
M A C M A I
J V Î a CRIAN. ( Wft.germ.) C ’eft le nom du plus
puiftant&'de Tun des plus vaillans Rois des Aile*
mands -, au quatrième n ècle, tems où ce nom ne
délîgnoit encore qu'une peuplade germanique qui
n’avoit pas donné , comme elle le fit dans la fuite,
fbn nom à tout le pays ; mais cette peuplade étoit
nompreufe & belîiqueufe , & donnoit de Rembarras
à l'Empire romain. Macrian étoit contemporain
& ennemi des empereurs Valentinien ,
Valens & Gratien : ce fut furtout à Valentinien
qu'il eut affaire. C e t Empereur fut lui oppofer
avec fuccès les Bourguignons , autre peuplade
puiffante , & qui >’illuftra dans la fuite par fes
conquêtes dans la Gaule. En 375 8c 374, la guerre
étoit fortement allumée entre Valentinien '8c Macrian.
Valentinien, le plus violent de tous les
hommes, mais qui permettoit quelquefois à la
fourberie de tempérer fa fougue , avoit fort à
coeur de faire périr Macrian ou de l’enlever. 11
conftruifit fecrétement & en peu d’heures un pont
de bateaux fur le Rhin, fit paffer très-fecrétement
auffi & avec la plus grande diligence un gros corps
d’ infanterie du côté de Wisbaden , où Macrian
étoit alors occupé à prendre des bains, s’y croyant
parfaitement en fureté. On avoit bien recommandé
a ces foldats de voiler leur marche autant qu’ il
feroit poffible , & de s’abftenir foigneufement de
tout ce qui pourroit donner de l’ éclat à leur paf-
fa g e , ou même l ’annoncer j mais quand ils fe
virent fur un terrain ennemi, ils ne purent jamais
s’empêcher de piller & de brûler. Les Allemands,
avertis de leur arrivée par la lueur des flammes
& parles cris des malheureux qui pleuroient leurs
poffeffions ravagées , fongèrent d’abprd à fauver
leur Roi j ils le jetèrent promptement dans une litiè
re , qu’ils conduifîrent à travers des détours
quin’étoient connus que d’eux. Macrian échappa,
& Valentinien revint à Cologne , furieux du mauvais
fuccès de Ton artifice. Il s’en vengea fur un
autre Roi de la même nation , nommé Hortarius,
q u i , ayant accepté de l’emploi dans les troupes
romaines , n’en entretenoit pas moins des intelligences
avec Macrian. Il nt arrêter Hortarius
comme s’il eût été fon fujet, & eut la lâche barbarie
de le faire brûler vif. Macrian fut long-tems
réfifter à la force 8c fe défendre de la rufe. Il céda
enfin à des procédés plus dignes d’ébranler une
ame généreufe. Valentinien, corrigé, parut fentir
de quel prix pouvoit être l ’amitié de ce grand.
Roi 5 il parut la rechercher fincérement ; il le prévint
par des marques d'eftime & des préfens.
Macrian, touché de ce changement de conduite,
ne fe laiffa pas vaincre non plus en générofité 5 il
vint feul 8c fans efcorte trouver l’Empereur près
de Mayence , fe livrer à fa f o i , faire avec lui fon
accommodement, lui jurer amitié & fidélité , 8c
ce ferment ne fut jamais violé. C e traité fut conclu
au mois d’avril 375.
. C e Prince mourut depuis dans une irruption
qu’ il fit fur les terres des Français, & où il tomba
dans une embufcade.
MADRID. ( Hiß. de Fr. ) C ’ eft, comme on fait,
François I qui a fait bâtir le château de Madrid
dans le bois de Boulogne > ce nom de Madrid a
donne lieu à différentes conjectures.
André.Duchefne, s’ il eft l’auteur de l’ouvrage
furies antiquités des villes 8c châteaux de France,
a d it, 8c beaucoup d’autres ont répété, que le
château du bois de Boulogne avoit été bâti fur le
modèle du château de Madrid en Efpagne, dont
François I avoit fait lever le plan pendant fa pri-
fon ÿ mais il eft bien reconnu aujourd'hui qu’il n’y
a aucune reffemblance entre les deux châteaux.
On a beaucoup plus dit encore, que François I ,
en bâtilfant Madrid , n’avoit voulu qu’éluder la
parole qu’il avoit donnée de retourner à Madrid
s’il ne reftituoit point la Bourgogne. Mais qui re-*
connoîtroit François I à une fupercherie, 8c fi indigne
, & fi groffière ?
Sauvai dit une chofe bien plus raifonnable.
Lorfque François I étoit au château du bois de
Boulogne, il ne vouloit ni entendre parler d’affaire
s ni voir perfonne, & fes courtifans difoient :
« On ne le voit pas plus que quand il étoit à Mass
drid : » ils appelèrent donc le château du bois
de Boulogne fon Madrid, 8c ce nom eft refté.
MAINTENON (Madame la marquise de).
Aux idées générales que nous avons préfentées
dans le Dictionnaire, a l’article de cette femme
célèbre, nous croyons devoir ajouter ici divers
traits tirés en partie des Mémoires de madame de
Maintenon, par M. de la Beaumelle. M. de V o ltaire
a beaucoup décrié cet ouvrage , qui fembloit
entrer en rivalité avec le Siede de Louis X IV . Mais
M. de Voltaire, comme tous les hommes palïion-
nés , étoit quelquefois injufte. L’excès de mépris
qu’il s’efforce de témoigner pour un ouvrage qu’ il
eft impoffible de méprifer fincérement, prouve le
cas qu’il en faifoit malgré lui. On ne peut hier 3 en
effet, que ces Mémoires ne foient écrits avec beaucoup
d’agrément 8c d’intérêt, quoiqu’avec quelque
recherche d’ efprit 8c de philofopnie dans certains
endroits. L’auteur fe permet aufli dés traits
de légéreté qui dérogent un peu trop à la gravité
de l ’Hiftoire, 8c il n’eft pas toujours affez inftruit
de tout ce qu’il d it, comme nous l ’avons prouvé
ailleurs. (V oye \ , dans le Dictionnaire, l’ article
Bouvard de Fourqueux. ) Sur la généalogie de madame
deMaintenon , ( voye% l’article Aubigné).
Le fameux Théodore-Agrippa d’Aubigné époufa
mademoifelle de Lézey. M. de la Beaumelle a tort
de dire dans le chap. V I du premier livre, qu’elle
étoit de la Maifon de Vivonhe, puifqu’il dit cinq
pages après, dans une note,du chapitre V I I , que
la Maifon de Lézey étoit une branche de celle de
Lufignan. ce Lorfque d’Aubigné reeherehoit made-
»? moifellede Lézey en mariage,,fa paftion, ditl’ au-
03 teur, étoit traversée par un grand nombre de
»? prétendans. Le prince de Condé tenoit pour le
•? plus brave, mademoifelle de Lézey pour le plus
»? aimable, fon curateur pour le plus riche. ??
■ Si tous trois étoient d’accord fur le choix, quoique
par ces trois motifs, différens, la phrafe eft
xiaire $ mais comme d’Aubigné n’étoit pas ce plus
riche pour qui tenoit le curateur, on pourroit
douter, d’ après la tournure de la phrafe, qu’ilfût
ce plus brave pour qui le prince de Condé s’in-
téreffoit, & ce plus aimable pour qui mademoifelle
de Lézey fe déclaroit : il falloit nous dire
nettement que c’étoit lui. Mettez autant de fineffe
que vous pourrez dans la penfée, mais mettez
toujours la plus grande clarté dans l ’expreffion.
Il n’y a peut-être pas encore affez de clarté dans
la phrafe fuivante : « Catherine de Médicis a v o it.
»? décidé qu’il falloit empêcher trois chofes dans
»? le Poitou, le mariage du prince »? de Condé avec màrdemoifelle de la Trimouille, à caufe de Tail-
?? lebourg ; celui ded’ Aubigné, à caufede Murçayj
•? 8c celui de-la Perfonne, a caufe de Denault. ??
On entrevoit qu’ il s’agit de 1 intérêt politique
d’empêcher l’agrandiffement de quelques Mai ons
roteftantes^ mTs comme les noms de Taille-
ourg, de Murçay , de Denault n’ont point encore
été prononcés, ni leur importance politique
expliquée, cette idée demandoit plus de développement.
Quant au mot la Perfonne, qui eft fans
doute un nom, il arrête un moment, à caufe delà
lignification du mot, & parce que rien n’y a préparé.
; . . H
D’Aubigné..... apprit qu’Henri avoit promis a
la comteffe de Guiche fCorifande d’Andouins,
comteffe de Guiche ou de Grammont, fort aimée
alors d’Henri, roi de Navarre) de l’envoyer (lui
d’Aubigné) à la Baftille.
• La page, qui eft la trente-quatrième , porte pour
époque 1585. Henri III régnoit alors en France,
& Henri de N a v a r r e lo in de pouvoir menacer
perfonne de la Baftille, pouvoit quelquefois la
craindre pour lui-même. ■ .<, V v. fA 'i
La marquife de Maintenon, Françoife d'Aubigné
, qui devoit remplir une carrière de^ quatre-
vingt-quatre ans, fut tenue pour morte à quatre
ans, 8c dut la vie une fécondé fois à la tendreffe
de fa mère, Anne ou Jeanne de Cardillac. Dans
un voyage en Amérique l’enfant ne donnoit plus
aucun figue de vie : on alloit la jeter à la mer.
Madame d’Aubigné veut auparavant lui donner un
dernier bàifer : elle lui met la main fur le coeur,
8c s’écrie que fa fille n’étoit pas morte. Madame de
Maintenon contant, dans la fuite, ce fait dans, le
falon de Marly, l’évêque de Metz, qui étoit pré-
fent, lui dit : « Madame, on ne revient pas de fi
?? loin pour peu de chofe. ??
Cette Jeanne de Cardillac, mère de madame de
Maintenon, n’étoit pas, comme on l’a tant d it ,
la fille d’un geôlier, dont Conftans d’Aubigné fût
devenu amoureux dans une prifon, qu’il eûtépou-
fée clandeftinement après lui avoir fait un enfant,
& s ’être enfufavec elle. Jeanne de Cardillac, fille
de condition 8c fort bien élevée, avoit pour père
Pierre de Cardillac, feigneur de la Lane, commandant
du Château-Trompette fous les ordres
du duc d’Epernon fon parent, gouverneur de
Guiennej elle avoit pour mère Louife de.Mon-
talembert, & tenoit de tous côtés aux plus honorables
familles. Conftans d’Aubigné l’époufa très-
publiquement à Bordeaux, le 27 décembre 1627,
8c. n’en eut d’enfans qu’en légitime mariage.
C ’ eft fur ces idées plus exaétes qu’il faut réformer
quelques reftes d’ erreur qui fe trouvent dans
notre article Maintenon, du Dictionnaire, erreurs
! qui fe trouvoient encore plus prononcées dans la
première édition de M. de la Beaumelle, 8c dont
il nous apprend que mademoifelle d’Aumale elle-
même, cette confidente de madame, de Maintenon,
fi inftruite des moindres particularités de fa
v ie , n’ a pas fu entièrement fe garantir. H eft vrai
que Conftans d’Aubigné, indigne, 8c de fon père,
& de fa fille , paffa une grande partie de fa vie
en prifon 5 que fa femme s'y enfermoit fôuvent
avec lui, pourle fecourir & le confoler, que Françoife
d’Aubigné naquit ( le 27 novembre r é j j -)
dans les prifons de la conciergerie de Niort, 8c
fut élevée au Château-Trompette, où fon père
étoit enfermé fous la garde de Pierre de Cardillac
fon beau-père. « Que le malheureux, dit à ce fujet
?? M. de la Beaumelle, ne défefpère jamais de fon
?? fort. ??
Des mères, même tendres, étoient, furtout autrefois
, un peu fâcheufes aux enfans par la févé-
rité de leurs principes d’éducation, 8c par l’auf-
térité de leurs leçons. Dans ce même paffage en
Amérique, où Françoife avoit été fi mal, le vaif-
feau qui la portoit, ainfi que fa famille, fut attaqué
par un corfaire: le péril étoit grand, on s’effrayoit,
on prioit Dieu , on pleuroTt ,j Françoife, au contraire,
difoit tout bas à fon frère : Tant mieux,
foyons pris , nous ne ferons plus grondés par notre
mère.
Le feu prit un jour à une habitation que M. &
madame d’Aubigné avoient en Amérique : la petite
d’Aubigné pleuroit ; elle avoit à peine fix ans
alors 5 fa mère lui fit une réprimande un peu grave
pour cet âge : Faut-il donc, lui dit-elle , pleurer
pour une maifon ? cc C e n’eft pas non plus la mai-
>? fon que je pleure, répondit l’enfant j c’eft ma
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