
répandu la confternation dans tout l’Empire de la j
Chine ; mais la profpérité faiïoit fur Taicko-Sama
fon effet ordinaire j elleTaveugloit, elle lui tour-
noit la tête > il s’égaroit dans de vaftes projets
qu’ il ne favoit plus fuivre; il vouloit la fin* & ne
vouloit pas les moyens : des dépenfes de faite &
de luxe prenoient la place des dépenfes utiles , &
pendant qu'il faifoit bâtir des palais magnifiques ,
il laiftbit fon armée manquer de tout dans la Corée. 31 fut trop heureux qu’ un traité le laiffât en pof-
feffion d’une partie de cette contrée, & rendît
l’empereur de la Chine fon tributaire. Il avoit af-
foçié un de fes neveux à l ’empire du Japon j il fe
brouilla enfuite avec lu i, & ayant eu un fils contre
fon attente, il ne fongea plus qu’ à fe défaire
de Ce neveu, devenu pour lui un collègue-incommode
: il le fit mourir. Au commencement de fon
règne il avoit beaucoup favorifé la religion chrétienne
; il la perfécuta dans la fuite. 11 mourut le
i y feptembre 15^8, a foixante-quatorzeans, fort
peu regrètté : fon fils, auquel il avoit facrifié fon
neveu, fut tué à vingt ans en combattant pour
l’Empire.
TAILLE ( l a ). En parlant, dans le Dictionnaire,
des frères Jean Sr Jacques de la Taille 3 nous
les avons plus confidérës du côté des Lettres qu’ils
ont cultivées,- que du côté de la nobleflè & des
fervices militaires de leur famille : nous n’ avons
parlé du moins que de ceux de Jean de la Taille j
nous ne devons pas oublier ici un de leurs aïeux/
Martin de la Taiile , gentilhommé de l’hôtel de
Marie de C lè v e s , mère de Louis X II, qui fut
donné en otage aux Anglais fous le règne de
Charles VII.
_ Bertrand de la Taille, feigneur des EfTarts, gentilhomme
ordinaire de la chambre & chevalier de
TOrdre.
Mathurin de la T aille, feigneur des Efforts, fon
fils aîné, gentilhomme ordinair- de la chambre du
prince de C ond é, puis du R o i, capitaine.d’une
compagnie de cent gentilshommes du Languedoc
fous le s ordres du prince de Condé, puis, cornette
• des gendarmes d’Henri IV , alors prince de Navarre
, mort des blefifures qu’il avoit reçues à la
bataille de Coutras.
Gabriel, frète de Mathurin, tué à la bataille de
Montcontour.
Paul, fils dè Mathurin, tué au fervice du roi
Henri IV , en 1585).
François de la T aille , tué à Laon à vingt-quatre
ans.
Un autre François, arrière-petit-fils du précédent,
tué fur un des vaififeaux du R o i, à la côte,
de Coromandel.
Henri, frère de cp dernier, mort au fervice des
Hollandais.
Charles / autre frère , capitaine dans le régiment
Royal-Artillerie, qui reçut la croix de Saintj
Louis des mains de Louis X IV dans la première
promotion qui fut faite en 1693.
Edme, dit le chevalier de la T a ille , petit-fils
de Charles, capitaine au régiment de la Vieille-
Marine, chevalier de Saint-Louis, aide-major-général
de l’armée d'Italie, mourut à Briançon dès
bleffures qu’il avoit reçues au fort de l’Affiette ,
le 22 juillet 1747. L’Hiftoire lui rend le témoignage
qu’il fut egalement regretté de fes proches,
de fes amis & des généraux.
Dans la branche de la Taille Trettinville, Jofias,
tué au fervice de Henri-le-Grand, dans un combat
de deux Royaliftes contre deux Ligueurs j il eut
deux foeurs noyées dans la rivière d’Elfonne , en
la traverfant, en carroffe, ail gué de Macheron le
31 mai 1599.
Louis de la T aille , frère aîné de Jofias , n’ eüt
. qu’ une fille unique, & fon gendre, qui étoit aufli
fon neveu, Pierre de l’Enfernat, feigneur de Cour-
teille , capitaine - commandant du régiment du
comte d’Harcourt - Lorraine , & maréchal-descamps
& armées du R o i, fut tué d’un coup de
canon au fiége de Rofes.
Céfar de la T a ille , officier d’infanterie, tué à
l’armée à dix-fept ans.
TAIS AND (P ie r r e ) , (Hift. litt. m od.), avocat
célèbre-& favant jurifc on fuite, eftimé du premier
préfident de Lamoignon, & ami de mademoi-
fêlle de Scuderi, eft auteur d’une hiftoire du .droit
romain , dédiée à M. Boffiiët', alors évêque de
Condom, fon compatriote, né comme lui à Dijon j
d’ un nouveau Commentaire fqrla coutume de Bourgogne,
& de divers ouvrages d’éloquence, de
jurifprudence & dé piété. Né . le 7 janvier 1644.
Mort auffi à Dijon le 12 mars 1715’. Il avoit plaidé
auffi à Paris, & c’eft ce qui l’ avoit fait connoître
au premier préfident de Lamoignon. Quand il ne
fe fentit plus en état de plaider, il prit une charge
de tréforier de France dans la généralité de Bourgogne.
Sa vie a été écrite par dom Claude Tai-
fand fon fils, religieux de l’Ordre de Cîteaux.
TANQUERE L (Je a n ). (H f t . mod.') En 156 1,
fous le règne de Charles IX , tems où tout étoit
porté à l’excès, & du côté des Proteftans, & du
côté des Catholiques, un bachelier de Sorbonne
(Jean Tanquerel), doCteur ultramontain, quoiqu’on
France, avoit mis dans une thèfe la proportion
fuivante : Papa yoteft Reges <5? Imperaiores h&-
reticos deponere. Le parlement de Paris, par un
arrêt folennel, condamna 1 'anquerel à faire amende
honorable 5 & comme Tanquerel s‘étoit abfenté,
le bedeau de la Faculté eut ordre de la faire pour
lui dans l’école de Sorbonne, en préfence d’un
préfident, de deux confeillers & du procureur-
général d’ un côté j du doy en'& des do été ur s de
la Faculté de l autre, ceux-ci fous peine d’ être
déchus de tous les privilèges accordés par les Rois
à la Faculté } ce qui n’empêcha pas la Faculté de
dépofer elle-même dans la fuite le frère de Charles
IX.
TAR ANTE ( V alesc ou V a lo is d e ). (Hift.
litt. mod-) Manget, dans fa Bibliothèque des écrivains
médecins, fait connoître avantageufement
cet ancien médecin du quatorzième fiè c le , q ui,
dit-on, fut premier médecin de Charles V I , &
qui a compofé fur l’ art de guérir plufieurs ouvrages
célèbres autrefois. Né vers l’an 1382 à Montpellier}
il vivoit en 1420.
TA R E E , TAR IC ou TARIF. Lorfque les Sar-
rafins ou Maures, appelés ou non par le comte
Julien, voulurent s’emparer de l’Efpagne au commencement
du huitième fiècle, Mufa, gouverneur
de l ’Afrique fous le calife V a lid , envoya, pour
commencer cette conquête^ Tarie ouTarif, un de
fes lieutenans, dont on retrouve le nom dans celui
de Gibraltar, qui étoit autrefois Gibal-Taric ou
Tarif. Ce général, pour mettre fes troupes dans
la néceffité de vaincre, commença par brûler fa
flotte, précaution ou imprudence répétée del’Hif-
toire ancienne, dont l 'Hiftoire moderne reproduit
fouvent les faits fous des noms plus récens.
Mufa voulut auffi prendre part à la conquête de
l ’Efpagné : il prit le commandement de l’armée,
&:Tarée fervit fous lu i, toujours avec le plus grand
fuccès. Cependant Mufa fut mandé à la cour du
calife Valid pour rendre compte de fa conduite.
C ’étoit l’effet des intrigues de Tarie, qui, regrettant
fans doute le tems où il commandoit feul
l’armée viCtorieufe des Sarrafins, ne s’étoit vu
qu’avec dépit remis au fécond rang, & forcé de
céder à fon fupérieur la gloire d’une conquête
qu’ il avoit efpéré d’ achever feul. Plus habile ou
plus heureux en intrigues que Mufa, ou peut-être
ayant l ’avantage feulement parce qu’il attaquoit,
; & que fon adverfaire n’étoit pas même averti qu’il
‘ eût à fe défendre, il parvint à le noircir & à le
perdre.à la cour de Damas. Mufa mourut en pri-
fon. Tarie continua de commander en Efpagne &
ailleurs, & rien ne fit obftacle à fa gloire. Devenu
vieux, il vécut dans la retraite, & il y mourut après
l’an 716.
TARIN (J e a n ) , ( Hift. litt. mod.) , fils d’un
meûnier, fit fes études malgré fes parens, mais ne
put les commencer qu’ à dix-huit ans. Ses progrès
furent rapides & le tems perdu fut réparé. Né en
Anjou, il fit fes études à la Flèche chez les Jéfuites,
qui tâchèrent de le retenir parmi eux , mais auxquels
il échappa, & auxquels il ne fut point favorable
dans le cours de fa vie. U profefia la rhétorique
au collège d’Harcourt à Paris, fut plufieurs
fois reCteur de l’Univerfité. Louis XIII le fit fon
leCteur, & lui offrit des évêchés qu’ il refufa. Il
étoit dans fes moeurs d’une fimplicité pariaite. Il
. venoit de Paris à pied paffer les vacances à Beaufort
en Anjou, lieu de fa nailfonce , chez fes pa- ,
rens, meuniers ou vignerons, & il retournoit de
même à Paris pour la rentrée des claffes. On a de
lui quelques ouvrages afîez eftimés, une traduction
latine d’un ouvrage d’Origène,des traductions
de quelques autres anciens auteurs, quèlques discours
d’éloquence, entr’ autres une oraifon funèbre
en latin du cardinal de Gondi (P ie r re ) ,
évêque de Paris, mort en 16ié . Tarin mourut en
1661.
TARPA ( S pu r iu s Moe cius ou Me t iu s } .
(Hiß. rom. ) Il paroît qu’il y avoit à Rome, au
moins du tems de Pompée & de celui d’Augufte,
un emploi qui répondoit à celui de notre cenfeur
de police , & qui confiftoit principalement dans
l’examen des pièces de théâtre. C et examen avoit-
il uniquement pour, objet, comme chez nous , la
décence & les moeurs, ou s’ étendoit-il fur le goû t ,
& Spurius Metius Tarpa , qui en étoit chargé ,
devoit-il juger des pièces propres a plaire au public
, où feulement rejeter celles qui choquoient
les bienféances, & s’oppofer à la licence, ou pro*
nonçoit-il à la fois fur l’un & l’autre point? 11 pa-
roit qu’il étoit à beaucoup d’égards arbitre &r juge
du goût, fonClion qui ne doit jamais être confiée
à un feul homme, parce que l ’exercice en eft trop
arbitraire, qu’il a trop d’étendue, & qu’il peut
donner ou laiffèr lieu à trop d’abus.
Autre queftion. C e Spurius Metius Tarpa étoit-
il digne de fon emploi, du moins autant qu’ un feul
homme peut l’être ? Etoit-il un bon juge des productions
du goût & du génie? Si l’on s’ en rapporte
à Cicéron, 1 on en doutera pour le moins
car il paroît peu content des pièces auxquelles ce
juge avoit donné fon approbation pour les jeux
de la confécration du théâtre de Pompée. Nobis
erant ea perpetienda qu& fcilicet Spurius Moecius pro-
bayijfet.
Horace parle du même Tarpa d’une manière
indifférente dans la dixième fatyre du premier
livre, à propos d’ ouvrages j
Qu& necin a de fonent certantia judice Tarpâ,
^ Nec redeant iterîim atque iteritm fpeùianda tkeatris►
mais il paroît, dans Y Art poétique, faire cas de fon
fuffrage, fi cependant le Metius dont il parle en
cet endroit eft véritablement Metius T arpa} il
dit au jeune Pifon :
Tu nihil invita dices faciefve Minervâ
Id tibi judicium eft, ea mens, f i quid tarnen ohm
Scripferis , in Mecii defeendat judicis aures
: Et patris & nofträs, nonumque prematur in annum►
TARQUITIUS PRISCUS , (Hifi. rom. ) , délateur
du tems de Néron, qui, malgré la faveur
d’Agrippine* fut chaflfé du fénat, &: condamné