
de cultiver les lettres ; elle faifoit fort bien des
vers , 8c avoit autant d'efprit que de courage 5 elle
é to i t , ainfi que fon frère , contemporaine de
Charlemagne.
ABAUZIT (Firm in )r (Hifi. litt. mod. ) , favant '
ritddefte 8c philofophe, ami de la retraite , hé à
Uzès de parens calviniftes,- n'eut d'autre patrie
que Genève , où il fut mené fort jeune, 8c où
fon érudition lui fit donner la place de bibliothécaire.
11 ne chercha pas beaucoup à fe faire con-
hoître > 8c quoiqu'il ait publié quelques ouvrages ,
il n'esti guère connu que par une nouvelle & très-
bonne édition de Y Hiftoire de Geneye de Spon ,
qui a paru en 1730 9 en deux volumes in-40. &
en quatre volumes in-12. Mort en 1768.
ABDISSI (Hiftoire eccléf.). 3 prélat de.l'églife
grecque, patriarche de Muzal dans l 'Aflyrie orientale
, vint dans l'Occident faire des foumiflions
au pape Pie I V , qui lui donna le pa'liumen 1562j
Abdiïïi préfenta aufli fa profeflion de foi au concile
dè Trente j elle' y fut approuvée.. De Ton côté
il promit de faire exécuter tous les décrets de ce
concile dans toute l'étendue de fa jurifdiétion :
ainfi ce fut une conquête que l'Eglife latine parut
avoir faite fur l'Eglife grecque. C e t Abdifli étoit
un prélat favant 8c lettré! ' Abraham Ecchellenfis
( voÿei l'article de ce Maronite.)' fit imprimer un
catalogue des, écrivains chaldéens 3 drefle par
Abdifli. \ ;
ABEN-EZRA (Ab R A h A m) , ( Hift. litt. mod. ),
célèbre rabbin efpagnol , a mérité, quoique rabbin
3 d’occuper quelque place dans la mémoire des
hommes. Les Juifs lui ont prodigué les titres de
fage ï de grand , à3admirable , & ces titres n'ont
point été conteftés par les Chrétiens hébraifans. ;
Il avoit une littérature fort étendue & fort variée.
Aftronomie j médecine, philofophie de tout genre,
telle qu'on la cônnôiflbit au douzième fièclë 5
pdéfie, cabale ( car if faut bien qu'un favant rabbin
paie tribut à la cabale ),• tout étoit de fon
reflort. Ses Commentaires font diftingués parmi Tes
ouvragés, 8c diftingués furtout en ce qüe Fauteur
s'y montre aufli peu rabbin qu'il eft poflible à un
rabbin. Un autre de fes livres, intitüle'Jefad-Mora1
& dont l ’objet principal eft de recommander
l'étude du talmud, a le mérite un peu équivoque
d'être devènu fort rare. Un autre ouvragé de lui
a pour titré : Eleganti* Grammatic&. C e rabbin eft
mort vers Tan 1174 , âgé d'environ feîxante • 8c
quinze ans.
• ABLE ou ABEL (T homas) , (Hifi.d‘Anglet.)\
étoit chapelain de Catherine d’ArrâgOn, première
feihme'dei-Heniri V III, roi3 d'Angleterre. Il n’étoit
pas hécéflaire d'être attaché à cette Reine malheu-
reufe pour< gémir des injufticès qu’ elle éproü-
voitj mais on ne pouvoit l'être fans defirer de la
fervir 8c de la défendre. Thomas Abel compofa
un Traité contre le divorce qu'Henri VIII pour-
fuivoit ( De non dijfolvendo Henrici & Catharine.
matrimonio ) y dès-lors il eut ce Prince pour ennemi
implacable. 11 acheva de l'irriter en attaquant fa
fuprématie, & en foutenant publiquement quelle
Roi.ne pouvoit être reconnu pour chef de l ’Eglife
anglicane. Henri, quidifpofoit des lois 8c des minières
de la juftice, fit condamner Abel à être
étranglé, -éventré, puis écarteléj ce qui fut exécuté
en 1 yqo. L e s . Anglois avoient cependant
depuis'long-tems leur,grande charte, & jamais
ils n'avoient été fi efclaves. Les deux Guillaume s,
les Henri I , les Richard I , 8cc. avoient été des
Titus en comparaifon d'Henri VIII. IL h y a point
de conftitut|on qui tienne contre la tyrannie, foit
roy ale , foit populaire $ & quand ces deux tyrannies
viennent à fe cumuler, comme il arrive toutes
les fois qu'un Roi injufte a eu le talent ou-le bonheur
de prendre un certain afcendant fur fa nation,
il n'y a plus ,de fureté ni d'afile pour les particuliers
honnêtes 8c vertueux que rinjufticerevolte.
-ABRAHAM XJ$Q\JÈ3 (Hift. litt.-mod.\3 Juif
portugais, & Tobie Athias, autre Juif du feizième
fiècle, s’aflbcièrent pour traduire la Bible en efpa-
* gnol. Leur verfion porte ce titre : Biblia en lingua
'■ efpanola , tradufidapalabra porpalabradelà verdad
. hebrayca y por mai excellentes letraios , en Ferrara
15 f 3- Ces mots , traduqida palabra,pór palabra ,
; annoncent qu’on s'eft piqué d’-une littéralité qui
! ne peut être nulle part mieux placée que dans une
traduôlion de la Bible. Aufli cette verfion eft-elle
; très-rare & très-recherchée. On en fit une édition
particulière :à l’ufage des Chrétiens éfpagnols.
: Cette édition diffère .en quelques endroits de celle
I qui vient d’être annoncée-, 8e ces, différences font
; relatives aux croyances différentes, l'une de ces
■ éditions ayant été faite pour des Juifs , l'autre pour
des Chrétiens. Elles ont encore des différences
plus fenfibles, l8c dont les acheteurs peuvent être
plus aifément avertis, par exemple y celle de la
dédicace. La verfion à l’ufage des Juifs (8c c'eft
la plus recherchée , quoique l'autre le" foit aufli )
eft dédiée à la senora Gracia Na ci , & porte les
noms des traducteurs Athias 8c U[que (Abraham ) >
l'autre eft dédiée a Hercule d’Eft, 8c porte la
fignature de Jérô/nerde Vergas .85 de Duarie Bine ' .
AGCIÀIOLI ou ACClAJUOiLI. (Hftid'Italie.)
Divers pér-fbnnagès dé Ce nomma is tous d eF fe 1
rënee, tous vivans dans le qüinziènfe ;fièçlë: Ôil
; au commencement du feizièmé, fe font diftingués
dans' divers genres.
1°. Ange Ac c iaioli, cardinal-, lé g a t , archevêque
de-Florence Ta patrie , ; avoit beaucoup vécu
; dans'ie quatorzième fiècle ; il à volt'vu naître après
S la mort de Grégoire X I , arrivée en 1378 , ce .grand
; fchifme d’Occident',; entré Urbain■ V I & C lé ment
VII y il avoit 'retenu dans l’obéiflance
d ’Urbain V I les Florentins, que le cardinal de
Prata s’efforçoit d’en détâcher en faveur de C lé ment
VII. Il avoit compofé un ouvrage pour la
défetfle du même Urbain V I , & travaillé en tout
avec zèle à l ’extinction du fchifme ,• extinCtion
i f il n’eut pas la fatisfaCtion de procurer ni meme
é voit, étant mort en 1^07:.
,2°. Reinier, -du:,même nom , fut un ; capitaine
illuftre 8c même un conquérant diftingiié par lé
grand nom de fes conquêtes : ce fut dans b Grèce
qu'il les f it , au commencement du quinzième fièc
le , c'eft-à-dirë , dans un tems où depuis long-
tems la Grèce n'étoit plus la G rèce, comme Rome
n'eft plus Rome.
Muoioïio le enta,muoiono i regni.
■ Les Empires meurent, mais les noms relient.
Reinier conquit donc les noms d'Athènes, de
Corinthe & d'une partie de la Béotie. Sa femme
fe nommoit Euboïs , peut-être parce qu'il avoit,
conquis ou qu'il vouloit conquérir l'Eubée à la
faveur du voifinage. Il mourut fans enfans mâles ,
& il eut de riches dons à laifler par Ton téftament ■> :
il partagea fes faveurs Athènes fut, donnée aux
Vénitiens 5 il laifla Corinthe à Théodore Paleö-
logue fon gendre, mari de l'aînée de fes filles j la
Béotie, avec.Thèbes &Tes dépendances , fut le
partage d’Antoine fonjils naturel, qui s’empara
encore d'Athènes i mais le tems approchoit où
Athènes & la Grèce , 8c tout ce qui avoit formé
J’Empire des Gyecs, alloit devenir la proie d’un
conquérant plus redoutable qu'Acciaioli (Mahomet
II ) , 8ç d'un peuple plus puiflant que les Florentins
(les Tu rc s ). : ,
3°. Donat, bon citoyen, fut utilé à fa patrie dans
divers emplois qui lui furent confiés 3 & dont il
s'acquitta d'une manière qui fut fi agréable à la
République, qu'elle dota les filles en reconnoif-
Tance des fervices défîntérefles du père. II. étoit
d’ailleurs homme de lettres. On a de lui dès vies
mAnnibal, de Scipion, de Charlemagne $ il a aufli
traduit en latin des viés de Plutarque i il a laifle
quelques notes fur la morale 8c la politique d'Arif-
tote. Il étoit fils de Nevio Acciaioli, lequel étoit j
petit-fils de Reinier. Il étoit né en 1428 , 8c mourut <
a cinquante ans en 1478.
4°* Zenobio fut aufli un homme de lettrés > il
étoit dominicain, 8c fut bibliothécaire du vaticarr ,
fous le pape Léon X. On a de lui des poèmes ,
des fermons , des panégyriques , des lettres , la
traduction de quelques ouvrages d'Olimpiodore,
de Théodoret, de falnt Juftin. Né en 14 6 1 , mort
en i.yzo. ['
A G CO . (Hiß. anc. ) C'eft le nom d'une femme
grecque, qui avoit été fort belle dans fa jeunefle,
8c a qui la tête tourna dans-fa yieilleflé y lorfque ■
fon miroir, où elle avoit fi long-tems contemplé
fa figure avec complaifance, l'avertit fenfiblement 1
de fa décadence. Le grand lifage qu’elle avoit fait
du miroir, avoit donné lieu à ce proverbe greo :
I l Je mire dans fes armes , comme Acço dans fon
miroir. \
L'aventuré de cette femme rappelle cette épi-
gramme grecque , où Phryné , devenue vieille 8c
la ide, confacre fon miroir à Vénus toujours belle;
M.; de Voltaire nous l’a rendue en quatre vers bien
naturels 8c bien ingénieux :
Je le donne à Venus , puifqn’elle eft toujours belle j
Il irrite trop mes ennuis :
Je ne faurois me voir dans ce miroir fidèle ,
Ni telle que je fus , ni telle que je fuis.
' Des gens de lettres ont obferyé qu'il y auroit eu
plus de délicatefle à s'en tenir au premier vers :
Je le donne à Vénus, puifqu’elle eft toujours belle.
Que ce feul vers dit tout , que les trois autres
n’en font plus qu'une efpèce de paraphrafe. La
réflexion paroît jufte j mais alors l ’épigramme ou
infcription ne feroit plus qu'une énigme, le mot
de miroir n’étant point prononcé. Mais on fup-
pofe que l 'infcription feroit au bas du miroir. Il
y auroit peut-être une autre obfervation encore à
faire fur ces v ers, c’eft que ces mots 3 Je né faurois
me v o ir , n'ont pas le même fens lorfqu'ils fe
rapportent à ceux-ci, ni telle que je fu s , & à ces
autres , ni telle que je fuis. Dans le premier cas , ils
désignent une impuiflance entière, abfolue, indépendante
de la volonté. Dans le fécond , ils ne
lignifient qu'une impuiflance volontaire , qui tient
à la répugnance, à l'averfion. O r , cèt emploi d’un
même mot dans deux fens différens fans qu'ori
av.ertifle de là différence, eft peut-être une faute,
mais c'en eft une bien légère.
A C C O L T I v ( Hifi. d3Italie.) Quelques perfon-
nages de;ce nom 8c peut-être de la même famille
font diverfement connus :
; : i,°. Benoît, jurifeonfulte diftingué, étoit d’une
famille n o b le , originaire d'Arèzzo. Né à Florence
en 1415 , il remplaça le Pogge dans l ’emploi de
secrétaire de la République en 1459 î il mourut
en 1466. On a de lui deux ouvrages afîez eftimés :
une Hiftoire des Croifades, qui a fourni au Tafle
les principaux faits de fon fujet j elle a pour titre ;
De bello à Chrifiianis contra Barbaros, pro Chrifii
fepulchro & Jud&d recüperandisy 8c un éloge des
grands hommes de fon tems : De pr&ftantiâ viro-
rum fui Avi. On rapporte de lui un de ces traits (fe
promptitude de mémoire, qu'on attribue encore
a quelques autres, 8c qui ont toujours droit d'étonner
y 8c même de n'être pas crus quand on n'en
a pas été le témoin. Il répéta, dit^on, mot pour
mot une harangue latine 3 prononcée devant le
sénat de Florence par un ambaflàdeur du roi de
Hongrie. : Si ce n’étoit qu*un compliment de