
fent portées à la communauté de Saint-Jofeph, à
Paris; Cette difpofitionne put être exécutée : l'ex-
ceflive chaleur les avoit rendues fi fétides , que le
porteur revint fur fes pas & les remit aux Capucins
de Bourbon : le gardien ne pouvant tenir à l'excès
de l ’infeétion, les jeta aux chiens. Quand on apprit
3 à Paris, ce qu'étoient devenues les entrailles
de madame de Montefpan, un plaifant de fes amis
dit : Ah ! ejl-ce qu elle en avoit ï
Ainfi mourut cette femme célèbre par fa beauté,
par fon efprit, par les pallions qu elle fentit 8c
qu'elle infpira, par l’empire qu’elle exerça fur le
plus magnifique & le plus impofant des Rois 3 dans
un tems de gloire 8c de prospérité , dans les plus
beaux jours de la monarchie. Elle eut de ce Prince
huit enfans 3- poftérité brillante, comblée de tous
les dons de la nature & de la fortune , ornée de
tous les apanages de la grandeur, & qui (en 1789)
femble prête à s'éteindre , ou du moins à ne fub-
fifter que dans des branches féminines.
M O N TO L IEU , (Hijl. deFr.') 3 ancienne famille
qui fubfifte 3 depuis un grand nombre de fiècles 3
à Marfeille & dans le Bas-Languedoc. Aucune n'a
fourni autant de chevaliers à l'Ordre de Malte , '
autant de défenfeurs & de viétimes à la patrie.
i° . Guillaume de Montolieu, premier du nom,
vivoit dans le onzième fiècle.
20. Giraud fon fils , qui vivoit en 1109 3 donna
fon nom à une partie du terroir de Marfeille , dite
des Montolieus ou le y al de Giraud.
30. Guillaume, fécond fils de Giraud, général
des galères d'Ildephonfe II, roi d’A rragon, comte
de Provence, remporta , en 1 1 9 9 , une victoire
fignalée fur les Génois.
40. GuillaumeIV fon petit-fils mourut jeune
en défendant fa patrie afliégée par le comte de
Provence.
y0. Guillaume V I , arrière-petit-fils de Guillaume
IV , fut chargé de négociations importantes
auprès des Papes & des rois de France 6c de Naples.
Il tint les rênes du cheval du roi Jean, lorsque
ce Prince fit fon entrée à Marfeille. L'aéte de
la cérémonie porte ces mots : Ad dextrandum &
conducendum equum domini Regis.
6°. Blaqueria fon fils fe rendit illuftre en défendant
fa patrie contre les Arragonnois.
7°. Etienne, arrière-petit-fils de Blaqueria, s'il-
luftra aufli à la défenfe de Marfeille , afliégée par
le connétable de Bourbon & le marquis de Pef-
cairé , les deux plus grands généraux de Charles-
Quint 8c du tems.
8°. Honoré, fils d'Etienne, gentilhomme d’honneur
de Catherine de Médicis, premier- conful de
Marfeille, fignala fon zèle pour la patrie & le Roi
au milieu des troubles excités dans Marfeille du
tems de la Ligue.
90. Guillaume V I I I , fils d'Honoré, commandant
des galères du R o i, cinq fois député par la
nobleflfe de Marfeille à la cour, envoyé par le Roi
à Conftantinople, é lu , en 16 3 1 , premier conful
de Marfeille, rut tué , en 1638 , dans un combat
naval livré devant Gênes.
io°. Jean-Baptifte, fils de Guillaume V I I I , capitaine
d'une galère de fon nom , commandoit,
en 1642, cinq galères du R o i, & fut tué , le 19
mars 16 6 7 , d’un-coup de moufquet en combattant
contre un vaiflfeau corfaire.
n ° . Louis, fils de Jean-Baptifte, chef d’efcadre
des galères du R oi, & marécnal-de-camp, bloqua
par mer la ville de Barcelone que le duc de Vendôme
afliégeoit par terre en 1697 > il défendit
Cadix : le Roi l'honora du titre de marquis.
12°. Dans la branche des feigneurs de Monto-
lieu-Saint-Hippolyte, établie dans le Bas-Languedoc,
Jean , tué à la bataille de Mont-Lhéri.
130. Giraud fon frère, tué à la bataille de For-
migny.
140. Jacques, fils de Jean & neveu de Giraud,
tué à la bataille de Novare.
15-°. Guillaume, fils de Jacques , capitaine de
deux cents hommes , tué à la bataille de Cerf-
foies.
160. Un autre Guillaume fon frère , qui avoit
embrafle la réforme en 3 8c qui commandoit
une enfeigne dans l'armée des Huguenots, tué à
la bataille de Dreux en 1562.
170. Barthélemi, frère des deux précédens ,
capitaine de deux cents hommes, mort de la pefte
en 1-5-63 , au Hâvre-de-Grace , que les Français
réunis alors, Catholiques &Proteftans, afiiégeoient
de concert.
180. Jacques, fils de Guillaume ( n°. 16 ) , &
neveu de Barthélemi ( n°. 17 ) , capitaine de deux
cents hommes dans l'armée des Huguenots, tué
à la bataille de Saint-Denis.
190. François fon frè re , tué à la bataille de
Montcontour.
20°. Hippolyte leur frère , mort de blefliires
reçues à la même bataille.
2 i° . Antoine, aufli leur frère, reçut, au fiége
de Rouen, en 1592, une bleflure qui l'obligea de
quitter le fervice.
220. Jean , fils d'Antoine, capitaine de deux
cents hommes , fut tu é , en 1622, au fiége de
M ontpellier.
230. Antoine, frère de Jean, lieutenant-colonel
du régiment de Gondrin, mort en Catalogne.
240. L o u is le u r n e v e u , tu é à la b a ta i lle d e
T r ê v e s .
2y°. Jacques fon frère, tué en duel.
26°. Un autre Jacques leur neveu, mort à Metz
d'une bleflure reçue au fiegg. de Luxembourg.
270. Louis fon frère, qui perdit un bras à la bataille
de Turin.
Une multitude d’autres q u i, pour n’avoir été
ni tués ni blefîes, n'en ont pas moins fignalé leur
valeur au milieu des dangers.
.La foule des chevaliers de Malte , comme nous
l ’avons d i t , eft innombrable dans cette famille*
Honoré.( n®. 8 ) & Louis (n ° . 1 1 ) eurent chacun
quatre fils dans cet Ordre, 8c on en trouve pref-
qu’ à chaque génération.
MOREUIL. ( Hijl de Fr. ) Ancienne famille de
Picardie. Bernard, premier du nom, feigneur de
Moreuil & fondateur de l'abbaye de ce nom en
Picardie, vivoit en 1127.
Un de fes defcendans, Bernard III, feigneur de
Moreuil, fit le voyage de la Terre-Sainte, & fe
trouva, en 1204, à laprife de Conftantinople & à la
fondation de.l'Empire des Latins. 11 en rapporta
une relique appelée la Sainte-Larme, dont il fit
préfent à l ’abbaye de Selincourt. Le perfonnage le
plus célèbre de cette famille eft Bernard V I , feigneur
de Moreuil & de Coeuvre s, maréchal de
France. Philippe de Valois lui ôta cet emploi qu il
lui avoit donné, ou plutôt le déchargea des foins
de cet emploi pour lui en confier un plus important
aux yeux de ce Monarque. Il le fit gouverneur
du prince Jean fon fils, duc de N ormandie& modérateur
de la fougueufe j.eùneiTe de ce Prince, i
L'intention du R o i , dans ce changement, 8c fes
vues 8c fes idées fur la perfonne de Moreuil, font
très-bien expofées dans les lettres données à ce
fujet par Philippe, 8c qui forment un titre flatteur
pour Moreuil.
« De par le Roi. Sire devMoreuil, vous favez, *3 commè nous vous dîmes l'autre jour, que nous
00 avions' ordené pour être avecques Jean notre
»»fils & à fon frein, &.vrayment nous ne vous
*e oftons de l’office de maréchal pour nul mal qui
»» foit en vous, ne pour nul défaut qui par vous ait
'*» été en votre office ; mais nous vous amons mieux
»» près de Jean notre fils, que nous ne ferions nul
»» autre. Si voulons que vous ordonnez tantôt pour
»0 y venir & pour y être dorefnavant continuel-
»» lement, car il eft temps qui font ordonnez pour
»» y être y foient, & fi eft mieux votre honneur
»» de le faire maintenant, qu'il ne feroit quand
»» nous ferons plus avant en la guerre, 8c pour ce
»3 que vous-nous priâtes quand nous vous en par-
»» lames, que nous y voufiffions garder votre hon-
D3neur. Vrayment fe vous y penfez b ien , vous
»» trouverez que nous vous faifons trop plus grand »3 honneur de vous y mettre, que nous ne ferions
33 de vous leflier maréchal j mefmement confidéré
« que nous voulons que vous foyez tous li pre-
43 miers & li principaux de fon frein 5 car il n'eft
33 oneques de maréchal de France qui n'en laiflat
33 volontiers l'office, pour être li premier au frein
4» de l’aîné fils du Roi. Si nous femble que votre
»3 honneur ÿ eft non pas garde feulement, mais
»3 accrû 5 8c quant au profit, il nous femble qu il
33 y eft plus grand, &c. »» .
Dans la fuite le feigneur de Moreuil reprit 1 exercice
de fa charge de maréchal de France j il commandoit
à ce titre l’armée du Roi en Picardie, le
3 feptembre 1346 : il vivoit encore le 22 mai 13 yo.
Thibault de Moreuil fon frère, feigneur de Co-
Iombier 8c de la Bretonnière, vaillant chevalier,
fût tué à la bataille de C ré c y , le 26 août 1346.
Rogues, feigneur de Moreuil 8c de Coeuvres,
fils du maréchal, quitta le nom de Moreuil pour
celui de Soiflons, qui lui venoit de fon aïeule Io-
lande de Soiflons, mère du maréchal : ce nom de
Soiflons fut porté par leurs defcendans. Thibault
de Soiffons, feigneur de Moreuil 8c de Coeuvres,
chambellan du R o i , capitaine de cent hommes
d’armes, fut fait prifonnier au fiège de Rouen ,
en 14 17 , & mourut le 28 avril 1434.
C e fut fa petite-fille, Marguerite de Soiflons,
dame de Coeuvres , qui vendit, conjointement
avec Jean de Villiers, feigneur de Verderonne ,
fon mari, la vicomté de Coeuvres à Jean d’Eftrées,
grand-maître de l'artillerie, dans laMaifon duquel
cette terre eft fi long-tems reftée.
Valéran de Soiflons, fils puîné de Th ib au lt,
étoit chambellan du duc de Bourgogne, & gouverneur
pour lui de Chauny en Picardie. Mort
en 1464.
Jean de Soiflons, fils de Valéran, quitta le fervice
de Charles-le-Téméraire pour celui de Louis X I ,
qui lui rendit, en 1473, tous les biens de fon père
confifqués 3 parce qu’il avoit tenu le parti de
Bourgogne.
Les principaux de ces biens, tels que Moreuil,
Poix, paffèrent, par mariage, dans la Maifon des
Créquy-Canaples, Pontdormy ou Pont-de-Remy.
MORIN ( L o uis ) , ( Hijl. des Sciences) , né au
Mans le 11 juillet 1635. Dès qu'il put montrer une
inclination, il en montra une pour les plantes. Un
payfan qui en venoit fournir les apothicaires de la
v ille , fut fon premier maître. Bientôt il alla her-
borifer lui-même & chercher des plantes nouvelles
aux environs du Mans. Ses humanités achevées, il
vint à Paris pour fa philofophie : il y vint, mais en
botanifte, c’eft-à-dire, à p ied, dit M. de Fonte-
nelle 5 il n'avoit garde de ne pas mettre le chemin
à profit. L'amour de la botanique le détermina
pour la médécine dans le choix d'un état. Par fon
exceflive frugalité il fe ménageoit, dit M. de Fon-
tenelle, beaucoup d’autorité pour prêcher un jour
la diète à fes malades. En effet, il s'étoit réduit de
très-bonne heure au pain & à l'eau : c’étoit là fon
régime journalier; tout au plus, par forme de régal
& de bonne chère, fe permettoit-il quelques fruits.
Dans fa vieillefle il fe réfolut enfin, avec bien de
la peine, à prendre une once de vin par jour, une
once Sc rien de plus ; car il le mefuroit aufli exactement
qu’un remède qui n’eft pas éloigné d’être
un poifon. Toute fa vie étoit réglée comme fon
régime, 8c n'étoit elle-même qu’un régime continuel
appliqué à tout : il faifoit tous les jours chaque
chofe à la même heure. Il fe couchoit à fept
heures du foir en tout temps, & fe levoit à deux
heures du matin : c'étoit fe lever un peu plus tôt
que quelques perfonnes répandues dans le monde
ne fe couchent. M. de Fontenelle lui attibue un
H h 2