver les honneurs
qu'après l'avoir exercée pendant vingt années 5 que
le cordon bleu ne fe transféreroit plus à un autre,
comme il s'étoit ci-devant pratiqué. Les quatre
principales charges de l'Ordre furent fixées à deux
cent mille livres 5 & pour dédommager ceux qui
étoient titulaires, il rut ordonné qu'on paieroit à
chacun d'eux une fomme de cent mille livres.-
On dit que Henri III inftitua cet ordre en l'honneur
du Saint-Efprit^ parce que, le jour de la Pentecôte
, il avoit eu deux couronnes, celle de Pologne
8c celle de France. Quelques;uns donnent
à cet-Ordre* pour devife, duce & aufpipe, pour
exprimer la protection du Saint-Efprit.
Suite chronologique des chevaliers de l'Ordre
du Saint-Efprit.
Henri I I I , infiituteur & premier chef fouveraïn,
PRÉLAT S.
En 1 f 78. Charles de Bourbon, fécond du nom,
Prince du fang, cardinal, légat d'Avignon, archevêque
de Rouen, le 31 décembre, en l'églife des
Auguftins de Paris. - . ;î - ' <'» •>)
Louis de Lorraine, cardinal de Guife, archevêque
de Rheims.'
René de Birague , cardinal 8c chancelier de
France. __ ,
Philippe de Lenoncourt, évêque de Chalons,
depuis archevêque de Rheims, 8c cardinal.
Pierre de Gondi, cardinal, évêque de Paris.
Charles d'Efcars , évêque de Langres.^
René de Daillon du Lude, abbé de Châtelliers ,
depuis évêque de Baveux.
Jacques Amyot, evêque d'Auxerre 8c grand-
aumônier de France.
CHEVALIERS.
Louis de Gonzague, prince de Mantoue, duc
de Ne vers.
Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur..
Jacques de Cruffol, duc d'Ufez.
Charles de Lorraine, duc d'Aumale.
Honorât de Savoie, marquis' de Villars, maréchal
& amiral de France. ^
Artus de C ofle, maréchal 8c grand-panetier de
France.
François Gouffier, feigneur de Crévecoeur 8c
de Bonnivet.
François d’Efcars.
' Charles d’Halluyn, feigneur de Piennes , marquis
de Maignelai.
Charles de la Rochefoucauld,feigneur de Bar-
bezieux.
Jean d'Efcars, prince de Carenci.
Chriftophe Juvenal des Urfins, marquis de Trai-
nel, gouverneur de Paris.
François L e roi, comte de Clinchamp, lieutenant
des pays d’Anjou, de Touraine & du Maine.
Scipion de Fiefque, comte de Layagne, chevalier
d'honneur de la reine Catherine de Médicis.
Antoine , fire de Pons , comte de Maruines ,
capitaine des cent gentilshommes de la Maifon du
Roi.
Jacques, fire d’Humiers 8c de Mouchi, marquis
d'Ancre, gouverneur de Péronne.
Jean d’Aumont,comte de Châteauroux, maréchal
de France.
Jean de Chourfes, feigneur de Malicorne, gbu-
verneur de Poitou.
; Albert de Gond i, comte, puis duc de Retz 3
maréchal de France 8c général des galères.
René de Villequier, dit le Jeune & le Gros,
gouverneur de Paris & de l'Ifle-de-France.
Jean B lo fîe t, baro.n de T o r c i, gouverneur de
Paris & de l’Ifle-de-France. (
Claude de Villequier, dit l'A îné , vicomte de
la Guerche , capitaine de cinquante hommes
d’armes.
Antoine d’Eftrées, marquis de Coeuvres, grand-
maître de l ’artillerie de France.
Charles-Robert de la Marck , comte de Braine
& de Maulevrier, capitaine des cent-fuiffes de la
garde du corps du Roi.
François de Balzac, feigneur d'Entragues, gouverneur
d'Orléans.
Philibert de la Guiche, feigneur de Chaumont,
maître de l'artillerie du Roi.
PhilippeStrozzi,colonel-général de l'infanterie
française.
C H E V A L I E R S .
En I j 79. François de Bourbon, prince de C onti,
le 31 décembre, en l eglife des Auguftins de Paris.
François de Bourbon, prince dauphin d'Auvergne,
duc de Saint-Fargeau, puis de Mont-
pènfier.
Henri de Lorraine, premier du nom, duc de
Guife , grand-maître de France.
Louis de Saint-Gelais, dit de Lufignan, chevalier
d'honneur de la reine Catherine de Médicis.
Jean Ebrad , baron de Saint-Sulpice.
Jacques de Matignon, comte deThorigni, maréchal
de France.
Bertrand de Salignac, feigneur de la Mothe-
Fénélon.
C H E V A L I E R S .
En iy 80. François de Luxembourg , duc de
Pinei, prince de Tingri, ambaffadeur à Rome,
le 31 décembre, en l’églife de Saint-Sauveur de
Blois. • -
Charles de Birague, confeiller d'Etat.
Jean de Laumont, feigneur de Pingaillard, ma-
réchal-de-camp.
René de Rochechouart, feigneur de Mortemart
8c de Vivonne.
Henri de Lenoncourt, maréchal-de-camp.
Nicolas d'Angennes, feigneur de Rambouillet
vicomte du Mans, capitaine des gardes-du-corps
dir roi Charles IX , ambaffadeur en Allemagne 8c
à Rome..
C H E V A L I E R S .
En 1581. Charles de Lorraine, premier du nom,
duc d’Elboeuf, grand-écuyer 8c grand-veneur de
France, le 31 décembre, en l'églife des Auguftins
de Paris.
Armand de Gontaut, baron de Biron, maréchal
de France.
Guy de Daillon, comte du Lude, gouverneur
, du Poitou & fénéchal d’Anjou.