
tèrent fous la domination des Empereurs , jufques
& compris ceux de la Maifon de Suabe? mais
Charles I , roi de Sicile , comte d'Anjou , & qui
poflédoit la Provence du chef de fa femme , ré-
duifit Arles fous fon obéiffance , & cette ville
paffa fous la domination dés Rois de France., héritiers
des deux Maifons d'Anjou, avec les autres
biens de ces deux Maifons.
ARMAGNAC. Les comtes d'Armagnac def-
cendoient des ducs de Gafcogne & des ducs
d'Aquitaine, & remontoient par eux jufqu'à
Clovis. Le connétable d'Armagnac étoit de la
branche aînée. Le duc de Nemours, décapité le
4 août 1477, f°us Louis X I , étoit fon .petit-fils
d'une branche cadette, & le duc de Nemours ,
fils de ce dernier, tué à la bataille de Cérifoles
en 1503 , fut non-feulement le dernier de la branche
de Nemours, mais même de toute la branche
d'Armagnac.
' Charles , comte d'Armagnac, fon coufîn-ger-
main, de la branche aînée, inftitua fon héritier
fon neveu le duc d’Alençon, premier Prince du
fang ; celui-ci mourut en 15-25-, fans laiffer d'en-
fans de Marguerite de Valois, foeur de François
I : la branche d'Alençon étant alors éteinte ,
l ’Armagnac, ainfi que les autres poffeflions du
duc d'Alençon, fut réuni à la couronne.
Marguerite de Valois époufa en fécondés noces
Henri d'Albret, roi de Navarre , petit-fils d'une
d'Armagnac. François I , en faveur de ce mariage,
lui donna toute la fuccefïion d'Armagnac, laquelle
fut réunie à la couronne par l’avénement
d'Henri IV, petit-fils d’Henri d'Albret.
Le 20 novembre 1645- , Louis X IV donna lé
comté d’Armagnac au fameux comte d’Harcourt-
Lorraine, dont la poftérité le poffède encore aujourd'hui.
ARTOIS (C omté d' ) . C e pay s , après avoir
long-tems fait partie de la Flandre occidentale, en
fut démembré, & forma un état particulier5il fut
donné en dot par l'empereur Charles-le-Chauve,
en 863, à Judith fa fille, lorfqu'il confentit enfin
au mariage de cette PrincefTe avec fon raviffeur,
Baudouin, dit Bras-de-Fer, comte ou grand foref-
tjer de Flandre. Depuis ce tems l ’Artois fut
poffédé par les comtes de Flandre jufqu'en 1180,
que Philippe I , comte de Flandre, le donna en
dot a Ifabelle de Hainault fa nièce, lorfqu'elle
époufa le roi Philippe-Augufte. ( Voye^ l'article
Flandre. ) Par. ce mariage l'Artois fut cenfé réuni
à la couronne, & Philippe-Augufte en inveftitle
prince Louis fon fils aîné, qui, étant parvenu à la
couronne en 1223, y réunit l'Artois.
Saint Louis Je donna en apanage, en 1237, à
RobertI fon frère .d i t le Bon & le Vaillant,& en
le lui donnant il Térigea en comté pairie. Ce
prince Robert èft la tige de la branche d'Artois. Il
fut tu é , le 9 février 1249, à la bataille de la Maffoüre,
où il s'étoitfignalé par des prodiges de valeur
& d’imprudence.
Robert II fon fils , dit le Bon & U Noble , fuivit
le roi faint Louis à fa fécondé expédition d'Afrique
, comme fon père l'avoit fuivi à la première.
Revenu en Europe & en France, il remporta, &
fur terre & fur mer, d'éclatans avantages fur tous
les ennemis de l’ Etat, les Arragonais., les Anglais,
les Flamands. Après avoir battu ces derniers en
1297, il fut tu é , le 10 juillet 1302, de trente
coups de pique à la bataille de Courtrai, livrée
contre ces mêmes Flamands. Philippe fon fils
étoit mort avant lui des bleflures qu'il avoit reçues ,
en 1297, à la bataille de. Fûmes.
On fait que ce ne fut point Robert III d'Artois ,
fils de Philippe, qui fuccéda, en 1302 , à ^Robert
II fon aïeul, mats Mahaud, foeur de Philippe
& tante de Robert III j & cela en vertu de la
coutume d’Artois, qui n’admet pas la repréfenta-
tion, même en ligne direêle, & dont on fit allez
mal-à-propos l'application à un apanage, à une
pairie, à une efpèce de fouveraineté 5 car les pol-
feffeurs de tous ces grands fiefs étoient autant de
fouverains, à l'hommage près.
Mahaud fut donc comtelfe d'Artois & pair de
France, & figura en cette qualité dans toutes les
folennités delà pairie, qui, par leur nature même,
fembloient le plus effentiellement réfervées aux
hommes. ( Voye[ l'article Artois dans le Dictionnaire.
)
Cette Mahaud époufa Othon I V , comte de
Bourgogne} elle en eut deux filles, qui toutes deux
furent Reines de France : Jeanne, l'aînée, époufa
Philippe-le-Long} Blanche époufa Charles-le-Bel :
ce fut Jeanne qui fuccéda au comté d'Artois. Elle
ne le polféda pas long-tems , étant morte, quelques
mois apres fa mère , le 11 janvier 13 30. Les
foupçons furent grands contre Robert d'Artois,
au fujet de ces deux morts fubites & prématurées.
Du mariage de Jeanne avec Philippe-le-Long
étoient nées trois filles. L'aînée, Jeanne I I ,
époufa Eudes IV, duc de Bourgogne, dont le
petit-fils, Philippe I I , dit de Rouvre, fut le dernier
Prince de la première Maifon de Bourgogne :
celui-ci, étant mort fans ènfans, eut pour héritière
au comté d'Artois fa grand-tante , Marguerite ,
fécondé fille de Jeanne première & de Philippe-
le-rLong. ( La troifîème fille, mariée à un Dauphin
de Viennois, eft étrangère ici. )
Marguerite avoit époufé Louis , comte de
Flandre 3 elle en eut Louis de Male, dernier
comte de Flandre de fa Maifon, & dont la-fille,-
Marguerite, qui avoit époufé Philippe de Rouv
re , dernier Duc de la première Maifon de Bourgogne,
& qui époufa dans la fuite le premier Duc
de la fécondé Maifon de Bourgogne, hérita, en
1382, du comté d’Artois, du chef de Marguerite
fon aïeule : on fait que le comté d'Artois fut porté
dans la Maifon d'Autriche par le mariage de Marie
de Bourgogne avec Maximilien. Il fut conquis,,
en 1640, fur la Maifon d’Autriche par Louis X I I I ,
& par le traité des Pyrénées, conclu en , il
fut cédé à la France & réuni à la couronne.
( Voyei les articles Bourgogne (duché) , &
Franche-Comté. )
, AUVERGNE ( Comté d' ) . Le premier comte
d’Auvergne, H e rv é , qui le fut en 843, étoit fils
de Reriaud I , comte de Poitiers, ou d'Aquitaine
ou de Guienne. Hervé périt avec fon frère aîné ,
Bernard, comte de Poitiers, dans une bataille
contre Lambert, comte de Nantes, en 84j-.
Etienne, petit-fils d'He rvé , fut tué dans un
combat contre les Danois ou Normands, en 8(5.3,
& en lui fut éteinte la poftérité d’Hervé 5 mais
celle de Renaud I ne l'étoit pas. Bernard, petit-
fils de Ranulfe I , neveu d'Hervé & petit-fils_de
Renaud, fut le fucceffeur d'Etienne au comté
d'Auvergne. Il fut tu é , en 880, dans un combat
contre Bofon, roi d'Arles.
Guillaume I , dit le Pieux, un de fes fils & de
fies fucceffeurs , s'intituloit Comte , par la grâce
de Dieu. Il mourut fans enfans, & eut pour fuccef-
feur fon beau-frère, Acfred I , qui avoit époufé
Adatris fa foeur.
Quelques comtes d’Auvergne , nommément les
deux précédens, Guillaume I & Acfred I , avoient
pris le titre de ducs d'Aquitaine.
Guillaume I I , dit Fier-à-Bras , duc de Guienne,
obligea Raimond , fils d'Acfred , de fe borner au
titre de comte d'Auvergne , & même de lui faire
hommage de fon comté comme au véritable duc
d'Aquitaine, titre qu’il prit pour lu i, & qui devint
celui de. fes fucceffeurs.
Guillaume I I I , un des defcendans & des fuc-
celfeurs de Raimond, comte d'Auvergne, eut
deux fils, Robert & Guillaume 3 Robert mourut
du vivant de fon p ère, laiffaht un fils nommé aufli
Guillaume , & qui fut Guillaume IV. L’autre
Guillaume, fon oncle, lui difputa le comté d’Auvergne
, fous prétexte que , dans cette province,
la repréfentation n'avoir pas lieu , même en ligne
directe, &r qu'ainfi fon neveu devoit être puni du
malheur d'avoir perdu fon père. Cette abfurdité ,
en effet, avoit lieu dans la fucceffion des particuliers
; mais il importe aux fujets mêmes que la fuc-
ceffion aux Etats fe règle par des principes diffé-
rens } car tout ordre fucceflif, non réglé ou mal
réglé , donne lieu à des procès, & les procès des
Princes font des guerres. C e procès entre les deux
Guillaume , oncle & neveu, fut une guerre d'autant
plus acharnée, que deux grandes puiflances
rivales, la France & l'Angleterre , y intervinrent.
L'ilfue de cette guerre fut que Guillaume IV fut
chaffé de l’Auvergne en 1168, & qu’ il ne conferva
que le dauphiné d’Auvergne , dont Iffoire eft la |
capitale, au lieu que Clermont l'étoit du comté. |
Guillaume l'on c le , foutenu des forces de la
France , fe maintint dans ce comté fous le nom de !
Hiftoire. Tome V L Supplément.
Guillaume V , & fa poftérité le conferva. La mouvance
de l’Auvergne fut long-tems un objet de
conteftarion entre la France & l'Angleterre. Par
un traité couclu entre les rois Philippe-Augufte &
Richard Coeur-de-Lion , il avoit été convenu
que les comtes d'Auvergne feroient déformais
valfaux immédiats de la France. Au mépris de
cette convention, Guy, comte d’Auvergne, petit-
fils de Guillaume V , fe joignit avec Richard dans
une guerre que celui-ci eut contre Philippe. Le
dauphin d'Auvergne, defcendu de Guillaume IV,
fe joignit à Guy I I , comte d’Auvergne. Philippe
entra dans l’ Auvergne , & le s battit tous deux : le'
Dauphin y perdit Iffoire, le comte d’Auvergne,
Clermont, & l’Auvergne devint fief immédiat de
la couronne. Mais la reine Blanche rendit dans la
fuite à Guillaume V I I , fils de Guy I I , la plus
grande partie de ce que Philippe-Augufte avoit
conquis fur lu i, quoique ce Guillaume VII eût eu
le tort de s’armer contr'elle pendant la minorité
de faint Louis.
Un petit-fils de Guillaume V I I , nommé Geoffro
y , fut tué à la bataille de Courtrai, en 1-3.02.
Guillaume IX , comte d’Auvergne, neveu de Geoffroy,
eut pour héritière fa petite-fille, Jeanne I.
Elle époufa, en 1538, Philippe, comte de Ne-
vers , fils aîné d’Eudes IV , duc de Bourgogne :
devenue veuve en 134y. elle fe remaria, en 1349,
à Jean , duc de Normandie , puis roi de France.
Elle avoit e u , du premier lit, Philippe I I , duc de
Bourgogne , dit de Rouvre, qui époufa l ’héritière
de Flandre, & mourut à feize ans, en 1361. Sa-
veuve, qui n’avoit point eu d’ époux, en eut un
du même nom & du même titre, c'eft-à-dire, qui
fe nommoit Philippe, & qui étoit duc de Bourgogne,
mais d’ une autre Maifon, ou du moins d'une
autre branche : c'eft Philippe , dit A Hardi, fils du
roi Jean, & tige de la fécondé Maifon de Bourgogne.
A la mort de Philippe II , dernier Prince*
de la première, le roi Jean avoit réuni à la couronne
le duché de Bourgogne, puis il l’en avoit
détaché en faveur de Philippe, q ui, feul de fes
quatre fils, dont il étoit le dernier, avoit combattu
avec lui jufqu’ à la fin, à la bataille de Poitiers,
& avoit été mené prifonnier avec lui en An*
gleterre.
Quant au comté d’Auvergne, il revint dans la
Maifon d’Auvergne, & fut poffédé par Jean de
Montgafcon, coufin paternel de Jeanne & du dernier
duc de Bourgogne fon fils. C e Jean s’intitu-
loit Par la grâce de Dieu.
Sa petite-fille, Jeanne I I , époufa, en 1389,
Jean , duc de Berry, frère aîné de Philippe, tige
de la féconde Maifon de Bourgogne.
N'ayant point laiffé d'enfans , elle ept pour hé*
ritière Marie fa coufine-germaine, q u i, de fon
mariage avec Bertrand de la Tour d'Auvergne,
feigneur de Montgafcon, eut un fils nommé Bertrand
, qui lui fuccéda.
Jean i l l fon petit-fils laiffa deux filles. Anoe.*
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