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T AU R E A JABELLIUS, ( f lijl. rom. ) „ foldat
campanien, fervanc dans l'arméè d'Annibal, fit à un
foldat romain , nommé Claudius Afellus, un défi
qu'il foutint mal. Le combat fe livroit près de la
ville de Noie > Taurea 3 prefle par Claudius, s?enfuit
dans la ville ; Claudius l'y pourfu-ivit avec tant
d'ardeur, & confterna tellement les habitans, qu'il
traverfa impunément toute la ville & fortit par
une autre porte.
Taurea, dans une autre occafion, rétablit fa
gloire par un trait de férocité. Il étoit dans Ca-
pouelorfque cette ville fut prife par Fulvius : il tua
de fa main fa femme & fes enfans , & fe tua lui-
même aux pieds du général romain.
T AU R E AU oh TH.OREAU, en italien TO -
RELLI (A n d r é ) , ( Hift. litt. m od.), célèbre
jurifconfulte & profelfeur en grec dans l'univerfité
de Boulogne} il mourut, à ce qu'on croit, dans
cette ville en 1646. Il étoit né a Dijon en 1594.
Papillon , dans fa Bibliothèque des auteurs de
Bourgogne, donne les titres de dix-huif ouvrages
différent de cet auteur. Parmi ces titres il y en a
d'aflez piquans : Pithei Tribunal, five de jurifpru-
denti& commercio cum Mufis. Marjyas excorîatus,
jîve ignorantia proftigata. Prometheus in Caucafo, de
eu fis & laboribus doftorum. Mercurii fpelunca : de
fapientis. domicilio. Un autre de fes ouvrages eft un
panégyrique du pape Urbain VIII ( Barberin ) , accompagne
des éloges de quarante-cinq cardinaux.
Un autre encore eft un portrait du cardinal de Richelieu,
&c„ Le tout en latin.
TEIXEIRA ( Pie r r e ) , ( Hift. du Portugal') ,
dominicain portugais, fort attaché au parti de
dom Antoine, prieur de Crato, fuivit ce Prince
en France, & fut pris par les Efpagnols dans un
combat naval près des îles Tercères. Il fut conduit
à Lisbonne, alors fous la domination ou la
■ tyrannie de Philippe I I , roi d'Efpagne. 11 trouva
le moyen de fe fauver & de rejoindre dom Antoine.
Il fut enfuite prédicateur ordinaire & aumônier
de notre roi Henri III. Il le fut enfuite de
Henri IV . Pierre de l'Etoile dit de lui dans fon
Journal du règne de Henri IV : Cétoit un homme
de bien, meilleur Français qu Efpagnol, grand gêné
al 0 gifle 3 & ojfe^ doîde pour un moine. Au refle ,
homme pacifique , & formel ennemi de toute ligue &
faction} ce qui le rendoit odieux- a beaucoup de fon
couvent. Il a beaucoup écrit fur le Portugal & contre
l'ufurpation de Philippe II. Il a drefle les généalogies
des Maifons de Bourbon, de La Tremoille, & c.
Envoyé par le Gouvernement en Angleterre, il
préfenta au roi d'Angleterre la généalogie de la
Maifon Stuart. Il mourut à Paris dans fon couvent,
en 1604.
FELESILLE. ( Hift. anc. ) Cléomène, roi de
cparte , faifant le fiége de la ville d 'A rg o s , vers
a,n 0 7 avânt J. C . , Te lç fille , Dame iiluftre par
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fon courage, fit armer toutes les femmes & les
difpofa fur les remparts pour remplacer les défen-
feurs qui commençoient à 'manquer. Cléomène
calcula aifément que s'il étoit vainqueur il le fe-
roit fans gloire, que s'il étoit vaincu par des
femmes il le feroit avec honte 5 il leva volontairement
le fié g e , laiflant ainfi à Telefille l’honneur
d'avoir été la libératrice de fa patrie. Elle joignoit
au mérite de la valeur, celui d'exceller dans la
poéfîe j & ces talens réunis lui firent élever une
ftatue dans une des places publiques d'Argos.
TELESIUS ( Be r n a r d in ) , ( Hift. litt. mod. ).,
philofophe & mathématicien du feizième fîècle ,
fut un des pfédécefleurs de Defcartes, q u i, peu
fatisfaits, comme lui, de la philofophie péripatéticienne,
cherchoient une route nouvelle pour
arriver à la vérité. Il fit plufîeurs découvertes d’op-.
tique. Il renonça aux foins & aux embarras au
fîècle. Retiré dans un bois au bord d'un fleuve, il
s'y livra entièrement à des méditations philofo-
phiques. Ces méditations produifîrent un ouvrage
en deux volumes, où il expofoitles principes
des chofes naturelles. Le livre eut le plus
grand fuccès & lui procura des partifans & des
admirateurs j il fut folennellement invité à venir à
Naples inftruire la jeuneffe. Il s’y forma une Académie
où fes principes furent publiquement enfei-
gnés fous le nom de Philofophie téléftenne. Çette
Académie a fubfifté long-tems encore après fa
mort, arrivée en 1588 à Cozence fa patrie, dans
le royaume de Naples.
Thomas Telefius fon frère étoit archevêque de
Cozence » ils etoient d'une famille dillinguée par
fa noblefle & par fon amour pour les Lettres.
TE LO N & G YAR E E , (Hift. anc.) , frères jumeaux,
marfeillais , tous deux aftronomes, mathématiciens
& furtout marins célèbres , tous deux
tués dans un combat naval contre Jules-Céfar, devant
Marfeille. Voici le témoignage que rend Lu-
cain dans le troifième livre de la Pharfale3 aux talens
& aux connailfances de Telon :
Dirigit hue puppim miféri quoque dextra Telonis,
Quiî nullam melius pelago turbantecarimt
Audivere manum nec lux eft notior ulli
Craftina 3 feu Ph&bum videat, feu cornua lun&3
Semper venturis componere carbafa ventis.
Gyarée fut tué le premier,
Dion cupit in fôciam Gyareus erepere puppim ,
Excipit immenfum fujpenfa per ilia ferrum.
Ajftxufque rati, telo retinente , pependit.
T e lo n , faififlant de fa main droite un vaifleau
ennemi pour venir à l'abordage , eut cette main
coupée, & n'en continua pas moins de combatt re
& de manoeuvrer : ‘
Sed
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Sed eam gravis infuper iclus
Amputât : ilia tamen nifu quo prenderat, k&fit,
Diriguitque tenens ftrictis immortua nervis.
Ici Lucain ne furfait-il pas un peu ? Quoi qu'il en
foit,Ja main gauche fut pareillement coupée i &
T e lo n , ne pouvant plus nuire à l'ennemi que par
fon tronc & paf fon poid s, fe jeta dans le vaif-
feau qu'il attaquoit > il fut percé de coups, mais il
vivoit encore lorfque le vaifleau coula à fond,
8c il mourut entouré d'ennemis qu’il immoloit.
Toutes ces particularités font rapportées en beaux
vers par Lucain :
Ejfugientem animam lajfos collegit in artus ;
M.embraque contendit toto quicumque manebat
Sanguine , & hofiilem defettis robore nervis ,
Infiluit j folo nociturus pondéré, puppim
St rage virûm cumulât a ratis..... decidit in undas......
Æquora difeedunt merfâ diducla edrinâ.
TEMPESTE (A n t o in e ) , (Hift. mod.), fameux
peintre & graveur florentin, mort en 1630,
eut pour maître en peinture le flamand Strada,
qui peignoit alors des batailles qu'on voit à Florence
dans le vieux palais du Grand-Duc. Tem-
pefte fut aufli un peintre de batailles , de chafles, 1
de cavalcades, d'animaux de toute efpèce. On a
de lui un grand nombre d'eftampes dont les fujets j
font de fon invention j mais il en a beaucoup aufli j
d'après les deflins d'Othon Vami, peintre eftimé
dans les Pays-Bas, entr'autres quarante planches
repréfentant l’hiftoiré romanefque des fept infans
de Lara, hiftoire digne de la Bibliothèque bleue,
mais propre à fournir aux arts des idées & des
images.
TEN T Z E L 1US : c'eft le nom de deux favans
Allemands ; l'u n , André, médecin, qui vivoit en
1630, a décrit fort au long, dans un Traité particulier,
la matière des momies, leurs vertus &
leurs propriétés, la manière de les compofer &
l'application qu'il vouloit qu'on en fît à de certaines
maladiés comme de remèdes fpécifiques. Il
n'eft pas le feul qui ait prétendu ainfi appliquer les
momies à la médecine} mais il paroît que c'eft
une idée abandonnée.
L'autré étoit un favant & un antiquaire, propre
uniquement au cabinet, qui a beaucoup écrit fur
différentes matières d’érudition. Il enlève à faint
Ambroife & à faint Auguftin l'hymne Te Deùm
laudamus, qu'on leur attribue dans nos livres d'é-
glife. Il avoit du goût pour la polémique , & a
écrit contre divers auteurs, qui le lui ont rendu.
Né le 11 juillet 1659 dans la Thuringe, d'un père
miniftre j il mourut le 24 novembre 1707.
TERRAIL (L o u is de C om b o u r s ie r , fieur
DU;) , (Hift. mod.) 3 gentilhomme français de j
Hiftoire. Tome KJ. Supplément.
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bonne Maifon, quoiqu'il paroifle n’avoir rien eii
de commun avec la Maifon du Terrail, fondue
dans celle d'Eftaing & dont étoit le chevalier
Bayard, étoit d'ailleurs d'une bravoure diftinguée,
mais malheureux dans fes entreprifes. Henri IV
l'avoit fait cornette de la compagnie du Dauphin ,
qui fut depuis Louis XIII > mais ayant pris querelle
au Louvre avec un gentilhomme qu'il tua fous
les yeux du Roi, lequel étoit alors à fa fenêtre, il
fut fort heureux de pouvoir fe fauver par la fuite.
II fe retira dans les Pays Bas auprès des Archiducs,
alors en guerre contre la Hollande. II f i t ,
pour les fervir, trois entreprifes, deux fur Berg-
op-Zoom,une furl'Eclufe, dont aucune ne réuffit.
Pendant la trêve de douze ans entre la Maifon
d'Autriche & la Hollande, il alla en pèlerinage
à Notre-Dame de Lorette, avec un bourdelais
nommé La Bàftide. A leur paflage par Turin, ils
allèrent faluerle duc de Savoie, qui, fans qu'on
voie fur quoi pouvoit être fondée cette confiance
dans des étrangers & des paflans, s'ouvrit à eux
du deflin qu'il avoit de s'emparer de Genève p:r
furprife. Du Terrail & La Baftidé lui en propos
e n t les moyens & lui offrirent leurs fervices : le
Duc les accepta, & les récompenfa d'avance par
des préfens. Mais pour réuflir dans de pareilles
entreprifes il faut d’ abord favoir les tenir fecrètes.
Du Terrail, déjà foupçonné, parla & parla fort
indiferétement dans un jeu de paume. Il fut dénoncé
: on l'arrêta, ainfi que La Baftide, dans le
Pays de Vaudj ils avouèrent tout a Genève où ils
furent conduits, 8e où on leur fit leur procès. Du
TerrailTeut la tête tranchée le 17 avril 1609. La
Baftide fut pendu deux jours après. Du Terrail fut
regretté, parce qu'il étoit très-brave & qu'il joignoit
à des qualités aimables un extérieur très-
avantageux. Spon, dans fon hiftoire de Genève,
rapporte que Du Terrail, en allant au fupplice,
demandoit, non pas grâce,mais pardon au peuple,
contre lequel en effet il avoit eu tort de confpi-
rer, n'y étant forcé par aucun devoir de fujetj &
que le peuple de fon cô té , touché de fa bonne
mine & de fa réputation de valeur, pleuroit fur
lui & eût voulu lui faire grâce. Les parens de Du
Terrail demandèrent fon corps, mais il étoit enterré
& on ne voulut pas l'exhumer. Il falloit que
fa réputation de guerrier iiluftre fut bien établie ,
puifqu'on mit les vers fuivans à fon honneur dans
une chapelle : on ne dit pas fi c’eft là qu'il étoit
enterré.
Cavaliers, accourez aux triftes funérailles
De çc grand Du Terrail, de qui l’injufte fort,
Après l'avoir fauvé de cent & cent batailles,
Dans une pleine paix l’a conduit à la mort.
On lui fit encore cette autre épitaphe envers ,
plutôt incorrects (témoin le troifieme ) que mauvais
:
V v