
% VER V E R
E n 163 y ils fo u t in r e n t ë n fem b lé la g u e r r e en
L o r r a in e fans d é fa v a n ta g e . E n 1(436 J ean d e
w c r t h p r i tC o b l e n t z ^ & b lo q u a H e rm a n fte in , q u i
tu t r é d u it e n 1(337.
C e fut cette même année 1636 qu’il infpira tant
de teçreur a la ville de Paris y ain'fî quelles autres
generaux de l’Empire & de l’Efpagne, parl’irrup-
tion quils firent en France, les uns dans la Picardie,
les autres dans la Bourgogne. Galas étoit
de l expédition- de Picardie, où les Allemands &
les Efpagnols prirent le Catelet, la Capelle, Cor-
b ie , R o y e , & couroient librement entre l ’Oife &
a i^omme-> Pouffant des partis ;jufqu’ à Pontoife.
Alors la confternation fut au comble dans Parisi
Les chemins de. Chartres & d’Orléans étoient
- couverts de Parifiens fugitifs & de chariots chargés
de leurs bagages. Le grand courage du car?
dmal de Richelieu & les fages mefures qu’il fut
prendre conjurèrent Forage : les étrangers furent
forcés a la retraite, Roye & Corbie furent reprifes.'
En 1(338 Jean de Werth eut encore Fhonneur
de remporter quelqu’avantage fur le duc de Saxe?
Yeyraar à la première bataille de Rheinfeld, dii
28 février : le duc de Rohan y fut bleffé à mort}
le comte de Naffau, quicommandoit l’ aile droite
du ducde Saxe-Veymar, &Jean de Werth; s’étant
' rencontrés dans la mêlée, fe tirèrent quelques
coups-de piftolet. Naffau eut fon chapeau percé
d une balle, de Werth fut bleffé à la joue. L’avantage
de cette première affaire fut pour Jean de
Werth , puifqu'il parvint à introduire du fecours
dans Rheinfeld que le duc de Saxe-Veymar aflié-
geoit ; mais il n'en fut pas de même à la féconde,
bataille de Rheinfeld, du 3 mars fuivant: le duc de
Veymar y remporta la victoire la plus complète ,
& fit prifonniers les «quatre généraux de l’Empereur
, dont Jean de Werth étoit le premier : fon
frère Antoine de Werth fut pris avec lui. Jean de
Werth avoit fait des prodiges de valeur dans .cetté
affaire. Abandonné de fa cavalerie, qui avoit pris
la fuite,-renverfé de fon cheval, qui étoit bleffé,
ne trouvant point à en changer, il;avoit couru a
pied pour joindre un régiment d’infanterie qu’il
. av°it pofté dans la forêt voifine du champ de ba^
taille. C e régiment fut enveloppé de toutes parts
& obligé de fe rendre. C e fut là que Jean de Werth
& fon frère furent pris. Jean de Werth fut mené
en triomphe dans cette ville de Paris qu’il avoit
tant epouvantee, & qui alors le chanfonna. Le
nom de Jean de Werth fut le refrain de plufieurs
. couplets, & , comme on ne le craignoit plus, on
affeCta de ne 1 avoir pas craint. De làJe proverbe :
Jem en fioucie comme de Jean de Wrerth,J ou Pous n en
tâterez non plus que Jean de Werth : c’eft ainfi que
Rouffeau rend ce proverbè dans fa comédie du
Flatteurj où un vieux domeftique ( Ambroife ) ,
grand difeur de proverbes, dit à Philinte : *
Le myftère eft, ma foi, découvert,
Et vous n’en tâterez non plus que Jean de Vert.
i C e général fut mis à Vincennes. Si le peuple, toujours
v il, prit plailïr à l’ outrager, les Français polis
) & bien élevés virent en lui un héros humilié qui
I foutenoit fes revers avec nobleffe, & ne cédoit
! en politeffe Si en civilité à aucun d’ eux. Il étoit
| encore en France lorfque le comte d’Harcourt
| prit Turin en 1640, & , dans l’admiration que lui
| infpira cet exploit, il s’écria qu’ il aimeroit mieux
être le comte d’Harcourt que d’être Empereur.
Il fut échangé en 1641 avec le maréchal Horn,
qu’il avoit battu à Nortlingue.
Où a beaucoup admiré la favante & pénible
retraite que fit en 164y le vicomte de Turenne,
du Necker au Rhin, d’Hailbrèn à Philisbourg, en
paffant impunément par dés défilés très-dangereux.
Cette retraite eût vraifemblablement été moins
heureufe fi le confeil de Jean de Werth avoit été
fuivi ; il vouloit qu’on courût s’emparer de la tête
des défilés dans lefquels lés Français étoient engagés
5 les autres généraux crurent devoir laiffer
repofer les troupes, & remirent au lendemain une
victoire qu’ils croyoient affurée, les Français ne
pouvant pas encore’ le lendemain être fortis du
défilé, conjecturé qui fut démentie par l’excès de
diligence que fit le vicomté. En cétte occafion la
multiplicité des généraux avoit nui certainement
aux Impériaux. '
En 1646 Jean de Werth couvrit Ingolftat &
Ratisbonne, pendant que l’archiduc Léopold fai-
foit lever le fiége d’Ausbourg au vicomte de T u renne
& aux Suédois.
En 1647 le duc de Bavière, qui jufqu’alors étoit
refté attaché à. l ’Empereur, fit fa paix parle traité
d’Ulm avec les Français & les Suédois, & promit
une neutralité entière. Par-là Jean de W erth, qui
commandoit l’armée de Bavière, fe trouvoit condamné
à une inaCtion dont fon caraCtère s’accom-
modoitmal, & qui lui paroiffoit honteufe pour
un général allemand, tandis que l’Allemagne ref-
toiten proie aux armées ennemies. Il entreprit de
difpofer de l ’armée bavaroife contre les intentions
& les engag’emens récens du duc de Bavière, &
delà donner toute entière à-l’Empereur. Le D u c ,
fans le favoir, lui facilita l’exécution de ce projet
en lui ordonnant de mener des troupes dans le
Haut-Palatinat pour en chaffer des maraudeurs de
l'armée fuédoife, qui y faifoient des courfes. Jean
de W e r th , profitant de l’ occafion, ordonne z
toute la cavalerie de le venir joindre avec armes
& bagages : l’infanterie dépendoit un peu plus de
fon Commandant-général Holtz ; il le fait arrêter,
& , le piftolet à la main, le force d’ envoyer un pareil
ordre à tous les colonels. Mais que les mefures
fuffent bien ou mal prifes, le complot échoua : le
duc de Bavière en étant averti, écrivit à tous les
colonels de ne plus recônnoître Jean de Werth,
qu’ il déclaroittraître & infâme, & dont il mettoit
. l'a tête à prix. Ce général n’eut que le tems de fe
fauver en Bohême. Là finit fa carrière militaire. La
j paix de Weftphalie^ conclue l’année fuivante, Et
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ceffer toutes hoftilités, & concilia pour un tems
'tous les intérêts.
VERTRON ( C laude-Ch ar les G u yo n n e t ,
feigneur en partie de Vertron), ( Hiß. litt. mod.)3
hiltorio graphe de France, chevalier commandeur
des Ordres royaux & militaires de Notre-Dame
du Mont-Carmel & de Saint-Lazare de Jérufalem,
membre de l’Académie d’Arles & de celle desRi-
covrati de Padoue, eft auteur d’une multitude de
petits vers à l’honneur des Dames, principalement
de celles qui fe font diftinguées par les.talens de
l ’efprit & par les connoiffances. Ces pièces fe
trouvent pour la plupart raffemblées dans l’ouvrage
qui a pour titre : La nouvelle Pandore , ou
les Femmes illuftres du fiée le de Louis-le-Grand • Recueil
de pièces académiques en pro fie & en vers fiur. la
préférence des ficxes3 dédié aux Dames, deux volumes
in-r2. Depuis que Louis X IV lui eut donné le
titre de fonhiftoriographe, il ne ceffa de louer ce
Monarque dans fa profe & dans fes vers, croyant
apparemment remplir par-là ce titre d’hiftorio-
graphe, qu’ il ne.paroît d’ailleurs avoir mérité par
aucun ouvrage dans le genre hiftorique. Il annonce
cependant dans une lettre à madame de Saliés
( voyez l’article Saliés ) , qu’il a fait en Dificours
hiftoriques l’hiftoire des Ordres royaux qui font en
France} mais j’ignore fi cet ouvrage ou ces ouvrages
ont été imprimés, & fi ces Dificours kifio-
riaues font de l’Hiftoire* M. Titon du T il le t , qui
place quelquefois dans fon Parnajfie français des
écrivains que M. de Voltaire n’ auroit pas admis
dans le Temple du Goût} à fait une mention honorable
de M. de Vertron & de deux de fes poèmes ■;
à la louange de Louis X IV j l ’ un intitulé le Nou- 1
veau Panthéon , l ’autre Parallèle de Louis-le-Grand
avec les Princes qui ont eu le fiurnom de Grand. Madame
de Saliés, que M. de Vertron avoit célébrée
dans fa Nouvelle Pandore, le lui a rendu dans
des vers où elle loue à la fois Louis XIV & les
dqux poèmes à fa louange , compofés par M. de
Vertron :
Tout écrit aujourd’hui, tout parle dé mon Roi,
Des meilleurs auteurs jufqu’à moi :
Mais tout cède, Vertron, au fuccès de ton zèle.
Ton Panthéon , ton Parallèle,
Montrent à LUnivers ce monarque pieux
Plus grand que tous les Rois, plus grand que tous les
dieux :
Et tant de vérités qu’à peine on poùrroit croire,
Se prouvent aifément dans fa fidelle hiftoire.
Vèrtrbn étoit aimé & eftimé de plufieurs beaux
efprits de fon tems ; il n’avoit pas un talent qui
écrafat le leur ; il fut ami de Santeuil, & il y a de
lui des vers latins affez médiocres fur la mort de
ce poète : on peut les voir dans le troifième volume
des OEuvres de Santeuil, de Perdition de Paris, 1729,
pages 163 & 164, avec les noms & les qualités de
Guyonnet de Vertron : ils font partie du Recueil
intitulé Funus Santolinum. Des curieux ont con-
fervé des. ouvrages manuferits de Ver tron, entre
autres une Hifioire de Louis X 1V~> & une Hymne
nouvelle en l 'honneur de fiaint Louis, avec la traduction
en vers français ; plus, les Maximes de
fiaint Louis , adrefifiées à fon fils, mifies en vers français
, & une paraphrafie des litanies royales. Vertron
mourut à Paris le 30 novembre 1715.
VERZASCHA (B e r n a r d ), ÇHifi. lin. mod.)3
médecin fuiffe, qui eut de la réputation & des
fuccès aux dix-feptième & dix-huitième fiècles, &
qui eft auteur de divers ouvrages fur la médecine ,
a’exercitations fur la paralyfie, fous le titre de
Riverius Contraftus ; de l’ ouvrage intitulé Centuria
obfiervationum medicarum, d’un Herbarium. Né à
Bâle le 21 février ié y i ; mort auffi à Bâle le 4 août m n
VESAL. A cet article Vefal ( André ) , tel qu’il
eft dans le Dictionnaire , nous ajouterons feulement
une particularité. M. de Thou, au cinquième
livre de fon Hiftoire, rapporte que dans une maladie
de Maximilien d’Egmont, comte dê Bure ,
qui faifoit déjà défefpérer de fon rétabliffement,
Vefal lui ayant prédit l'heure & prefque le moment
de fa mort, le comte fit apprêter chez lui
un grand feftin & expofer toute fon argenterie &
ce qu’ il avoit de plus précieux ; que s’ étant mis à
fa table avec fes amis, üleurüt à chacun de riches
préfens, & leur dit le dernier adieu avec un efprit
tranquille^ & qu’enfuite s’étant remis au li t , il
expira précifément au tems que Vefal avoit dit.
M. de Thou ne prend point fur lui l’affirmation de
ce fait ; un prudent on dit le met à cet égard à
l’abri du tout reproche de crédulité : nous délirerions
cependant qu’un hiftorien d’une auffi grande
autorité que M. de Thou eût donné à fon doute
uné expreflion plus marquée, qu’ il eût prévenu
l’abus qu’ on pourroit faire de fon récit pour én
induire une forte de merveilleux dans la prédiction
de Vefal. On entrevoit aifément à quoi fe
réduit la vérité de cette hiftoire. Le comte de
Bure, comme beaucoup de malades affez courageux
pour envifager leur fin, voulut favoir combien
de tems à peu près il pouvoit avoir encore à
vivre, félon la conjeélure des médecins ; il fit fes
difpofitions en conféquence : Vefal conjectura
plus ou moins jufte, & le malade mourut à peu
près da'ns le tems indiqué par la conjecture, 11 y a
toujours à cela plus de latitude qu’ on ne le dit ;
& cet a peu près, que les uns expriment, que les
j autres fuppriment, eft le mot décifif qui ôte à la
prédiction de Vefal l’air d’horofeope qu’on a
voulu lui donner. On ne peut trop purger l’Hif-
toire de ce poifon du merveilleux, qui, I’alté-
I rant dans fon effence & la réduifant à la Fable 4