
cet impétueux Richard , qui périt dans cette
guerre. ( Voyeç dans le Dictionnaire l'article Richard
I , dit Coeur-de-Lion , parmi les rois d’Angleterre.)
Le tréfor dont il s’ agiftoit, étoitdes fta-
tues d’or qui repréfentoient un Empereur aflis à
table avec fa femme & fes enfans.
VIENNOIS. C ’eft le nom d’une Maifon noble
du Dauphiné 3 defcendue d’Amédée Donné de
Viennois j fils naturel de ce dernier dauphin, Humbert
I I , qui céda le Dauphiné à la Maifon de
France 5 Humbert arma ce fils chevalier, & lui
donna en rentes un appanagé allez confidérable.
Amédée fe qualifioit Dominus Amedeus, miles Donatus
Hum b er ci Delpkini. Il mourut en 1361. Jean
fon fils étoit qualifié Vir nobilis Joannes de Vien-
nefio , filius A'mcdei Bafiardi , domini Humberti Delphine.
Dans des lettres du 22 janyier 1447, données
par Charles VII à Amédée I I , fils de Jean, & à
JeanII, fils d’Amédée, il eft dit qu’ils portent dans
leurs armes un dauphin , attendu qu’ils tirent leur
origine d’Humbert II, dernier dauphin.
Un de leurs defcendans, Marc - Antoine de
Viennois, eut fon château de Vizilla brûlé parles
Proteftans; deux de fes frères périrent dans les
flammes ; on eut peine à fauver fon fils Arnoul,
encore enfant.
Cette Maifon de Viennois a produit plufîeurs
guerriers utiles.
V IE T (B a r th é l em i d e ) , (Hiß. litt. mod. ) ,
Lyonnais, a traduit en français les. harangues de
Louis G ro tto , fous ce titre: Les harangues de
Louis Grotto , aveugle d'Hadrie , admirable en éloquence
, par lui prononcées en plufieurs lieux oh il a
été envoyé ambajfadeur , très-utiles a toutes fortes de
perfonnes > traduites du latin & de l'italien en français,
par Barthélemi de Valette , Lyonnais.
Il n’a point été parlé, dans le Dictionnaire, de ce
Louis Grotto, qui mérite cependant d’être connu :
c ’eft ici le lieu de fuppléer à cette omiflion.
Louis Grotto, natif d’Adria (dans l’Etat de_
Ven ife ), qui donne fon nom à la mer Adriatique,
avoitperdu la vue huit jours-après fa naiffance,-&
pouvoit paffer pour aveugle-né. Cette privation
du fens le plus utile ne l ’empêcha p.as, de faire
de grands progrès dans l ’étude des langues, des
bellés-lettres & de la philofophie. Etabli à V e nife
, il y fonda l’Académie De gli illußraii. Il harangua
le premier mai 1 5 la princeffe Bonne j
reine de Pologne & ducheffe de Bari, îorfqu’elle
palfoit par Venife , venant de Pologne & fe rendant
à Bari 5 il harangua aufli Henri III, roi de
Pologne, puis de France, le 15 juillet 1574,
lorfqu’ à fon retour de Pologne il paffa par V e nife.
Il a de même harangué prefque tous les
doges de Venife de fon tems, le jour de leur élection,
tels que Laurent & Jérôme Prioli, Pierre
Loredano, Louis Mpçenigo, Sébaftiçn Veniero,
Nicolas de P onte , Pafcal Cigogna. Ces haran»
gués ont paru mériter d’être imprimées h Venife
long-tems après la mort de l’auteur, en 1Y98 9 &
traduites long-tems encore après, & publiées en
1628 par Barthélemi Viette j mais l'Epître dé-
dicatoire à M* Seguier eft du 29 mars 1611. On a
aulfi des poéfies italiennes de Louis Grotto ; des
tragédies, la Dalida, l* Adriana : le fujet de celle-
ci eft tiré des Nouvelles de Bandello 5 des comédie
s, 1‘ Alteria , i l Teforo j des paltorales , il R en-
timento amorofo, favola paftorale ,• la Califto , fa-
vola pafiorale. Louis Grotto mourut le 13 décembre
158ƒ, à cinquante ans.
Son traducteur Viette a aufli traduit les Corn
templations ou Méditations du cardinal Borromée,
& il a compofé un ouvrage des beautés de la
fainte V ierge, qu’il n’ a pu connoître que par révélation,
VIEYRA (S ébastien & A n to in e ) , (Hifi.'
mod. ) , tous deux Portugais, tous deux jéfuites,
& le premier, viCtime de fon zèle pour la propagation
de la foi. Celui-ci paffa aux Indes en 1602,
à l ’âge de feize ans, puis à Macao, puis au Japon
; il fut obligé d’en fortir en 1614, au moment
où l’on en chaffoit tous les millionnaires. Il alla
aux Philippines , & retourna déguifé au Japon.
Rappelé a Macao, il fut envoyé à Rome pour
repréfenter au pape Urbain V III l’état déplorable
du chriftianifme au Japon, Retourné à Macao &
aux Philippines à travers mille dangers, il chercha
un danger plus grand en rentrant au Japon ,
déguifé en matelot chinois;. il fut reconnu, mis
en prifon & condamné à mort avec cinq autres
jéfuites & un francifcairi On les promena d’abord
avec ignominie dans les rues de la ville impériale,
puis on les fufpendit dans une foffe la tête en bas,
& le troifième jour le père Vieyra étant encore en
v ie , on alluma dans fa foffe un grand feu qui le
réduifit en cendres le 6 juin 1634.
Le fort d’Antoine fut moins malheureux, quoi-
qu’affez agité. V o u é , comme Sébaftien, aux millions
, il étoit au Bréfil lorfque le vice-roi Màfca-
renhas le chargea d’ accompagner fon fils, qu’il en-
voyoit porter à Jean.de Bragance la nouvelle qu’il
l’avoit fait reconnoïtre dans les poffeffions portugaises
en Amérique. Antoine obtint' auprès du
Roi plus de faveur qu’il n’en defiroit 5 car cette
faveur même qui le fit employer en diverfes négociations
importantes, en Angleterre, en Hollande,
en France & à Rome, fut long-tems un
obftacle à fon retour en Amérique & à fes fonctions
apoftoliques, qu’il bruloit toujours de reprendre,
Apres bien des difficultés & des délais ,
il les reprit enfin ; il retourna en 1(552 dans les forêts
du Maragnan inftruire les fauyages. En 1653,
les miftipnnaires fes confrères eurent befoin de
fon crédit à la cour de Lisbonne pour faire ceffer
des vexations qu’ils éprouvoient de la part des
Portugais établis au Bréfil : il obtint du Roi toux
t e qu’il demanda, excepté fon retout en Amérique,
qui fut différé jufqu’en 1655, Le roi Jean
mourut en 165(5, & les Portugais, ennemis d’Antoine
& des autres miffionnaires, les renvoyèrent
tous en Portugal en 1661. C e fut lu i, dit-on, qui
drelïa, en 1662, une remontrance fur les défor-
dres de l’Etat fous le règne d'Alphonfè. Cette remontrance
le fit exiler en 1663 à Porto. Ses ennemis
le déférèrent à l ’inquifition le 2 oétobre
1665 5 mais l’inquifition a rarement févi contre
un jéfuite : il fut mis en liberté le 2.4 décembre
1667. En 1669.' il fut appelé par fon général à
Rome, à la follicitation de la reine de Suède, Chrif-
tine, qui defiroit le connoître, & lui fit un acctieil
favorable. Le pape Clément X , par un bref du 17
avril 1675, f affranchit de toute juridiction des in-
quifiteurs portugais, & le fournit immédiatement
a la congrégation romaine des cardinaux , préfi-
dens au tribunal du Saint-Office. Antoine retourna
en Portugal en 16 76, & en 1681 au Bréfil, où il
mourut le 18 juillet 1697, âgé de quatre-vingt-rieuf
ans. On a de lui quinze volumes in-4°,de fermons,
de panégyriques, de differtatibns fur différens fu-
je t s , foit théologiques, foit philofophiques, foit
littéraires ; de difcours d’éloquënce, dont quelques
uns ont été traduits par le Père Verjus fon
confrère. ( Voye[ ci-deffus l’article Verjus.)
V IGAND (Je a n ) , ( Hiß. du luihéran.), grand
théologien proteftant, dLciple de Luther & de
Melanchton, miniftre dans différentes villes d’Allemagne
, nommément à Mansfeld fa patrie ; il
eut part, avec Flaccius lllyricus, à cette hiftoire
ecçléfiaftique proteftante, connue fous le nom
de Centuries, comme fes auteurs fous le nom de
Centuriateurs de Magdebourg. Oïl a de lui plufieurs
Traités théologiques & quelques ouvrages
„ même d’hiftoire naturelle & de botanique,
entr*autres un catalogue des herbes particulières
à la Prüfte. Il fut douze ans furintendant des égli-
fes de Poméranie. Mort le 21 octobre 1587, à
quatre-vingt-quatre ans.
VIGILE. (Hiß. eccléf.) Aux deux Vigiles dont
il eft parlé dans le Dictionnaire, il faut ajouter
Vigile,-évêque de Trente .au quatrième fiècle ,
q ui, conformément aux avis de faint Ambroife
qu’il avoit confulté, travailloit avec zèle à la con-
verfion des idolâtres des Alpes, avec les coopérateurs
que faint Ambroife lui avoit envoyés de
Milan. Ces apôtres ayant fouffert le martyre Vers
l’ an 397, Vigile en écrivit la relation ; & étant
venu trois ans après dans le lieu où cette exécution
s’ étoit faite, il y trouva une idole de Saturne,
qui étoit en grande vénération-, il la mit en pièces'
par un zèle qui é to it, ou non , félon la fciencé
\videant periti) , mais qui mit en fureur ces idolâtres,
par lefquels il fut lapidé le 26 juin de l’an 400
ou 405. Ufuard le met au nombre des martyrs.
V lG N A CO Ü R T . Deux grands - maîtres de
Malte, de ce nom, ont été célèbres : l'un (Aloph
de Vignacourt) a été le cinq uante-troifième grand-
maître de cet Ordre 5 il a fuccédé , en 1601, dans
cette place à Martin de Garzès. De fon tems la
religion eut dès avantages allez marqués fur les
Turcs; il fit bâtir plufieurs tours & forterefles
pour la défenfe de Malte, & fit conftruire une
très^beîle fontaine au milieu de la cité Valette.
En 1617, il envoya une relique de fainte Euphé-
mie à la Faculté de théologie de Paris, qui la lui
avoit demandée, & qui avoit choifi cette fainte
pour une dè fés patrohes. Mort en 1622.
Adrien de Vignacourt fon neveu, fils d’ un autre
Adrien de Vignacourt, premier gentilhomme de
la chambre dû roi Henri IV, fut fait commandeur de l’Ordre des fâ naiftance par le grand-maître
Aloph fon oncle, fuivant le privilège attaché à la
grande-maîtrife ; il eut encore depuis d’autres commanderies & diverfes dignités dans l’Ordre,
& enfin il fût élu grand-maître le 24 juillet 1-690,
à la mort de Grégoire Caraffa, & fut le foixantè-
deuxième grand-maître, jufqü’ aû 4 février 1697,
qu il mourut, ayant foutenu avec gloire la dignité
de l’Ordre & le nom de Vignacourt.
Nous ignorons fi Maximilien de Vignacourt,
connu par des poéfies dont plufîeurs .ont été imprimées
, mais qui n’ ont pas été recueillies, étoit
de la même famille; il avoit le titre de Patrice
d’Arras , & Valère-André , dans fa Bibliothèque
belgiqué, lui donne encore celui de Palatinus
Regius. 11 étoit ami de Jufte-Lipfe, & a fait fur fa
mort diverfes pièces. Il a écrit auffi fur les troubles
de la Flandre : De caujis calamïtatibus & remè-
diis tumuhuum Beigicorum.
V lG N A T E ( Am broise ) , (H :fi. lïtt. mod. ) ,
natif de Lodi, viVôit vers l'an 1476;. Léandre Af-
berti dit de lui : Ambrofio Vigndte , ôrnato di grand
do Urina.
VIGNE ( de l a ). Nous avons parlé, dans le
Dictionnaire, d'Anne de la V ign e , connue par
fes poéfies : ajoutons ici que fon père , Michel de
la Vigne , étoit fils d’un autre Michel de la
Vigne , échevin de Vérnon-fur-Sèine au tems de
; la Ligue, & qui eut le mérite de retenir cette
: ville dans l’obeiflfance de Henri IV; ce qui n’étoit.
i pas alors fans difficulté. Le fils , dont les progrès1
dans fes études àvoient été fi rapides, que, fe trou’ '
vant trop avancé pour fon â g e , il fut obligé d’ attendre
l ’ âge prefcrit par les fcatüts pour prendre
: lès degrésen médecine, futreçu docteur en 1614,
11 fut bientôt un des premiers médecins conful-
tans de Paris & médecin de Louis X I I I , qui n’eri
voulut point voir d’ autres dans fa dernière :maladie.
Elu doyén de la Faculté de médecine, il eut à
défendre cette Faculté de Paris contre les médecins
étrangers; il plaida lui-même deux foés' cëtte
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