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rible rigueur. Cinq des principaux auteurs & infti-
gateuvs des troubles étoient condamnés à être rompus
vifs j neuf à être pendus $ d'autres en grand
nombre, avoient été envoyés aux galères} piufieurs
autres étoient bannis. C e fut alors furtout que la
charité du bienfaifant prélat ne put être retenue par
aucune confidération. Il porta fes repréfentations
aux pieds du trône, & il obtint, non fans beaucoup
de peine, un grand nombre d'exceptions }
trois feulement des plus féditieux expirèrent fur
la roue : on Ht grâce aux autres. Le jugement fut
le même, dans toute fa rigueur, pour les autres
villes rebelles. Telle fut l ’ilTue de la révolte des
Vanupieds, & c'eft ainfî que Richelieu favoit ap-
paifer des féditions. L'époque de ces événemens
eft 1635? & 1640..
V A Q U E T T E ou V A C Q U E T T E ( Jean ) ,
( Hift. Litt. moi. ) 3 feigneur du Cardonnoy, conseiller
au préfidial d'Amiens fa patrie ,. deux fois
maire ik lieutenant-général de police. Parvenu à
ces emplois par les fuffrages libres de .fes concitoyens
, il a de .plus été un favant utile & un bel-
efprit aimable. Sa grande connoilfance des médailles
1 avoit mis en liaifon avec des favans & des
.magiftrats refpeétables, tels que M. de Pont-Carré,
premier préfident du parlement de Rouen } M. le
Bret, premier préfident du parlement de irovence}
M. lab bé de îlotnelin , M. l'abbé-de Camps,
M. l ’abbé de Fontenu, M. de Boze, M. Mahu-
del, furtout le célèbre Ducange fon proche parent,
& piufieurs étrangers célèbres. Il avoit préludé
à l'établillement de l'Académie d'Amiens,
par l'établiffement d'une fociété de géns de lettres
, qui fut à cette Académie ce que. les favans
librement réunis chez Conrart par le goûtées lettres
& par l'amitié, avoient été à l’Académie fran-
çaife. Cette fociété littéraire, dqnt M. du Cardonnoy
avoit conçu, la première idée , fubfifta
depuis 1700 jufqu’ën 1720. , & àména, par des
gradations infenubles & par le fouvenir de ce
qu’elle avoit é té , les lettrés-patentes de 17y©
qui ont donné à T Académie. d'Amiens la forme
qu'ella a aujourd hui. Profond dans-la connciffance
de l'H iftoire, M. du Cardonnoy étoit. fouvent
confulté par M. l ’abbé de Camps. Il f i t , fur la
Bibliothèque hiftorique du. P. lè Long , des obfer-
vations dont ce jfavant bibliographe profita dans
fon Supplément. M. l'àbbe"dè Fohténu, dans fa
1 )iffertation fur cesmonumens , viilgairement nommés
Camps de Céfar, Sé dont quelques- uns peuvent
èn ê t r e , a reconnu les obligations qu'il avoit à
M. du Cardonnoy pour la défcription du camp
près de Péquigny-fur'-la-Sommè, (VoyeAe dixième
tome des Mémoires de VAcadémie des l.ifçripiiqns
& Belles-Lettres, pag. 4 y 1.’) On a-encore de .M . du
(Cardonnoy des Mémoires pour Philtoire, de la
Picardie. ' ' * 1 T-. T * g ’’ • i
Au milieu dè fes importantes occupations il cultivait
la poélïe. Orna de lui des.contés, la plupart [
V A R
en vers libres * l Exilé à Verfailles ,• les Religieufes
qui vouloient confejfer ; le Singe libéral, tiré du Page
dijgracie, deTriftan l'hermite} la Précaution inutile,
tiree de Scarron. M. de Cardonnoy mourut en
1739. I l étoit né en 1658. .
VARDAN ou V A R T A N , ( Hi/Uitt. ) , dodteur
arménien du treizième fiècle , que M. l’abbé de
Villefroi a. fait connoître, & que l’on regarde
comme un des plus grands hommes de l ’Arménie.
Il paroît, par la notice que M. l'abbé de Villefroi
a donnée de fes oeuvres , qu'il réunifioit une
grande variété de connoiffances & de talens > théologien
, géographe , fabulifte , poète , commentateur,
& c . il eft l ’auteur d’une Géographie claire
& abrégée i de Commentaires fur le Cantique des
cantiques , & fur divers paffages de l’Écriture} de
poéfies diverfes j de cent foixante-huit fables ou
apologues , dont M. l’ abbé de Villefroi a traduit
quelques-unes} d'un difeours en vers fur F avènement
de Jéfus-Chrift & fur le jour du jugement
général , & de quelques ouvrages théologiques &
dogmatiques. Ilétoit* de la religion grecque,.& il
s'élève fouvent contre les 'dédiions de l’Eglife romaine
& contre fa primauté.
VAR E L ( Edon - Hild e r ic ou U ld r ic ) ,
. ( Hift. litt. mod. ) 5 favant Frifon du feizième fiècle,
né en 15-33 à Jevèren ou Dieveren dans la Frifé
orientale, a enfeigné avec diftindtion dans diverfes
Univerfités d’Allemagne , la philofophie, les mathématiques
, l’hiftôire & la langue hébraïque. Il
a écrit fur l ’aftronomie, & le P. Petau a inféré cet
ouvrage de Varel dans fon Uranologion, VoITius
en parle avec éloge. Varel étoit ami particulier du
fage & doux Mélanchton , & fuivoit comme lui
la dodtrine du fougueux Luther. Varel mourut à
Altorf le 21 mai 1599. On a de lu i, comme théologien,
des Commentaires fur les prophètes.
- V A R E T ( A l e x an d r e -Louis ) , ( Hift. litt,
mod. ) , vicaire-général de Sens fous M. de Gon-
drin , grand auguftinien , ce qu’ on appeloit alors
janfénifte, avoit donné , en 1666 , un Traité d'éducation
qui fut long -teins à l’ufage des gouvernantes
& des premiers inftituteurs de l’enfance.
Il eft l’auteur du Factum des Hermites du Mont-
Valérien contre les Jacobins, & d’un autre Factum
contre les Cordeliers de Provins, qui leur fit ôter
le gouvernement des religieufes de Sainte-Catherine
de cette ville. Il fit aulïi un Factum pour fon
évêque contre le chapitre de la cathédrale de Sens.
Lorfqu’il avoit accepté le titre de grand - vicaire,
il y avoit mis une condition que les grands-vicaires
ne s’avifent guère d’y'mettré , & qui fe fent bien
du rigprifme janfénine} c’eft qii’on ne lui propo-
feroit jamais d’accepter aucun bénéfice, & il en
refufa piufieurs. O11 juge bien qu'il a écrit contre
les’Jéfuites} c'eft prefqu'un devoir pour un janfénifte.
La préface du livre de la Moraie des Jéfuites :3.
imprimé
V A T
imprimé à Mons en ï.667, 8c celle du premier volume
de leur Morale pratique, font de M. V a re t,
ainfi qu'un ouvrage théologique, qui a pour titre *.
Héfenfe de la difeipline touchant l'impofition de La pénitence
publique.
Après la mort de M. de Gondrin, M. Varet fe
retira dans la folitude de Port-Royal-des-Champs,
8c y mourut le i cr. août 1676. Il.étoit né en 1632.
On a dé lui encore des Lettres fpirituelles , avec
fon portrait à la tête du premier tome , & au bas
de fon portrait on lit ces vers faits par un janfénifte
de fes amis :
Pur 8c fini pic en fes moeurs, modefte de v i f âge,
Des vérités du ciel, épris dès fon jeune âge,
Varet jnfqn'en leur fource alla s'en abreuver ;
Et dans fon grand favoir fon humilité fainte
Fit bien voir qu’en un coeur où la grâce eft empreinte,
Les vapeurs de l’orgueil ne fauroient s’élever.
L ’article des deux Varet frères fe trouve dans
le Diétionnaire, mais il y manque prefque toutes
les particularités que nous ajoutons ici.
VAR LE T (D ominîque-Ma r te) , ([Hift.eccl.)y
évêque de Babylone, avoit été employé dans les
millions étrangères, & avoit exercé les fonctions
de grand-vicaire de l'évêque de Québec , depuis
les lacs du Canada jufqu'au golfe du Mexique ,
& avoit travaillé avec zèle à Finftruélion des ha-
bitans delà Louifiane. Un bref du pape Clément XI,
du 17 feptembre 17 18 , le nomma evêque d'Afca-
\on3 inpartibus infidetriumy &t coadjuteur de M. Pidou
de Saint-Olon, évêque de Babylone, auquel il fuc-
céda. Les Jéfuites lui fufeitèrent des embarras qui
l ’empêchèrent de prendre poflèlfion de fon fiége. ■
Leur prétexte étoit fon oppofition à la bulle Unigenitus.
En effet, il appela formellement de cette
bulle : fon a été d'appel eft du 1 y février 1723. Les
principaux du clergé catholique de Hollaiide , à
ion retour en Europe , le retinrent parmi eux } il
facra jufqu'à quatre archevêques fuccefîifs d'U-
trecht, & juftifia fa conduite par deux apologies
dont Vanefpen a fait un grand éloge , mais qui
furent regardées comnîe des écrits janféniftes, idée
que fes liaifons avec l'évêque de Senès (Soanen ) ,
6c l ’évêque de Montpellier ( Colbert ) fortifioient
encore. On trouve, dans fes ouvrages, des notions
importantès fur l’état des Catholiques.en Amérique
& en Alie. Il mourut à Rhynwyk près d'Utrecnt,
le 14 mai 1742.
VATINIUS. ( Hift. rom. ) Publius Vatinius ,.
furnommé Struma d’une loupe qu'il avoit à la tête,
fut tribun du peuple fous le confulat.de Céfar. Dans
la fuite il fui lui-même conful, puis il fut envoyé
dans l’Illyrie avec trois légions, par Céfar, devenu
alors diétatèur, & dont il paroît avoir eu çonftam-
ment la faveur. Il fit la guerre en Dalmatie avec
Hift®ire. Tome K l . Supplément.
V A T
aftez de fuccès. Après la mort de Céfar il efluya
quelque échec en Illyrie, & fe retira dans Dyrra-
chium, dont il ouvrit dans la fuite les p ortes à Brutus.
Piiis^heiireux quelques années après, il obtint
les honneurs du triomphe } mais il eft plus connu
pour avoir été défendu, puis attaqué par C icéron,
& c ’eft furtout par l'oraifon in Vaùnium qu'il eft
célèbre} il eft, dansl’FIiftoire, au rang des ennemis
de Cicéron. Cetre inimitié avoitété précédée d'une
amitié prefque intime, & n'en étoit peut-être que
plus forte; Vatinius écrivoit à Cicéron : P. Vatinius
Ciceroni fu o , formule d'inimitié qui n'eft
pas fort commune dans les épïtres de Cicéron ,
dites familières. Cicéron , à la prière de Céfar ,
l ’avoit autrefois défendu dans une accufation de
brigue , fk l ’avoit fait abfoudre. Vatinius ayant
eu dans la Dalmatie des fuccès fuffifans pour que
fes foldats lui donnaflënt le titre d*Imperator3 il
demandoit en conféquençe que le fénat ordonnât
les fupplications accoutumées en pareil cas : fa
demande éprouvoit des difficultés a Rome, où il
croyoit avoir des ennemis & des envieux : c'eft
a Cicéron qu'il a recours.. alors} il le conjuré de
prendre fa défenfe. « Nonputo, lui d it-il, repu-
diahis 'in honore quem in pericuio recepifii : ego autem
quem potiiis adoptem aut invocem , quant ilium quo
defendenti vincere didici..... Quare, f i më, fi eut foies ,
amas, fufeipe me totum : atquê'hoc quidquid eft oneris
;dc tnuneris , pro metî dignitate tuendum ac fuftinen-
dum puta. »
Cicéron, de fon c ô té , fe loue de la reconnoif-
fance de Vatinius, & lui déclare qu'il le tient
pour le plus reconnoiffant de tous les hommes,
& qu'il en a toujours parlé ainfi. Cognovi te gratif-
fimum omnium : idque numquam deftiti pr&dicare. Nec
enim tu mihi habuifti modo gratiam , vericm etiam
cumulatijftmé retulifti...... Omnia qus in tuis rebus
agam y Ù non loboriofa mihi & hmefta videbuntur.
lis devinrent ennemis dans la fuite , & Cicéron ,
q u i, pour un perfonnage grave & même pour
un homme de g oû t, fe permettoit trop de jeux
de mots & de pointes, appeloit Vatinius un orateur
enflé y à caufe de la loupe dont nous avons
parlé. Dans fon oraifon contre le même Vatinius,
& dans quelques autres écrits de Cicéron, l'on
trouve encore , parmi des reproches plus graves
d’ autres allufions d’aflez mauvais goût à cette-
difformité de Vatinius.
V A TR Y ( l' a b b é ) . {Hift. litt. mod.') René
Vatry , de l’Académie des inferiptions & belles-
lettres , n'a guère été connu que des gens de
lettres : on n’a de lui que quelques Mémoires dans
le Recueil de l'Académie, & ces Mémoires n'ont
rien qui diftingue Fauteur. On fair feulement par
tradition, qu’ il ayoit beaucoup de goût & un goût
éclairé. Il étoit grand zélateur des anciens. « Il
« auroit, dit M. Dupuy, qui fut quelques années
« fecrétaire de l ’Académie des b elles-lettres, il..
.33 auroit plutôt pardonné une injure petfonnelle