
famâ , populi romani parem , non pojfe prokibtrî re-
publicâ diutiùs.
Cécina, comme tant d’autres perfonnages illuf-
tre s , avoit porté les armes contre Céfar pour le
fénat & la république} mais à ce crime commun
il joignoit un autre crime particulier & perfonnelL
ue Céfar avoit peut-être plus de peine à lui paronner.
C e Cécina étoit un homme d’e fprit, un
bon écrivain 3 dont les traits portoient coup ; &
il en avoit lancé quelques-uns contre Çéfar, dans
un écrit moitié plaifant, moitié violent, oùles imprécations
d ’un ennemi étoient afiaifonnées par les
railleries d’un fatyrique. Cécina ne fe croyoit pas
fort coupable. Summa criminis efl > dit-il , quod ar-
matus adverfario maledixi. Il prétend que tout le
monde en fait autant ; mais tout le monde n’écrit
pas, & furtout d’un ftylequiblefle. Cicéroncepen-
dant paroît penfer comme Cécina fur la légéreté
de cette faute, ou bien il adoucit fes expreflions
pour encourager fon client : il efpère que Céfar ,
qui aime la gloire , & qui eftime les talens, fera
natté de s’attirer, par fa clémence, les éloges d’un
homme d’efprit q u i, étant fon ennemi, 1 a légèrement
effleuré. Eodem fonte fe haufiurum intelligit
laudesfuasi y é quo fit leviter adfperfus. Quoi qu’il en
foit de la gravité ou de la légéreté de l ’offerife, il
paroît que Cécina voulut , Comme la lance .d’A chille
, guérir les bleffures qu’ il avoit faites :
Vulnus Achilleo qui. quondam fécerat hofti ,
Vulneris auxiiium pelias hafta tuiit.
Sans attendre fon pardon, & pour l’accélérer,
il chante en quelque forte la palinodie, il compofe
d avance un ouvrage à la louange de Céfar j il
l ’envoie à Ciçéron, pour qu’il l’examine & qu’il
le corrige. On fent en effet combien un pareil ouvrage
étoit délicat & difficile s combien le fentier
étoit étroit & glilfant, entre le danger de s’avilir
par la bafleffe & l ’adulation, & celui de déplairepar
un mot imprudent, mal-adroit, mal choifi, capable
de r’ouvrir la plaie qu’on vouloit fermer! Cicéron, ;
dont le crédit précaire & borné fur Céfar étoit
cependant la principale reflource de Cécina > Ci-r
céron eft loue dans cet écrit j mais il eft loué avec
une forte de précaution & de réferve, car il avoit _
auffi été au nombre des ennemis de Céfar. Cécina
s’excufe auprès de Cicéron, d’être refté fi fort au
defîous de l’expreffiort de fon eftime & de fbn admiration
pour lui j il lui peint tout l ’embarras qu’il
éprouve en compofant c.e nouvel ouvrage.
Si j’écris quatre mots, j’en effacerai trois.
Citm ad ipfius C&faris nomen veni , toto corpore
tontremifco*, non pcene. metu., fed illius judicii ; to-
tumenim C&faremnonnovi. Quem putas animumejfea
Itb'i fecum loquitur ? Hoc probabit : hoc verbum fufpi-
ciofum efi. Quid f i hoc muto ? & vereor ne pejus fit.
<Age veru laudp aliquem > non offiendo? Citm pprrà non
offendam quid f i non vult ? Armati fiylum perfequhur ,
viHi & nondum refit uti quid faciet ? ..... In hâc igitur
calumniâ timoris 6* coea fufpicionis tormento , citm
plurima ad alieni fenfus conjeciuram , non ad fuum ju-
dicium fcribantur, quam difficile fit tVadere..... fen-
timus. „
. Le premier exil de Cécina étoit en Afîe ; il avoit
depuis obtenu la permiffion de fe rapprocher & de
venir en Sicile, fous prétexte de quelques affaires 3
mais on avoit fixé un terme à fon féjour dans cette
î l e , & à l’expiration de ce terme il devoit retourner
en Afie. Cicéron obtint par fes amis, qui l’é-
toient auffi de Céfar, que Cécina pourrait refter
en Sicile tant qu’ il voudroit, & Cicéron le recommande
à Titus-Furfanius-Pofthumps fon ami, alors
proconful de Sicile. Nous apprenons par cette
lettre, que le père de Cécina etoit auffi un homme
d’un mérité diftingué, dont Cicéron avoit fort cultivé
b amitié. Nam 6* pâtre ejus , claro homine & forti
viro j plurimum ufi fumus. ,
Nous ignorons fi Céfar pardonna entièrement à
C é c in a, & fi on peut l’induire dé ce paffage de
Suétone , o ù , en vantant la clémence de C é far ,
il dit qu’ il la fignala envers Cécina au fujet de fa
fatyre, qui ne lui paroît pas une offenfe auffi légère
que l ’avoient dit Cécina & Cicéron : il la
qualifie durement de criminofijfimus liber. Auli Ce-
cina. criminofijfimolibro laceratamexiftimationemfuam
jcivili animo tulit.
Un autre Cécina é to it , avec V a len s , un des
deux généraux de Vitellius contre Othon , & en-
fuite contre Vefpafien.
CEIS ou SCEY. ( Hiß. de Fr. ) C ’eft le nom d’un
château qu’on défigne par le furnom de Scey en
Varais, in Varafco, pour le diftinguer de Scey-
fur-Saône, appartenant à la Maifon de Baufremont.
Scey en Varais eft écrit Ceis dans les anciennes
chartes. Une très-ancienne famille avoit pris fon
nom de cette terre de Ceis ou Scey , qu’elle pof-
fédpit dès le commencement du dixième fiècle , &
que Philippe de Scey vendit dans le quatorzième..
Nous remarquerons, dans cette famille,de Scey y
Etienne, feigneur de Maillot, qui alla fervir en
Hongrie, où.il mourut.
, Antoine fon frère , qui mourut dé même à la
guerre.
Un autre Antoine, neveu de celui-ci, tué à la
bataille de. Lépante.
Jean, feigneur deButtier, petit-neveu de ce
dernier Antoine , fe diftingua, en 16 4 7 , au fiége
de. Lérida.
CHAMBORS. (Hiß. de F r .) De la Boiffièrè
de Chambors eft le nom d’une noble Sç ancienne
famille françaife qui a produit des fujets utiles à
l’Etat. Elle eft originaire de Bretagne :
i° . Guillaume de la.Boiffièrè, qualifié dans des
titres, publics noble d’ancienne extraâion r poflfédoit,
m
en 1411 y le fief de la Boiffièrè au diocèfe de
Quimper.
20. Maurice.de la Boijfièrre fon petit-fils quitta
îa province de Bretagne pour s’attacher au fervice
du roi Louis X I , & Charles VIII lui donna, en
14 9 1, une charge de majtrë-d’hôtel. ordinaire.
3°. Y v e s , fils de Maurice, fut écuyer de la reine
Anne de Bretagne.
4°. Guillaume, fils d’Y v e s , écuyer tranchant du
roi François I & du dauphin François Ton fils ,
époufa, en 1528, une héritière de la Maifon de
T r ie , qui apporta dans ce lie de la Boiffièrè la
terre de Chambors, fituée dans le Vexin français. -
y®. De ce mariage naquit,èqntr’aütres enfans ,
Jean de la Boiffièrè, feigneur de Chambors (-et
en partie de Gifors , ainfi que fis defeendans) > il
fervit, en qualité de maître-d’hôtel, fix Bois con-
fécutifs , Henri I I , François 11, Charles IX ,
Henri III, Henri IV & Louis XIII, & mourut en
1624, âgé de quatre-vingt-onze ans.
6°. & y®. Deux de fes fils, officiers dans la compagnie
des Gendarmes de la garde, furent tués,
en 1 ypo, à la bataille d’ Ivry.
8°. Un troifième, chevalier de Malte, fut tué,
en 1 y9 7 , au fiége d’Amiens > & de quatre fils ,
Jean de la Boiffièrè leur père (n°. f ) vit ces trois
immolés,.de fon vivant, à la patrie.
9°. Il vit auffi périr le quatrième, en 1 6 1 1 , à
trente ans. Ce dernier, nommé Jean comme fon
père, ne perdit point la vie dans les combats ^tnais
il eut deux fils :
io°. Dont l’aîné, Jean, enfeigne aux Gardes,
fut tu é , en 1629, à l'attaque des barricades de
Sufe.
n ° . Le fécond , nommé Guillaume , dit le
comte de Chambors, capitaine d’une compagnie de
chevau-légers en 16 ; 6 , maître-d’hôtel du, roi
Louis X lli en 1638 , meftre-de-camp du régiment
de cavalerie du cardinal Mazarin en iô q y , parvenu
jeune à une grande réputation militaire &
au grade de maréchal-de.rcamp, fut tué à la bataille
de Lens, en 1648 , à trente-neuf ans.
12°. Celui-ci eut deux fils, Louis, page de la
grande écurie du roi Louis X IV , puis capitaine au
régiment de Picardie, tué à Ai leux ,e n téy 1 , à
feize ans >
13°. Et Guillaume, dît auffi le comte de Chain-
hors y page de la chambre du même roi Louis X IV ,
en 1643 f enfeigne aux Gardes, en 1648 j capitaine
de cavalerie & lieutenant des Cent-Suiffes de la
garde, en i6yo > blefîe à la bataille de ftéthel,
auffi en 165.0, & au combat de Saint-Antoine, en
16 5 2 j ainfi Jean d e là Boiffièrè, mentionné au
n°. y , avoit eu trois fiis> deux petits-fils, un
arrière-petit-fils , tués dans des batailles , & un
autre petit-fils Fieffé dans deux.
r4°. Celui-ci e u t, d’ un premier lit, deux fils
qui fervirent tous deux avec diuinètion, mais dont 1 aîné (Guillaume de la Boiffièrè d é ç hambors^, a
été célèbre encore comme homme de Lettres.
tîifioire. Tome V'I. supplément.
Elevé dans une penfion, dont. M. Nicole a fait
{ l’éloge dans le Traité de l'éducation d’un Prince,
j & où toute autre langue que le latin ( qu’on ap-
prenoit: par le feul. ufage ) é toit interdite aux élèves
& à tous ceux qui les approchoient,.ilfe fentit
toute fa vie de l’avantage d'avoir eu cette langue
en quelque, forte pour langue maternelle, &C
d’avoir fait à douze ans fa rhétorique, fous le célèbre
M. Herfan au college du Pleflis 5 il fe ref-
fentit auffi dans un 'autre- genre de l ’éducation
qu’il reçut dans, le monde à Lhotel de Soifîons où
fon père demeuroit, A où madame la princeffe
de C.arignan &r madame la duchelfe de Nemours
'raffcmbloient une fociété nombreüfe, & cependant
choifie , de gens de lettres mêlés avec des
gens de qualité. C e fut là qu il connut le fameux
prince Eugène, avec lequel il prit des liaifons particulières,
& contre lequel il étoit deftiné à combattre.
Vers le même tems où ce Prince partoît
pour la Hongrie, M. de Chambors entroit dans
les Moufquetaires, dont M. de Maupertuis fbn
parent çommandoit une compagnie : il y fit plu-
fieurs campagnes pendant la guerre de^ 1688 i il
eut enfuite dans le régiment Colonel-Général une
compagnie, à la tête de laquelle il fervit en Allemagne
vers la fin de cette même guerre , & en
Italie pendant toute celle de 1701. Il fe. diftingu..a
dans plufieurs actions., notamment à la bataille de
Luzara. C ’étoit avoir rempli une grande carrière
militaire que d’avoir fait ces deux guerres de 1688
8e de 1701, fk d’y avoir cpnftamment approfondi
les principes généraux & les détails de cet art
.malheureufement nécefîaire jufqu’à préfent. A
cette étude, M. de Chambors avoit conftammeot
. joint celle des lettres j & libre, par la paix, des y
livrer avec moins de partage, il en fit fii principale
occupation 3 il fut reçu, en 17 2 1, affocie de l’Âca-
. demie des inferiptions & belles-lettres. Le premier
Mémoire qu’ il lut à fa réception avoit quelque
chofe de chevalerefque & de galant, convenable
à un gentilhomme & à- un militaire.: le fujet
étoit la conjî dé ration que les anciens Germains avaient
pour les femmes de leur nation. Ses Recherches fur la
vie de Titus Labienus ont éclairci un trait d’hiftoire
important.
M. de Chambors mourut le 7 avril 1743 î il étoit
né le 28 juillet 1666. "
1 y°. Un de fes frères d’un autre lit „ Jofeph-
Jean-Baptifte de la Boiffièrè de ( ..hambors, a fem
dix-fept ans capitaine au régiment de Bretagne, &
s’ eft diftingué en plufieurs occafions, & notam-
| mept à la prife du fort de Searpe, en 1712.
j ; 6°. YvesTean-Bapri-fte de la Boiffièrè de Chanj-
? bors fon fils , né en 1726, pourvu en 1745 de îa
. charge d'écuyer ordinaire., a-fervi auprès de la
; perfonne de Louis X V & du Dauphin fon fils, daps
les campagnes del landre. C ’eft lui que M. le Dauphin
eut le malheur, de bleffer à mort à la chaffe,
le 16 ao ét 17 y y , dans la plaine de Villepreux. il
J s’en punit en grand Prince & en homme fenfible ,