
la mette, n’en ont inventé des raifons myftiques
ne depuis que le tems leur a fait perdre les traces
es raifons littérales qui étoient fondées fur l'hif-
toire. Au commencement, la célébration du fa-
crifice étoit fort courte : les Apôtres n'ajoutèrent
que TOraifon dominicale aux paroles de la con-
fécration. La coutume de chanter les prières &•
de jouer des inflrumens ett venue de l'Ancien
Teftament. Quant aux cierges qui font allumés à
la mefle, tout le monde fait que cet ufage vient de
ce que dans la primitive Egiife , & au tente des
perfécutions , les faints myflères n'étoient célébrés
que de nuit j ou dans des caves & des catacombes.
Lorique l'églife n'étoit pas affez grande
pour contenir tout le peuple, on en difoit plusieurs
en un jou r, mais c'étoit toujours l'Evêque
qui les difoit. Le pape Léon III en difoit quelquefois
jufqu'à neuf. Alors les prêtres ne la célé-
broient qu'au défaut de l'Evêque , mais ils y aflif-
toient & ils y communioient.
Dans l'Eglife grecque , on ne la difoit pendant
le carême que le famedi, le dimanche & le jour
de l'Annonciation. Dans l'Eglife romaine, on ne
la difoit pas le vendredi & le famedi faints. Dans
l'Eglife de Milan , on ne la difoit le carême que le
dimanche. Le nombre des prêtres étoitpetit alors.
Les eccléfiafliques reiloient diacres'toute leur
v ie , d'autres fous-diacres j d'autres acolythes. Cet
ufage n'a changé que vers le dixième fiècle. L'eau
bénite a été prife des Juifs. Toutes les autres cérémonies
de la meffe & leurs motifs font expliqués
dans le refie de l'ouvrage.- L'auteur efl mort
le 24 novembre 1726 , âgé d'environ cinquante-
huit ans.
THÉRON ( V i t a l ) j (Hiß. litt. mod.) , jéfuite
français, né à Limoux dans le Languedoc, en 1572,
profeifeur de rhétorique , de philofophie 3 de
théologie , prédicateur & poète latin ellimé :
Balzac en fait l’éloge en cent endroits divers,
Et l'on n'ajoutoit pas,
Il eft vrai, s’il m’eût cru , qu’il n’eût pas fait de vers.
Mais c'étoit des vers latins : fes principaux poèmes
font la vie de Jéfus-Chrifl & la vie du roi Henri IV.
Le père Théron mourut à Touloufe le ly février
l 6y/3 à quatre-vingt-cinq ans.
THESPESIUS, (Hiß. litt. mod.) , rhéteur &
grammairien de quelque réputation au quatrième
fiècle 3 enfeignoit à Céfarée 5 il eut pour difciple
faint Grégoire de Nazianze, qui le célèbre & le
regrette dans fes écrits.
T HEV ART (Ja cques-), (Hiß. litt, mod.),
médecin de la reine Marie de Médicis , puis
d'Anne d'Autriche & de Louis X IV , a donne au
public les ouvrages de médecine de Guillaume
de Bâillon fon grand-oncle, médecin célèbre, à
quelques-uns defquels il joignit de favantes remarques.
Thevart prit la défenfe de l'émétique
dans plufîeurs ouvrages 5 il fit des vers tant latins
cjue français. Il je eut une fameufe thèfe foutenue
a Paris fous fa préfidence, le y février 1671, contre
l'ufage de la levure de bière dans le pain. La
queflion fur laquelle la Faculté de médecine étoit
alors divifee, & toutes les raifons alléguées de part ‘
& d'autre, & les mefures de police que les ma-
giflrats crurent devoir prendre d'après cette incertitude,
font très-bien expofées dans le compte
que le Journal des Savans a rendu de cette thèfe,
le 2 mars 1671. M. Thevart étoit né le 22 octobre
iô co a Paris, & y mourut le 14 décembre 1674,
ayant eu vingt enfans, dix-fept d’un premier li t ,
trois d’ un fécond.
THEUDEMER ou TH ÉOD EM ER, (Hifi.
germ. ) , roi des Francs ou Français au commencement
du cinquième fiècle , fils d'un Ricomer,
Richemer ou Ricimer, qui étoit mort en Orient
au fervice de l'empereur Théodofe. Cet Empereur
avoit renvoyé le jeune Théodemer & fa
mère Afcila dans leur pays, pour y vivre fous la
protection de l'Empire } mais il n'avoit point
autorife Théodemer à prendre le titre de Roi ; il
le prit cependant î il fit plus, il entra dans la fameufe
ligue des Armoriques , dont il paroît que
l'objet étoit tout à la fois, & defe défendre contre
les autres peuples barbares , nommément contre
les Vandales & les Alains, & de réfifter aux Romains
& même de les attaquer. Les Romains regardèrent
donc Théodemer comme un fujet rebelle ,
& , l ’ayant pris dans un combat,,ils le firent mourir
comme tel avec fa mère Afcila. « Il n’étoit pas
33 befoin, dit l'auteur de l'Avant- Clovis, qu'il fût
| leur fujet pour être expofé à ce châtiment 5 ils
» traitoient ainfi ceux qui leur rompoient la foi,
33 ellimant qu'il eft du droit naturel que quiconque
» traite avec un autre, s’oblige & fié foumet à
« lu i, & qu'en chofes de cette importance fa vie
33 doit être la caution de fa parole. ** Telle efben
effet l'efpècé de droit que Virgile femble recon-
noitre dans Tullus Hoftilius pour la cruauté dont
il ufa envers Metius Suffetius, dictateur d'Aibe ,
qu'il fit écarteler pour crime d'infidélité.
Haud procul inde ciu metium in diverfa quadrige
Diftulerant ( at tu di&i$3 Albane, maneres ! )
Raptabatque viri mendacis vifcera Tullus
Per jylvam & Jparfi rorabant fanguine vepres.
Mais que de dictateurs, de confuls, de préteurs
romains il eût fallu écarteler par le même principe I
C e n'efl pas que ce principe ne méritât d'être vrai
& de paffer en ufage 3 mais quel feroit l’arbitre de
fon application ? Quel feroit le juge? Un ennemi,
un vainqueur, fouvent le trompeur même qui le
plaindroit d’avoir été trompé.
Grdcchàs de feditione querentes.
Des curieux ont dans leurs cabinets des pièces
de monnaie trémifies, qui portent l'effigie & le
110m de Theudemer : on croit que e'eft ce Theu-
demer ou Théodemer. On ne voit fur ce? monnaies
, ni croix, ni aucune marque de chriflianifme,
comme en mettoient fur leurs monnaies tous les
Princes chrétiens.
THEUDERIC ou THEDERIC. (Hifi. de Ckar-
lemag. ) Le comte Theuderic ou Thederic, parent
& ami de Charlemagne, accoutumé à vaincre avec
lu i, fut le Parménion de cet Alexandre, & le fervit
bien dans fes guerres de Germanie & de Pannonie.
En 782, la Saxe., déjà plufiëurs fois domptée
par Charlemagne, fe révolta de nouveau. Charlemagne,
occupé ailleurs, y envoya deux armées,
qui dévoient fe concerter dans leurs opérations,}
l'une étoit commandée par le comte Theuderic ,
que fa faveur & fa gloire expofoient déjà aux
cabales de la cour 5 l'autre armée avoit trois chefs,
Adalgife, chambellan du roi} Wolrade, comte
du Palais 3 & Geilon, comte de l’Eflable ou connétable,
qui, ainfi que les deux autres, comman-
doit par le choix du Roi, & non à titre de connétable
, cette dignité, qui répondoit à celle de
grand-écuyer., étant alors purement domeftique,
& n'étant devenue militaire que long-tems après.
On ne conçoit pas bien par quelle politique
Charlemagne avoit tant multiplié les généraux 3
c'étoit faire naître gratuitement des occafions de
difcorde : les trois chefs furent cependant aflez
unis entr'eux, parce qu'ils étoient tous les trois
également jaloux du comte Thederic. C e général
avoit tracé un plan de campagne, dont le fuccès
paroiffoit infaillible î les trois chefs s'attachèrent
à le faire manquer, & parce qu’il n'étoit pas d'eux,
te parce qu'il étoit de lui. On trouve chez les
peuples guerriers & barbares prefque tous les
vices des cours polies & corrompues, fans les avantages
de celles-ci : on favoit dès-lors expofer le
falut de l’Etat pour empêcher les fuccès d'un rival.
L'armée des trois chefs devoit fe réunir à l'armée
du comte 1 heuderic, qui devoit en prendre alors
le commandement général 5 il avoit déjà pris un
pofle très’-avantageux, d'où ilincommodoit fort lès
Saxons dans leur camp 3 il indiqua aux trois chefs
le pofle qu'ils dévoient prendre aufli pour achever
d'enfermer les Saxons & de leur couper les
vivres. Les trois chefs- convinrent enfembie de
déconcerter ce projet, & d'attaquer les Saxons,
qu'ils fe croyoient furs de vaincre, parce que
Charlemagne les avoit toujours vaincus. Vitikind,
ce grand défenfeur des Saxons, reconnut d'abord
à cette attaque faite mal à propos, & à la
manière dont elle fut faite, qu'il avoit affaire à
-des hommes imprudens. Profitant habilement de
toutes leurs fautes, & déployant contr’eux ce
génie qui n'étoit terraffé que par celui de Charlemagne,
il remporta la victoire la plus complète.
L'armée française fut mife en déroute & taillée
en pièces , après avoir perdu tous fes plus braves
capitaines. Adalgife & Geilon, voyant les triftes
fruits de leur jaloufie & de leur indocilité, ne
voulurent point fürvivre à cet affront ; ils fe jetèrent
au mileu des ennemis, tendant la gorge
aux épées & aux traits, & expièrent du moins
une faute fi funefle par une mort honorable. Le
comte Wolrade, qui eut le malhèur de ne pouvoir
mourir, put s'en confoler par l'honneur qu'il eut
de n'être pas inutile à fa patrie dans ce grand dé^-
faftre 5 il fauva les relies de l'armée vaincue 5 leur
afile fut le camp du comte Theuderic, qui ne put
; être entamé par les vainqueurs. Cette bataille
mémorable fe livra au pied du mont Sintal, près
du Vefer.
En 75>i, dans la première guerre de Pannonie,
i on retrouve le comte Theuderic avec Mainfroi,
chambellan du R o i , à la tête d'une des trois ar-
i mées que Charlemagne faifoit entrer à la fois par
trois endroits différens dans la Pannonie 5 il com-
: mandoit les Saxons alors réputés fournis, & leurs
; voifins les Frifons & les Thuringiens. Une grande
viétoire remportée par une des. trois armées répandit
une telle épouvante parmi les Huns, qu'ils
fe difperferent dans les bois & fur les montagnes,
comme avoient fait fi fouvent les Saxons, & laif-
E-rent leurs fortereffes fans garnifons & leur pays
fans défenfe. Charlemagne de fon côté., Theuderic
du fien, n'eurent qu'à piller & à ravager 3 ils
arrivèrent ainfi jufqu'aux bords du Raab, où la
faifon avancée & une épizootie qui détruifoit les
chevaux de l'armée du R o i , obligèrent de terminer
la campagne.
Les Saxons, toujours cenfés fournis, & toujours
voifins de la révolte, avoiënt pour gouver*
neur le comte Theuderic, qui exerçoit fans ceffe
leur valeur, & oCcupoitleur inquiétude contre les
autres ennemis de la France, comme on vient de
les voir employés contre les Huns. En 79 3, ceux
de ces Saxons qui fervoient dans l'année de Theuderic
fe mutinèrent, & taillèrent en pièces un détachement
qui lui fervoit d’efeorte. Bientôt ce mouvement,
qu on avoit regardé comme un trait par-
1 ticulier d indifeipline plutôt que comme un germe
J de révolte , que Theuderic avoit cru devoir
diflimuler, dégénéra en un foulévement général,
| qui éclata par les mêmes lignes que toutes les ré-
voltes précédentes 3 c'éfl-à-dire, par le retour à
l'idolâtrie , par le rétabliffement des idoles , par
l'incendie des églifes, parle ma fiacre dès prêtres*
1 ainfi l'ouvrage de tant de conquêtes & de tant de
convenons fut renverfé en un jour. L'Hifloire ne
nous apprend point quelle part eut le comte Theu-
deric aux mefures prifes pour châtier & fotimettre
de nouveau les Saxons : on ne le voit plus pa-
roitre dans aucune des expéditions fuivantes, SC
l ’on ignore le tems de fa mort.