
renger III fe redra du monde 8c fe fit templier :
Bérenger-Raymond fon fils eut une longue guerre
à foutenir contre Raymond de Baux pour les droits
de Stéphanie, femme de ce dernier, auxquels on
avoit eu trop peu d'égard. Il fut tué en Languedoc
l'an 1 1 44, dans une fédition q uil s'efforçoit
en vain d’appaifer.
Raymond-Bérenger I fon fils lui fuccéda fous la
tutelle & la régence de Raymond-Bérenger, comte
de Barcelonne, frère aîné de fon père. Cependant
Raymond de Baux récUmoit toujours les droits-de
Stéphanie fa femme fur la Provence : il s'étoit fait
donner une inveftiture de ce comté par l'empereur
C onrad, comme roi d'Arles : le Régent lui fit la
guerre avec tant d'avantage, qu'il l'obligea de fe
foumettre, de renoncer à fes droits & de lui rendre
hommage. Jamais Régent ne fut plus utile à un
"Etat, ni tuteur à un pupille,que Raymond-Béreng
e r , comte de Barcelonne, le fut à Raymond-Bérenger
, comte de Provence. Hugues,fils de Raymond
de Baux , réprit la querelle concernant les
droits de fa mère : il obtint de l'empereur Frédéric
I , dit Barberovjfe , la confirmation de 1 inveftiture
donnée à fon père par Conrad. Le Régent
marcha contre ce nouvel ennemi, lui prit trente
places, entr'autres Baux, chef-lieu de fes domaines.
Il fit plus : il maria fon pupille avec Richilde
de Suabe , nièce de l'Empereur, q u i, en faveur
de ce mariage, voulut bien renoncer à la fouve-
raineté de la Provence, & céder même au jeune
comte , devenu fon neveu, l ’hommage du comté
de Forcalquier & de la ville d'Arles , moyennant
une redevance dont ils convinrent.
C e fut en 1162 que Raymond-Bérenger, comte
de Provence -, commença de régner par lui-
même. La ville de Nice s'étant foulevée contre lui
eu 1166, il courut l'aftiégèr , & fut tué à ce fiége.
Il JaifTa une fille en bas âge 5 ce fut Douce IIe., com-
teffe de Provence. Elle étoit dès-lors accordée
■ avec le fils de Raymond V , comte de Touloufe.
C e comte, pour afliirer ce mariage, accourut en
Provence & s'en rendit maître j mais c'étoit un
maître étranger,&qui n’avoir encore aucun droit.
Raymond-Bérenger, comte de Barcelonne, ce Récent
li utile à la Provence, avoit taille un fils qui
fut roi d'Arragon, fous le nom d'Alphonfe. C e
P r in cep e titfils deDouceP6., prétendit avoir plus
-de droit que le comte de Touloufe , -de fe mêler
des affaires de la Provence. U en chafla le comte
de Touloufe-} il Te -fit déclarer Régent & tuteur de
la jeune prineeffe Douce IIe0 fa nièce à la mode de
-Bretagne. Celle-ci mourut en 1172-, à peine nubile.
L e roi d’Arragon, comme fon plus proche
parent, lui fuccéda dans la Provence.
C e roi d'Arragon.* A lphonfe, fut, à trois différentes
reprifes, comte de Provence : il acheva
d'abord la guerre contre le comte de Tou lou fe ,
qu'il obligea de renoncer à tous le s droits qu’il
0 ouvoit prétendre fur la Provence} il fournit ensuite
cette ville de N ic e , au fiége de laquelle
avoit péri fon coufin, Raymond-Bérenger, père de
Douce IIe. Quand il eut ainli fournis & pacifié la
Provence, il la céd a, en 1 17c, à Raymond-Bérenger
il fon frère, fous la condition de l'hommage.
Raymond-Bérenger IIfut tué le jour de Pâques,
1 1S 1 , par Adhémar, feigneur de Marviel, un de
fes ennemis.
Le roi d'Arragon vengea fon frère par la prife
de Marviel, dont les habitans furent paffés au fil
de l’ép é e , & donna le comté de Provence à un
autre de fes frères, nommé don Sanche, comte
de Rouflillon.
Celui-ci ) ne s’accommodant point du caractère
des Provençaux, remit ce comte au Roi fon frère,
& fe retira dans fon comté de Rouflillon en 1 i8y.
Le roi Alphonfe retint donc ce comté de Provence,
qu'il avoit donné deux fois 8c qui lui revé-
noit toujours : il en compofa dans la fuite l’apanage
de dom Alphonfe fon fécond fils. Celui-ci
époufa Garfinde, héritière du comté de Forcalquier,
& eut une guerre à foutenir contre Béà-
tr ix , foeur de Garfinde, au fujet des droits de
celle-ci : la paix fe fit en 1202. Beatrix vendit fes
droits à fa foeur.
Raymond-Bérenger I I I , fils d’Alphonfe, n'avoit
que cinq ans lorfque fon père mourut en 120p. Jl
fut élevé à Sarragoffe, fous les yeux de don Pèdre,
roi d'Arragon, fon oncle , tandis que la comteffe
Garfinde, mère du jeune comte , gouvernoit la
Provence en qualité de Régente. Soit qu'elle la
gouvernât mal, ou que les peuples fuffent naturellement
difpofés à troubler la régence d'une femme,
on vit de toutes parts des fujets puiffans élever de s
prétentions nouvelles ou renouveler dés prétentions
anciennes : les grandes villes, Arle s, A ix ,
Marfeille , N ice , Avignon, prirent ce tems pour
fe révolter & s'ériger en républiques. Le jeune
comte revint en Provence, en 12 16 , avec des
troupes arragonaifes : ce fut affez pour lui d’abord
de retenir dans-fon obéiflânee ce qui lui reftoit de
cet Etat ; puis, augmentant peu à peu fa puif-
fance, il fournil, en 1226, la ville d'Avignon,
prit Nice en 1229} il traita, en i237, avec Marfeille
, qui le reconnut pour fon fouverain. Arles
& les autres villes en firent autant.
C'eft ce comte de Provence, Raymond-Bérenger
I I I , qui fut père de quatre Reines. Béatrix fa
-quatrième fille porta le comté de Provence dans la
-première Mai fon d'Anjou, d'ou il paffa dans la
-fécondé, & fu t réuni à la couronne fous-Louis X I ,
-par le teftarnent du comte du Maine, dernier
Prince de la fécondé Maifon d'Anjou. La réunion
en fut faite en forme à Compiègne , en 1486,
fous Charles VIII.
QUERCY (C omté de). C'eft à Fan 889
qu'on rapporte Fétabliffement des comtes héréditaires
de Quercy. Robert fut le premier de c^s
comtes 5 mais fa poftérité ne refta pas long-tems en
poffeffion du Quercy. Deux générations bornèrent
cette fucceflion. Ses fils & fes petits-fils en furent
feiils poffefteurs, & ce fut un de fes fils (lequel
avoit fuccédé aux enfans de fon frère aîné ) qui en
fut dépouillé, en 960, par Ponce I , comte de
Touloufe 3 avec lequel il étoit en guerre. Par cet
événement le Quercy fut féparé de la Guiennè ,
dont il avoit été dépendant jufque-là, & fit partie
du comté de Touloufe, auquel il fe trouva
réuni, 8c avec lequel il fut réuni à la couronne
en 1272. •
ROUERGUE (Comté de). Richard, vicomte
de Carlat, acquit, en 1-147, lé comté de Rouer-
gue d'Alphonfe Jourdain, comte de Touloufe, &
tut le premier comte particulier de Rhodez ou du î
Rouergue.
Hugues IV , fixième comte de Rhodez, eut,
de deux lits , quatre filles, trois du premier, une
feule du fécond : ce fut celle du fécond, nommée
C é c ile , qu'il inftitua fon héritière.
Celle-ci époufa Bernard V I , comte d'Armagnac.
Ifabelie, l'aînée des trois filles du premier
d it, qui avoit époufé,Geoffroy, fire de Pons, attaqua
le teftarnent de fon père, & réclama le Rouergue.
Un arrêt du parlement de Paris, de l'an 1312 ,
la déclara déchue de fes prétentions , & maintint
Cécile dans la poffeflion du comté de Rhodez,
qui par ce moyen fut réuni à l'Armagnac} &
l'Armagnac, réuni diverfes fois à la couronne , ne
le fut définitivement qu'à l'àvénement de Henri IV»
( Voyez Armagnac )
SALUCES (Marquisat de). Le premier
marquis de Salaces, nommé Guillaume, fut invefti I
de cet E ta t , vers l'an 9 20, par Hugues I , roi j
d'Arles, dont il devint le v allai. Après l'extinc-J
tion des rois d'Arles, les marquis de Saluces ren- j;
dirent hommage aux Dauphins de Viennois. Le J
marquifat de Saluces ne pafîa point par des femmes |
dans des Maifons étrangères, 8c depuis Guillaume i
jufqu'à Louis III, c’eft-à-dire, depuis 920 jufqu'à |
1500, cet Etat fut toujours poffedé de mâle en j
mâle & de père en fils, . '
Louis IlJ laiffa quatre fils, Michel-Antoine, J
Jean-Louis, François & Gabriel. J
Michel-Antoine, marquis de Saluces, eut le I
commandement de l'armee françaife après la mort 1
de Lautrec au fiége de Naples en 1528.
Cette armée, prefque détruite par les maladies, f
s'etoit retirée à Averfe : les Impériaux en firent le j
fiége. Le marquis de Saluces y ayant eu un genou j
caffé d' un éclat de pierre, fit une capitulation, par |
laquelle il remit au prince d!'ôrange, général de I
Charïes-Quint, la ville & le château d 'A ver fe, g
l'artillerie , les vivres, les munitions,les armes , *
les bagages, les chevaux, fa perfonne même & 1
celle des principaux officiers. Saluces n'eut pas (
long-tems a rougir de cet humiliant traité : il mou- j
rut dé fes bleffures à Naples, n'ayant eu le com- j
mandement pendant un inftanc que pour voir per- f
dre tout le royaume de Naples, 8c diffiper toute
l'armée françaife.
Jean-Louis lui fuccéda : il étoit détenu ea
France, fur quelque foupçon detrahifon , en r y 3 6,
& le marquilât de Saluces avoit été confifqué fur
lui.
Mais François fon frère commandoit cette année
; en Piémont l’armée françaife : fa défection dans
. cette même année n’eft que trop connue 5 elle fut
' accompagnée des plus fortes circonftances de tra-
hifon & d’ingratitude envers François I , qui l ’a-
vbit comblé de biens, lui avoit donné le marquifat
de Saluces, confifqué fur Jean-Louis fon fr è r e ,y
avoit ajouté de grands domaines en Piémont, Fa-
voit décoré du collier de fon Ordre, & lui confioit
le commandement de fon armée, de Piémont, dans
la conjoncture critique de l’ irruption de Charles-
Quint en Provence en Saluces, après avoir
trahi l ’armée qu’il commandoit, fe réfugia auprès #
de l’Empereur, & fut tué l’année fuivante à fon
fervice au fiége de Carmagnole.
La punition de Jean-Louis, lorfqu’on Tavoit
cru coupable, avoit été de voir paffer fes Etats à
François fon cadet : celle du cadet avoit été de les
voir retourner à fon aîné. Le Roi avoit tiré ce
dernier de la prifon où il étoit détenu à Paris, lui
avoit donné l'inveftiture du marquifat de Sallices,
& F avoir remis en poffeflion de cet Etat. Jean-
Louis étoit dans le château de Carmagnole, 8c
s’apprêtoit à le défendre contre les Impériaux:
lorfque François de Saluces s’apprêtoit à l ’attaquer.
Celui-ci, connoiffant tout fon afeendant fur
Fefprit de fon frère , lui demande une entrevue ,
l’obtient : le réfultat de leur conférence fut que
Jean-Louis confentit à fortir de Carmagnole & à
fuivre fon frère au château de Valférière, où
7rançois, fe démafquant, retint Jean-Louis pri*
fonnier.
Alors François f donna l’invefiiture du marquis
fat de Saluces à Gabriel, évêque d’A ir e , le dernier
des quatre frères Saluces , qui, fuivant un
des abus du. tems, avoit été nommé à cet évêché
fans être engagé dans les Ordres. Il époufa depuis
la fille de l’ amiral d’Annebaut} il mourut fans laifi-
fer de poftérité, & le marquifat de Saluces fut de
nouveau réuni a la couronne de France.
Le duc-de Savoie, Charles-Emmanuel, s'empara,
en 1 y88 , de cet Etat à la faveur des troubles
de la Ligue : il le garda } mais en 1600 Henri IV
l' obligèa de lui donner en'échange laBreffe, le Bu-»
gey, le Valromey 8c le pays de Gex : arrangement
q u i, par la fituation de ces divers domaines , coa-
venoit le mieux à l’ un 8c à l ’autre.
SEDAN (Principauté d f ). Sedan, d’abord
fief de Mouzon , & arrière-fief de l’églife de
Rheims , eut pour feignèurs des hommes ou puiffans
ou habiles, qui parvinrent à fe rendre fou-
verains, & la fituation de cette place fur les con-r
fins de la France, de l’Allemagne & des Pays-E*s
O o o a