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de Mâcon , 8c Otte-GuiUaume hérita de ces deux
comtés ; il voulut depuis jouir de tous les droits
de l'adoption, & à ce titre fuccéder même au
duché de Bourgogne, du chef d'Eudes-Henri fon
beau-père 8c fon père adoptif. Sa prétention n'eut
oint de fuccès : les héritiers naturels d'Eudes-
lenri fe maintinrent dans le duché de Bourgogne.
O tte -G u :llaume, qui fut furnommé L'Etranger,
peut-être à caufe de cette adoption & des prétentions
qu'il avoit formées en conféquence, 8c
même de la polfeffion paflagère 8c momentanée
qu'il avoit fu fe procurer du duché de Bourgogne,
refta du moins poflèffeur paifible 8c incommutable
du comté de Bourgogne ou Franche-Comté, ainli
ué du comté de Mâcon. C e dernier fut le partage
e Guy fon fécond fils, dontd'arrière-petit-fils ,
Guy II, Prince pieux, quitta, en 1078, fon comté
pour fe faire religieux dans l'Ordre de Cluny. Sa
femme, de concert avec lu i, entra auffi dans un
couvent de religieufes du même Ordre. Le Mâ-
connois retourna pour lors à la branche aînée,
iflue aufiî d'Otte-Guillaume par Renaud I , frère
aîné de Guy I , & qui avoit eu le comté de Bourgogne
en partage. Les deux comtés furent réunis
dans la perfonnne de Guillaume I , dit le Grand 3
fucceffeur de Guy II & defcendu de Renaud I.
Le fécond de fes petits-fils, Guillaume III, eut
Je comte de Mâcon dans fon partage, en 1126 ;
Ainfi que Gérard, fécond fils de Guillaume III.
A lix , arrière-petite-fille de Gérard, laquelle
avoit époufé Jean de Dreux de Braine, Prince du
fang de cette branche de Dreux, fe voyant âgée
& fans enfans, vendit, en 1245, le comté de
Mâcon au roi faint Louis, & fe fit religieufe au
monaftère du L y s , près de Melun, dont elle fut
nommée abbeflfe en 1252. Le comté de Mâcon
refta réuni à la couronne.
MAINE ( C o m t é d u ). Que le Mans , capitale
du Maine, tire fon nom de Lemanus, Roi
celte , qui en ait été le fondateur, ce n'eft pas ce
que nous-avons à examiner ici. Il nous fuffit d'ob-
ferver que Raoul, duc de Bourgogne, inveftit en
du comté1du Maine, Hugues I , dont la
poftérité Je poflféda jufqu'à Herbert I I , qui, mourant
fans enrans^n ioéo,inftitua pour fon héritier
Guillaume-le-Bâtard, duc de Normandie. Mais
cêtte difpofition fut attaquée par les héritiers naturels
d'Herbert II. Hugues III fon neveu, fils
d’Hermengarde fa foe u r , 8c d 'A zo n , marquis de
Malefpiné, s'empara du Mans 8c de la plus grande
partie du Maine , qu'il tranfmit, en 1100, à Elie
fon neveu , fils de Saule fa foeur, & de Jean, feigneur
de Baugency.
E lie , ainfi que Hugues III, fut toujours en
guerre avec les ducs de Normandie, rois dAngleterre,
pour raifon du comté du Maine.
Elie laifïa pour héritière une fille unique nommée
Sibille , qui époufa Foulques V , comte d’Anjou
, & lui porta en dot le comté du Maine. Elle
mourut vers l'an 1127.
Depuis ce tems le Maine fuit le fort de l’Anjou
, pafife par la Maifon d'Anjou aux rois d'Angleterre
de cette M aifon, éprouve les mêmes réunions,
eft conféré auffi, avec le duché d A njou,
aux deux branches dAnjou de la Maifon de
France (voyeç l'article Anjou) , & ne fe fépare un
moment de l'Anjou qu'à la mort de Louis I I , duc
d'Anjou & roi de Sicile, de la fécondé Maifon
d'Anjou. Celui-ci laifla trois fils , dont le dernier,
nommé Charles, eut le Maine dans fon partage ,
& laifïa un fils du même nom , q u i, ayant fuccédé
à fes deux oncles, Louis III & 'René, réunit
l'Anjou, le Maine & les droits fur la Sicile, & les
céda tous à Louis XI : d'où s'enfuivit la réunion
de l'Anjou & du Maine à la couronne.
MARCHE ( C o m t é de l a ) . B o fo n I , dit le
Vieux, fut, en 927, le premier comte de la Marche.
Bernard fon petit-fils , mort en 1032 , laifïa pour
unique héritière Almodis fa fille , laquelle époufa
Hugues de Lufignan, dont elle fut feparée, dans
la fuite, pour caufe de parenté. Ce prétexte de parenté
faifoit diffoudre alors beaucoup de mariages,
& , comme le défaut de titres obhgeoit de recourir
à la preuve teftimoniale pour établir cette
parenté, des époux dégoûtés l'un de l'autre, ou
dont l'un feulement étoit dégoûté de l'autre ,
trouvoient aifément des témoins pour dépofer
d'une parenté ou d'une affinité réelle ou chimérique.
La fréquence de ces féparations fit fentir la
néceffité d'afiurer le fort des enfans nés fous, la
foi du mariage, & , malgré la féparation fubfé-
quente, ils furent déclarés légitimes : ainfi le fils
d’Almodis 8c de Hugues de Lufignan, nommé
auffi Hugues de Lufignan, fuccéda fans difficulté à
fon père & à fa mère , & fut la tige de la fécondé
race des comtes de la Marche. Les Lufîgnans pof-
fédèrent ce comté depuis l’an 1080 jufqu'en 1303 ,
que Hugues VIII de Lufignan, mourant fans enfans,
mais laiffant un frère (G u y , feigneur de
Couhé ) qui devoit naturellemeut lui fuccéder,
légua au roi de France, Philippe-le-Bel, Une partie
de fes terres.
Guy fupprima le teftament de fon frère, & fe
mit en pofleflion des comtés .de la Marche 8c
d’Angouîême. 11 fut affigné au parlement : il y fut
condamné, 8c tous fes biens confifqués. Des troupes
françaifes s'emparèrent des comtés d'Angou-
lême & de la Marche, & des autres domaines de
la Maifon de Lufignan. Dans la fuite ,le Roi fe fit
céder tous les droits de la comtefle de Sancerre,
foeur 8c héritière de Guy. Ainfi s'opéra la première
réunion du comté de la Marche à la couronne.
Ge comté fut enfuite donné en apanage, par le
même Philippe-le-Bel, à Charles-le-Bel fon troifième
fils, q u i, par fon avènement au trône en
1322, fit la fécondé réunion.
Le même Gharles-le-Bel donna le même comté
C H R O N
de la Marche à Louis de Bourbon, en échange de
celui de Clermont. • ~
Jacques, fécond fils dé ce Louis I , duc de Bourbon
8c comte de la Marche, eut ce comté en partage.
Bleffé à la bataille de Crécy, pris à la bataille de
Poitiers, il mourut des blefliires qu'il avoit reçues
à la bataille de Brignais en combattant contre les
grandes compagnies. Pierre fon fils aîné fut tué
auffi à cette bataille de Brignais, & Jean, frère
puîné de Pierre , eut le comté delà Marche.
Jacques I I , fils'de Jean, fut fait prifonnier à la
bataille de Nicopolis contre les Turcs : il le fut
auffi dans les guerres civiles de France ; il époufa
la reine de Naples, Jeanne I I , & fut proclamé roi
de Naples. Il finit par fe faire cordelier à Befan-
ço n , &c il le fut long-tems. Il ne mourut qu'en
1438 ; mais dès 1417 il avoit remis le comté de
la Marche à fa fille , Eléonore de Bourbon.
Celle-ci époufa Bernard d'Armagnac, comte de
Pardiac, fécond fils du connétable d’Armagnac.
Leur fils aîné fut ce duc de Nemours que
Louis XI fit décapiter aux halles le 4 août 1477,
avec cette circonftance atroce & digne de Louis XI,
qu'il fit placer fous l'échafaud fes enfans innocens,
pour qu’ils fuflent arrofés du fang de leur père. Le
comté de la Marche fut alors confifqué fur le duc
de Nemours : troifième réunion à la couronne.
Mais cette réunion n'en fut pas une ; car la con-
fifcation du duc de Nemours fut donnée par
Louis XI à Pierre de Bourbon-Beaujeu fon gendre,
mari de madame Anne de France, qui fut cette
célèbre madame de Beaujeu , fi puiflfante fous
Charles VIII.
Sufanne de Bourbon, leur fille unique & leur
héritière,époufa le connétable de Bourbon, Charles,
fur lequel, après fa défection en 1 ^23, le
comté de la Marche fut confifqué, ainfi que fes
autres biens. ( Voye[ l'article Bourbonnois. )
MARSEILLE ( C o m t é d e ) . Marfeillefu,tfondée
environ cinq cents ans avant Jéfu^-Chrift, par une
colonie de Phocéens, peuples d'Ionie. Cette ville
fut foumife fucceffivement aux Empereurs romains,
aux Bourguignons, aux Vifîgoths, aux Français ;
elle fut gouvernée fous ces derniers par des ducs,
puis par des comtes ou vicomtes.
Le premier de ces comtes fut Guillaume I , qui
commence en 987, en même tems que la troifième
race de nos Rois. Tantôt le comté ae Marfeille fut
pofledé par indivis par des frères, tantôt il fut
partagé entre différentes branches, qui toutes vendirent
fuccèlfivement aux confuls de Marfeille les
diverfes portions qui leur étoient échues. La vente
de la dernière de ces portions fut confommée en
1230. '
MONTLUÇON ( C o m t é d e ) . Les comtes de
Monfûuçon étoient une branche de la Maifon de
Bourbon-f Archambaud. Gérard de Bourbon, troifième
8c dernier fils d'Archambaud I I , comte de
O L O GI E.
Bourbon, eut pour partage, en 1019, la ville 8c
le dïftriét de Montluçon en Bourbonnois. Son fils,
fon petit-fils, fon arrière-petit-fils ( ce dernier
! nommé Archambaud ) , pofledèrent ce comté de
Montluçon. Archambaud ne laifla qu’une fille
nommée Béatrix, qui époufa Archambaud' IX ,
feigneur de Montluçon. (Sur ce nom d'Archambaud,
voye^T article Bourbonnois.)
Par cette alliance Montluçon retourna vers fa
Tourçe, & y fut réunie 8c confondue vers l'an 1211.
MONTPELLIER ( C omté d e ) . Le premier
comte de Montpellier, Guy, étoit un feigneur du
pays, renomme entre les guerriers de fon tems,
que l'évêque & les habitans de cette v ille, fatigués
des courfes 8c des hoftilités de leurs voifins,
élurent en 1100 pour leur défenfeur 8c pour leur
feigneur. 11 remplit les voeux 8c les efpérances de
fes nouveaux fujets.
Quatre Guillaumes lui fuccèdent de père en
fils : le quatrième, mort en 1204, laifla pour héritière
Marie fa fille. :
Elle époufa don Pèdre I I , roi dArragon, qui,
étant pané en Languedoc pour fecourir le comte
de Touloufe & les Albigeois, fut tué en 1213 à
la bataille de Muret. Don Jayme ou Jacques I
qu'elle avoit eu du roi don Pèdre, lui fucceda.
Don Jayme I I , fils puîné de don Jayme I , eut
en partage le royaume de Majorque & la feigneurie
de Montpellier.
Suivent trois, autres rois de Majorque , qui fe
fuccèdent de père en fils, 8c dans ce royaume, 8c
dans le comte de Montpellier.
Le dernier de ces Rois, Jayme I V , ayant été
dépouillé de fon royaume de Majorque par don
Pèdre IV , roi d’Arragon, fon beau-frère, & ayant
befoin d'argent pour lever une armée, & fe mettre
en état de recouvrer le royaume de fes pères,
commença par fe dépouiller de ce qui lui reftoit,
en vendant, en 13 y o , le comté de Montpellier au
roi de France, Philippe de Valois, moyennant cent
vingt mille écus d'or; ce qui confomma ki réunion
de tout le Languedoc à la couronne.
NAVARRE ( R o y a um e d e ) . Il y a incertitude
& diverfîté d’opinions, tant fur l'origine du
royaume de Navarre, que fur l ’époque où on la.
rapporte. C e qu’on fait certainement, c’ eft que le
premier de fes Rois, foit Garcias Ximenès en 7 1 6 , .
foit Inigo, dit Arifta, vers 840, étoit de la Maifon
françaife de Bigorre. (Voyeç cet article. ) La p oftérité
mafculine d'Inigo pofleda cette couronne
jufqu'en 1234, qu'elle pafla par alliance dans la.
Maifon des comtes de Champagne.
Jeanne de Navarre, fille de Henri I (parmi les
rois de Navarre, 8c III parmi les comtes de Cham -
pagne) , époufa Philippe-le-Bel, & alors la couronne
de Navarre fut réunie à celle de France dans
la perfonne de Louis-Hutin, fils aîné de Philippe'’
le-Bel 8c de Jeanne de Navarre.
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