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de lui ; on fiippofa de ces lettres qui laiflfent
un champ d'autant plus vafte à l'interprétation ,
qu'elles font plus vagues & plus obfcures 5 on lui
montra des apparences de conjuration , légères,
ou plutôt chimériques , que fon imagination grof-
f i t j & que fa crainte realifa j il fallut chercher
les moyens d'attirer Sylvanus à la cour , ou de le
forcer d’y venir rendre compte de fa conduite.
Plufîeurs capitaines français qui fervoient dans
les armées romaines , ou qui avoient des places
importantes à la cou r, offroient de l'engager à
venir fe juftifier fur les prétendues lettres qu'on
lui imputoitj ils repréfentoient qu'il n'y avoit que
fes compatriotes qui pulfent lui infpirer affez de
confiance pour le déterminer à cette démarche j
qu'ijs auroient même befoin d’adrefie pour l'y
amener j & pour empêcher qu'irrité de ces machinations
clandeftines, il ne fe portât à quelque
extrémité facheufe. Un tyran fe défie de tout :
Conftance craignit quelque Connivence fecrète
entre ces officiers français & Sylvanus ; leurs
offres lui furent fufpeétes , leur zèle lui parut ex-
ceffif, & dès-lors peu fincère 3 il préféra d'envoyer :
à 1 armée un g r e c , nommé Apodémius, connu
pour le plus grand ennemi de Sylvanus, & qui
eut grand foin de faire tout ce qu il falloir pour
le pouffer à la défeètion 3 il ne daigna point le
voir ni lui faire part des ordres dont il étoit chargé
pour lu i, 8c qui portoient invitation ou injonction
de fe rendre à la cour. Sans lui rien communiquer,
fans conférer de rien avec lu i, il fe mit à ordonner
de tout dans l'armée , en vertu d’une commiffion
particulière qu'il ne montroit point 3 & traitant
déjà Sylvanus comme un fujet entièrement dif-
gracié , il féviffoit hautement contre les amis &
les créatures de ce général ; cependant les fabri-
cateurs des fauffes lettres par lefquelles on avoit
voulu perdre Sylvanus , voyant quel avoit été le
Fuccès de leur première tentative , crurent pouvoir
s’en permettre une fécondé, & peut-être
avec moins de précaution : .ces nouvelles lettres
furent arguées & convaincues de faux (ce qui
étoit un violent préjugé contre les premières ) ,
mais il ne fut rien prononcé contre les fauflaires 5
ils n’ en furent pas moins accueillis à la cou r, &
-Sylvanus ne recouvra point la confiance de l'Lm-
pereur 5 il voulut donc, pour fa fiireté même, fe
rendre redoutable au Prince auquel il n'avoit pu
être cher) il fongea d’abord à fe mettre à la tete
des Français & des autres peuples germains qui
infeftoient les Gaules 5 mais craignant, d ’après les
eonfeils de fes amis, d’être trahi & vendu à
l’Empereur par ces étrangers qui tous les jours s’y
vendoient eux-mêmes, il eut recours à la grande
reffource qu’embraffoient alors les généraux mé-
rontens, celle de fe faire ou de fe laiffer proclamer
Empereurs parieurs armées. Cette nouvelle, parvenue
promptement à l’Empereur qui étoit alors à Milan, lui caufa un grand effroi ; la force étoit
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moins à fon ufage que la perfidie > le moyen qu’il
prit pour conjurer P orage fut de ce dernier genre.
Il tenoit alors prifonnier un homme qu’ il avoit
fait commandant^général de la cavalerie , nommé
Urficin 3 cet homme avoit été in;uftement accufé
d’avoir tenté d'ufurper l'Empire en Orient, &
comme ces accufations étoient toujours très-ac-
cueillies auprès de Conftance Urficin s'étoit
vu en grand danger d'être condamné fans être
entendu 5 il n'etoit pas même encore à l’abri de
ce danger, puifque les défiances du tyran le retenaient
encore en prifon. Conftance lui offrit
pleinement ou juftice ou grâce, à condition qu’ il
lui ferviroit à fe défaire de Sylvanus , & voici le
complot dont on le fit l’inftrument. Urficin parut
s'être échappé de fa prifon & porter fon reflen-
timent dans l’armée ae Sylvanus , retraite affez
naturelle d'un mécontent & d'un opprimé 3 il offrit
à ce général fes fervices, fes voe u x , fes projets
de vengeance. Sylvanus, jeune encore, avoit la
franchife & la confiance de fon âge 3 il crut Urficin
& voulût profiter de fon expérience 5 il l'admit
à fes eonfeils les plus fecrets. Urficin ne perdit
point de tems, & travailla fous main avec une
lourde activité à lui débaucher une partie de fes.
troupes 5 il parvint enfin à pouvoir impunément
s'introduire à main armée à la tête d'une ,puiflante
efeorte de foldats choifis & déterminés, chez Sÿl-
vanus : on égorge fa garde, on force fon palais ,
on arrive jufqu'à lui. Sylvanus eft maflacré làns
avoir eu du moins les angoifles de la défiance &
de la crainte. Il n’y avoit que vingt-huit jours
qu ’il avoit été proclamé Empereur. Conftance crut
avoir remporte une grande viêtoire : fon orgueil
s'en accrut ainfi que fa cruauté 3 il traita tous les
amis de Sylvanus comme Tibère avoit traité ceux
de Séjan. Il crut alors fa grandeur & fa puiffance
au deflus de toutes les atteintes de la fortune 3 ce
fut alors, ditunhiftorien moderne, que fes flatteurs
lui donnèrent le titre d'Eternel, lequel il dénioit
à Jéfus-Chrift, fils de Dieu, malheureux Arien
qu'il étoit !
/ Des Français & les Allemands s'étant joints aux
légions qu'avoit commandées Sylvanus, vengèrent
fa mort pai; des ravages. C e général fut plaint &
regretté : les troupes- l ’aimoient 5 il avoit mérité
leur eftime par fa valeur & fa conduite 3 il avoit
d’ailleurs été perfécuté- 8c. calomnié : on l ’avoit
forcé à la révolte, & il étoit mort viétime d'un indigne
artifice. On croit qu'il étoit chrétien. Sa
mort eft du commencement de l'an 3 55.
SYNCLÉTIQUE ( Sa in t e ) . ( Hijl. eedéf. )
C'eft le nom de la première femme qui ait em-
brafle l'état monaftique, exemple qui avoit auparavant
été donné par des hommes. Saint Atha-
nafe a écrit la vie de fainte Synclétique , ou du
moins cet ouvrage lui a été attribué.
T A G T A I
JL ABERIUS (Jean ) , (Hiß. litt. mod. ) , criti-
ue habile du quinzième ifiècle, étoit de Royato
ans le Breflan. Ses Commentaires fur Lucain font
fort eftimés, & font célébrés dans ces vers de
Daniel C e re ti, poète breflan :
Quid referam culti fublimia feripta Taberî,.
Cujus jam toto nom en in orbe micat ?
Hic fibi viEiuram peperit per facula famam ,
Dùm fludet auftores rcfiituijfe graves , &c.
Le cardinal Querini faifoit grand cas de Tabé-
rius, & le fait valoir dans plus d'un endroit de
fes écrits.
T A CQ U E T ( André ) , ( Hiß. litt. mod. ) ,
jéfuite, né à Anvers, grand mathématicien : fes ouvrages
ont été raflemblés , & imprimés à Anvers ,
in-folio, en ; 669, neuf ans après fa mort-, arrivée
en 1660. Plufieurs maîtres fe fervent encore, pour
l'enfeignement, de fes Elémens d’Euclide 5 fon
Aftronomie & fon Optique font auffi d'un affez
grand ufage.
TAGEREAU ( V in c e n t ) , (Hiß. lût. mcd.),
jurifconfulte qui s'eft rendu célèbre en i é i 1 , par
un Traité contre le*congrès, qui en a préparé de
loin l'abolition. On dit que les quatre fameux vers
de Boileau contre le congrès, dans fa huitième
fatyre, adreffee à M. Morel, doèteur de Sorbonne,
frappa MM. de Lamoignon, 8c les détermina enfin
à cette abolition, qui fut l'ouvrage du premier
préfident de Lamoignon, provoqué par l’avocat-
général fon fils, qui fut depuis le préfident de Lamoignon
3 mais Vincent Tagereau les avoit tous
précédés, & auroitmérité de voir, en 16 7 7 ,1 heureux
effet de fon livre. On a auffi de lui le vrai
■ Praticien français, imprimé en 1633.
T A G L I A C À R N E o* T A I L L E - C A R N E
( B e n o î t ) , (H iß . litt. m@d. ) génois, fe diftin-
guoit par des moeurs douces & bienfaifantes, par
des connoiffances agréables 8c du talent pour la
poéfie latinç. Notre roi François I , dont il étoit
connu, lui confia l'éducation des Princes fes fils,
& lui donna Févêché de Graffe.
TAGLIACOSSO 0«TAG L IA CO Z ZO (Jean),
( Hiß. ecclêf. ) , cardinal, archevêque de Tarente,
fils du comte de Tagliacoflo dans le royaume de
Naples, fut envoyé parle pape Eugène IV au concile
de Bâle pour y plaider fa caufe, 8cy préfenter
des lettres de la part de c e Pontife, & la natangue
de Tagliacoflo & les lettres du Pape furent fort
mal reçues. Les efprits étoient alors fort échauffés
3 les lettres furent lacérées dans le concile ; les
Pères prétendirent qu'elles avoient été falfifiées
par le porteur, & voulurent obliger Tagliacoflo
de répondre fur cette accufation de faux devant:
des çommiflàires qu'ils nommèrent. Tagliacoflo
envoya fa proteftation qui fut lue en plein concile
3 mais le concile fit mettre en prifon celui qui
l 'avoit apportée, & l'archevêque de Tarente auffi.
Cependant on fe calma, & on les remit en liberté.
; Le Pape le nomma auffitôt préfident de ce même
! concile qui venoit de l'emprifonner 3 mais les Pères,
n’admirent cette préfîdence que fous des conditions
qui lui ôtoient toute autorité. L'archevêque
alla enfuite négocier dans diverfes cours d'Alle*-
magné en faveur d'Eugène contre le concile dé
Bâle, & ce fut alors que fes fervices furent récom-
penfés par le chapeau de cardinal, le 18 décembre
1439. Tagliacoflo mourut le 11 janvier 1449-
TAHUREAU ( Jacques ) , ( Hiß. litt. mod. ) ,
poète français, né au Mans vers Fan 3 eft
auteur d'un recueil de poéfies dédiées au premier
cardinal de Lorraine , frère de Claude de Guife,
8c miniftre àe François I. Jacques Tahureau mourut
en i y f f .
T A IC K O -SAM A , (Hiß. mod.)3 empereur da
Japon, aventurier célèbre, avoit été long-tems un
pauvre bûcheron, gagnant fa vie à porter à la ville
; du bois qu'il alloit couper dans la forêt. Un gen*1
j tilhomme le prit à fon fervice. C e gentilhomme
j étoit connu, 8c particuliérement aimé de l'empe-
i reur du Japon , Nobunanga. C e Prince entendit
I parler de Taicko-Sama comme d’un homme d’un
efprit fupérieur à fon état : il voulut le voir , le
goûta, & en fit fon bouffon ou fon fou 5 mais bientôt
démêlant en lui de grands talens, il l'employa
dans fes armées. Taicko-Sama pafla par tous les
degrés de la milice, 8c fe diftingua dans tous 5 il
parvintmême au commandement. Cependant l'Empereur
8c fon fils aîné ayant été affaflinés, Taicko-
Sama, qui fetrouvoit avoir en main les principales
forces de l'Empire, s'en fervitpour fon élévation,
& ne tarda pas à fe faire Empereur. 11 s'attacha
pour lors à confommer l'ouvrage déjà fort avance
par fon prédécefleur, de réduire fous Fobéiflance
de l'Empereur tous les petits rois du Japon > il
réuflit encore dans cette entreprife, & fon ambi-
| tion croiflint toujours en propoition de fes fuc-
cès , il fe mit en tête de conquérir la C h in e , &
j un de fes généraux commença par faire en dix-fept
i jours la conquête de la C orée3 ce qui avoit déjà
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