
« pale pierre de 1*angle , » reçut à l’ inftant pour !
réponfe le verfet fuivant :
A Domino fattum efl iftud 3 & efl mirabile in oculis
nofiris. « C ’ eft le Seigneur qui 1* a fait , & nos yeux
» le voient avec admiration. •* ( Voye£ l ’article
VUleroy dans le Dictionnaire. )
Defperriers fait de cette hiftoire le fujet de fa
cent vingt-fixième Nouvelle. 11 prétend qu’ un jeune
homme qui avoit eu l’ agrément du Roi pour une
charge de confeiller au parlement, ayant été refufé
deux fois , fut enfin reçu par ordre exprès de François^
qui dit aux députés de la compagnie : Quand,
•vous aure^ un fou parmi vous 3 n êtes-vous pas ajfer
fages pour vous & pour lui ? Mais le Conte eft mal
fait j car pour que l’application des deux paffages
fût jufte, il auroit fallu que ce jeune homme eût
été fait premier préfident.
Parmi les difficultés recherchées de ce tems-là,
on peut compter l’ufage introduit par Marot des
réponfes par monofyllabes rimes. En voici un
exemple :
Pour ce jour-là que fus-tu ? — Pris.
Quel vifage as-tu d’elle ? — Gris.
Ne te rit-elle jamais ? — Point.
Que veux-tu être à elle ? — Joint.
Sur ce modèle Bonaventure Defperriers, Nouvelle
foixante, ïuppofe un moine qui trouve l’oc-
cafion d’un bon fouper , occafion toujours trop
rare pourfon goût & fon appétit 3 & qui, ne voulant
pas perdre un coup de dent , eft pourtant
obligé de répondre aux queftions dont on l’accable
-tout exprès : il prend le parti de répondre à
tout par monofyllabes ; & l’auteur prépare tellement
les réponfes par les queftions 3 que tous ces
monofyllabes font rimes > comme dans l’exemple
précédent ;
. Quel habit portez-vous ? — Froc.
Combien êtes-vous de moines?— Trop.
Quel pain mangez-vous ? — Bis.
Quel vin buvez-vous ? — Gris.
Quelle chair mangez-vous ? — Boeuf.
Combien avez-vous de novices ? — Neuf.
Que vous femblc de ce vin ? — Bon.
Vous n’en buvez pas de tel ? — Non.
Et que mangez-vous les vendredis ? — OEufs.
Combien en avez-vous chacun ? — Deux.
C ’eft Bonaventure Defperriers & Henri Etienne
qui racontent qu’un grand feigneur qui çroyoit
favoir le latin, ou qui vouloit qu’on le crût, fe
mêlant d’ interpréter à François I une lettre de
Henri V I I I , lui dit que le roi d’Angleterre envoyait
à Sa Majefté douze mulets, & demanda ce
préfent pour lui. Le R oi, fort étonné d’un pareil
envoi, dit qu’il ne concevoit rien à ce préfent de
mulets , Sc qu’il les vouloit voir. Cependant il
donna la lettre à lire à quelques favans, qui virent
que c’étoient douze dogues d’Angleterre, duode-
cim molojfos , qu’Henri VIII envoyoit au roi de
France j le premier interprète crut bien réparer
fa méprife, en difant qu’il avoit lu muletos au lieu
de molojfos. La fottife de ce feigneur prouve cependant
la révolution que l’exemple du maître
commençoit à opérer. Ce grand qui, pour.plaire
a François I , vouloitparoître favoir ce qu’ iligno-
ro it, trente ans auparavant fe feroit peut-être
piqué d’ignorer même ce qu’ il favoit.
PERUZZI (Ba l t h a s a r ) , (Hift.mod.) p e in tre
& architecte célèbre du lèizième fiècle, étoit
n é , en 1481, à Volterre en Tofcane ; il étoit fils
| d’un gentilhomme florentin, & ne s’étoit d abord
i attaché au deffin que par goût & par amufement,;
| mais fon père l’ayant laiffé fans bien , fon art devint
pour lui une reffource néceffaire. Le pape
Jules IIl’employa dans fon palais. Léon X le ehoifit
pour l’un des architectes de Saint-Pierre de Rouie.
C ’eft à Peruzzi qu’on doit le renouvellement des
anciennes décorations de théâtre. Celles qu’ il com-
pofa pour la Calandra du cardinal Bibiena, furent
admirées pour des effets de perfpeCtive alors inconnus.
Peruzzi étoit à Rome lorfque cette ville
fut faccagée, en 14 2 7, par l’ armée de Charles-
Quint, ou plutôt du connétable de Bourbon : il
fut fait prifonnier, mais fon talent, dit-on, paya
fa rançon 5 il obtint fa liberté en faifant le portrait
du connétable, de Bourbon. C e fait auroit befoin
d’être expliqué. Si Peruzzi, pris dans Rome, a fait
pendant, la captivité le portrait du connétable de
Bourbon, il ne peut l’avoir fait que de mémoire
& par la force de fon imagination qui le lui ren-
doit préfent, ou que, guidé par d’autres portraits
du connétable, ou que, par un de ces coups de
l’art, un de ces phénomènes tels que celui auquel
nous devons le portrait de Fielding peint après fa
mort, fur là reffemblance que Garrick en offrit
aux yeux du peintre, en prenant les vêtemens, la
coëfrare, le p ort, le gefte, la figure de Fielding}
car le connétable avoit été tué aux pieds des remparts
de Rome, & ce fut le prince d’OrangeTon
fucceflfeur, qui prit la ville & qui la faccagea.
Mais peut-être auffi eft-ce le portrait du princè
d’Orange, & non celui du connétable de Bourbon
que fit Peruzzi pour obtenir fa liberté. Cet artifte
mourut à Rome en 1-536, pauvre, quoique laborieux
& très-occupé, mais n’ayânt jamais fu mettre
un prix à fes ouvrages, ni en demander autre
chofe que ce qu’ on vouloit bien lui en donner.
PE TIT ( G u illaume ) , ( Hiß. litt. mod. ) ,.
d’abord dominicain , avoit été confefleur de
Louis X I I } il le fut de François I. Ce Prince ayant
, vu de près fes talens & fes vertus, le ehoifit, &
lui donna les éyêchés de Troyes & de Senlis. Il
prenoit confeil fur les matières de doCtrine, de
cet
cethommefage, qui, comme lui, fentoit lés avantages
d’une tolérance éclairée } qui, comme lui, ;
aimoit les lettres, & qui favoit qu’elles ne fructifient
que fur le fol de la liberté. Plus d’une fois
les orages excités par le fougueux Beda ( voye%
fon article dans le Dictionnaire) furent calmes d’ un >
mot par Guillaume Petit. Quand la précipitation
& le faux zèle avoient décidé , Guillaume Petit
examinoit encore, & ne rendoit à fon maître que
des oracles d’indulgence & d’humanité.
La reine de Navarre ayant fait un livre de dévotion
intitiilé Le Miroir de Vame pécherejfe , Béda
auroit bien voulu couronner fes travaux perfécu-
teurs en faifant flétrir par une cënfure, une Reine,
foeur de fon.maître} car il avbit eü le plaifir de
remarquer qu’i l n’étoit parlé dans cë livre, ni de
l ’interceffion des Saints, ni du Purgatoire. Il n’ofa
pas cependant déférer , ni la Sorbonne cenfurer
directement le livre de la reine Marguerite 5 mais
des députés de la Faculté, faifant leur vifite dans
la librairie, & ayant trouvé cet ouvrage , le mirent
au nombre des livres défendus, feignant de n’ en
point connoître l’auteur. Le R o i, indigné, donna
ordre à Nicolas C o p ,' rëCteur de l’Univerfité, fils
de Guillaume Cop fon premier médecin, d’af-
fembler les quatre Facultés, & de favoir quels
étoient les auteurs de cette condamnation, car ils
ne s’étoient pas nommés. L’évêque de Senlis,
Guillaume Petit, proteftoit que le Miroir de ü ame
péchèrejfe ne contenoit aucune erreur, & il prefla
l’Univerfité de le déclarer par un décret. Le recteur,
au nom de l ’Univerfité, défavoüâ lacenfure
de ce liv re , & le curé de Saint-André-des-Arcs
déclara que C’étoit lui qui l’ avoit mis au nombre
des livres fufpeCts, parce qu’il lui manquoit l’approbation
dè la Faculté, condition alors exigée
par les arrêts du parlement} il ne paroît point que
cette affaire ait eu d’ autres fuites.
Lorfque François I & Budéë faifoientdes efforts
pour attirer Erafrne en France , ils étoient fortement
appuyés par l’évêque de Senlis. (Voye^3 dans
le Dictionnaire, l’article Cop (Guillaume). ( Voye?
auffi l’article Budée.)
Guillaume Petit eut part auffi à l’établifïèment
du collège royal : ce fut lui qui fut envoyé par le
R o i, le 22 janvier 1521, à la chambre des comptes,
pour faire part de ce projet à cette compagnie,
& pour la charger d’indiquer quelques chapelles
de fondation royale, tombées en ruine,
dont il pût réunir les revenus à la Chapelle de fon
collège.
. C ’eft à peu près tout ce qu’on fait de Guillaume
Petit.
PETIVER (J a cqu e s ) , lia. mod.}} phy-
ficien habile & favant botanifte de la Société royale
de Londres. On a de lui les ouvrages fuivans :
Garophylacii natura & artis décades decem» C e font
cent planches gravées, avec les explications collées
au verfo des gravures. Ceniur'm decem, rariora na-
Hiftoire. Tome V L Supplément.
tun continentes. Pierigraphia amerïcana. Catalogus
J. Raii herbarii britannici, ex editione L. Hans
Sloane.
PÉTRI. ( Hiß. litt. mod. ) C ’eft le nom de plu-
fièurs hommes de lettres de différens pays.
i ° . Cunerus Pétri ou Petrus, né en Zélande
au feizième fiècle, fut le premier évêque de Leu-
warden danslaFrife occidentale, en 1 $70. Chafle
de fon liège dans la fuite par les Proteftans pendant
les guerres civiles, il alla chercher un afile
à Cologne; il y mourut en i f i o . Il a écrit fur
les devoirs d’un Prince chrétien & fur divers fujets
de dévotion & de théologie.
20. Sufridus Pétri, né à Leuwarden, & vraifem-
blablement parent du premier, enfeigna d’ abord
les belles-lettres à Erlord, & fut enfuite fecré-
taire & bibliothécaire du cardinal de Granvelle,
profeffeur en droit à Cologne, & hiftoriographe
des Etats de Frife.-Il remplit ce dernier titre dans
toute fon étendue ; il ne celfa d’ écrire l’hiftoire
de la Frife. On a de lui un Traité‘De Frifiorum an-
tiquitate & origine ,* Apologia pro origine Frifiorum ,*
-un Traité De Scriptoribus Frifis. Mort én 1597. .
30. Barthélemi Pétri, chanoine deDoüai ^ enfeigna
d’abord à Louvain, puis à Douai, où il
mourut en 1630, à quatre-vingt-cinq ans. C ’eft:
principalement comme éditeur qu’il a'cherché à
fe faire connoître. On lui doit l ’édition du Com-
monitorïum de Vincent de Lérins, qu’il a ornée de
favantès notes , & celle des (Éuvres pofthumes
d’Eftius.
PEYRE ( Ma r ie -Joseph ) , ( Hiß. mod. ) , architecte
du Roi & contrôleur de fes bâtimens >
naquit à Paris en 1720. Son goût pour l’ architecture
fe déclara dès fa plus tendre jeunelfe ; il étudia
fous le célèbre Blondel : fon père vouloit lui
faire avoir une place dans laMaifon du Roi ; mais
fon inclination pour un art qui fembloit l’appeler
à lui, lui fit rejeter ces proportions, & il fut jufqu’ à
vingt ans, âge auquel il remporta le prix de l’Académie
, à lutter coùtre les intentions de fon père,
& n’ ayant, pour fubfifter, qu’une place modique
dans les bureaux des bâtimens de Verfailles. Il
partit pour Rome, y compofa l’oeuvre eftimé qu’il
donna enfuite au public, & fit, fur les proportions
que les anciens aonnoient à leurs monumens, des
recherches qui lui fervirent de bafe dans tous les
travaux qu’ il entreprit. 11 revint à Paris, conftruifit
plufieurs édifices particuliers, eut une place dans
les bâtimens du R o i, & fut reçu de l’Académie
d’architecture ; il conftruifit en 1772 la falle de
la Comédie françaife avec M. de W ailly, fit après
des projets pour une falle d ’Opéra & pour la re-
conftruaion du palais de Verfailles. Pli fieurs
défagrémens & une jeunelfe trop laborieufe l’enlevèrent
à un art qui lui devoit fa régénération, à
l’âge de cinquante-cinq ans. Il mourut, étant .on