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’plus d’uné fois dans les Lettres de madame de
Sévigné , que Boileau a dit :
Tout n’eft pas Caumartin, Bignon ni d’Agueffeau.
7°. Un fils puîné du garde des fceaux de France
(Jacques le Fèvre de Caumartin, feigneur de
Saint-Port^ marquis de Cailly ) fut confeiller d'Etat
ambalfadeur en Suiife. Mort le 11 décembre l66y.
8°. Il eut un f ils , F é lix , chevalier de Malte,
tué à la guerre.
9°. Un neveu de ce dernier , Henri-Louis, marquis
de C ailly , capitaine de cavalerie, fut tué au
combat des lignes de Turin , le 7 feptembre 1706.
io ° . Méry le Fèvre de Caumartin , de la branche
dite de Mormant, neveu du garde des fceaux,
fut tué en Candie.
i i °. Dans la branche xdite de Guibermefnil,
Marie-Philoclée Bourdin, femme de François le !
Fèvre, feigneur de Guibermefnil, fut célèbre par
fa"beauté, fon efprit & fes vers. |
La famille des Caumartins a produit aufli des
perfonnages diftingués dans l’Eglife., tels que :
11°. François le Fèvre de Caumartin, évêque
d’Amiens, un des fils du garde des fceaux. En
faifant la vifite de fon diocèfe, il fut lï indignement
outragé par des féditieux, que le Roi envoya
dans cette ville des commiflaires pour punir
de mort les coupables > ce qui ne ferv.it qu’ à faire I
éclater l’exceflîve clémence de l’év êque, qui parvint
à obtenir leur pardon > maisle Roi voulut qu’ils
fuflent au moins condamnés à de fortes amendes,
& qu’on gravât'fur un marbre le récit de leur
crime, pour faire connoître à tous l’extrême bonté
du prélat, qui i’avoit pardonné & fait pardonner.
Mort le 17 novembre ifa 2.
1 30. Jean-François-Paul, évêque de Vannes ,
puis de Blois, de l’Académie françaife, & honoraire
del’Académiedesinfcriptions & belles-lettres,
étoit arrière-petit-fils du garde des fceaux. Il na-
quitle 16 décembre ié68, à Châlons, ou fon père
( mentionné ici fous le n°. M étoit intendant.
Le cardinal de Retz , ami & allié des Caumartin,
yint exprès à.Châlons pour le tenir fur les fonts
de baptême, & dans la fuite il fe démit en fa faveur
de l’abbaye de Buzay en Bretagne ; ce qui
produifit une Angularité dans la vie de l ’abbé de
Caumartin encore enfant. Son père ayant été nommé
commifîaire du Roi pour la tenue des Etats de
Bretagne, y mena le nouvel abbé de Buzay, âgé
alors de fept à huit ans, à qui cette abbaye, non-
feulement donnoit l’ entrée aux Etats, mais procura
encore la préfidence d’une commiflion dont
il remplit les fonctions en camail & en rochet. A
cette occafion il fitpiufieurs difcours, ou du moins
il les prononça, mais avec tant d’intelligence & de
race , qu’on fe plût à croire qu’il les avoit faits,
’autant pius <^ue cela rendoit le phénomène plus
erveilleux. Cette entrée dans le monde fut très-
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brillante : on ne parloit dans toute la province que
du petit président', c’eft ainfi qu’ on l’appeloitj &c
fa petite gloire naiflante, parvenue jufqu’ a ïa cour,
y rut la nouvelle du jour. 11 avoit brillé j il fallut
s’inftruire : les plus habiles maîtres concoururent
a fon éducation. M. Lenglet, qui fut célèbre dans
l’ Univerfité > Meflieurs Couture, Boivin le cadet,
& Pouchard, plus célèbres encorè\dans les Académies
& au Collège-Royal, lui apprirent diverfes
langues & en lurent avec lui les meilleurs auteurs.
Il fut reçu à l’Académie françaife en 1694, & la
même année il fut chargé d’y recevoir l ’évêque de
No yon, M. de Clermont-Tonnerre, qu’une vanité
ridicule rendoit, dit-on, là fable de la cour.
L ’éloge outré que l’ abbé de Caumartin fit de ce
prélat, dont M. d’Alembert, qui fait l’éloge des
autres académiciens, n’ a ofé faire que l’apologie,
cet éloge ne parut pas fincère : on crut y voir &
on fe plut à y voir de l’ironie. Le fecrétaire. de 1 Académie des belles-lettres charge le public de
toute la malignité de l’interprétation, & croit
l’ eloge fincère. Le fecrétaire de l’Académie françaife
(M . d’Alembert) paroît penfer autrement,
&.fans qu’il prononce rien formellement, ôn
voit qu’il eft pour l’ironie. L’ évêque crut avoir
été offenfé par l’abbé. Louis X IV , fous la protection
duquel l’ abbé de Caumartin fembloit avoir
voulu mettre cette ironie, fe crut offenfé dans la
perfonne de l’évêque, ou on lui fit croire qu’il
l’étoit. cc^ Le R o i, difoit M. l’abbé de Caumartin,
M fait mieux que perfonne ce que vous valez : il
35 vous connoît à fond > il aime a vous entretenir,
» & lorsqu’il vous a parlé, une joie fe répand fur
« fon vifage, dont tout le monde s’apperçoit. »
Il eft bien difficile que cette phrafe paroifle fé-
rieufe, fi on la rapproche de cette autre phrafe
d’une lettre de madame de Coulanges à madame
de Sévigné : « M. l’évêque de Noyon fait toujours
» Yamufement de la cour; il fera reçu après demain
33 à l’Académie, & le Roi lui a dit qu’ i l s’attendait
33 a êtrefeul ce jour-la.™ Le Roi, pourfuit M. l ’abbé
de Caumartin, a fouhaité que vous fufliez de cette
compagnie . . . . . . « Attentif à la perte que nous
33 avons faite, il veut la réparer dignement en nous
33 donnant un fujet auquel, fans lui, nous ndurions
33 jamais ofé penfer. «
Le moyen encore de regarder cette phrafe comme
férieufe & delà prendre en bonne part! C e mot,
dans la bouche d’ un diredeur de l’Académie fran-
çoife, parlant au nom de fa compagnie, n’auroit
pu être adreffé férieufement qu’à un grand fouve-
rain de l’Europe, dont Louis XIV auroit indiqué
le choix à l’Académie.
Quoi qu’il en fo it , d’après le prodigieux fuccès
du difcours de M. l’abbé de Caumartin, le difcours
ne fut pas imprimé > il ne 1 a été que long-
tems après, lorfque la mort des perfonnes intéref-
fées eut détruit tout le piquant de cette prétendue
fatyre î mais ce difcours eut une influence mal-
heureufe fur la deftinée de l’orateur > il ne put
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parvenir à l’ épjfcopat pendant toute la vie de
Louis X IV , quoique l’évêque de Noyon , par une
générofité qui depuis long-tems eft devenue en
pareil cas une efpèce de routine, f ît profeflion
d’être fon plus ardent folliciteur. C e ne fut que
fous la régence qu’ il fut nommé d’abord, en 17 17,
à l’évêché de Vannes, puis, en 17 18 , à l ’évêché
de Blois.
En 1726, l’Académie françaife, foit qu’elle fe
reffouvînt de l’ aventure de 1694, foit qu’elle l’eût
oubliée, honora l’évêque de Blois d une diftinc-
tion jufqu’alors fans exemple, & qui annonçoit le
cas qu’elle faifoit de fon éloquence.il alloit recevoir
a l'Académie, en qualité de directeur, M. le
duc de Saint-Agnan , lorqu’une violente attaque
d apoplexie fit craindre pour la vie du directeur.
Son difcours- étoit prêt : l’Académie arrêta q u e ,
quel que fût l’académicien qui rempliroit les fonctions
de directeur à la réception de M. le duc de
Saint-Agnan, il ne feroit quç lire le difcours
préparé par l’évêque de Blois 5 ce qui fut fait.
L’évêque de Blois prouva par fa conduite, que
Louis X IV avoit eu tort de le juger avec tant de
rigueur fur un difcours un peu équivoque. Il eft
au rang des meilleurs évêques d’un tems fécond
en excellons évêques. Il a eu la réputation d’ un
grand canonifte, d’ un profond théologien, d’ un
prélat très-favant. Il a beaucoup fait, & pour l’ inf-
truètion, & pour l’édification de fon diocèfe. Il
mourut d’apoplexie , mais long-tems après la première
attaque iilen avoit eu plufieurs plus légères,
qu’il avoit diiiimulées ou palliées j il ne fuccomba
que le 30 août 1733.
CAUMON T ( le marquis d e ) . ( Hiß. Uct.
mod.) Jofeph de Seytres ( c’étoit le nom de ce
marquis de Caumont ) étoit d’une famille originaire
de la ville de Creft-Arnaud en Dauphiné,
où elle poflédoit des biens confidérables clés l’ an
iicé>. En 1441 , Jean de Seytres, un des ancêtres
de Jofeph , yint s’établir à Avignon, où il époufa
Delphine-Spifame , dame de Caumont. Depuis ce
tems cette branche eft toujours reftée dans le
Comtat.
Jofeph de Seytres y naquit, dans la ville d’Avignon
, le 29 juin 1688. Sa famille , dont il étoit
l ’unique etyérance, l’ empêcha de prendre le parti
des armes j mais il fournit une viélime à la patrie :
un fils aîné, qui, dans l’ âge le plus tendre, annonçoit
les plus heureufes difpofitions, périt en 1742
dans la campagne de Bohème.
Pour lu i , c’étoit aux lettres & aux fciences
qu’il s’ étoit confacré. Son goût s’étendoit à tout j
il écrivoit en latin, en italien , en efpagnol, avec
autant de facilité & de pureté qu’ en français 5 il
faifoit même quelquefois des vers dans toutes ces
langues. Il fe fit un cabinet curieux de monumens
antiques, infcriptions, médailles, pierres gravées,
manufcrits anciens & finguliers, livres rares, &c»
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Dom Montfaucon l’a fouvent cité dans les vaftes
recueils d’ antiquité qu’ il a publiés.
Il a fourni un grand nombre d’obfervations à
M. de Réaumur pour fon Hifoire des Infefîes. 11
étoit en correfpondance avec tous les favans de
l ’Europe & prefque de T Univers. Il étoit fnrtout
devenu le centre d’un commerce littéraire entre
les favans de la France , de l’Italie , de l’Efpagne
& de l’Angleterre > il avoit même des relations
avec ceux de l’Orient, par le moyen du prince
Ragotsky, qui lui avoit envoyé fes Mémoires ma-
nufctits. Enfin il ne manqua jamais aux occafions
de faire du bien aux lettres.
En 173(5 il fut reçu, en qualité de correfpondant
honoraire étranger, à l’Académie des infcriptions
& belles-lettres de Paris, à laquelle il eut toujours
foin d’envoyer tout ce qu’ il pouvoir découvrir de
monumens rares & finguliers, qu’il accompagnoit
de conjectures pleines de fagacité , toujours pro*
pofées avec moaeftie.
Fn 1740, il fut agrégé à la Société.royale de
Londres.
En 1743, fes poéfies italiennes le firent recevoir
à l ’Académie des arcades de Roine, fous le nom
de Rhodanio , à caufe de fon féjour fur les bords
du Rhône.
Marie - Elifabeth de Doni de Beauchamps, qu’il
avoit époufée en 1722, s’étoit aftociée à tous fes
goûts, & le rendoit parfaitement heureux. Il paroît
cependant qu’il mourut de chagrin j ce fut du moins
le principe de l’hydropifie à laquelle il fuccomba
en 174 y , après quatre mois de langueur j la douleur
qu’ il refîèntit de la mort de fon fils aîné y
contribua beaucoup, quoiqu’illui reftâtune abondante
fource de confolations dans fix autres en-
fans. Bon ami, bon mari, bon p è re , il joignoit de
grandes vertus à un cara&ère aimable ,/à des ta-
lens agréables , à des connoilîances très-vaftes.
C É C IN A ( A ulus.) . (Hifi. rom.) Pline dit que
Cécina étoit le furnom de la Maifon licinienne. Le
perfonnage le plus connu fous ce nom eft Aulus
Cécina, en faveur duquel nous avons une harangue
connue, de Cicéron, & auquel le même Cicéron
adrefie plufieurs lettres qui fe trouvent au livre VI
des épîtres dites familières. C e t orateur en fait un
fort grand éloge, ifc nous le repréfente comme un
homme très-confidérable, & par fon mérite per-
fonnel, & parle grand établiffement que fa Maifon
avoit dans l ’Etrurie. H abêtis hominem , dit-il, fin-
gulari pudore, virtute cognitâ & fpeftatâ fide amplif-
fimurn , Etruria. nomine totius , in utrâque fortuné
cognitum multis Jîgnis, 6* virtutis, & humanitatis.
Céfar le retenoit en exil. 'Nous en dirons tout
à l’heure les raifons. Cicéron efpère que cet éxil
celfera bientôt, & c’eft fur le mérite & l’importance
de Cécina qu’il fonde fes principales efpérances.
lntelligit te , in parte Italia non contemnendâ 3 facile
omnium nobiliffimum , 6* in commuai republic a , cuivis
fummorum tue •etatis , vel ingenio , vel graiiâ y v«i