
mandie à la couronne , foit pour en recouvrer
quelques parties.
Cette politique conciliante fut toujours celle
du duc Guillaume. Quand il ne pouvoit procurer
la paix 3 il s’attachoit à diminuer la fupériorité du
vainqueur j il affe&oit de tenir Gette balance, qui
depuis eft devenue le grand objet de la politique,
mais qui a toujours été plus utile à ceux qui l’ont
tenue, qu'à l'Europe, qui en attendoit fon repos.
Par une fuite de la meme politique, Guillaume
prenoit foin de s’allier avec les plus grands fei-
gneurs du royaume, & les plus redoutables au
Roi ; il avoit époufé Sporte, fille d'Hébert, comte
de Sènlis j il avoit marié Gerlotte fa foeur avec
Guillaume, comte de Poitiers j il étoittoujours
uni avec Hugues-le-Grand, ou, l’ Abbé, père de
Hugues Capet. Tant que Guillaume v é cut, les
fuccefièurs dè Charles-le-Simple refpeélèrent la
Normandie & le traité de Saint-Clair qui en avoit
afluré la .propriété à Rollon & à fa race.
Le lâche Arnoul, comte de Flandre, ennemi
de Guillaume, le fit aflafEnër dans une entrevue
fur la Somme , vis-à-vis Péquigny, le 18 décem-
bre 94i.
H A R H A R
H a RLAY. A cet article (tome III, partie l 16. ,
page 4 7 , colonne ,ire. du Dictionnaire), on dit
que Nicolas de Harlay de Sancy fut le premier
colonel-général des SuiJJes. C e mot premier eft une
faute.. La charge de colonel-général des Suifîes
Sr G riions, toujours occupée par des Princes lorf-
qu’elle n’écoit, qu’ un emploi paflager & à tems,
tut érigée en titre d’office, 1 an i J 7 1 , par Charles
IX3 en faveur de Châties de Montmorençi-
Meru , depuis duc d’Amville , troifième fils du
connétable Anne. Depuis ce tems elle a été pof-,
fédée, tantôt par des Princes, tantôt par de Amples
gentilshommes. Les Mémoires de Sully nous
apprennent qu’elleTétoit en 1596 , par Nicolas de
Harlay.de Sancy.
HARMODIUS. ( Voyei les articles Arifiogiton
& Hipparque dans le Dictionnaire.)
HAROLD. ( Hifi: d‘ Anglet.) Deux perfonnages
de ce nom jouent un rôle dans l’hiftoire d’Angleterre
, du tems des derniers Rois faxons & de la
conquête de cette île faite par Guillaume, duc de
Normandie.
. Suénon-& Oanut-le-Grajid fon fils, rois de Dan-
nemarck, avoient fait la conquete.de l’Angleterre
fur Etheîred I I , Roi de la race fax onne, lequel
occupôit le trône d’Angleterre vers la fin du
dixième fiècle & le commencement du'onzième.
C e t Etheîred avoit époufé Emma, fille de Richard
I & foeur de Richard IL, ducs de Normandie.
Canut, à peine proclamé, roi d Angleterre,
époufa cette même Emma devenue veuve. Etheîred
avoit eu d une première femme, nommée Ëlgiva,
Edmond, qu’ une force pro.digieùfe fit furnommer
Côte-dc-Fer , & qui, lui ayant fuecédé , défendit
mieux queluifa coiironne contre Canut. Il mourut
affaflineen 10 17, biffant deux fils légitimes,-Edwin
& Edouard.
Canut chargea un de fes Danois de s’embarquer
avec eiix pour le Dannemarck, & de prendre fes
mefures pour qu’ils périflent danscette navigation.
C e miniftre de barbarie fe trouva fenfible a-la-pitié.;,
il aborda , non. en Dannemarck, mais chez le roi
de Suède, auquel il remit les deux jeunes Princes,:
aprèsl'avoir attendri fur leur fort. Le roi de Suède,
pour ne pas fe commettre avec Canut,4es.fit paf-
fer à la cour de Salomon, roi de Hongrie.; Edwin
mourut dans ce pays j Edouard époufa la foeur de
la reine de Hongrie, fille de l’empereur Henri-II,
de laquelle il eut deux enfans, Edgar-Atheüng âc-
Marguerite, qui fut depuis reine d’ Ecofte. 4
Suivant toutes les idées régulières fur l ’ordre
fuccefiif, -cet Edouard, & après lui Edgar- Atheling
fon fils, étoient les légitimes heritiers du
trône d’Angleterre y aucun d’eux n’y régna.
Mais Etheîred, outre,fes.enfans du premier ht,
avoit eu deux fils d'Emma fa fécondé .femme *
favoir,.: Alfred & Edouard. Ces deux Princes
avoient été emmenés en Normandie par Emma
leur m ère,, lorfqu’Etheîred fon premier mari
avoit été détrôné; ils y .vivoient paifibles fous la
protection des ducs de Normandie.-Canut redouta
cette protection, & pour emp.eeher le duc Richard
m frère d’Emma, d’ agir en faveur de fes.
neveux, il voulut devenir fon beau-frère ; ce fut
alors qu’il époufa Emma, & en mênaetems il donna
fa foeur à Richard II. Par le contrat de mariage de
Canut & d’Emma on afîiira aux. enfans qui en
; na^troient 3 la fucçeflion à la couronne 4 Angle-
: terre ; onfaCrifia les droits, non-feulement des en-.
: fans du premier lit d’Ethdred, mais encore des
• enfans qu’ il avoit eus d’Emma.
Canut eut de cette même Emma un fils nomme
Hardicnute ou Hardicanute. Il laifia aufli d’un premier
lit deux fils, nommés Suénon & Harold y c e - , 4 lui-ci eft le premier des deux Harold dont nous
avons à parler. Suénon eut la Norvège, Hardiç-
nute le Dannemarck , Harold pouvait rpfter fans
| partage. . U » § : . : ? • ■ ; • 1$$jp<. . - t ■ ;. ■ -y}-
; L ’Angleterre fe divifa : les Danois britanniques
; vouloient Harold, les Anglais voulpient Hardic-
■ nute, .Conformémènt aii traité de mariage de Canut
■ & ;d'£mma. On partagea :1e royaume entre ces 4&ux Princes; mais comme Hardicnute etoit ab-,
| fent, Emma fut nommée régente de la. partie du
: royaume échue à fon fils , & on lui donna pour
I j confeil le comté Goodwin, chef de la noblefle
ariglaife ÿ fcélérat auffi traître qu’infolent.- Son premier
foin fut de fe vendre à Harold, qui s’ étoit
empâté ïdes tréfors de Canut, & de fermer l'entrée.
du royaume au prince Hardicnute, fous le
nom duquel il ne gouvernoit que pour faire régner
Harold, &rpour régner avec lui dans toute l’Angleterre.
Emma, voyant qu Hardicnute tardoit à
paraître, propofa 4e faire venir de Normandie
les fils d’Etheîred ; elle n’ alléguoit que le defir, ii
naturel à une mère, de revoir des enfans .dont elle
étoit depuis long-tems féparé^ ; mais Goodwin vit
bien que l'intention & l’efpérance d’ cmma etoient
de ranimer , par leur préfence, l’affeCtion des Anglais
pour la race'de leurs Souverains, & de faire •
régner fes fils du premier l i t , fi,celui du fécond lit
ne vouloit ou ne pouvoit pas -quitter le Danne-
marck. Goodwin prit le parti d’applaudir à la pro-
I pofition d’Emma, faciliter Inexécution dans 1 le deflein d’ immoler à Harold ces importantes vic-
[ times, ou de tenter, par le moyen de ces Princes ,