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dans le parlement de Dijon , foit dans divers autres
tribunaux de la même province. \
Elle a produit aufïi plufieurs guerriers oui ont
bienfervil’ Etat, entr’autres unfeigneur d’Eftailles,
tué au liège de Toulon la nuit du 2 au 3 août
1707-
Elle a eu aufïi des prélats d’une grande diftinc-
' tion, tels que le cardinal Ferri de Clugny 3 évêque
de Tournay. Il eut part aux plus grandes affaires
de Ton tems 3 & fut chargé des ambaffades les plus
importantes à Rome 8c auprès de Louis XI. Il
mourut à Rome le 7 octobre 1483.
Son frère , Guillaume de Glugny , évêque de
Poitiers , fut auffi employé dans les plus grandes
affaires de fon tems , par les ducs de Bourgogne 3
Philippe-le-Bon & Charles-le-Téméraire. Envoyé
par ce dernier en Angleterre3 pour conclure une
ligue contre la France / i l y négocia le mariage
de Charles avec Marguerite d’Y o r ck , foeur d’Edouard
IV . Après la mort du duc Charles 3 il
courut rifoue de la vie par fon attachement à la
mémoire de ce Prince & à la perfonne de Marie
de Bourgogne fa fille. Il fut arrêté à Gand par les
Gantois rebelles ; avec le chancelier Hugonet &
Je feigneur dTmbercourt leurs articles dans
ce volume) 3 à qui ces furieux firent trancher là
tête à la vite de leur fouveraine , qui demandoit
grâce pour eux 3 ou plutôt quiréclamoiten faveur
de leur innocence. C e qui le fauvà peut-être, c’eft
qu’il fe lailfa , comme tant d’autres Bourguignons
8c Flamands 3 attirer au fervice de Louis XI. C e
Prince l’employa auffi dans d’importantes affaires.
Guillaume de Clugny mourut à Tours., en 148(7,
fubitement, ainfi que le cardinal fon frère. Du
Bouchet, dans fes Annales d’Aquitaine , dit qu’il
mourut de colère & de douleur de quelques paroles
amères que lui dit Louis X I , qui en difoit
fouvent.
La famille de Clugny a produit auffi quelques :
gens de lettres. On a , de Jacques de Clugny, lieu- |
tenant-général au bailliage de Dijon , reçu le 29
avril 1676, une defcription des grottes d’Arcy ,
inférée dans le deuxième volume des Mémoires de
Littérature, recueillis par le Père Defmollets de:
l ’Oratoire j & on a du Père François de Clugny,
auffi de la congrégation de l’Oratoire , mort le
21 oétobré 1^04, dix Volumes d’oeuvres fpirituel-
îe s , toutes à l’ufage des pêcheurs : c’eft la Dévotion
des Pêcheurs par un Pêcheur ; c’eft le Manuel
des Pêcheurs j, ce font des Sujets d3oraifons pour les
Pêcheurs, , & c.
COISLIN ( du C ambout de ) . ( Hiß. litt,
mod.) Nous n’avons prefque fait que nommer ,
dans le Di&ionnairë,Tes principaux perfonnages
de cette Maifon j nous confidérèrons ici plus particuliérement
trois d’entr’eu x , relativement aux
lettres qu’ils ont fervies 8c qui les ont illuftrës.'
Ces trois perfonnages font Armand dû Cambout
* premier duc de Coiflin 5 Pierre du Cambout
C O I
fon fils, auffi duc de Coiflin, 8c Henri-Charles du
Cambout, évêque de M etz , auffi duc de Coiflin.
Tous trois ont été de l’Académie françaife, &
l’on peut d’ abord s’étonner de cette espèce de
fucceflïon héréditaire dans une compagnie qui ne
faüroit être trop en garde contre ces idées d’héritage
& de droits de famille.
L’ étonnement diminue lorfqu’ on fait qu’A r mand
du Cambout étoit petit-neveu du cardinal
de Richelieu, 8c petit-fils du chancelier Seguier,
l ’unfondateur, l’autre confervateur de l’Académie,
& qu’ il fut élu dans le tems où ce dernier recueil-
loit dans fa maifon l’Académie, alors fans afile 8c
fans appui, au milieu des troubles de la Fronde &
des guerres civiles.
I Solus enim trifles hâc tempefiate camoenas
Rejpexit.
C e choix d’ailleurs a été juftifié par l’amour
éclairé du duc de Coiflin pour les lettres , & ce
mérite s’ étant trouvé dans un degré plus éminent
encore chez deux dè fes fils, l’un a fuccédé à fon
père, l’autre à fon frères fansque cette exception
11 honorable pour eux ait été défapprouvée.. Si les
corps doivent être jaloux de l’honneur de leurs
choix, il ne leur eft pas défendu d’être reconnoif-
fans,^& il leur eft prefcrit d’être juftes.
L’evêque de Metz fut de plus honoraire de
l’Académie des infcriptions & bellès-lettres, 8c
ce fut la récompenfe d’un aflèz grand fervice qu’il
avoit rendu aux lettres.
Le chancelier Seguier fon bifaïeul avoit formé
une collection de manufcrits de toutes langues &
de toutes fciences, au nombre de quatre mille ,
tirés pour la plupart du fond de l’Orient. Cette
collection, dit l’niftorien de l’Académie des belles
lettres, étoit confervée depuis fa mort avec
une forte de refpeétqui, en la rendant prefqu’inaç-
ceflïble, l’avoit auffi prefque fait publier. L’évêque
de M etz , pour en procurer I’ufâge aux favans,
commença par en faire faire un bon catalogue 3,
puis confiderant que les manufcrits grecs, quifor-
■ moient la portion la plus précieufe de ce recuëil,
demandoient des foins plus particuliers, il engagea
dom Bernard de Montfaucon à donner de ces
; manufcrits une notice fi raifonnée, fi détaillée, fi
favante , que ceux qui fe propoferoient de travailler
fur quelque ancien auteur g re c , oü d’en
donner une nouvelle édition 3 fuffent auffi fûre-
ment guidés par cette notice, qu’ ils auroient pu
l’être par les manufcrits originaux. Il a depuis
légué ces manufcrits à la bibliothèque de Saint-
Germain-des-Prés. 1
' L’évêque de Metz avoit été élevé par le cardinal
de Coiflin fon oncle, évêque d’Orléans, premier
aumônier du R o i, 1 un de ces arbitrés du
bon gôut 8c du bon ton, au milieu de la cour la
plus polie de l’Univers, 8c dans la maifon duquel
•x’étoit un honneur d’être admis 5 il profita fi bi£B
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dans cette é co le , que le Cardinal n’attendit pas j
qu’il eût achevé fes études pour le produire à la
oour, où il fut tellement goûté, qu’il avoit à peine
vingt-ün ans quand le Roi lui donna la furvivance
de la charge de premier aumônier. Il eut dans la
fuite l’abbaye de Saint-Georges de Bofcherville au
pays de C au x , l’évêché de M etz, & fut fait commandeur
de l’Ordre du Saint-Efprit.
M. l’évêque de Metz ayant perdu, le 7 mai
1 7 10 , Pierre du Çambout fon frere , fécond duc
de C oiflin , dont il étoit le' feul héritier, devenoit
duc de Coiflin 5 on voulut élever à ce fujet une
difficulté. N’ étoit-il pas contre l’ efput de l’Eglife
& contre l ’eforit du gouvernement, qu’ un ecclé-
fiaftique, un evêque, fuccédât à une pairie laïque ?
Quant à fuccéder, qu’ importe qu’ on fuccède héréditairement
ou par nomination ? La queftion eft
de favoir fi une pairie laïque eft compatible ou non
avec l ’état eccléfiaftique. Eh ! comment pouvoit-
on élever cette queftion, quand on avoit l ’exemple
des cardinaux de Richelieu & de Mazarin, qui
avoient poffedé l’ un & l’autre une pairie laïque ?
C ’étoit, difoit-on, de leur part un abus du pouvoir
y mais que pouvoit-on répondre à l’éreaion
faite en 1674, ,8c enregiftrée en 1690, de l’archevêché
de Paris en pairie purement laïque , qui eft
le duché de Saint-Cloud ? L’ évêque de Metz alla ;
porter au Roi les lettres d’éfêètion du duché de :
Coiflin en faveur dé fon père 8c des defcendans i
mâles légitimes indiftinCtement; fl fit voir qu’il n’y
"avoit point d’exclufion pour les eccléfiaftiques,
que cette exclufionn’avoit jamais été prononcée,
ni en général dans les lois delà pairie, ni en particulier
dans aucune lettre,d’ éreCtion ; il fut donc
admis à prêter le ferment ordinaire, 8cprit féance
au parlement le“ 31 mars 1711.
Le bien qu’il a fait à fon diocëfe eft inappréciable
> il a bâti & doté des féminaires, fondé ou
enrichi des hôpitaux, élevé ou rétabli des temples
8c des monaftères, conftruit des cafernes fu-
perbes pour la tranquillité des citoyens, la commodité
des foldats 8c l’ornement de la ville 5 il a
donné aux évêques de Metz une maifon de campagne
agréable, en employant les pauvres pendant
l ’horrible difète de 1709, à bâtir le château
8c à former les jardins de Frelcati. Outre fa bibliothèque
principale qu’ il laiffoit à Paris comme
au centre de la littérature, & où il avoit foin
d’avoir des doubles 8c des triples pour prêter plus
facilement les livres du plus grand ufage, il avoit
à Metz une bibliothèque de dix ou douze mille
volumes, ouverte à ceux qui favoient s’en fervir >
il en avoit une à Frefcati j il mettoit dans chacun
de fes féminaires un fonds de livres convenables >
il en env o y oit tous les ans aux curés de campagne
pour leur mftruCtion 8c celle de leurs paroifliens.
, 11 avoit, comme le cardinal de Coiflin fon onc
le , le talent de la converfation 8c de la narration >
«nais, dit le fecrétaire de l’Académie des belles-
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lettres , comme il n'e^nuyoit pas, il n*aimpit pas a
être ennuyé ; c’eft-à-dire, apparemment qu’ il n’avoit
pas toujours fur cet article toute la tolérance que
la fociété rend fouvent néceffaire. Il mourut le 28
novembre 1732, à foixante-huit ans,
COL IGN Y . A cet article du Dictionnaire ,
tomeII, i re. partie, page 20y,, colonne i rc. , der-*
nier alinéa, il eft dit que le comte de Coligny,
du combat de Saint-Godart, étoit un troifième.fils
du fécond maréchal de Coligny-Châtillon. C ’eft
une faute. Lè fécond maréchal de Coligny-Châtillon
, Gafpard III , n’a laififé qu’ un fils, le duc de
Châtillon* Gafpard IV , mort en 1649, au château
de Vincennes, des blefliires qu’ il avoit reçues à
l ’attaque de Charenton. Son frère aîné, Maurice,
comte de Coligny , étoit mort en 1644* du vivant
du maréchal leur père.
Quant au comte de Coligny, Jean, îjui com-
mandoit les Français en Hongrie, en 1664, au
'combat de Saint-Godart, il étoit de la branche de
Coligny-Saligny, iflïie de Jacques de Coligny-Sa-
ligny, quatrième fils de Guillaume I I , feigneur de
C oligny, celui-ci aïeul du célèbre amiral de Coligny,
8c quatrième aïeul du fécond maréchal de
Coligny-Châtillon.
COLLÉONI ( Hift. dyItal. ) , noble & illuftre
famille de Bergame en Italie, dans l ’Etat de V e -
nife, y étoit déjà puiflante dès l ’an n o o . Sa puif-
fance alla toujours en augmentant dans les fiècles
fuivans. Les Colléoni & les Sovardi, Maifons
rivales, partageoient en deux faétions toute la
ville de Bergame ; les premiers étoient Guelphes,
les féconds Gibelins.
Le perfonnage le plus confidérable, non-feulement
delà famille Colléoni, mais de toute l’ Italie,
8c peut-être de l’Europe entière, fut Barthélemi
Colléoni. Jamais particulier ne s’eft procuré une
fi grande exiftence par fes feules^qualités perfon-
nellés, jamais puiffance ne fe rendit fi formidable
que ce feul homme. Né en 1400 , il languit dès
ion enfance dans la captivité : il put dire comme
Ègifthe :
Hercule, ainfi que moi, commença fa carrière j
Il fentit l’infortune en ouvrant la paupière}
Et les dieux l’ont conduit à Timmortalité
Pour avoir, comme moi, vaincu l’adverfité.
La divifion s’étoit mife dans la famille des Colléoni.
Differentes branches de cette famille fedif-
putoient certaines- forterefles, furtout celle de
T r e z z o , fituée au milieu du fleuve de l ’Adda.
Quatre frères Colléoni, coufins-germains de Barthélemi,
pour être feuls maîtres de cette importante
feigneurie, tuèrent Paul, furnommé Picho,
leur oncle, père de Barthélemi, 8c Antoine, un
autre de leurs oncles 9 8c oncle auffi de Barthé-
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