
tems du pape Jules II. Il étoit jeune , beau , bien
fait , aimable & riche. Il devint amoureux de la
fille d'un fénateur, & offrit de l ’époufer : le contrat
de mariage dreffé & ligné , on apprend qu’il
eft engagé dans les Ordres & même prêtre. Sur la
plainte du fénateur , \Vaidés eft enfermé au château
Saint-Ange 5 il offre d’ époufer fa fiancée fi
le Pape veut lui accorder une difpenfe & lui permettre
de renoncer à l’état eccléfîaftique. On crut
apparemment la difpenfe pofi'ble, car fur cette
promefle V aides fut mis en liberté 5 mais pendant
qu’ on foUicitoit la difpenfe 3 Val dès fe jeta par la
fenêtre & fe tua ; fa maîtreffe défolée vouloir en
faire autant : on veilla fur e lle , & elle finit par fe
faire religieufe.
30. Jacques V aides, efpagnol comme le premier
Jean ^ fut conseiller au confeil de Grenade.
Il eft auteur d’ un livre dans lequel il prétend af-
furer à l ’Efpagne la préféance fur tous les autres
Etats. Le fameux Jérôme Bignon lui fit l’honneur
de le réfuter favamment & folidement, n’ayant
alors que dix-huit ans. Jacques Valdès vivoit dans
les feizième & dix-feptième fiècles.
VALEGERAN (A l e x a n d r e ) , jéfüite, un
des plus célèbres millionnaires de la Société dans
les Indes, à la Chine, au Japon 3 mourut à Macao
le 20 janvier 1606.
VALENS. A cet article , il n’eft parlé , dans le
Dictionnaire , que de\deux Empereurs ou tyrans.
C e nom eft auffi celui d’ un médecin, un des amans
de Meffaline j d’un mathématicien célèbre du tems
de Conftantin-le-Grand j de deux évêques ariens
du quatrième fiècle , l’un évêque de Murfe en
M oe üe, l’autre de Milan 5 d’un profeffeur royal de
Paris 3 natif de Groningue , qui vivoit fous Henri IV
& fous Louis XIII y & qui eft auteur d’ une multitude
de harangues & de poéfies furies principaux
événemens de fon tems , & fur divers autres fu-
jets tant facrés que profanes: Il s’ appeloit, dans 1 Umyerfite, P ttrus-Valens : fon vrai nom holland
a is etoit Struck. Né en 15615 mort en 1641.
V A L LE ou V AL LA. ( Hijt. litt. mod. ) Laurent j
-Vaile3 Ldiirentîus Valla 3 l’ un des plus favans
hommes, des plus habiles humaniftes & des plus
fanglans critiques du .quinzième fîèclè , ennemi
& rival du Poggej ces deux favans vomirent l ’un
contre l'autre des torrens d’ in ju r e s & faits pour
honorer les lettres par leurs talens, les déshonorèrent
autant qu’ il étoit en eux par leurs fureurs.
Laurent Valle eut le mérite de tirer la langue latine
de la barbarie où l’avoient jetée depuis plufieurs
fiècles les écrits de fcholaftiques & de jurifcon-
fultesî il lui rendit fes élégances perdues, mais
il les employa trop à dire d’éîegantes injures. Acerrtma
mordacitate fuâ &...... fatyrîcâ perftrictione
infamis3 comme l’appelle Sponde. C e ne fut pas
feulement à fes rivaux & aux écrivains de fon tems
qu il fe rendit redoutable ; il n’épargna ni Ariftote,
ni Cicéron, ni Virgile en littérature} ni faint Au-
guftin , ni faint Jérôme, ni faint Thomas d’Aquin
en théologie : on l’ accufe même de s’être vanté
d’avoir dans fon carquois des flèches contre le
Meflie lui-même. Son philcfophe favori étoit Epi-
cure , contre lequel tout lè monde fe déchaînoit
alors , & l'écrivain dont il faifoit le plus de cas
etcit Quintilien. On a dit de Laurent Valle dans
une épigramme latine, que Jupiter l’auroit reçu
dans le ciel s il n avoit craint fa langue & fa cen-
fure, & que Plu ton n’ ofoit parler latin devant lui
dans les enfers. Alphonie-le-Magnanime , roi d’ Ar-
ragon 8f de Naples , voulut apprendre de lui le
latin a cinquante ans, & fa protection fut fouvent
utile à Laurent Valle. Celui-ci, né.a Rome en
I415 i s’y étoit fait tant d’ennemis, qu’ il fut obligé
d en fortir ; il ne refpeêtoit aucun des préjugés^
de la cour de Rome, & il ofoit même y attaquer
la prétendue donation de Conftantin, bien reconnue
aujourd’hui pour faufle, mais qui paffoit alors
pour 1 article de foi le plus facré. François Phi-
lelphe 1 avoit cependant averti exprefïement de
ne pas toucher a ce dogme délicat s’il n’étoit
pas las de vivre. Sorti ou chaffé de Rome, il choi-
fit pour afile Naples & la cour d’ Aîphonfe, où il
trouva en effet de l ’appui 5 mais les théologiens
qu’il ne fa voit pas ménager, l’y pourfuivirent} il
fut mis al inquiîïtion, & condamné, dit-on , au feu }
mais Alphonfe vint à fon fecours, & Laurent Valle
en Tut quitte pour une abjuration & pour être
fouetté par les inquifiteurs dans le cloître des Jacobins.
Sponde au moins le rapporte ainfij mais
on trouve quelque difficulté à concilier ce traitement
qu’ on veut qu’il ait reçu de l’ inquifîtion, avec 1 accueil que lui fit à Rome, où il retourna, le
pape Nicolas V , à la vérité grand ami, de s lettres,
qui lui donna non-feulement la permiffion d’ enfei-
gner publiquement, mais encore une penfion.
Si Laurent Valle eut beaucoup d’ennemis, il,
eut auffi fes partifans, comme en ont toujours les
hommes célèbres, foit en bien, foit en mal. Vof-
fius, dont le ftiffrage n’eft certainement pointa
dédaigner, dit que Laurent Valle n’ a pas été moins
utile à la république des lettres, que Camille à la
République romaine. Cn pourroit en effet lui appliquer
le 'dcferentcmfigna Camillumy parallufion aux
élégances de la langue latine, qu’il a ramenées dans
la littérature.
Outre cet excellent livre des élégances de cette
langue , livre que fes ennemis lui ont vainement
contefté, il a donné des traductions d'Homère,
d’Hérodote , de Thucydide ; elles font peu efti-
mées : il ne favoit pas auffi bien le grec que le
latin. Il a écrit auffi l’hiftoire de Ferdinand, roi
d'Arragon , père d’Alphonfe-le-Magiranime fon
bienfaiteur, &r un Traité au Faux & du Vrai. Ses
ouvrages, recueillis en 15-40 à Eâle, forment un
volume in-folio.
Un autre Valla (G e o r g e s ) , médecin & p ro -
feffeur de belles-lettres à Venife , eft auteur d’un
livre De expetendis & fugiendis rebus. Mort vers
l ’an 1460.
VALLERIOLA ou VARIOLA ( François ) ,
médecin & profefleur en médecine à T urin, au
feizième fiècle, a joui d’une grande réputation, &
de théorie, & de pratique, l i a beaucoup écrit fur
fon art. Mort vers l’ an 1480.
VAL LÈS (François) , dit Covarrubias, du
nom du lieu de fa naiffance dans la Vieille-Callilfe
en Efpagne, fut médecin du roi d’Efpagne, Phi- :
lippe I I , 8c Manget dit que l’ Efpagne n’ a jamais |
eu de médecin ni plus habile ni plus profondément
favant 5 il a auffi beaucoup écrit fur fon a r t , & ,
très-bien ; il a fait d’utiles Commentaires fur les
principaux Traités de Gallien , fur les Aphorifmes
& le Traité des Alimens d’FIippocrate } il a auffi
traduit du grec & commenté les huit livres de la
Fhyfique d’Ariftote. On ignore le tems de fa mort.
VALLIÈRE ( La Baume le Blanc de la ) ,
( Hîjl. de Fr. ) y famille françaife , originaire du
Bourbonnois.
1 °. Perrin, feigneur de la Baume fur l’Ailier, qui
vivoit en l’ an 1300, acquit du nom à la guerre.
Une branche de cette famille s’établit vers l’an
1400, au château de la Vallière en Touraine, dont
elle tire fon nom.
20. Laurent le Blanc, fécond du nom, feigneur
de la Va llière, fut tué au fiége d’Oftende le 15
mars 1602.
30. Charles de la Baume le Blanc fon neveu ,
feigneur de la Gafferie, fut tué au fiége de Spire.
40. François delà Baume le Blanc, frère de Charles
, fut choifi àvingt-fix ans par le roi Louis X i I I ,
pour fervir fous le maréchal de Grammont en qualité
de maréchal de bataille ( 8c il n’y en avoit que
deux alors ) j il fe fit dans cet emploi une réputation
qui s’étendit au-delà desbornes de la France.
Il étoit chevalier de Malte, & , fur un bruit que
les Turcs alloient attaquer cette î l e , le grand-
maître s’empreffa de le réclamer. Les Vénitiens
lui oifrirentauffi la charge de mettre - de - camp général
de leur armée. Il refta au fervice de France,
& , après avoir continué de fe fignaler en plufieurs
occafions, il fut tué au fiége de Lérida en 1644.
On ajoute dans la nouvelle édition, de Morery ( de
17 59 ), (qui mérite plus d'attention que les autres,
parce qu'elle a été faite elle-même avec plus d’attention)
, que François d elà Baume devoitcommander
l’armée de Catalogne après que le prince
dé Condé auroit repaffé en France » en ce cas le
fiége de Lérida , où François fut t u é e f t celui de
i 647 , & non pas celui de 1644 , car de 1644 a
1647 il y a trois lièges de Lérida: celai de 1644,
c ’étoientles Efpagnols qui le faifoient, &éil réul-
fit. Les deux autres échouèrent, quoique for- I
més par deux des plus grands généraux du fiècle, j
le comte d’Harcourt-Lorraine & le grand Condé ;
celui du comte d’Harcourt en 1646, celui du
prince de Condé en 1647. François de la Baume
eft auteur d’un livre intitulé Pratique & Maximes
de la guerre.
50. Louis, feigneur deB o ë le , fils des deux pré-
cédens , fut tué au fiége de Damvilliers.
6°. Leur frère aîné, Laurent de la Baume le
Blanc, troifième du nom, marquis de la Vallière,
pouvoit dire :
Et [i fata fuijfent *
Ut caderem , meruijfe manu«
Au paffage de Brai il foutint prefque feuî tout
l’ effort des ennemis, en couvrant la retraite de
l’armée. A la journée d’Avein, en 1655, il rompit
le bataillon du général Lamboi > il ne fe diftingua
pas moins aux batailles de Sédan & de Rocroi.
70.. Il fut père de la célèbre Louife - Françoife
de la Baume le Blanc , ducheffe de la Vallière ,
l’une des âmes les plus tendres qui aient exifté ,
& la feule maîtreffe du Roi* peut-être , qui ait
véritablement aimé fon maître : on fait avec quelle
tendreffe & quel défintéreiTement elle l’ aima. On
fait comment elle s’en punit : elle 1 aimoit avant
d’en être aimée, elle l’aima, encore après. Elle
pouvoit dire comme Zaïre :
V o u le z -v où s que ce coeur devant vous fe déploie !
Sachez donc qu’en fe c r e t..;..
I l foupiroit pour vous avant que vos tendreffes
Vînffenc juftificr mes naiffantes fo ib le fle s j
Q u ’ il prévint vos b ien fa it s, qu’il brû loit à vos pieds,
Q u ’ il vous aimoit enfin lorfquc vou s m’igp.oriez}
Q u ’il n’eut jamais que v o u s , n ’aura que vous pour
maître.
J ’en attefte le ciel que j’o fL n f e peut-être }
E t fi j ’ai mérité fon éternel c o u r ro u x ,
S: ce coeur fu t c o u p a b le , in g ra t, c’é to itp o u r vous.
Il eft très-vraifemblable que M. de Voltaire, en
faifant ces vers, penfoit à mademoifelle de la Val-
! lière. Louis X IV l’avoit aimée par reconnoiffance,
parle mouvement naturel de l'amour propre flatté,
le hafard Fayant rendu témoin destranfports d’admiration
& d’amour qu’ il infpiroit à cette tendre
fille, fur laquelle fes regards n’étoient point encore
tombés. Elle mourut le 6 juin 1710 , carmélite,
fous le nom âe foeur Louife de la Miféricorde. On a
d’e lle un livre de piété fous le titre de Ré flexions
far la mifériccrde de Dieu. « Cette petite violette
3? qui fe cachoit fou? l’herbe, dit madame^de Sé-
» vigné , & qui étoit honteule.d être maîtreffe ,
33 d'être mère , d’être ducheffe : jamais il n’y en
33 aura fur ce moule. »• Quel éloge en trois lignes î
& c ’eft une dévote qui le fa it , mais une dévote
fenfible. '
Louis X IV érigea en 1667 pour mademoifelle
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