
de Tours , reconnoiflent la primatie de Lyon. Il y
a feulement quelque difficulté fur la Bretagne,
pour raifon de laquelle il y a un procès pendant
au parlement de Paris, entre les archevêques de
Tours 8c de Lyon. Laprimatie deBourgesfur Par-
chevêqued'AIbi , ftipulée par le traité de l'érection
de l'évêché d'Allai en métropole ,;a été confirmée
par arrêt provifoire. Les autres primatiés de
toute l'Europe ne font plus que des- titres fans aucun
exercice ^ni fonction. Le droit du primat | à
préfent, eft de juger des appellations interjetées
pardevant îuj ou pardevant fon official, des fen-
tences rendues par les métropolitains ou par leurs
officiaux, & de donner des vifa fur les refus faits
par les métropolitains.
C a r d i n a l ,*
Nom qu’on a donné aux afîefleurs &r confeillers
des fouverains pontifes. Parmi les Latins, le mot de
cardinalis Sgnifioît principal ; dans ce fen s , on a
dit : Vtnti cardinales, les quatre vents principaux ;
princeps cardmalis3 pour un prince très-confidérable ;
mijfa cardinalis , 6* altare cardinale , pour la meffe
folenndle 8c le maître-autel d'une eglife. Ce fut
aufli le nom que l'on donna à certains officiers de '
l ’empereur Tnéodofe, comme aux généraux d'armée
, au préfet du prétoire en A fie , au préfet ou
gouverneur d'Afrique, parce qu'ils poffédoient les
principales charges de l ’Empire. A l'égard des cardinaux
de l’Eglife romaine, voici quelle en eft l'o rigine.
Il y avoit deux fortes d eglifes dans les
villes : les unes étoient comme les paroiflès d'à
préfent, & fe nommoient titres j les autres étoient
des hôpitaux pour les pauvres, que l'on appeloit
diaconies. Les titres ou paroiffes étoient defTervis
par des piètres , 8c les diaconies gouvernées par
des diacres. S'il y avoit quelques autres chapelles
dansles villes , on leur dennoit Je nom d'oratoires ,
% l ’on y célébroit feulement la meffe fans y admi-'
niftrer les facremens. Les chapelains de ces oratoires
étoient nommés prêtres locaux, c'eft-à-
dire , prêtres d ’un lieu particulier. Pour mettre
une plus grande différence entre ces églifes, on
nomma les paroiffes cardinales ou titres cardinaux,
& les prêtres qui y faifoient l ’office divin 8c y ad-
miniftroient les facremens furent aufli appelés
cardinaux. Cette diftinftion fut principalement en
adage à Rome, ou ces cardinauxaccompagnoient
de Pape pendant la célébration de la meffe & dans
lesproceflions je'eft pourquoi Léon IV les nomme
prèsbyttTos fuicardinis. Dans le concile tenu à Rome
l'an , les diacres -qui gouvernaient les diaconies
eurent , aufli le titre , de cardinaux , ou parce
qu'ils étoient les principaux des diacres , ou parce
qu'ils afliftoient avec les prêtres cardinaux Iorfque -
le Pape -célébrok. La plus illuftre fonction des
cardinaux romains étoit d'entrer au confeil du
Pape & dans les fynodes, & d’y donner leur avis
touchant les affaires ecçléfiaftiques. C é to it d’or- j
dinaire quelqu’un de leur rang que l’ on élifoit
pour foriverain pontife, 8c rarement de celui des
évêques, comme on a fait depuis. On remarque
dans YHiJîoire eccléfiaftique, que le pape Etienne
V I I , élu en 896, fit déterrer Formofe fon pré-
1 décefleur, 8c cafla toutes les ordonnances qu’il
avoit faites, alléguant que Formofe avoit été créé
pape contre la difpoiition des faints décrets , dans
le tems qu’ il étoit évêque d’Oftie. ’Dans la fuite
des tems le nom de cardinal, qui étoit commun à
tous les prêtres titulaires ou curés, fut feulement
attribué à ceux de Rome, 8c puis à fept évêques
des environs de cette ville. Tous ces cardinaux
furent diftribués fous cinq églifes patriarehales 5
favoir: de Sa.int-Jean-de-Latran, de S.ainte.-Marie-
Majeure , de Saint-Pierre-du-Vatican, de Saint-
Paul 8c de Saint-Laurent. L'églife;de$aint-Jean-de-
Latran avoit fept cardinaux évêques,. que l’ on appeloit
collatéraux ou hebdomadaires, parce q-u’ils
étoient affiftans du P ape, 8c faifoient en fa pièce
le feryiee divin chacun fa femaine. -Ce font les
évêques d’Oftie , de Porto, de Sylva-Candida ou
Sainte-Rafine, d’Albano, de Sabine , de Frefcati
& de Paleftrine. :( L’évêché de Sainte-Rufine eft
maintenant uni à celui ;de Porto. ) L'églife de
Sainte-Marie-Majeure avoit aufli fept cardinaux
prêtres 5 favoir : les cardinaux de Saint-Philippe 8c
de Saint-Jacques, de Saint-Cyriace, de Saint-Eu-
iebe , de Sainte-Pu den tiane , de Saint-Vital, des
Saints Pierre 8c Marcellin , & de Saint-Clément.
L'églife patriarchale de Saint-Pierre avoit les-car-
dinaux prêtres de Sainte-Marie de là le Tibre, de
Saint-Cnryfogon , de Sainté-Cécile , de Sainte-
Anaftafie , de Saint^Laurent in Damafo, de Saint-
Marc, 8c des Saints.Martin 8c Sylveftre. L'églife
•de Saint-Paul avoit les cardinaux de Sainte-Sabme ,
de Sairite-Prifquè , de Sainte-B.albine , des Saints
Nérée 8c A.chillée, de Saint-Sixte, de Saint-Marc
& de.Sainte-Sufanne. L ’églife patriarchale de Saint-
Laurent hors les murs avoit fept cardinaux, ceux
de Sainte-Praxède, de Sàint-Pierre-aux-Liens, de
'Saint-Laurent in Lucina, des Saints Jean 8c Paul ,
des Saints quatre .couronnés, de Saint-Etienne au
Mont Célio 8c de Saînt-Quirice. Baronius rapporte.,
fous l’an l ë f y -, un rituel ou cérémonial',
extrait de la bibliotneq.ue du Vatican , qui contient
ce dénombrement de cardinaux.
Dans la fuite , le Pape donna le titre de cardinal
à d’autres évêques : on dit que le premier fut
"Conrad,archevêque de Mayence, qui-fut honoj-é
de cétte qualité par le pape Alexandre 11L, lequel
accorda la même grâce a Galdin-Sala, archevêque
de Milan )' en 116y. Il arriva depuis que quelques
évêques furent créés.-cardinaux prêtres avec
un des titres de là ville de Rome. Ainn Guillaume,
archevêque de Reims , fut crée cardinal du titre
de Sainte-Sabiné' -( qui eft un titre de cardinal
prêtre ) par.le pape Çlément III ou, félon d’autres,
-par Alexandre III. Enfin Clément V 8c fes fuccef
feurs donnèrent le titre de cardinal prêtre à plii-
CH R O N O L O G I E . 6 7 5
fleurs évêques ^ prêtres 5 ce qui s’eft toujours pra- {
tiqué depuis. A l’ égard des cardinaux diacres , il
faut remarquer qu'au commencement il y eut fept
diacres dans l’églife de Rome 8c dans quelques
autres églifes. Ori augmenta ce nombre à Rome
jufq-u’ à quatorze, 8c enfin on en créa dix-huit,
qui furent appelés diacres cardinaux ou principaux ,
pour les diftinguer des autres diacres, qui n'avoient
pas le gouvernement des diaconies. Depuis on
compta vingt-quatre diaconies dans la ville de
Rome. Maintenant il y en a quatorze affeétées aux
cardinaux diacres1. Les cardinaux prêtres font au
nombre de cinquante, lefque's , avec les flx évêques
cardinaux d’Oftie , de Porto, de Sabine , de i
Paleftrine, de Frefcati 8c d’Albano , qui n'ont J
point d’autres titres que leurs évêchés, font ordinairement
le nombre de feixante-dix. Innocent IV
donna aux cardinaux le chapeau rouge dans le concile
de Lyon, célébré l’ an 1245. Paul I I , en 1464,
leur donna l’habit rouge j Grégoire X IV donna
aufli le bonnet rouge aux cardinaux réguliers, qui
ne portoient alors que le chapeau. Urbain VIII accorda
aux cardinaux le titre d’éminence : on ne
leur donnoit auparavant que celui d’illuftriffime.
Depuis ces nouveaux étabîiflemens, lés évêques»
ont été précédés par les cardinaux j cependant les
premiers, confervant leur prééminence, ont quelquefois
pris le pas dans les aflemblées 8c dans les
ceremonies pu bliques, en préfence même du Pape.
Cela fe voit dans l’aête de la dédicace de l’églife
de Marmoutier, par le pape Urbain I I , l'an 1090,
lojfqu'il vint en France pour y tenir le fameux
cohcilë de Clermont ; car dans cette cérémonie,
Hugues^, archevêque de Lyon , tenoit après le
Pape le premier rang :> tes autres archevêques 8c;
évêques le Envoient, & après eux venoient les
cardinaux prêtres 8c diacres , qui avoient accompagné
lë Pape dans fon voyage. Dés l'àn 769
le concile de Rome, tenu fous le pape Etienne IV,
avoit ordonné qü'aucun ne pourroit être élu Pape
qu’il ne fût diacre ou prêtre cardinal. Enfin en
11^0,, les cardinaux commencèrent à devenir
maîtres de Peleêtion des Papes fous Innocent II,
8c fe rendirent les fenls éleéfeurs, à l ’exclufion
du refte du clergé,de Rome , fous Alexandre II,
en ioéo.
Quand le Pape veut créer des cardinaux, il écrit
les noms de ceux qu’il*veutélever à cette dignité,
8c il les fait dans le confiftoire , après avoir dit
aux cardinaux : Habetis fratres, c’eit-à-dire, vous
avez pour frères. Le cardinal patron envoie enfuite
quérir ceux qui fe trouvent à Rome , 8c les mène
au Pape pour recevoir dé lui le bonnet rouge,8c
au premier confiftoire Sa Sainteté leur donne le
chapeau. Jufque-là ils demeurent incognito, & ne
peuvent fe trouver aux alîemblées. A l ’égard des
abfens,. le Pape leur dépêche un de fes camériers
d’honneur, pour leur porter le bonnet j mais ils
font obligés d’aller recevoir le chapeau des mains
de Sa Sainteté 5 8c quand ils entrent à Rome , on
les reçoit en cavalcade. Les habits des cardinaux
font la foutane , le rochet, le mantelet, la mo-
zè tte , 8c la chape papale fur le rochet dans lés
avions publiques 8c folennelles. La couleur de
leur habit eft différente félon les tems, ou de
rouge, ou de rofe feche , ou de violet. Les cardinaux
réguliers ne portent point dé foie ni autre
Couleur que celle de leur religion, avec une doublure
rouge ; mais le chapeau 8c le bonnet rouge
font communs à tous. Lorfqu’un prélat eft nommé
cardinal, fes bénéfices font cenfes vacans jufqu’ à
ce qu’ il ait de nouvelles bulles $ 8c dans les lieux
fujets à la régale , les bénéfices dépendans de fa
nomination, qui étoient Vacans ou qui viennent à
vaquer dans ces intervalles , font cenfes vaquer
en régale. Quand les cardinaux font envoyés aux
Princes , c’eft en qualité de légats a Lattre ou de
lateré j 8c lorfqu’ils font envoyés dans une ville ,
leur gouvernement s’appelle légation. Il y a cinq
légations, qui font celles d’Avignon , de Ferrare,
de Boulogne, de Ravenne 8c de Péroufe.
L’Hiftoire nous apprend qu’il y a eu autrefois
en France des prêtres cardinaux, aufli bien qu’ à
Rome , qui- n>’étoiént autres que descurés : on le
fait voir par deux anciens titres , l’ un eft de Thibaut,
évêque de Soiflbns , lequel, confirmant là
fondation de l ’abbaye de Saint-Jean-des-Vignes,
par Hugues, feigneur de Château-Thierry, exige
que le prêtre cardinal du lieu , presbyter cardinalis
ipfius loci ( c ’eft-à-dire , le curé de la paroifie dans
l’étendue de laquelle 1 abbaye de Saint-Jean-des-
V ignés a été fondée ) , foit tenu de rendre raifon du
•foin qu’il aura eu de fes paroiffiens, à l'évêque de
Soiflbns 8c à fon archidiacre , comme il faifoit auparavant.
Ce prêtre cardinal ( dit Pierre Lègns ,
chanoine régulier de l'Ordre de Saint-Auguftin en
cette même abbaye ) étoit le curé de Saint-Jacques
, un des douze curés de la ville de Soiflbns
ou des environs. L'autre titre eft la confirmation
de cette fondation par le roi Philippe I en 1079,
où les mêmes termes font employés . L'ancien pontifical
écrit à la main , qui fervoit aux évêques de
Troyes il y a plus de 4C2 ans , fait foi aufli que
de tous tems l'évêque ae Troyes avoit eu des
prêtres cardinaux, qui ne font autres que les treize
curés dénommés au rituel manuferit de la même
églife} lefquels encore aujourd'hui doivent affiftet
l'évêque quand il confacre le chrême & les onctions
le jeudi fa in t8 c à la bénédiction folennelle
des fonts, les-veilles de Pâque 8c de Pentecôte :
ils font nommés dans ce pontifical, Çacerdotes cardinales.
Pafquier rapporte fur ce fajet, qu'en un
’ concile tenu à Metz fous Charlemagne , il eft ordonné
que les évêques difpoferont Canoniquement
des titres cardinaux établis dans les villes 8c dans
les faubourgs , c'eff-à-dîre , des cures. On peut
remarquer que, dans l’abbaye de Saint-Remi de
Reims, il y a eu de tout tems quatre religieux appelés
cardinaux , c'eft-à-dire , principaux , parce'
que ce font eux qui officient an grand autel dans
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