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mois fynodique eft le tems que la lune emploie
pour rejoindre le foleil après l'avoir quitté j c'eft
le tems qu'il y a depuis une nouvelle lune jufqu'à
la fui vante. Le premier de ces mois eft de vingt-
fept jours fept heures quarante-trois minutes 5 le
fécond eft de vingt-neuf jours douze heures quarante
quatre minutes.
Pour rapprocher, quoique très-imparfaitement,
l'année lunaire de l'année folaire, comme chaque
révolution de l'année approche un peu d'un mois
Polaire, ona ralfemblé douze mois ou révolutions
lunaires pour former l'année lunaire , qui par-là
même s'éloigne douze fois plus de l'année loi aire
que chaque mois lunaire ne s’éloigne de chaque
mois folaire. L'année lunaire ainfi compolee eft
en tout de trois cent cinquante-quatre jours huit
heures & quarante-huit minutes, & l'année Polaire
de trois cent Poixante-cinq jours cinq heures
& environ quarante-neuf minutes.
De cette équivoque de mois & d’années Pont
nées diverfes opinions de la part de ceux qui ont
voulu expliquer d'une manière naturelle la longue
durée de la vie des patriarches ; mais ces explications
ont toujours lailfé fubfifter des difficultés
auffi grandes que'celles qu'on s'efforçoit de lever.
Ne confondons point les objets de notre foi avec
ceux qui ont été abandonnes aux vaines difputes
des hommes , 8c ne cherchons pas toujours à rendre
raifon par des voies naturelles & humaines de
ce qui appartient à un ordre furnaturel 8c divin.
Diodore de Sicile, Pline 8c Plutarque rapportent
que les années des anciens Egyptiens n'étoient
que ce que nous appelons maintenant mois, c’eft-
à—dire, que la lune faifoitleur année par la durée
de Pon course qu'enfuite l’année fut de trois mois,
puis de quatre, comme celle des peuples d'Arcadie,
ou defix comme dansl'Acarnanie en Grèce;
que c'eft dans ce Pens qu’il y a-eu des rois d’Egypte
qui ont vécu douze cents.ans, c ’eft-à-dire, douze
cent mois ou cent de nos années. Mais il ne"faut
pas dire la même chofe de tous les peuples de la
T e r re , comme l'a cru Varron, que Lactance reprend
avec fujet, ni s'imaginer que dix années.des
premiers patriarches n'en faiPoient qu’une des
nôtres 5 ce qui a été le Pentiment de quelques
Anciens, contre lefquels Paint Auguftin a écrit ;
car IL cela, étoit, lorfqu’il eft dit que Malaléel eut
un fils à l'âge de foixante-dix ans, il faudrait entendre
qu il n'en avoit que fept, 8c puifqu’il.n'y
a point eu de patriarche qui ait atteint l'âge de.
mille ans, il s'enfuivroit que ces premiers hommes
auroient moins vécu que plufîeurs de leurs def-
cendar.s, qui ont paffé l'âge de cent ans, 8c qui,
félon ce calcul, auroient vécu plus de mille ans.
Enfin, on voit dans l’Ecriture-Sainte que Noé
avoit fix cents ans lorfque le déluge commença,
& qu'il en avoit fix cent un quand il fortit de l’Arche
, 8c dans l'intervalle de ce tems le texte facré
compte expreffément dix mois 8c cinquante-quatre
jours 5 pat où il par oit. que cette année de la
O L O G Ï E .
dui ée du déluge fut de douze mois, 8c à peu près
femblable à la nôtre.
Pour ajufter le cours de la lune avec celui du
foleil .après un efpace de trois ans, on fait une
année lunaire de treizelunaifons ou mois lunaires,
8c ce treizième mois lunaire s'appelle embolif-
mique.
Il y a Pur l'année julienne ou Pur la réforme du
calendrier par Jufes-Céfar| quelques obfervations
a faire pour en donner une idee exadle. Jules-
Céfar, conful pour la troifième fois avec Marcus
Æmilius, l’an 708 de la fondation de Rome, com-
pofa Pon année de trois cent Poixante-cinq jours
8c fix.heures, en quoi, comme nous l'avons dit,
il la fit trop longue d’environ onze minutes; mais
il s'agiiloit de remédier à des défordres tout autrement
confidérables. Ainfi la première année
julienne fut la 709e. de la fondation de Rome, 8c
la 4 y,0, avant la naiffance de Jéfus-Chrift. Les Pontifes
avoient tout brouillé depuis le calendrier de
Numa,- qui étoit déjà extrêmement fautif, puif-
qu’il avoit pour bafe l’année lunaire au lieu de
l'année folaire. Jules Céfar ordonna d’abord que-
l’année 708 de Rome fûtcompofée de quatre cent
quarante-cinq jours, ajoutant à l’année lunaire de
trois cent cinquante-cinq jours ,• félon le calcul de
Numa, un mois de vingt-trois jours , nommé Mer-
kedonius, 8c deux autres mois contenant foixante-
Pept jours ; ainfi cette année eut quinze mois, 8c
on l’appela lannée'de la confufion,• mais c'étoit de
..là confufion pour faire finir la confufion plus
grande qui exiftoit depuis long-tems dans le calendrier
romain. Pour régler les années dans la
fuite, Céfar, parle confeil de Sofigènes, ce célèbre
mathématicien de la ville d’Alexandrie en
Egypte, & de plufîeurs gens favans en aftronomie,
ordonna que l’année romaine, qui. n’étoit auparavant
que de trois cent cinquante-cinq jours -,
Pavoir : de douze mois lunaires, qui font trois
cent cinquante-quatre jours , 8c d’ un jour que
Numa ajouta par un refpedt fuperftitieux pour le
nombre impair (plaifant motif quand il s'agit de
fe régler fur le cours des aftres), feroit à l'avenir
de trois cent Poixante-cinq jours 8c fix heures, 8c
que l'on diftribueroit les dix jours reftans à certains
mois de 1 année. Il donna donc deux jours
de plus à janvier, août.& décembre, & un jour à
avril, juin, feptembre & novembre. A l’égard des
fix heures, il ordonna que de quatre ans en quatre
ans on intercalerait un jour compofe de quatre
fois fix heures ou vingt-quatre heures ; ce qui
forma notre année biffextile.
Le commencement de l’année civile a été différent
chez les différens peuples. L'année civile des
Juifs commençoit au mois de tifri, c'eft-à-dire,
au commencement de l'automne, 8c leur année
eccléfiaftique au mois de ni^an 3 c’eft-à-dire, au
commencement du printems. Les anciens Gaulois
8c les Saxons commençoient leur année au mois
1 de feptembre, les premiers Romains au mois de
mars,
mars, & depuis au mois de janvier. Les Egyptiens
, les Perfes, les Arméniens, les Athéniens ,
les Thébains au mois de juillet, qui commençoit
au lever de la canicule;' les Arabes, au mois de
mars; les Indiens, au mois de janvier; les Macédoniens
, au mois de Peptembrer Les Français commençoient
anciennement leur année au premier
jour de mars, comme il paroît par le concile de
Vernon, tenu Lan 755 , où on lit ces mots : Menfe
primo , quod eft ka 1er, dis martiis. Grégoire de Tours
8c I rédégaire , en parlant de la première race des
rois de France, femblent avoir pris pour le commencement
de l’année le jour de N o ë l, ou du
moins le premier jour de janviér , comme fàifoient
les Romains ; mais ailleurs ces mêmes hiftoriens
8c d’autres anciens auteurs-comptent les années
depuis l ’Incarnation de Jéfus-Chrift & depuis fa
Palfion. Ainfi l’on voit dans de vieux titres : Aftum
ap.no ab lncarnatione Domini 1060, h pajjîone 1028.
Grégoire de Tours compte encore Pou vent les
années depuis la mort de Paint Martin , qui arriva
l’ an 401 ou 402. Sous la féconde race des rois de
France, tous les hiftoriens commencent l’année
du jour de Noël; ainfi ils difent que Charlemagne
fut couronné empereur le jour de Noël de l’ année
S o i , qui n'étoit-encore que l'an 8 co, PuivantTan-
cienne ( 8c la nouvelle ) manière de compter. Il
faut remarquer que ces auteurs donnoieht le nom
d’incarnation à la naiffance de Jéfus-Chrift, parce
que c'eft alors que le fils de Dieu a paru revêtu
de notre chair ; de Porte que dans ce lèns l’année
de l'Incarnation ne commence pas au 2y de mars
mais au 2y de décembre. Cette coutume changea
fous la troifième race de nos Rois , où l'on compta
les années depuis l'Incarnation, prenant ce mot
dans Pon propre Pens, c’eft-à-dire, depuis le 2 y
de mars. On lit dans un ancien titre : Anno pene
jinito I.OIO, indictione 9 , menfe februarii ■ ce qui
eft l'an 10 1 13 commençant au mois de janvier. On
ne laiffoit pas néanmoins de prendre dans l'ufage ’
ordinaire le premier jour de janvier pour le premier
jour de l'année ; ce qui paroît dans un titre
qui porte : Fait Fan de l'Incarnation de Notre-Sei-
gneurjéfus-Chrifl3 1183, le mois dejanvier3 lendemain
du premier jour de Fan. Dans la fuite du tems on
c.ompta les années depuis la fête de Pâques , &
dans l'intervalle qui fe trouve entre le 22 mars 8c
le 2y avril, efpace dans lequel la fête de Pâques
eft mobile 8c peut varier,. on ajoutoit ces mots :
Devant Pâques ou apres Pâques, pour marquer ou
la fin ou le commencement de l'année. Mais enfin
au mois de janvier iy é q , que l'on eomptoit encore
en f rance 1 y6.3 , parce que l’année commençoit
alors à Pâques, le roi Charles IX fit une
ordonnance , dont le dernier article portoit qu'à
l'avenir o.n commenceroit l'année au premier jour
de janvier, comme on avoit fait autrefois, & non
a Pâques ni au jour de l’ Incarnation, ou à la fête i
de la naiffance de Jefas-Chrift, fuivant les divers J
ufages qui s'étoient introduits depuis. C e t -art an- - •
Hifloire. Tome VL Supplément,
~33
gement avoit du moins l ’avantage de faire ceffer
l ’inégalité des années, & de donner un point fixe
& invariable au commencement de l’année ; mais
il femble qu'on auroit dû Pe régler davantage Pur
la marche du foleil, 8c faire commencer l’année à.
l’ un des quatre points principaux du cours de cet
aftre, c’eft-à-dire, à l'un des folftices ou à l’un
des équinoxes. On s’eft contenté d'une approximation
, 8c en effet, le I er. janvier eft très-yoifin
du folftice d’hiver, 8c peut le repréfenter. Ainfi,
dans la cour du Roi en fa grande chancellerie, le
I e r . de janvier qui fuivit l’ordonnance de Charles
IX , on compta i j é y 5 mais au parlement de
j Paris on ne commença l’année au mois de janvier
: qu'en 1567» 8c l ’année iy é é eut feulement huit
mois 8c dix-fept jours, depuis le 14 avril jufqu'au
dernier décembre. Les anciens Anglais (Saxons)
commençoient leur année au jour de N o ë l, qu'ils
appeloient le jour de F Incarnation. Cette coutume
dura jufqu'au règne de Guillaume-le-Conquérant,
8c les hiftoriens l'ont fuivie dans leurs écrits. Les
Allemands ont auffi compté leurs années à.commencer
au jour de la naiffance de Jéfus-Chrift ,,
fuivant la coutume de l ’Eglife romaine & des Italiens.
Les Pifansnéanmoins 8c les Florentins commencent
l'année à l’ Incarnation, c ’eft-à-dire, au
2 c mars (à l’Annonciation)», mais avec cette dif- .
ference que les Pifims comptent la date de l'Incarnation
neuf mois avant le jour de Noël* aii-;
quel l'Eglife romaine commence l’année, & des ;
Floréntins la prennent trois mois après ; de forte t
que les trois premiers mois de la cinquantièmé an- ;
née romaine font les trois derniers de l'année j o ,
fel'on les Pifans, & le s trois derniers de l’année 49
félon les Florentins, parce que les Pifans commen- .
cent l’année 50 neufmois avant l’ Eglife romaine, & .'
les Florentins trois mois après; 8c lorfque ceux
de Florence comptent yo , ceux de Pife comp- '
tent y 1.
L ’année chaldaique ou égyptienne, ou de Nabo-
naffar, étoit une année vague, fort célèbre parmi
les chrooologiftes , laquelle étoit compofee de
trois cent fcixante-cinq jours diftribués en douze
mois de trente jours chacun, auxquels on ajoutoit
les cinq jours qu’ils nommoient épagoménes. On :
n'avoit poirt égard aux fix heures, 8c cette année
étoit fans biffexte ; de. Porté que de quatre en
quatre ans le commencement du premier mois
nommé thoth , rétrogradoit d’un jour entier, 8c
ainfi parcourait tous les mois & toutes les faifons
de l'année. Par exemple, lorsqu'une année de Na-
bonaffar commençoit au I e r . janvier de l’année julienne,
la fuivante commençoit au 31 décembre , ‘
la troifième au 30 , 8c ainfi de fuite en. rétrogra- r
dant. Cette forte d’année, appelée ainfi de Nabo-
naffar, roi des Chald-:ens, commença le 16 février
( eu égard à l’ année julienne ) , fept cent quarante-.'
fept ans avant la naiffance de Jéfus-Chrift , la fèp- ’
tième année de la fondation de Rome , qui fut'
bâtie l’an 7 y 3 avant l'ère chrétienne ; mais cette'
C c c c c
O N O L O G I E.