
A A R A B A
A a RON ( I sAAc ) . (Hifi. de T Empire d'Orient.)
C e t homme eut 8c mérita le fort de ces inventeurs
de Supplices, de ces confeillers de mort, de ces
miniftres de cruauté, tels que Pérille M les autres,
qui furent eux-mêmes les victimes de leur funefte
induftrie. Ifaac Aaron étbitinterprète pour les langues
occidentales fous l’empereur Manuel Corn-
nène , mort en 1180 j il trahifloit cet Empereur
par des interprétations infidèles , 8c révéloit les
Secrets de l’Etat aux ambaffadeurs des Princes
d’Oecidertt. L’ Impératricè découvrit la fraude :
Aaron fut puni : on lui creva les yeux 3 -fes biens
furent confifqués. Une de ces révolutions fi fré-
uentes dans ce pays ayant mis fur le trône An-
ronic Comnène, Aaron trouva grâce auprès de
ce nouvel Empereur ; & fe fouvenant que la perte
de fes yeux lui a voit laiffé des moyens de nuire,
dont il avoit fu faire ufage, il confeilla bien imprudemment
à Andronic de ne pas fe contenter
de crever ou d’arracher les yeux à fes ennemis
mais de leur couper encore la langue. Par une
fuite du même principe, il falloit aufii leur couper '
la main, qui pouvoit écrire ou nuire de beaucoup,
d’autres manières } 8c pour être tout-à-fait con-
féquent, il falloit
Leur ôter tout à coup la parole la vie.
C ’ eft ainfique l ’art de nuire meneroit de crime eh
crime, & de crüauté en cruauté, jufqu’ à c e qu’ enfin
ces crimes & ces, cruautés, foulevant tous les ef-
prits, retombaflent fur leurs auteurs. Le confeil
d’Aaron retomba fur lui. De nouvelles révolutions
lui ayant donné pour maître, en 1204, Ifaac Lange, j
ce Prince lui fit couper la langue d’après fon propre
confeil, & à caufe du mal qu’ élle avoit fait.
AB A. ( Hiji.de Hongrie. ) Saint Etienne, premier
Roi chrétien de Hongrie, mort en 1038, laiffa un
neveu nommé P ier re, 8c un beau - frère nommé
Aba , qui fe difputèrent la couronne ; Pierre,fur-
nomme 1 Allemand., fut d’abord le fuccefleur de
faint Etienne : on lui reprocha des exactions &
des brigandages qui le firent dépofer, & Aba-fut
mis en fa place en 1041' ou 1042. ]1 foutint avec
courage fon élection 8c fes droits contre lés droits
plus légitimes de Pierre > il le força d’abandonner
la Hongrie , 8c d’aller chercher un afile dans la
Bavière j il ne l ’y laiffa pas tranquille} il ravagea
la Bavière & 1 Autriche > il fit aufii la guerre, mais
avec moins de fuccès, à l’empereur Henri I I I ,
dit lé No ir, par lequel il fut défait : cet échec 8<
les înjuflices de fon gouvernement , égales à celles
du régné de Pierre, Soulevèrent contre Aba tous
Hifioire. Tome F I . Supplément.
fes Sujets, q u i, ne le regardant plus que comm®
un tyran malheureux, le maffacrèrent en 1044.
Pierre fut rétabli en-1047, 8e mourut cette même
année.
ABASSA. {Hifi- d-s Turcs Hifi. des Califes.')
Abafifa eft lenom, 8c d’unhomme ,& d’une femme.
i ° . L’ homme de ce nom joue un rôle allez con-
fidérable dans l ’Hifioire des Turcs. Le sultan
Muftapha I , parvenu à l ’Empire en 16 1 7 , fut
chaffé en 1618 , & Ofman I fiit mis en fa place.
Les Janiffaires, révoltés contre celui-ci, lui ôtèrent
l’Empiré 8c la vie en 1622, 8c rétablirent Mufta-
pha. C e fut alors qu’Abafîa, homme diftingué par
des qualités brillantes 8c dangereüfes dans un Etat
defpotique , homme Semblable à l’Aconut de
Bajazet, prit les armes contre Muftapha dont il
étoit mécontent, & , fous prétexte de venger la
mort d’Ofman, fit paffer au fil de l’épée un grand
membre de Janiffaires auteurs ou complices de
la mort -de cet Empereur. Le muphti & l’aga des
janiffaires fécondant Abafîa, dépoferent Muftapha
en 1623 , 8c lui fubftituèrent Amurat IV . C e
Sultan employa utilement les talens d’Abafîa,
mais il l’éloigna de Conftantinople } il l’envoya ,
; en 16.34, faire la guerre aux Polonois, & bientôt
ayant fait fa paix avec éuXî, il prit le parti de leur
Sacrifier, ou plutôt de Sacrifier à fa propre fureté
ce même AbafTa. Il le fit étrangler.
2°. La femme de ce même nom d’Abafîa eft
cette Soeur d’Aaron Rashid , à qui, ce calife fit
époufer Giafar le Barmécide, Son vifir 8c fon favori,
fou$ la condition expreffe qu’ ils n’ uferoient
point des droits-du mariage , condition qui feule
auroit Suffi pour leur en faire naître l’envie. En
effet, la Condition fut v iolée} Abafîa devint grofîfe.:
Aaron, dans une colère de Sultan, fit périr Giafar
( voye? cet article) } il laiffa la vie à fa foe u r } mais
elle vécut dans l’abjeCtion 8c dans une extrême
pauvreté, qu’elle Souffrit avec confiance 8c avec
de grands fentimens de réfignation. Une femme,
touchéè de fes malheurs^ s’en entretenant un jour
avec e lle , 8c lui demandant des détails fur fa
fituation actuelle : J* ai eu, lui dit Abafîa, jufqu à
quatre cents efc laves y aujourd'hui deux peaux de mouton
forment mon unique vêtement, Cette femme
lui donna cinq cents dragmes d’argent, & Abafîa,
frappée de ce Secours inefpéré comme d’une marque
de la protection de la Providence, qui ne
l’abandonnoit p a s , fut plus fenfible à ce léger
adoiiciflement de fa mifère, qu’elle né l’avoit été
aux avantages de fa première fortune} elle avoit
ebeore une autre refïource dans fa djfgrace, celle
1 À