
fous un enfant > ee fut aufîi par un enfant que finit
la dynaftie carlovingienne en Germanie.
2°. Périodefaxonc.
La mort de Louis IV ( c’ étoit cet enfant) , arrivée
en 911 , donna lieu à une tranflation de fou-
veraineté 3 mémorable dans l'hiftoire d'Allemagne.
Des trois branches qu'avoient formées le£ enfans
de Louis-le-Débonnaire, il ne refîoit que celle de
Charles - le - Chauve , dont le chef étoit alors
Charles - le - Simple, Prince foible & méprifé , que
les Germains dédaignèrent de prendre pour Roi :
ils voulurent en choifir un de leur nation ; ils offrirent
leur couronne à Othon-le-Grand , duc de
Saxe , qui eut la générofitédelarefufer : il propofa
Conrad , comte de Frariconie , qui , par recon-
noiflànce , recommanda , en mourant * aux Etats
d'Allemagne de lui donner pour fuccefieur , H en
r i , duc de Saxe , fils d’Othon : c’ êft ce Henri qui
tut nommé UO'feleur , parce que les députés qui
vinrent lui annoncer fon élection, le trouvèrent
occupé à la chaffe des oifèaux. C ’ eft à lui proprement
que commence la période faxone 3 qui comprend
un peu plus d’un fiècle : on la fait cependant
commencer à Conrad. Depuis ce tems :îa
couronne germanique ou impériale n’a point cefle
d’être élective. • _
Cette révolution fut favorable à la puifîance des
Etats de l’Fmpire. Maîtres de difpofer de la couronne
, iis firent leurs Conditions 5 ils fe ftipulèrent
des. droits & des privilèges excefîifs ; ils obfer-
voient cependant affez rëligieufement'de ne point
porter la couronne dans uhe Maifon étrangère
tant qu’il y avoit des réjètons de la Maifonprégnante
3 & c’eft ce qui donne la facilité de diftin-
guer par dynafties les diverfes périodes de l’Empire;
mais ils ne s’engagoient arien fur cet article,
toujours prêts à prendre le parti .qui affureroit le
mieux leur élévation & leur indépendance : toutes
leurs démarches tendoient à ce but.
Tandis que, les Empereurs Taxons étoient réduits
par les Etats à la feule préfidence d’uné ai-
Temblée de fouverains , ils faifoient trembler leurs
voifins. Othon I foumettoit l'Italie : un concile
ténu à Rome en 964 réunifloit le royaume d’Italie
au royaume d’Allemagne', établifloit d’unè manière
éclatante la fouveraineté des Empereurs fur
les Papes, aècordoit à perpétuité à Othon & à
tous fes fucceffeurs le droit de nommer au Saint-
Siège , ainfi ,qu’ à tous les archevêchés & évêchés :
de leurs roy'aümes.
| Période franconienne.
L’empereur Henri II étant mort fans enfans en
1024., l’Empire fut porté dans la Maifon de Fran-
conie, o,ù il refta pendant un fiècle. La période
précédente avoit vu l’élévation des Princes fécu-
liers celle-ci vit l’agrandifîement du clergé. C et
agrandiffement fut l’ouvrage de la politique au-
&ant que de la piété des Empereurs 5 mais ni leur
piété ni leur politique ne furent allez éclairées.
Défefpérant d’abaifler pat; eux-mêmes la p’uiflance
des ducs & des comtes, ils crurent devoir lui donner
pour contre-poids la puifîance des évêques ils
conférèrent à ceux-ci des duchés & des comtés,
aVec la même autorité que les Princes féculiers y
exerçoient; mais voulant retenir toujours l’Egljfe
dans la dépendance , ils établirent des avoués
pour gouverner conjointement avec les prélats :
ces a voués, ainfi que les prélats étoient à la nomination
des Empereurs. Dans la fuite les évêques
ayant paru moins fenfibles aux biènfaits dont les
Empereursjes avoient comblés, qu’à la contrainte
que les avoués leur impofoient lès Empereurs
pouflerent leur pieufe'imprudence jufqu’à réunir
les avoueries aux églifes mêmes, jufqù’ à prodiguer
aux évêchés. & aux abbayes’les plus beaux
droits régaliens. Les évêques, devenus puifîans ,
furent ingrats ; ils voulurent rendrë'la fuccefîion
dans leurs fifges , indépendante, des Empereurs.
Les ducs qui avoient pénétré le motif qu’avoient
eu les Empereurs en ënrichiffant le clergé fe joignirent
à lui. dès qu’il voulut fecouer le joug des
Empereurs. Les Papes, qui yoiiloïehtdétruire le
pouvoir des^ Empereurs en Italie , appuyèrent la
ligue des Princes 6t des evêquès. Grégoire V l j
envenimé & augmente cësMivifions"; il foutient
l’indépendance du Saint-Siège ; il s’érigé èn juge
& en maître des Empereurs; il défend à Henri IV
de nommer aux évêchés , & 'dfinveftîr les evêques
par la crojfe & l'anneau. , i l excommunie l’Empereur :
il eft dépofé par lui ; il lé dépofe à fon tour; il
1 oblige dê Venir à fes pieds fubir une pénitence
rigoureufé', infamante, & demander un pardon
payé par les fàcrifices les plus honteux.Tîenri IV
yeüt fe venger, mais trop'tard : ilafliège le Pape
dans le château Saint-Ange; il crée des anti-papes ;
il remplit l’Italie de troubles par repréfailles ; mais
il ne peut calmer ceux de l’ Empiré. Rome & les
évêques d’Allemagne lui difputèrent toujours,
ainfi qu’ a fon fils , le droit de nommer aux évêchés
& aux abbayes. La-fin dé cette grande querelle’
fut une renonciation foleniielle faite par
Hènri V , en 1122 , à ce droit de nomination, &
l'affranchifîemént abfolu des terres du Saint-
Siège.
Ainfi les mefures prifeS par lés Empereurs pour
lejétablilfement de leur puifîance en Allemagne
& pour lé maintien de leur puifîance en- Italie ,
tournèrentcontr’eux. Ç ’étoit enyain que Henri III,
plein.de ce dernier ob je t, avoit cru le remplir en
plaçant fur le Saint-Siège des prélats allemands :
çétte préférence accordée aux Tranfalpins n’avoit
fervi qu’ à foulever contre les Empereurs lè clergé
d’Italie, & qu’ à le faire entrer avec plus de zèle
dans les vues de Grégoire VII. C e fut vainement
encore que les Empereurs crurent acquérir dés
alliés utiles dans l’ Italie , en permettant aux Normands
dé chafîër lés Sarrafins de la Sicile , de la
Fouille & de la Calabre. Les Normands, plus
dangereux
CHRON
dangereux pour l’Empire que les Sarrafins, ayant
élevé fur la ruine de ceux-ci un Etat libre &pref-
qu’indépendant, crurent qu'il étoit de leur intérêt
de s’unir* avec les Papes , trop foibles alors
pour leur nuire , contre les Empereurs, dont la
puifîance étoitalors la feule qu’ils euflent à craindre.
Cette union rendit les Papes plus entreprenans,
parce qu’ ils voyoient à leur porte des défenfeurs
& un afyle ouvert contre la vengeance des Empereurs.
La période franconienne finit par un Empereur
faxon, comme la période faxone avoit commencé
par un Empereur franconien. .
40. Période de Souabe,.
La période de Souabe ( en joignant aux Empereurs
de cette Maifon un Empereur franconien qui
commence cette période, & deux Empeteurs
étrangers qui la terminent ) s'étend depuis 1138
jufqu’en 1271. Elle vit continuer & redoubler les
querelles du facerdoce & de l’Empire , & naître de
leur fein les fureurs des Gibelins & des Guelphes.
Les Empereurs, toujours trop occupés au dehors,
perdent toujours de leur autorité au dedans. Le fyf- 1
tème d’élever les évêques pour abaifler les ducs,
ayant mal réufîi, donnoit aux Empereurs deux :
ennemis, les évêques & les ducs, à abaifler. Pour
y parvenir ils tentèrent un moyen qui réuflifîoit ,
en France : ce fut d’ exempter les villes de l ’auto- ;
rite des ducs & des évêques. Us créèrent aufîi au !
milieu des duchés quelques principautés fèçulières j
ui ne dépendoient que d’eux ; ils firent divers j
émembremens des provinces trop vaftes. Tous !
ces coups d’aiitorite parurent foutenir la dignité
impériale fous le règne de Frédéric I , dit Barbe-
roujfe ; mais ce qui donna le plus d’éclat à ce»
règne, c’eft que Frédéric étoit un grand-homme.
Frédéric II fon petit-fils eut aufîi un règne illuf-
t r ë , mais très-agité.' 11 parut vouloir tranfporter
en Italie le fiege de l’Empire : les Papes en frémirent
, & lui fufcitèrent mille obftacles. 11 leur
fait une guerre opiniâtre & inutile, à la faveur de
laquelle les peuples d’ Italie fe mettent infenfîble-
ment en liberté. On y voit naître de toutes parts
des petits Etats ,, & fe former des républiques
nouvelles. On peut regarder ce règne comme le
terme fatal de l’autorité impériale en Italie. Là
Maifon de Souabe tarda peu à s’ éteindre : le ;
royaume de Naples & de Sicile, qui appartenoit à »
cette Maifon comme héritière des Princes normands
, fut tranfporté à la Maifon d’Anjou , qui
eut à le difputer contre la Maifon d’Arragon.
Les troubles qui fuivirentlamortde Frédéric II,
& un interrègne de deux ans, qui précéda l’avènement
de Rodolphe de Hasbourg , font comme
lé berceau du droit public germanique^ Les Etats
d’Allemagne achèvent de s arroger les droits de
fouveraineté qui leur manquoient, 8c d’envahir
les-domaines de la couronne. Tous les tributaires,
tous les vafîaux fecouent le joug ; la dignité impé-
11 fo ir e . Tome V I . Supplément.
O L O G1E. 641
riale s’ avilit de jour en jour ,.&r fon autorité s’ëclipfe
entièrement. 11 ne fe tenoit prefque point de
diètes : les caufes des feigneurs ne fe juge oient
point ; ils fe faifoient juftice eux-mêmes : de là
des guerres civiles , des brigandages, des ravages
continuels. Ces défordres donnèrent lieu à divers
établifîemens.
Les Etats conclurent en 1257 » à Worms & à
Mayence, une alliance perpétuelle pour le maintien
de la paix publique , & pour l’abolition des
nouveaux péages que mille tyrans établifîoient à
main arniee dans leurs terres. On nomma cette
confédération la li^ue du Rhin. L’empereur Guillaume
la fîgna pour en être le chef. Les autres
nobles , qui ne purent ou ne voulurent pas entrer
dans-cette afîbciation générale , en -formèrent dé
-particulières , nommées Ganerbinats. L’ objet des
Ganerbinats étoit de fortifier & de défendre à
frais communs quelques châteaux pour arrêter les
brigands , & procurer la fureté de certains cantons.
Comme c’ étoit le défaut de juftice qui avoit
produit les violences qu’on vouloit réprimer , le
préfident de chacune de ces ligues devoit juger
toutes les caufes des confédérés.
Les villes commerçantes fuivirent l ’exemple de
la noblelfe ; elles s’unirent pour les intérêts de
leur commerce, trop interrompu par les difcordes
publiques ; elles formèrent la célèbre ligue hanféa-
tique, ainfi nommée du vieux mot hanfa, communauté
ou ligue. Cette ligue, accrue par le tems &
par fes fuccès , embraffa bientôt jufqu’ à quatre-
vingts villes les plus riches & les plus puiflantes de
l’Allemagne. Elles fediftribuèrenten quatre clafles.
Lubeck étoit à la-tête de'la première ( & de toute
la ligue en général ) , Cologne de la fécondé ,
Brunfw'ick de la troifième , Dantzick de la quatrième.
Leur commerce s’étendit par toute l’Europe
; elles firent trembler la-Suède & le Dane-
marck ; leurs principaux comptoirs étoient à
Londres , à Bruges , à Berghen en Norvège ,
à Novogorod.
Les tentatives des Empereurs pour reprendre
quelques portions de l’ autorité fouveraine étoient
toujours malheureufes, Les villes qu’ ils avoient
affranchies du joug des feigneurs, pour leur en im-
pofer un plus légitime & plus doux ^.n’eurent pas
plus de reconnoifîance que n’en avoient eu les
évêques. La liberté feule put les flatter : le degré
depuiffance où elles parvinrent, leur donna même
de plus hautes prétentions,Tilles voulurent partager
avec les Princes & les évêques le gouvernement
général de l’ Empire. Elles afpirèrent à la
dignité d’Etats qu’il fallut bien leur accorder.
Cette période de Souabe vit le collège électoral
fe former, & exclure les autres Princes de
l’Empire , des affemblées qui fe- tenoient pour
l’élection des Empereurs. Les grands-officiers de
la couronne , non contens d’avoir rendu leurs offices
héréditaires , d’ avoir acquis la fouveraineté
dans leurs domaines, & de partager-l'autorité
M m m m