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Cajetan, léçat en France dans le tems de la Ligue,
Sc qui, zélé défenfeur de cette aflociation fédi-
tieufe , & intimement lié avec ta cabale efpagnole,
vouloit exclure de la couronne de France , la
Maifon de Bourbon , & faire tomber cette couronne
à l’infante d‘ Efpagne,lfabelle-Claire-Eugé-
nie. En i J 9 3 , uni avec le duc de Fëria & le cardinal
de Pellevé, il s'oppofa de tout fon pouvoir à la
conférence de Surène, qui amena l'abjuration de
Henri IV & fa réconciliation avec l’E glife , du
moins avec l'Eglife de France. 9 - to ° . H eut deux neveux cardinaux, Antoine,
créé cardinal par le pape Grégoire X V , en
162.1. L ’Académie des Hümoriftes lui doit en
partie fon établiffement.
Bonifice fon frère, évêque de Caffano , puis
archevêque de Tarente, fut fait cardinal par le pape
Paul V , en 1606. . , ; ;
i i ° . Louis , neveu d’Antoine & de Boniface,
fut créé cardinal par le pape Urbain V III, le 19
janvier 1616.
1 z°-François Cajetan, duc de Sermonette, fon
frère aîné , chevalier de la toifon d’ o r , vice-roi
de Valence, gouverneur du Milanez, vice-roi de
Sicile, confeilier d’Etat, mourut en 1683, à quatre-
vingt-douze ans.
i j° , Un autre François Cajetan fon petit-fils,
après avoir reconnu Philippe V pour roi d’Efpa-
gîte, prit le parti de l’archiduc Charles, & excita
une ^révolte.a Naples en 17QI. Ses .biens furent
connfqués, mais il y fut rétabli par l’Empereur.
140. Dans la branche de Sortino, GUy mourut
en 15 4 z , éc.rafé avec .Syracufa fa mère fous les
ruines de fon château de Sortino, renverfé par un
tremblement de terre.
CAL IGNY. ( Hiß. litt. mod. ) Des lettres j de
François I , de l’année 13 4 3 , nomment parmi les
piofeffeurs d’hébreu auCoIlége-Royal, a la place >
de Guidacerio, Alain Reftaut., dit de Caligny,
dont on ne fait rien, finori qu’il étoit Lorrain, &c
u'il a fait une grammaire hébraïque, dédiée à
u ÇhâteL
Caligny paroît avoir eu pour fucceffeur Jean
Mercier, le plus célèbre des difciples de Vatable.
( Hoye^ fon article dans ce volume. )
C AMARA. ( Hiß. de Portugal. ) La famille da
Camara eft célébré en Portugal, furtout depuis
Jean Gonçalves Zarco da Camara, q u i, fous les
aufpices de l'infant dom Henri, découvrit & conq
uit, en 14ZO, l’île de Madère. 11 en fut le pre- \
mîér gouverneur, & tranfmit à fa defcendance ce ,
gouvernement héréditaire. Huit feigneurs du. nom ,
da Camara furent fucceffivement gouverneurs de
Madère ou dü Funchal, qui en eft la capitale. Tous
p.ortoient le nom de Gonçalves joint à celui dé i
Jean ou de Simon. Jèan Gonçalves fe nommoit
Z a rco, Toit parce qu’il étoit borgne (car zarco , !
en vieux portugais, lignifie borgne ) , foit parce qu’ il
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avoit tué de fa main un Maure nommé Zarco. Il y
avoit en Portugal une ancienne famille de Za rco,
dont étoit peut-être Jean Gonçalves. Du troifième
gouverneur de l’île de Madère naquit Louis Gon-
çalves, tige de la branche d’Attaide, père de Martin
Gonçalves d’Attaide, & d’Emmanuël da Camara,
qui furent tués à la journée d’AIcaçer, & d’Alyar
Gonçalves, qui fe fit capucin aux Indes, après y
avoir fervi dans les armees.
Leur frère aîné , Jean Gonçalves d'Attaide, fut
Grand-d’Efpagne.
Il eut deux petits-fils, tous deux célèbres :
L ’ un eft dom Jérôme d'Attaide, gouverneur de
diverfesprovinces du Portugal, nommé en 1661
gouverneur du Bréfil, après s'être diftiiigué dans
le commandement des armées portugaifes 5 il fut
aufli grand-amiral & confeilier d'Etat. Sa mémoire
fut long-tems en vénération dans le BréfîL
L’autre eft dom François Coutinho, tuéenKLf 3
à la défenfe d’Elvas.
| L’aîné, dom Jérôme d’A ttaide, eut aufli des fils
dignes de mémoire : dom Emmanuel-Louis, mort
de blefliires reçues a la guerre 5 & dom Jean d’At-
taide, général des armées portugaifes.
Dom Louis d’Attaide -, un de leurs frères , fut
aflafliné à Lisbonne , le 14 ou 1 y o&obre 1689.
, Une branche de cette Maifon, ifîue du fécond
gouverneur de l’ile Madère, eft dite branche des
grands-panne tiers, de Portugal, parce que huit per-
fonnages dont elle eftcompofée, ont pofledé héréditairement
cette charge.
La branche des comtes de Villafranca & de Ri-
béra-Grande pofleda aufli héréditairement le gouvernement
de l’ile de Saint-Michel, lune des A çores.
Nous remarquerons dans cette branche, dom
Louis-Emmanuel da Camara, lieutenant-général &
général d’ artillerie des armées portugaifes, ambaf-
fadeur extraordinaire de JeairVauprès de Louis XIV
& de Louis X V , mort le 3 oétobre 1723.
Le premier de cette famille, qui prit le dom avec
la grandeffe,fut dom Emmanuel da Camara, fécond
du nom, fixièipe gouverneur de l’île Saint-Michel,
de la branche des comtes de Villafranca, né'en
m m
Dans la meme branche, dom Alvar d’Abranches
da Camara fe trouva au fiége de la Baie de Tous-
les-Saints quand les Portugais la reprirent fur les
Hollandais en iÔ2y. llfut un des quarante feigneurs
portugais qui proclamèrent Roi le duc de Bragance],
le Ier. décembre 1640.
La plupart des perfonnages de cette famille fè
distinguèrent dans les Indes, foit orientales, foit occidentales
j & dans les îles adjacentes ; mais la découverte
de Madère met au deflus d'eux tous Jean
Gonçalves Zarco : le parti qu'il fut en tirer, offre
une Angularité intéreflante. Il falloit débarrafler
r île des bois qui la couvroient : il y mit le feu.
L'incendie dura fept ans, & fut un des principes
de l’extrême.fertilité de la terre. Elle étoit tellé,
qu’ on fe plaignoit.de la récolte.lorfqu’elle ne
rendoit
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rendoit pas foixante pour un. C ’eft le cas de dire
avec Virgile 1
Stériles incendere profuit agros......
Sive indé occultas vires & pabula terra
Pinguia concipiunt ; fiye illis omne per ignem
Excoquitur vitium , atque exfudat inutilis kutnor,
S eu plures calor ille vias , & coeca relaxat
Spiramenta, novas veniat quàfuccus in herbas ;
Seu durât magis & venas aftringit kiantes y
Ne tenues pluvia rapidive potentia folis
Acrïor y aut Bore a penetrabile frigus adurat.
CAMILLE (Jules) . ( Hijl. litt. mod. ) Une lettre
du fameux Alciat nous apprend l’anecdote fuivante.
Un favant nommé Jules Camille, afliirale roi François
I, qu'en un mois, avec une leçon d'une heure
par jour, il le mettroit en état de parler grec comme
Démofthène, latin comme Cicéron, & de faire des
1 vers, dans !'une & l’autre langue, comme Homère
&: Virgile. C ’ étoient les propres termes de fes magnifiques
promefîes. Il avoit, difoit-il, un fecret
particulier pour cela , & ce fecret étoit aflez important
pour ne devoir être communiqué qu’au
Roi.Camille demandoitpour récompenfe deux mille
jécus de rente en bénéfices. Il ne pouvoir guère
s’annoncer plus en charlatan j cependant que rif-
quoit-on de l ’éprouver ? Le Roi ne voulut rien
{.négliger 3 il l'éprouva, mais il le renvoya auflitôt
après la fécondé leçon, avec une gratification de
lix cents técus, & c ’étoit fans doute être très-li-
^ béral. Ce fait n'eft connu que par la lettre d’Alciat,
datée du 3 féptembre 1530 , & qui n'eft devenue
publique qu’en 1697 j mais nous trouvons ailleurs
qu'un Jules Camille, grand cabalifte , aflez verfé i dans les langues orientales, orateur & poète latin,
Spréfenta au Roi une grande machine de bois aflez
j| fingulière, où les principes de l’art oratoire, tirés
if de Cicéron. & de quelques autres auteurs, étoient
rangés dans un certain ordre 5 qu’apparemment
H François I trouva l’ébauche de ce travaihngénieufe,
i car il exhorta Camille à le continuer, & lui donna
l une gratification de cinq cents ducats. On ajoute
i que Camille employa quarante ans à cet ouvrage,
I & y dépenfa quinze cents ducats. Cette hiftoire a
j des rapports marqués avec l'autre, & pourroit bien
I n’être que la même différemment contée.
CAMPBEL (Hifi.d‘EcoJfe) , Maifon écoflaife.
■ •Son nom eftCampbel ou O-Dubin. Elle paroifloit
|. avec éclat dès le neuvième fiècle. Long-tems après
ItColinmore Campbel fe trouva, en 1292, à Berwick,
§ dans cette fameufe affemblée où Edouard I , roi
r d Angleterre, décida fiimpérieufement des droits
H des pretendans à la couronne d 'E co fle , après l'in-
■ terregne qui fuivit la mort d ’Alexandre III.
\ • Nid Campbel fon fils fuivit le parti de la
.Maifon de Brus, & fut un des barons qui, en 151
Hi/ioife. Tome VI. Supplément.
a (Tarèrent la couronne à ce monarque & à fes def-
cendans.
30. C o lin , fils de N ie l, rendit de grands fervices
à la même Maifon de Brus, reprit fur les Anglais
la forterefle de Duncan, dontil devint gouverneur
perpétuel & héréditaire : fes defcendans portent
encore le titre de ce gouvernement.
40. Archibaud Campbel fon fils refta fidèle à
David de Brus , alors prifbnnier en Angleterre.
£°. Colin fon fils fe diftingua par diverfes expéditions
fous le règne de Robert III.
6®. Un autre C o lin , fils de celui-ci, fut éle\ é
par le roi d’ Ëcofle, Jacques Stuart II, à la dignité c e
lord grand-chancelier d’Ecofle, & fut appelé , t n
144 1, au parlement, en qualité de lordCampbel.
7°. Un troifième Colin > petit-fils du précédent,
fut créé en 14 J 7 , comte d'Argyle , par le même
JacquesII. Ilmourut en 1492, étant aufli lord grand-
chancelier.
8°. Archibaud Campbel, fécond comte d 'A rgyle
, chancelier d’E cofle, chambellan & maître-
d'hôtel du roi Jacques IV , fut tué, le 9 feptembre
1 y 13 , à la bataille de Flodden avec fon Roi.
9°. & io ° . Archibaûd Campbel, quatrième corme
d’A rgyle , petit - fils du précédent, fu t , ainfi q| e
fon fils, nommé aufli Archibaud, grand-chanceli. r
d’Ecofle. Le père mourut en 1 y 58, le fils en 1 f y ; .
n ° . Colin, fils de ce dernier Archibaud, fut-aufli
grand-chancelier d’Ecofle fous le roi Jacques V I ,
qui fut depuis Jacques I en Angleterre.
12°. Archibaud, petit-fils du précédent, fait
marquis d’Argyle le i j novembre 1641 , par
Charles I , eut la tête tranchée le 27 mai 1C61 ,
dans les commencemens dq règne de Charles II.
^ 1 39. Un autre Archibaud fon fils fut aufli décr-
pité le 30 juin 1685 3 au commencement du régi e
de Jacques I I , pour être entré dans les projets du
duc de Monmouth.
140. Un autre Archibaud, encore fils, du précédent,
fut un des pairs d'Ecofle qui pafférent, en
1688 3 de Hollande en Angleterre avec le prince
d'Orange 5 il fut aufli un de ceux q u i, en 1689 ,
offrirent, au nom des Etats d’Ecofle , la couronne
de ce royaume au roi Guillaume & à la reine Marie
fa femme. Guillaume le fit colonel de la garde
écoflaife à cheval & premier duc d’Argylé. Si Guillaume
eût échoué , cet Archibaud eût encore eu
la tête tranchée comme fon père & fon aïeul.
1 y°. & 160. Jean & Archibaud , tous deux fils
du précédent, furent comblés de biens & d honneurs
par la reine Anne & par les deux George? de
Brunfwick fes fuçcefleurs. Jean fe fignala furtout
dans la guerre de la fucceflion d'Efpagne-5 il ré-
primaaufli, en i 7 i y , ceux qu’on appeloit alors les
rebelles d’Ecofle , .parce qu’ils agifloient pour la
Maifon Stuart, qui régnoit depuis fi long-tems en
Ecofle. Iivivoit encore en 1728.
17°. & 18°. Au contraire, dans une autre branche
des Campbel, Jean Campbel, créé le 12 mai 1633
comte de Loudon, & en 1641 lord grand-chai>
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