
vi&oires, 8c l ’autre Bucéphalie 3 en l'honneur de
ion courfier fidèle, 8c comme pour enéternifèr le
fouvenir.
BUE IL (Hift. de Fr.) 3 nom d’ une Maifon française
qui a produit beaucoup de fujets utiles.
i° . Jean I , lire de Bueil,. étoit écuyer d’honneur
du roi Charles-le-Bel, dès le commencement
de Ton règne, en 1321.-.
20. Jèan II fon fils, qui'vivoit en 136 6 3 fervit
dans plufieurs fiëges 8c batailles contre les Anglais ;
il accompagna Jean, duc dé Normandie, fils de
• Philippe de V a lo is , 8c qui fu t, depuis le roi Jean,
à l'expédition de Bretagne contre Edouard I I I3 il
fit lever le liège de Rennes en 1345-, fe trouva aux
lièges de Miraumont, Villefranche, Angers, Seil-
la c , Angoulême, Aiguillon, 8cc. 8c combattit
avec le connétable d’Eu, le comte d’Erbi, général
de l’armée anglaife.
30. Jean 111, fils de Jean I I , lire de Bueil, fei-
gneur de Montréfor, lieutenant-général du duc .
d’Anjou, dans les provinc.es d’Anjou, de Touraine •
& du Maine 5 il défendit la ville du Mans centre
les Anglais, les battit à Lufignan en Poitou, leur
fit lever le liège de Château-Gontier, reprit fiir
eux plufieurs places dans le Languedoc 8c dans la
Guyenne en 1377 , & les défit encore près de Bergerac.
Il fut capitaine des gardes du roi Charles V I
vers 1 ^ 1 3 8 5 . Mortvers 1390.
4°. Jean I V , fils de Jean I I I , maître des arba-
lètiers de France, lieutenant-général des provinces
de Guyenne, Languedoc, Rouergue, Querci,1
Agenois, Bigorre. & Bazadois, fervit fous le duc!
d’Anjou au liège de Montpellier, défit les Anglais !
avec fon frère Pierre de Bueil, 8c fit prifonnier le
•général Felton, fénéchal de Bordeaux. 11 fut tué,
en 141J, à la bataille d’Azincourt, où l’on remarque
qu’il y eut jufqu’ à feizeperfonnes du nom de 1
Bueil, prifes ou tuées. C e Jean IV avoit époufé
Marguerite , fille de Béraud III, dauphin d Auvergne,
& de Marguerite de Sancerre, delà Maifon
de Champagne, laquelle Marguerite de Sancerre
étoit héritière de la branche aînée des Sancerre-
Champagne > 8c c’eft de là que les feigneurs de la
Maifon de Bueil ont pris le nom 8c le titre de
comtes de Sàficerre:
y °. Jean V , fils de Jean IV , comte de Sancerre,
amiral de France, chevalier de l’Ordre du R o i,
fut furnommé le fléau des Anglais, titre qui fuffitfj
à fa gloire. En effet, nul ne contribua plus âU parfait
rétabliffement de Charles V i l j il fit une entre-
prife fur le Mans en 1427 ; fe trouva, en 1431, à la
défaite des Anglais près de Beaumont-Ie-Vicomte,
puis à lalevée au fiege de Saint-Céierin j il battit,
en 143 f , les Anglais7 entre Meulân 8c Gifors 5’ en
1438 il défit les grandes compagnies qui rava-
geoient l’Anjou ; il prit par efcalade îa ville de .
Sainte-Suzanne. Dans le tems d elà conquête de
la Normandie , en 1410, -il affifta aux prifes de
Üouen, de Montivilliers, de Bayeux, de Caen,
de Cherbourg, 8c en 145T & 14y3 à la prife de
plufieurs places en Guyenne } il 1e fignala furtout
à la bataille de Caftillon en Périgord, où fut défait
8c tué lé brave Talb ot, le plus illuftre des généraux
anglais de ce tems.
6°. Edmond de Bueil, un des fils de Jean V ,
mourut dans le cours de l’expédition de Naples,
où il accompagnoit le roi Charles V I I I , en 149J.
70. Charles de Bueil, comte de Sancerre , fut
tué à la bataille de Marignan en iy i y > c ’eft celui
qui, dans le Di&ionnaire, termine l’article des
comtes de Sancerre-Champagne, quoiqu’ il ne fut
pas de cette Maifon, mais de celle de Bueil.
8°. Jean VI fon fils fut tué au fiége d’Hefdin,
em y 3 7 , à vingt-deux ans.
9°. Louis de Bueil fon oncle, frère de Charles,
grand-échanfon de France, chevalier de l’Ordre
du Roi, avoit été blefifé à Marignan, pris à Pavie.
Brantôme a bien raifon de dire qu’il fut un très-
brave , fage & vaillant capitaine 3 qui avoit la façon
belle & honorable repréfentat ion j homme de bien &
d'honneur, n ayant jamais dégénéré de fes prédécef-
feurs. Il eft furtout célèbre par fa belle défenfe de
Saint-Dizièryèri 1544. L’empereuf Gharles-Quint,
a la tête d’une armée formidable , venoit d’être
introduit par intelligences dans la ville de Ligny
en. Barrois 5 il s’avance vers Saint-Dizier qu’il
femme' dé fe rendre : la réponfe du comte de Sancerre
fut qu’ il n’y avoit point de traîtres dans la
placé, 8c qu’il falloir l’emporter l’épée à la main.
En effet, Saint-Dizier arrêta les Impériaux beaucoup
plus long-tems; qu’ils‘rte l’auroientcru ries
affieges faifoient de fréquentes forties. Le 19 ou
20 juillet il y eut un des plus furieux 8c des plus
opiniâtres afïauts, qui dura depuis neuf heures du
matin jufqu’à quatre heures du foir. L’ armée impériale
y fut employée prefque-toute entière 5 les
divers corps revinrent à la charge jufqu’ à trois
fois, 8c finirent par être irrévocablement repouffés
avec grande perte. Leur retraite fe fit avec précipitation
8c avec quelque défordre j ils laiflerent
dans le foffé des barils 'de poudre, dont les affiégés
avoient befoin 8c dont ils profitèrent. Le comte
de Sancerre fut bleffé : un coup de canon lui brifa
fon epée dans la main, 8c les- éclats lui volèrent
au vifage. Le lendemain l ’Empereur lui envoya
offrir une capitulation honorable : Sancerre ne
voulut pas feulement-permettre que le trompette
entrât dans la ville , de. peur qu’ il ne tentât le
courage des affiégés.
La promptitude avec laquelle la brèche fut réparée
engagéales Impériaux à employer les mines:
les affiégés s’èn apperçur.ent, 8c dans une'fortie 1
faite de nuit ils parcoururent les tranchées d’un I
bout à l’autre, enafïerênt ceux qui les gardaient,
taillèrent en pièces ceux qui Voulurent réfifter,
ruinèrent lés-travaux , -8c ramenèrent des pionniers
par qui l’ on fut inftruit de tous les projets
des affiégeans.
Saint-Dizieralioit être l’écueil des forces impériales
i
■ périales, l’Empereur ne fongeoit déjà plus à le
1 prendre de force, 8c fe bornoit à le réduire par
.1 faminej il ne manquoir, pour faire échouer ce der-
f nier projet, qu’une armee qui s’avançât pour faire
J lever le fiége j mais Saint-Dizier ne put être fe-
i couru ni par le Roi abfent, 8c forcé de l’être, ni
I par le Dauphin préfent, mais auquel il étoit dé- j tendu d’agir* Des intrigues de cour que dirigeoit
1 la ducheffe d’Etampes eurent d’ailleurs une in-
f fluence funefte fur cette expédition La garnifon
j de Saint-Dizier avait fu repouffer la force 8c ré-
1 fifter à îa faim ; elle ne put tenir contre la trahifon.
1 Sancerre avoit eu raifon. de dire qu’il n’y avoit
#• point de traîtres dans la place, mais il y en avoit
J au dehors. Un tambour qu’il avoit envoyé au camp
I impérial pour propofer un échange de prifonniers,
■ retournant dans la place, un inconnu l’aborde, lui
1 remet une lettre écrite en chiffres , lui dit qu’elle
.f eft du duc de Guife, gouverneur de la province,
S 8c qu’elle eft adreffée au comte de Sancerre. Elle
j eft déchiffrée au confeil de la garnifon : c’étoit 1 un ordre que le duc de Guife donnoit à Sancerre
'l'de fe rendre au plus tôt 8c de fauver la garnifon,
i parce qu’il étoit impoffible de la fecourir. Cette
■ I lettre avoit été fabriquée pat Granvelle, chance-
■ lier de Charles-Quint, à qui la ducheffe d’Etampes
I avoit envoyé, par Longueval, le chiffre du duc
■ de Guife. La garnifon fut partagée fur cet ordre:
■ les uns vouloient obéir, les autres réfifter j mais
■ la faim 8c le défaut de poudre déterminèrent le
* plus grand nombre-à capituler. Les Impériaux fe
■ rendirent d’abord difficiles , 8c proposèrent des
■ conditions dures. A la fierté avec laquelle on les
■ reçut, ils virent bien qu’il falloit changer de ton ;
■ ils fe rapprochèrent, 8c finirent par en accorder
M de très-avantageufes : la garnifon eut la liberté de
■ refter encore douze jours dans la place, pour at-
■ tendre le fecours qui pouvoit arriver. S’il n’en
§ arriyoit point , ils dévoient fortir en plein midi
■ -avec armes 8c bagages, tambours battans 8c enfei-
•f gnes déployées. On leur permit même d’emporter
a leurs quatre meilleurespièces d’artillerie. Le comte
m Sancerre mourut en -15(53.
F io°. Il eut un fils naturel, nommé auffi Louis,
■ qui fut légitimé en 1540, 8c qui fut tué en 1 y60
■ ■ à Orléans par le comte de Laval.
| Dans la branche des feigneurs de Cour- 3 cillon, Claude de Bueil, comte de Sancerre, grand-
■ éehânfon de France , fervit bien Henri IV dans les
»•guerres de la Ligue, fut pris 8c bleffé au combat
1 tde Craon.
B ^ 12°. Claude fon fils, premier chambellan du duc
1 d’Orléans, Gafton, reçup douze bleffures au com-
| bat de Caftelnaudari.
I3P. Jacqueline de Bueil, comteffe de Moret, J maîtreffe d’Henri IV 8c mère du comte de Moret,
■ tuê dans ce même combat de Caftelnaudari^ étoit
j fa foeur. Elle époufa René JI du Bec, marquis de
| \ ardes, 8c fut la mère de cèt aimable 8c féduifant
| ®4rquis de Vardes, François-René, fi fameux dans
Hifo ir e . Tome T I . Supplément.
les intrigues d elà cotlr de LouisXIV8c du Palais-
Royal. (Toye^j dans ce volume, l ’a rticleBec-Cref
p in , n°. 16.)
La Maifon de Bueil a produit auffi plufieurs
prélats diftingués.
. 140. Hardouin de Bueil, qui fut foixante-fîx ans
évêque d’Angers , 8c mourut le 19 janvier 1438,
âgé de plus de quatre-vingt-dix ans. C ’eft lui qui
a fondé dans la ville d’Angers un collège qui porte
encore fon nom.
1 y°. François de Bueil, archevêque de Bourges,
nommé en 1 ƒ20 par François I , en vertu du concordat.
Mort le 2J- mars 1525".
BUFFON. ( Hifi. litt, mod. ) Georges-Louis
Leclerc de Buffon étoit feigneur de Montbar ,
marquis de Rougemont « le Roi le créa comte de
Buffon. Il fut l’un des quarante de l’Académie
françaife , tréforier-perpétuel de l’Académie des
fciènces, membrede la Société royale de Londres,
des Académies de Berlin , de Pétersbourg , de
Dijon, de prefque toutes les Compagnies favantes
de l’Europe : il fut plus que tout cela 5 il fut M. de
Buffon ; ce nom feul eft au deffus de tous les titres
honorifiques 8c littéraires. On l’a nommé le Pline
français y 8c dans cette comparaifon l’on peut bien
dire de liii ce que Juvénal a dit de Virgile, en le
comparant à Homère :
Maronis
Altifoni dubiam facientia càrmina palmam.
M. de Buffon eft doublement Pline, 8c par fes
connoiffances en.hiftoire naturelle, 8&-par fon éloquence
impofante 8c majeftueufe. Ils ont l’ un 8c
l’autre au plus haut degré l’o.y magna fonaturum. La
reffemblance eft parfaite entr’eux. lacet manibus
pedibufque devinctis 3flens animal este ris imperaturum
& a fuppliciis vitam aufpicatur, unam tantum ob eul-
pam , quia natum eft. Heu ! dementvam ab his ini-tiis
exiftimantium ad fuperbiam fe genicos ! Confidérez
la noble harmonie de cette phrafe, la philofophie
qui préfide à ces rapprochemens 8c à cës contraftes,
la moralité qui les termine : vous croyez entendre
M. de :Buffon 5 vous voyez pour ainfi dire le
moule, 8c de fon ftyle, 8c de fa philofophie. C e
qu’il a dit lui-même de Pline eft ce qu’ont dit de
M. de Buffon même fes admirateurs 8c fes pané-
gyriftes , c’eft-à-dire, prefque tous fes leéteurs.
ce Pline a travaillé fur un plan bien plus grand
» que celui d’Ariftote, 8c peut-être trop vafte. 11
a voulu tout embraffer j il femble avoir mefuré
39 la Nature, 8c l’avoir trouvée trop petite encore 3» pour l’étendue de fon efprit. Son Hiftoire natu-
»3 relie comprend , indépendamment de l ’hiftoire
»3. des animaux, des plantes 8c des minéraux, l’hif- 33 toire du ciel 8c delà terre,la médecine, lecom-
33 merce, la navigation , l’hiftoire des arts libéraux
»a 8c mécaniques, l’origine desufages, enfin toutes
33le s fciences naturelles & tous les arts humains j
L