
failles pour le plaifir de Satisfaire leur haine par
des meurtres qui leur feront infailliblement rendus.
Les vrais meurtriers de l'abbé Sapin & de l'abbé
de Gatines font les meurtriers du préfident d’Ef-
mandrevilie & du minifixe Marlorat. Il étoit aifé
de prévoir que le fupplice de deux perfonnages
aufli confidérables ne refteroit pas impuni.
SARBRUCK ou SARBRUCHE, ancienne &:
illufire Maifon qui tire fon nom de Sarbruck ou
Sarbruche , près de la Sare, ville & comté du dio-
cèfe de Metz. Le plus ancien feigneur qui fe trouve
avoir poffédé ce comté eft Sigebert, qui vivoit en
1080. Adelbert ou Albert, l’un defes fils, archevêque
de Mayence, d’abord fort aimé, enfuite
fort maltraité par l’empereur Henri V , jouit de la
plus haute faveur auprès de l’empereur Lothaire,
fucceffeur de Henri. Lothaire croyoit lui devoir la
couronne impériale, & en effet il n’avoit pas peu
contribué à la lui procurer.
La Maifon de Sarbruche contraéla les plus glo-
rieufes alliances avec des Maifons impériales &
avec plufieurs autres grandes Maifons fouveraines
en Allemagne.
Simon, premier du nom, comte de Sarbruche,
eut pour gendre Hugues, fécond du nom, comte
de Vaudemont, qui fe fignala dans une bataille
que les Français eurent l’honneur de gagner contre
oaladin.
Simon I I , comte de Sarbruche, fils de Simon I,
étoit, en 12 18 , au fiége de Damiette, & fut élu
général de l’armée des Croifés.
Simon III fon fils étant mort fans enfans du
vivant de Simon I I , le comté de Sarbruche paffa
dans la Maifon de Montbelliard-Montfaucon par
Mahaud, foeur de Simon I i l , & femme d’Amé
de Montbelliard.
Simon IV leur fils prit le nom & le titre de
comte de Sarbruche.
Jean, fécond du nom, comte de Sarbruche ,
arrière-petit-fils de Simon IV , attaché au fervice
de la France, confeiller & chambellan du roi
Charles V , fut nommé bouteiller de France &
premier préfident de la chambre des comptes par
des lettres du 6 novembre 1365. Il rendit de grands
Services-au Roi dans les guerres & dans les négociations.
Il mourut en 1381, un an après Charles V .
Jeanne fa fille unique, comtefle de Sarbruche,
époufa Jean, comte de Naflau, & d eux font def-
cendus les comtes de Naffau-Sarbruche. Mais il
reftoit une branche de Sarbruehe-Commerci, descendue
de Jean, petit-fils de Simon IV , chef des
Sarbruche-M ontbelliard.
Amé de Sarbruche, petit-fils de ce Jean, &
gouverneur du duché de Bar en l'abSence du Duc,
fuivit le roi Charles VI au fiége de la ville d’Arras
en 1414 j & y fut tué d’un coup de canon dans
la tête.
La pofférité mafculine d’Amé de Sarbruche finit
le 10 novembre 1 y , dans la perforine d’un autre
Amé de Sarbruche, fils de fon arrière-petit-fils.
Les biens de cette branche de Sarbruche-Com-
merci pafïerent, par les foeurs de ce dernier Amé ,
dans les Maifons de Silly- Laroche -Guy on, de
Roye-Muret & de Lamarck-Bouillon.
SARRAU ( C l a u d e ) , ( Hifi. litt. moi. ) , confeiller
au parlement de Rouen, puis au parlement
de Paris, magiftrat favant, intègre & conciliant,
étoit moins homme de lettres qu’ami des gens de
lettres. Il a peu travaillé, mais il étoit en correspondance
avec tous les favans de fontems, tant
nationaux qu’étrangers. La reine de Suède, Christine,
lui écrivoit Souvent & aimoit beaucoup à recevoir
de fes lettres. C ’eft Sarrau qui a été l’éditeur
des lettres de Grotius*? Ht Ifaac Sarrau fon
fils, ou fous le nom d’ Ifaac,.fort jeune alors *
Paulmier de Gratemefnil, a été l’éditeur des lettres
de Claude Sarrau, & les a dédiées à la reine Christine,
On y voit que Claude Sarrau étoit grand ami
& grand admirateur de Saumaife envers & contre
tous. Claude Sarrau mourut le 30 mai 1651.
SARROCHIA (M a r g a r e t a ) , ( Hifi. litt,
moi. ) , Dame napolitaine. Savante & bel efprit,
au dix-Septième fiècle, auteur d’ un poème héroïque
de Scanderbeg ou Scanderberg, en vers ita*-
liens, & de quelques épi^rammes latines. Il paroît
que fi elle avoit le mérite des favans, elle en avoit
auffi les défauts & ceux des femme» Savantes, tels
que le defpotifme de Philaminte, la manie du bel
efprit & de l’érudition, au point de ne Souffrir chez
elle aucune converfation qui ne roulât fur les
fciences j un amour propre infatiable & infociable,
qui lui fit diverfes querelles avec le cavalier Marin
& l’Académie des numoriftes.
SARTACH. (Hiß. moi.) Le zèle de la propagation
de la Foi donnoitlieu quelquefois à de fin-
gulières méprifes. En 1252 Saint Louis entend
dire qu’un grand prince tartare qui régnoit fur
d’immenfes contrées entre le Don & le V o lg a ,
s’ étoit fait Chrétien. Saint Louis, charmé de cette
nouvelle, crut devoir lui écrire & lui envoyer le
cordelier Rubruquis pour avancer l’oeuvre du Salut
dans les Etats de Sartach. (V oy e z dans le Dictionnaire
l’article Rubruquis, où nous n’ avons dit
qu’un mot de cette aventure.) Le cordelier, accompagné
de deux autres eecléfiaftiques, fe rend
à Conftantinople, s’embarque fur la Mer N o ire,
paffe dans la Crimée, côtoie la mer d’Azoph ,
qu’il laiffe à droite, paffe le Don ou Tanaïs, tra-
verfe d’immenfes deferts & parvient enfin jusqu'aux
tentes de Sartach. Pafle encore pour des
tentes : on pouvoit être en guerre ou dans un
camp de paix. Les ufages des Tartares étoient peu
connus en France. Les trois apôtres, admis à l’audience
du Souverain, crurent devoir y paroître
dans toute la dignité de l'appareil eccléfiaftique ,
tous trois revêtus de chapes, magnifiques, Rubruquis
tenant d’une main une b ible, de 1 autre un
pfeautier enrichi d’ o r , orné de mignatures. Son
premier affiliant portoit une croix & un miffel, le
fécond un encenfoir. Mais quand ils virent pour
tout peuple une foule de Sauvages couverts de
peaux de chiens & de chèvres, & qui n’avoient
pour maifons que des chariots couverts de feutre,
Quorum plaufira vagas rite trahunt domos,
leur étonnement fut extrême, & toutes leurs idées
renverfées j mais enfin fi le chef de ces Sauvages
■ étoit Chrétien, s’il alloit les aider a rendre tout
fon peuple Chrétien, l’ objet de la million etoit
rempli. Sartach parut content & flatté de la lettre
de Saint Louis, mais il ne dit pas un mot du christianisme
j & Sur la demande que faifoient les mif-
fionnaires, qu’il leur fut permis de relier dans fes
Etats pour y prêcher l’Evangile, il répondit qu’ il
ne pouvoit Se difpenfer de prendre l’avis de Baatu
fon père, qui faifoit alors fa réfidence a l’orient
du Vo lga , au côté de la Bulgarie. Ils y allèrent:
Baatu dit qu’il falloit obtenir la permiffion du
grand kan Mangel. Il fallut remonter vers le nord
jufqu’au Soixantième degré de latitude, à travers
tous les déferts de la Tartarie, pour pénétrer jusqu’aux
tentes du grand Kan, & recevoir de lui le
refus le plus pofîtif. Rubruquis ne ■ rapporta enfin
de ce long & pénible voyage que deux veftes dont
Sartach, Chrétien ou non , lui fit préfent pour
faint Louis :-on ne nous dit pas fi elles étoient de
peaux de chiens ou de chèvres.
SARTO ( A ndré d e l ) , (Hifi. mod.)3 peintre
célèbre de Florence, travailla pour lepape Léon X,
ainfi que pour François I , auquel il ne rendit jamais
compte d’une Somme confidérable que ce
Prince lui avoit fait remettre pour lui acheter des
tableaux en Italie, où André del Sarto n’alloit,
difoit-il, que pour amener Sa famille en France^,
où il vouloit fe fixer. Il n’y revint pas, & , rentré
dans Sa patrie, il n’en Sortit plus & ne travailla
que pour elle. Il eft fâcheux que la vie d’un fi
grand artifte Soit Souillée de cette tache d’infidélité
, même d’ingratitude; car pendant Son Séjour
en France, François 1 l’avoit comblé d’honneurs
& de biens. André del Sarto mourut de la pelle à
Florence, en 1330, à quarante-deux ans.
SARUS , ( Hifi. rom. ) ., Prince g o th , un des
meilleurs capitaines de l'Empire romain au commencement
du cinquième fiècle. Il Servit avec
Succès l’empereur Honorius contre le tyran Conf-
■ tantin. Celui-ci avoit envoyé contre Sarus deux
de Ses plus habiles généraux, nommés Juftinian &
Nebiogafte ( ce dernier étoit de nation française ).
Sarus, en un grand combat livré dans la Gaule,
affez près des Alpes, défit entièrement Juftinian ,
qui relia mort Sur le champ de bataille : il attira Nebiogafte
à une conférence x où il le fit affaffiner*
Après avoir acquis, dans le commandement des
armees , une affez grande gloire , ternie ainfi par
quelques trahifons, il Se livra aux intrigues de
-cour , & Servit contré Stilicon l’ambition jaloufe
d’Olympius. ( V-oye%, dans ce Volume, les articles
Olympius & tiéraclian. ) C e fut lui qui tailla en
pièces toute la compagnie des Huns qui fervoient
de gardes à Stilicon j il en fut puni, comme presque
tous ceux qui avoient eu part à la mort de ce
héros. On pouvoit dire du Sang de Stilicon, ce que
PharaSmane dit du Sang des Romains :
Où le fang des Romains cft-il fi précieux,
Qu’on 11e puiffe en vcrfer Sans offenfer les dieux 1
Ataulfe , roi des Goths, beau-frère & fuccefi*
feur d’Alaric , & beau-frère auffi d’Honorius, fit
affaffmer Sarus ; mais cette vengeance en attira
beaucoup d'autres. Sarus avoit un frère nommé
Sigeric, à l’inftigation duquel un domeftique de
Sarus, voulant venger Son maître, affaffina le roi
Ataulfe. Sigeric s’etant fait enfuite élire roi des
Goths , & croyant à ce titre avoir intérêt d’exterminer
toute la race d Ataulfe, fit arracher fix en-
fans de ce malheureux Ataulfe d’entre les bras
d’un évêque auquel leur père avoit confié leur enfance
, & le barbare les maffacra tous. 11 fut maf-
Sacré lui-même Sept jours après par les G o th s ,
indignés de fa cruauté. Ces norreurs Se paffoient
vers l’an 41 y.
-SASSENAGE , village dp Dauphiné , au pied
des Alpes, près de Grenoble & au confluent de
l’ISère & du Drac, lieu connu par Ses fromages &
par fes cuves merveilleufes. La Maifon de Saffe-
nage eft de la plus noble antiquité. Vers la fin du
dixième fiècle ou le commencement du onzième ,
Artaud I I I , comte de Forez & de Ly on, eut ,
entr’autres enfans, Hedtor/Seigneur de Saffenage,
& ISmidon, prince deRoyans. Un des def-
cendans d’Heélor, nommé François I , feigneur
de Saffenage, eut pour fille Béatrix, q u i, après
que Son frère Albert II fut mort Sans enfans, en
1 3 39, porta Saffenage & les biens de cette Mai-
Son dans la Maifon de Berenger, Sans Sortir de la
fienne3 car Aymar de Berenger, feigneur du Pont
de Royans, Son mari, defcendoitd’ ifmidon, frère
d’H e a o r , dont nous venons de parler au commencement
de cet article.
Henri leur fils quitta le nom & les armes de
Berenger pour le nom & les armes de Saffenage.
Il fut fait chevalier le 20 octobre 1338. Il fervoit
alors dans une armée française que commandoit
Albert II de Saffenage fon oncle. 11 fut tué dans
un combat contre les Anglais, furies confins de la
Guienne, en 1341.
François I I , baron de Saffenage, Son fils, lieutenant
général des armées du Roi en Italie, conclut
avec les Génois le traité par lequel ils fe dont