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filer, pour ft fo'rtilne, des ind'ifcrètes profufions de
la Reine ; il fit doubler fes gages, & s'arrogea de
nouveaux droits ; il fcella d'ailleurs tout ce qu'on
voulut pour les gens en crédit, & ces dilfipations
fe faifoient fous le nom de Henri IV après fa mort.
Sully fait a èillery un reproche grave à ce furet.
" La regie , dit-il, eft q ue , le Roi étant mort, le
« fceau dont il s'eft fervi foit rompu. Non-feule-
” ment le chancelier ne l'avoit pas fa it, mais il
« ofa même fe fervir de ce fceâizpour autorifer de
” fauffes difpofitions en faveur'de Conchine & dé
” quelques autres pendant cinq années entières.
” Il avoit pour cela la double commodité de faire
“ fabriquer par fon fils, qui étoit fecrétaire d'Etat,
M toutes les. pièces, auxquelles il mettoit enfuite
la dernière main. »
, Toutes fes complaifances. ne purent le maintenir
dans la faveur ; il remit les fceaux en 1616 :
ils lui furent rendus en i é a j , & fa difgrace fut
confommée en 1624. Il n'y furyecutpas long-tems;
il mourut la même année, le 1“ . oétobre, vraifem-
blablement de la mort des miniftres difgraciés.
a". Pierre Brulart de Puifieux fon fils, fecrétaire
d'Etat fut enveloppé dans fa difgrace: fon
crime étoit d'avoir, conformément aux intentions
de Louis XIII, traverfé la nomination de Richelieu
au cardinalat. Il eut de la fageffe .& de la modération
dans fon miniftère, & de la fermeté dans
fa difgrace. Au tems dé fa faveur il refhfa d'être
fait duc & p air , foit qu'il crût, comme le dit
depuis le chancelier le Tellier, que ces fortes
de dignités-ne çonvenoient point aux familles mi-
niftérielles, connues principalement dans la robe
( mais la fienne fervoit également l'Etat dans la
robe & dans l'épée ) , foit qu'il craignit que cette
éclatante dignité ne parût en lui un abus du crédit.
Au tems de fa difgrace , il refiifa deux cent mille
francs qu’ on lui offroit pour la démilfion de fa
charge de fecrétaire d'Etat 5 il la garda jufqu'à la
mort , & cette fomme fut cependant payée à fes
héritiers. Il mourut tranquillement dans la retraite,
le 2.1 avril 1640.
J ° . Le commandeur de Sillery, Noël Brulart,
frère du chancelier, fut ambaffadeur de la religion
(d e Malte) en France, puis ambaffadeur extraordinaire
de France en Efpagne, & enfuite'à Rome,
ou, par l'effet des complaifances des Brulart pour
ÜReine-Mère, il conclut avec les Efpagnols,, dans
J'affaire de la Valteline, un traité défavantageuxau
R o i, & que le cardinal de Richelieu fit défavouer.
Le commandeur fut rappelé de Rome, & difgra-
cie comme fon frère & fon neveu. 4°. Charles-Henri Brulart,feigneur de Briançon,
.petit-fils de Puifieux, & arrière-petit-fils dii chancelier
de Sillery, fut tué à treize ans & demi, au
combat de Saint-Gothard ou Godhard en Hongrie,
le i tç. août 1664. Il çtoit enfeigne au régiment de
T urenne.
S'1- -Achille fon frère , chevalier de Malte ,
aide-de-çamp du vicomte deTurenne, & capitaine
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d infanterie dans fon régiment, mourut à dix-neuf
ans a Landau, des blefiures reçues au combat de
Sinueim.
6°. FabioBrulart de Sillery,fière des deux pré-
cedens , eveque d’Avranches, puis de Soiffons
fut célébré dans l’Eglife & dans les lettrés. Le nom
de rabio lui vient de ce qu'il fut tenu fur les fonts
de baptême par le cardinal Picolomini, -alors
nonce en France, qui lui donna le nom du pape
Alexandre V I I , Fabio Chigi. ' F 1
Lafièmblée du clergé, qui fe tint en lé o r à
oaint-Germain-en-Laye, le choifitpour haranguer
le roi d Angleterre , Jacques II.. Sa harangue fut fi
agreablè'aux Anglais delà fuite deJacques, qu’elle
fut traduite .en plufieurs langues, & envoyée par-
tout comme une.efpèce de mamfefte , dit M:d e
Beze. Tous les Jacobites jugèrent au moins qu'on
ne pouvoir pas confoler plus noblement ni plus
chrétiennement un Roi malheureux. Il fut reçues
1 7 0 1 , honoraire à l'Académie des infcriptions &
belles-lettres, qui s’appeloit alors l'Académie des
infcriptions & médailles, & e n i 7 or à l'Académie
françaife à-la place de M. Pavillon. Comme
membre, de 1 Academie des infcriptions, on lui
doit 1 explication d'un bas-relief de marbre antique,
faiftnt partie d'un tombeau que le peuple
appelle a Solfions le trou, de 1‘ Oracle d'i/s 1] a
auflj renducompte àl'Acad'émie de quelques autres
anciens tombeaux, finguliers par leurs ornemens •
il a de plus envoyé a l'Académie les copies figurées
de deuxcolonnes miliaires, trouvées, l'une
près de Soiffons, l'autre à Vic-fur-Aifhe dans
le Soiflonnois. La premièreeft dutemsde.Septime
Sevère; la fécondé _eft de la quinzième annee de
empire de Caracalla. On en trouve les explications
dans la partie de l’Hifioire, tom. III du Re-
cueil de i Acaçiémie.
Comme académicien français, on a de lui des
reflexions fur R Eloquence. Son difcours de réception
contient aufii des remarques -fur le génie des langues
ur le caraStire de 1‘éloquence & la nature.de ià poé/lé.
U a 1 aille des poefies françaifes, dont une partie
efl entree dans les Recueils du P. Bouhours ; il a
meme laiffe des poéfies latines, ce qui n'eft pas
etranger a 1 Académie françaife. lia ranimé autant
qu il etoit en luules travaux de l ’Académie naif-
ante q uil trouva, établie à Soiffons , & affiliée à 1 Academie françaife. .
Comme évêque, il a laiffé. divers Traités de
morale, dqs traduirions des plus beaux endroits
des Pères, un Commentaire fur quelques épîtres
de famt Paul & fur celle de faint Clément , pape
aux Corinthiens; des fermons & des homélies.
11 a etabh des écoles gratuites, des féminaires
des hôpitaux. Jla nourri les pauvres, & fait en leur
faveur dutiles.réglemens dans les difettes de 169?
& de 1709. Mort le zo novembre 1714. U étoit
né le 2j oétobre 16 cf.
•„.T!* Carloman-Philogène Brulart, comte de
Sillery , frère des trois précédées, capitaine- de1
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yàiflëau, colonel d’infanterie, premier écuyer du
prince de Conti , Ta fuivi dans toutes fes campagnes
3 nommément aux combats de Steinkerque
deNervinde, & fut bleffé dangereufement à ce
dernier.
8®. Roger Brulart, marquis de Sillery & de Pui-
'fieux, frère aîné des quatre précédens, étoit chevalier
des Ordres du R o i , lieutenant-général des
armées, gouverneur d’Huningue, confeiller d’Etat
d’épée , il avoit été ambafladeur en Suifle.
9°. Félix-François Brulart de Sillery fon fils ,
colonel d’infanterie & brigadier d’armée,, fut tué
à la bataille d’Almanza, le 25 avril 1707.
ioQ. Louis-Philo gène Brulart, marquis de Puifieux
, fils de Carloman-Philogène, n°. 7 , eft celui
què nous avons vu miniftre des affaires étrangères,
puis miniftre fans département jufqu’en 1756.
Dans la branche des feigneurs de Crofne & de
la Borde, nous remarquons,:
110. Noël Brulart, procureur-général, o u ,
comme pn difoit encore alors, procureur du Roi
a 1 parlement deParis fqus François I.& Henri I I ,
depuis 1^41 jufqu’en 1557.
12°. Denis, Brulart fqn fils , premier préfident
du parlement de‘Bourgogne.
1 30. Nicolas fon fils, auffi premier préfident au
même parlement, ainfi que :
14°. & i ,j°. Denis U , fils de Nicolas, &Niço-
las I I , fils de Dénis IL
160. Jean-Baptifte Brulart, baron de Couches
& de Sombernon, capitaine des Gendarmes de
Berry, . tué à la bataille de Spire, le i j novembre
jM l ,
Dans la branche des marquis de Genlis.
17°. Pierre Brulart, qui mit la terre de Genlis
dans fa famille , étoit fils de N oël Brulart, procureur
général de Paris, n9. 1 1 , & frère du premier
des quatre premiers préfidens de Bourgogne $ il
fut fait fecrétaire des commandemens de la reine
Catherine de Médicis en 1564 , & fecrétaire
d’Etat en 1569. CharlesIX, Henri III & Henri IV
l’employèrent dans différentes affaires. Il avoit un
longufage du miniftère. Il mourut le 12 avril 1608,
ayant été miniftre fous trois Rois, & ayant fervi
fous cinq ; car dès 15 ƒ 7 il étoit pourvu d’une charge
de fecrétaire du Roi.
i8°. Gilles, feigneur de Genlis, fon fils, futreçu
fecrétaire d’Etat en furvivance.
19°. Charles Brulart, feigneur d’Abecourt, fils
de Gilles, fut tué en duel en 1649.
2oô;. Charles,- abbé de Joy en val, frère de Gilles,
ambafladeur à Venife & à la diète de Ratisbonne,
eft mort le 25 juin, 1649, doyen des confeillers
d’Etau
2 i° . Noël fon frère, feigneur de Crofne , niourut
,au fîége d’Amiens , en 15-97.
22°. René Brulart, fils de Gilles , n°. 18 , d’ un
fécond lit., fut gouverneur des frontières du Dauphiné,
& lieutenant-général des armées du Roi.
230. Florimond Brulart, petit-fils de Gilles,'
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: n°. 18 , & frère de CharleSj n°. 1Ç) ,&c de Rend
n°. i l , mourut en 16/3 au fiége de Sainte-Mé-
néhould.
240. Charles, frère de Florimond j fut archevêque
d’Embrun, & mourut le 2 novembre 1714,
à-quatre-vingt-fix ans.
z y ° . François, feigneur de Bethancourt, frère
des deux précédens? colonel du régiment de la
C o u r o n n e fu t tué à la bataille de Confarbrick
près T rê v e s , en 1674.
26°. Michel j frère des trois précédens, & colonel
du régiment de la Couronne, après François,
qui l’avoit été après Claude , marquis de Genlis
(unautrede fes frères), fut tué en 1677 à l’attaque
d’ un fort près Saint-Omer.
Dans la branche des feigneurs du Brouffm & d u
Rancher, iffue de celle de Genlis :
iy ° . Charles, feigneur du Rancher, capitaine
aux Gardes-Françaifes, gouverneur du Q u e fe o i,
maréçhal-de-camp , mort le 1 " . juillet 171a à
quatre-vingt-huit ans.
BÜCÉPHALE. ( Hifl.-anc.) L'Hiftoire n'a pas
dédaigné d’illuftrer ce fameux cheval d'Alexandre.
La première gloire de fon maître eft de l'avoir
dompte:: aucun des écuyers de Philippe fon père
n’avoit pu y réuflir. Alexandre, dont le plus ardent
defir, dès fa plus tendre jeuneffe, fut toujours
de tenter ce quefes autres n’avoient pas pu faire,
demanda de monter ce cheval fougueux. Sa plus
grande peine fut d'en obtenir la permiffion, tant
on redoutoit pour lui ce danger M l mit tant d'a-
dreffe & de courage dans fa manoeuvre, & elle
eut un fi plein fuccès, que fon père s'écria , faifi
d’ admiration ; V"oila un enfant a qui les Dieux defti-
nent un plus vafle Empire que le nôtre. Jamais la Macédoinene
pourra lui fu§re. Dès ce moment Bucé-
phale fut le courtier favori d'Alexandre, & cet
animal, de fon côtéj s'attacha exclufivement à fon
maître. Jamais,, fi l'on en croit Quinte-Curce il
ne voulut fe laiffer monter par aucun autre ; rnais
auffitôt qu’Alexandre vouloir le monter, fouple &
docile, il plioit de lui-même les genoux, fe baiffoit
pour le recevoir, & fe relevolt tout orgueilleux
de fa noble charge , credebaiurque fentire quem ■ ve-
heret. Bucéphale s’étant égaré dans l’ expédition
d’Alexandre contre les IMardes, ce Prince, dans
fa douleur, fit de fi terribles menaces à ces peuples
pour lesengager à le lui ramener au plus tê t , qu'ils
ne crurent pas pouvoir trouver un abri contre fa
vengeance dans leurs montagnes & dans leurs fo rêts
; ils fe hâtèrent donc de ramener Bucéphale
d'offrir des préfens & de fe foumettre ; encore leur
fut-il fort, difficile d'appaifer la colère d’Alexandre.
Loifque la mort lui-eut enlevé cet animal, il
honora fa mémoire comme celle d'un ami & d'un
compagnon.de fêstviéloires. De deux villes qu’il
.bâtit dans les Indes., comme il prenoit foin d'en
bâtir dans prefque tous les lieux de fes conquêtes
il nomma l'une Nicée, comme monument de fes