
33 le gouvernement de Tes Etats , ce lu i de fes ar-
93 niées , fon commerce, tu r c , fes palais & mille
* autres foins > la conduite de l’ Europe,, l’A fie à
« fa difpofition : tou t ce la n’ eft rien 8c ne fauroit
9-' ftdfire à fes occupa tion s} il faut qu’il m’ envoie
» du caffé. Q u e ne pou ve z-vous régir le monde
31 tou t en tie r , & ne prendre jamais fin ! »
Hu it ou dix jours après le R oi lui éc rit :
*«11 y a , mon cher am i, une affîgnation de cinq
s3 mille écu sp ou r vous ch ez le tréforier de la caille
39 de la co u r .......C e la fervira pou r payer une par-
» tie de c e que vous d e v e z .,.. ».
F ouqué répond comme Hora ce à M écèn e :
Satis Cap erque me benignitas tua
Dhav.it.
« C ’ eft prodiguer v o s tréfors q ue de vouloir m’ en
33 faire part. V os grâces m’ont mis en poflëflïon
■?3 d un bien plus que fuffifant pour vivre honora-
» blement.......N e vous fâ ch ez p a s , S ir e , fi je vous
33 prie de mettre des bornes à vos préiens pécu-
33 ni aires j & d'être perfuadé que les aflurances que
33 V o t r e Majeftéme donne de fap réc ieu fe amitié ,
33 & même fon fa c de café 3 me fon t infiniment préfé-
*> rab lesà tou s les milliers d’ o r 8c d’argent qu’ elle
» pourroit m'offrir. » .
L e R o i fe borne donc aux préfens de foc ié té :
c e font tantôt des pâtés de Périgord ., ou des
truffés 3 foit de Périgord ,-foit d'Italie 3 ou du vin
d e H o n g r ié , ou du baume de la M ecqu e 3 8c toujou
rs il y a une raifon particulière & un à propos,
pou r chacun de ces envois. L e R oi avoit à Berlin
une manufadure de porcelaine , par laquelle il
préten d o it furpaffer ce lle d e Saxe 5 il en en vo ie
divers ouvrages à fon ami: «« V o u s a v e z 3 d i t - il3
33 infulté à ma manufacture de porcelaine 5 il faut
33 que je la juftifié. Je vous envoie un déjeuné aufli
33 beau que c e que jamais on a travaillé à Meiflen,
» & vous re c e v re z en même téms une tafle peinte
33 en figures 3 qui vous convaincra que notre ou-
33 vrage vaut au moins ce lu i de Saxe. »
F o u q u é ^ comme on le p eut croire 3 fait amende
honorable 3 8c met la manufacture, de Berlin au
défias d e ce lles de Saxe & du Japon.
Plus de huit ans avant fa mort il éc r ivo it au
R o i : «« Je deviens lo u rd , 8c j ’ai tou te la peine du
» monde à me faire entendre. V o t r e ferviteur s’a-
33 chemine doucement vers le grand v o y a g e . »
Frédéric lui répond :
««-Votre le t t r e , mon cher ami , m’a attrifté : vous
» pa rlez de vo tre d é p a r t , & fi cela dépend de
» m o i, j ’ai envie de vous conferver le plus lon g -
33 tems pofiible. O n trouve partout des hommes ,
33 mais rarement d’aufii honnêtes gens & d ’aufli
» fidèles amis que v o u s . So ign e z-vou s le p lus qu’il
33 eft p o fh b le , pour que je ne v o u s perde pas fi-
» t ô t , 8c fon gez au chagrin que j ’aurai fi je me
33 vois féparé de vous pour jamais. La furdité ne
>- fait rien à l’ affaire: on a des cornets qui facilitent
33 l ’ouïe } feu madame de R o co u lle en a v o it , 8cje
33 vous en ferai fa ire , de for te que j ’efpère qu’ à
33 l’ aide du beau tems vous reprendrez des forces,
que je pourrai avoir encore le plaifir de jouir
33 de vous à Sans-Souci. » .
f ouqué réplique : « S ir e , je ne puis répondre
33 a v o s bontés : un torrent de larmes me ferre le
» c oe u r , & T expreflïon me manque. T o u te ma
33 consolation & c e qui m e flatte le plus , c ’eft que
33 vous m’eftimez au nombre de vos amis. Mais qui
» fuis-je m o i, pou r recevoir tant de grâces? Un
33 chien mort comme Miphibofeth. »
C e s traits de lafenfîbilité d ’un Souverain à l’ égard
d ’ un fujet & d ’un fujet à l’ éga rd d’ un Souverain
m’ ont paru dignes d 'ê tre re cu e illis , du moins en
partie.
L e général Fouqu é prolongea fa carrière au milieu
des infirmités jufqu’ à fa foixante-dix-feptième
ann ée, & le ro i de Prufle put fe flatter que fes
bontés n’y avaient pas peu contribu é. Fouqué
mourut l e 2 mai 17 74 .
F R É Z E A U ou F R É Z E L D E L A F R É Z E L IÈ R E ,
( H//r. de Fr. ) , ancienne famille d’A n jo u , Srmême
une des plus anciennes du ro y aum e , pofièd e de
tems immémorial la feigneurie de laF ré z e îiè re . Le
tems & les ravages des guerres civiles lui ont fait
perdre plufîeurs de fes anciens t itre s } ce qui n’ empêche
pas qu’ il ne s’ en trou ve quelques-uns du
commencement même du onzième fièc le , où le s
Frezels font qualifiés ch ev a liers , titre qui ne s’ ac -
cord oit alors q u ’à la n o b le fie . unie à la valeur.
Pendant le cours des treizième , quatorzième 8c
quinzième f iè c le s , on vo it toujours les Frézels
qualifiés monfeigneur 3 noble & puijfantfeigneur 3 très-
noble & très-puijfant feigneur, titres qui avoient une
lignification a lors , 8c qu’ on ne p ro a igu o it pa s, 8c
q u ’ on n’ ufurpoit pas légèrement. C e tte Maifon
( c a r fon ancienneté, - fes a llian ces , fes fe r v ic e s ,
lui méritent ce n om ) a produit plufîeurs guerriers
recommandables & .de glorieufes v id im e s de
l’Etat.
i ° . Lancelot F réz eau , fécond du n om , feigneur
de la Frézelière , fils de Lan ce lo t I ( lequel avoit
été de fon tems un très-notable chevalier) , fut lu i-
même fait chevalier avant l’ âge de vingt ans. Sa
réputation de bravoure é to it bien établie parmi
les braves de fon tems.
Nommé brave autrefois par les braves.eux-mêmes.
20. René F rézeau fon fils feryit a vec la noblefie
d’A n jo u , à l ’arrière-ban de 14 7 1 .
30. Philippe F ré z e a u , arrière-petit-fils de René,
chevalier de l’ Ordre du R o i fou s Charles I X , gentilhomme
de la chambre fous Henri .III, gouverneur
du Haut & Bas-Poitou fous l’ un 8c l ’a u t r e ,
fu t un des grands capitaines de fon tems. Il eft fur-
tou t cé lèb re par fa belle défenfe de Carentan en
N ormand ie, contre le comte de M on tg om e ry , en
1574 . M o r t en 1590,
40. Jacques Frézeau fon fils fut digne d’ un tel
p è re , 8c en foutint noblement la réputation.
Henn IV le combla de bienfaits, 8c ces^ bienfaits
étoient des récompënfes. Il fut fait maréchal-de-
camp fous Louis X I I I , en 1620, 8c mourut en
1616.
y°. Ifaac Frézeau, fils de Jacques, fervit avec
éclat, & fur terre & fur mer, principalement au
.fiége de la Rochelle , où il commandoit un vaif- :
feau, & dans la Valteline, où, ayant pour témoin
de fes exploits un homme qui en étoit un excellent
juge, le fameux duc de Rohan , il obtint fon
eftime 8c fes fuffrages. On compte avec raifon,
parmi fes titres de gloire, cette lettre du cardinal
de Richelieu, qui n’écrivoit pas de ce ton à tout
le monde.
cc Les amis de M. de la Frézelière ne pouvant
» fouffrir que fa bravoure folâtre 8c radieufe de-
» meure plus long-tems oifive en un tems comme
» celui-ci, où le Roi a befoin de courages faits
» comme le fien, ont fait réfoudre Sa Majêfté de
» l’employer cette campagne prochaine du côté
» de l’Efpagne, afin qu’ aucun de fes ennemis ne-
» puifle ignorer ce qu’il vaut : fe promettant qu’ il
..» y réuflira aufli avanîageufement qu’ il a fait juf-
» qu’ici en Allemagne, à la Valteline, dans l’ Ita-
» lie & autres lieux, où ilaferviau contentement
» de Sa Majefté. M. Defnoyers lui envoie pour
» cet effet un fecours de trois mille écus, qui lui
» a été procuré auprès de $a Majefté, pour le
» mettre en état de fupporter la depenfe qu’il eft
» obligé de faire. Cependant il croira que je fuis
» véritablement très-affedionné à le fervir. »
Signé le cardinal de Richelieu.
Ifaac Frézeau fut tué en 163 9 au fiége d’Hefdin,
dont le gouvernement lui avoit été promis.
Sa fille Charlotte-Marie Frézeau porta la terre
de la Frézelière dans une branche cadette de fa
Maifon , par fon mariage du 18 novembre 1648 ,
avec François Frézeau fon coufin.
6°. Lequel fut fait gouverneur de Gravelines en
1682, de Salins en 1684, lieutenant-général des
armées du Roi en 1688, 8c mourut le 3 mai 1702. ,
70. Charles-François, feigneur de Lublé, fon
frère, fût tué à.la bataille de Lens.
. 8°. Charles leur oncle avoit été tué en 1601 en
Hongrie, où il fervoit fous le duc de Mercoeur.
Ce même François Frézeau, marquis de la Frézelière
, du chef de Charlotte-Marie Frézeau fa
femme ( c ’eft celui qui eft mentionné fousiem0. 6 ) ,
eut d’elle cinq fils , qui tous les cinq fervirent utilement
l’Etat, 8c dont trois moururent pour lu i,
comme fi ce fang de Frézeau, en s’unifiant avec
lui-mêmé, eut acquis une double force pour produire.
des fujets Utiles à la pattjëy
90. L’aîné, Antoine-François, mourut en 1674
des bleffutes qu’il avoit reçues au combat de Senef.
• 16®. Le fécond (Jéân), colonel du régiment dé
Touraine, comme fon frère, fut tu é , en 1677, au
fiége de Saint-Omer. Il avoit fait les fondions de
lieutenant-général de l ’artillerie à la bataille de
Caflel, & avoit beaucoup contribué à la vi&oire,
comme Monfieür, frère du Roi, qui commandoit
à cètte bataille, eut la bonté d’en rendre témoignage
au marquis^de la Frézelière, père de Jean.
1 1°. Le troifième (Caries-Madelon), après avoir
fervi dans l’artillerie avec la même diftin&ion que
fes frères , embrafla l’état eccléfiaftique, & fut
évêque de la Rochelle.
r2°. Ifaac, tué à quatorze ans-, en 1673 / au fer-
vice du Roi en Allemagne. :
13°. Ils eurent un cinquième frère (Jean-François
Angélique Frézeau de la Frézelière ) , mort
le 19 odobre 1 7 1 1 , lieutenant-général des armées
du R o i, 8c prerriier lieutenant-général de l ’artil-
: lerie en France»