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fon falut qu’aux fecours de quelques paÿfans qui
le recueillirent dans leur cabane.
En 1 54 3 , T amiral d’Annebaut fit la guerre dans
le Hainaut j il fit inveftir Avefne, & bientôt il
l’abandonna. Du Bellay paroit perfuadé qu’on au-
roit pu prendre Avefne d é f a u t , & il ne conçoit
pas ce oui engagea l'amiral à changer ainfi de pro-
et. 11 fe plaint encore du pè-u d’attention que fit
’amiral à un avis utile qu’il lui donna au fujet de
Landrecies : du Béllay fe reflouvint que , lorf-
qu’en 1521 Charles 3 duc de Vendôme, avoit
voulu attaquer cette place 3 les habitans y avoient
mis le feu & s’étoient réfugiés dans la forêt de
Mormaux 3 qui étoit dans leur voifinage. Du
Bellay favoit que l’intention du Roi étoit de fortifier
Landrecies quand on l’auroit pris : il falloir
donc empêcher qu’ il ne fût brûlé. Un moyen de
l’empêcher étoit d’enlever aux habitans l’afile de
la forêt de Mormaux. Du Bellay pofta en confé-
quence un détachement au - delà de la Sambre 3
entre Landrecies & cette forêt } mais ce détachement
étant trop foib le , il envoya demander du
renfort à l’amiral, oui non-feulement le refufa 3
mais, encore rappela le détachement de du Bellay
du polie où celui-ci l’avoit placé. C e que du Bellay
avoit prévu arriva : les habitans de Landrecies
mirent le feupartout, & fe fauvèrent , comme en
15213 dans la forêt de Mormaux : il n'y eut guère
que l'églife qui fut préfervée des flammes > & du
Bellay cbferve que les provifions qui furent réduites
en cendres 3 auroient fuffi pendant une année
entière à la fubfiflance d’une nombreufe garnifon.
LeDauphin & LAmiral, qui s’étoient attaches,
par d’ordre du R o i , au fiége de Binche, eurent
encore le dëfagrément de le lever. Le Roi, après
avoir pris Luxembourg, détacha l’ amiral d’Annebaut
avec un corps d’armée pour porter fecours
au duc de Clèves fon allié, q ui, opprimé par
l'Empereur, chaffTé du Brabant, dépouillé'd’une
grande partie des duchés de Gueldre & de Juliers,
fut obligé de faire fon accommodement & de fu-
bir le .joug prefqu’ à la vue du fecours qu on lui
amenoit .pour prévenir cette honte.
Les Impériaux ayant voulu reprendre Landrecies,
qu’on avoit répare & fortifié, l’amiral d’An-
nebaut fut profiter avec adreffe d'un mouvement
de leur armée, qui lailfa libre une des avenues de
la place } il s’y mtroduifit & en rafraîchit la garnifon
) ce qui obligea les Impériaux d’en lever le
fiégej il fe comporta bien auflî dans différentes
efcarmouches qu’il y eut autour de cette place,
& dans une retraite affez difficile 'qu’ilffallut faire
devant les ennemis.
En 1544 l’amiral commandoit contre l’Empereur
en Champagne, & toujours fous le Dauphin }
mais le Dauphin 'ne l’aimoit point, & -regrettoit
toujours le connétable de Montmorenci. Des officiers
qui regrettoient auffi Montmorenci, parce
qu'ils avoient vaincu fous fui 5 ;des courtifans qui
haïffoient d’Annëbaut à cauîe de -fa puilfance ,
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s’unirent avec le Dauphin pour faire une efpèce
de violence à François I en faveur du connétable.
Le Dauphin ofa le redemander au Roi comme
fon maître dans l’art de la guerre, d’ailleurs comme
un homme néceffàire à l’Etat, & des confeils duquel
il avoit befoin dans cette guerre difficile. Le
R o i, foit haine pour le connétable, foit amitié
pour d’Annebaut, qui en étoit digne, foit jalou-
fie de gouvernement, trouva très-mauvais que fon
fils voulût lui choifir fes miniftres & fes généraux >
il refufa durement, s’emporta contre fpn fils &
contre ceux qu’ il foupçonna de lui avoir fuggëré
cette démarche.
Il y eut cette-même année des négociations &
des conférences pour la paix, que la prife de
Saint-Dizier & les autres fuccès de Charles-Quint
dans la Champagne rendoient-très-néceffaire à la
France. Les députés pour les conférences furent,
de la part du Roi, l’amiral d’Annebaut k le garde
des fceaux, Erault de Chemans. La paix fut conclue
à Crefpy en Laonnois, le 18 feptembre 1544 }
mais la guerre continua contre le roi d’Angleterre
Henri V I I I , qui s’étoit joint à l ’Empereur pour
accabler les Français, & qui avoit pris Boulogne
&: affiégé Montreuil.
En 1545 , ce fut du côté de la mer que la France
porta fes principaux efforts : on refolut d'aller
chercher la flotte anglaife, de lui livrer bataille,
de faire même une defcente en Angleterre. D’Annebaut
commanda en qualité d’Amiral, titre qui
depuis long-tems n’entraînoit guère de fonctions.
En effet , on voit fous le règne de François I
tous les amiraux commander des armées de terre }
d’Annebaut feul en commanda une de mer cette
feule année. Vingt-cinq.galères, commandées par
•le baron de la Garde ( voye^ fon article dans le
Dictionnaire), fe joignirent à la flotte de d'Annebaut.
C e fut la fécondé fois qu'on vit dés galères
ofer traverfer le détroit de Gibraltar & s’engager
dans l’Océan, & ce fut la première fois qu’ on en
vit un fi grand nombre. En 1512., fous le règne
précédent, Prégent de Bidoux y avoit mené quatre
galères feulement, & cette entreprife avoit
paru téméraire. Les Anglais avoient des ramber-
g e s , efpèces de vaiffeaux à voiles & à rames
plus longs, plus étroits, plus propres à fendre les
flots que les autres, & dont la viteffe égaloit oti
furpaffoit celle des galères les plus agiles.
La flotte françaife arriva le 18 juillet devant l’île
de Wight : l ’armée navale-d’Angleterre étoit raf-
fembiée à Portfmouth : le baron de la Garde l’ alla
reconnoître âvec quatre galères j il s’avança juf-
qu à l’entrée du canal qui fépare l’île du continent,
& fur lés bords duquel Portfmouth eff bâti.
Quatorze vaiffeaux anglais tfortirent'à 1 inftant du
port pour environner les galères, qui n’eurent que
te tems de fe-retirer en forçant dévoilés & de rames.
Bientôt toute-la flotte anglaife fe préfenta
hors du canal j c ’étoit ce que d’ Annebaut deman-
dojf; : il s’avança auffi -avec toute-fa-flotte} mais on
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ne fit que fe canonner de part .8? d’autre : les Anglais :
rentrèrent dans, le canal. Le. lendemain, l’amiral
d’ Annébaut'rangea toute fon armée navale en bataille
: il la divifa. en trois- efcadres, & fe mit à
ee)le. du- centre;5 il envoya fes galères canonner la
flotte anglaife , pour l’ obliger à forcir du canal :
cette canonnade fut fi. vive & fi heuretife , qu’elle
coula à. fond: un des plus, grands vaiffeaux dè la*
flotte anglaife, dont il ne fe fauva que trente-cinq
hommes de cinq à fix cents dont il étoit monté;
Le vajffeau amiral fut auffi en.danger de périr. Les
Anglais détachèrent leursramberges pour donner
la chaffe aux. galères françaifes, & d’Annebaut
s’avança pour repouffer les ramberges 3 mais elles
fe hâtèrent de rentrer dans le canaL
L’amiral français,, voyant l ’obfijnation dés Anglais
à refuferle combat, tentaune autre voie pour
les arracher du canal : ce fut de faire une def-
çente. Henri VIII s’étoit avancé, jufqu’à Portfmouth}
d'Annebaut crut qu'il ne lailieroitpas faire
cette defcente fous fes yeu x, fans envoyer fa flotte
pour l’en empêcher. On fit donc la defcente, & on
la fit en trois, endroits différens, pour obliger les
Anglais à diviferleurs forces : les troupes répandues
fur les côtes, lès défendirent foiblement, &
efcarmo uchèrent plutôt quelles ne combattirent}
mais la flotte relia inébranlable dans fa rade. L’ amiral
avoit le plus grand delïr de fe diflinguer par
une victoire navale, efpèce d’exploit fur lequel •
il nauroit point eu de rival fous ce règne parmi
les généraux français} mais il fut obligé de fe rendre
aux raifons par lefquelles les pilotes & les capitaines;
de-vaiffeaux appuyèrent prefqu’ unani
mement 1 avis de ramener la flotte en France. On
regagna le Boulenois, & 1 on prit terre au Portet,
près de Boulogne. L’amiral, en arrivant, jeta quatre
mille foldats & trois mille pionniers dans un
fort que l’on bâtiffoit autour de Boulogne, pour
commander le port & empêcher les fecours qui
pourroient entrer du côté de la mer dans cette
place que François 1 fe propofoit d’ affiéger.
La flotte s’étant rafraîchie au Portet, fe remit
en mer pour obferver celle des Anglais } mais à
peine avoit-on quitté le rivage,. qu'une tempête \
obligea les vaiffeaux, français de relâcher fur ces
mêmes côtes d’Angleterre dont ils venoient de
s’éloigner. L’amiral ne cherchoit plus tant alors
la flotte anglaife} celle-ci s’étoit confidérablement
renforcée} la flotte françaife s’étoit dégarnie de
foldats aux environs de Boulogne , & avoit auffi
des vaiflèaux de moins : les Anglais, maîtres de
tous les ports , ne perdoient point de vue les vaif-
fèaux français, & attend oient feulement que la
tempête les difperlat pour les attaquer avec avantage.
Il ny avoit que lé retour du calme qui pût
rétablir. Légalité, en donnant à la flotte françaife
le loifîr de fe développer toute entière en pleine
mer : ce calme revint, & alors d’Annebaut remit
a la voile fans defirer ni craindre la rencontre de
la flotte anglaife : les deux flottes fe trouvèrent j
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en préfence au point du jour. Les Anglais parurent
loüg tems vouloir engager le. combat} mais ils
reftoient. toujours à portée de leurs- ports, &
voyant que la flotte françaife avoit le deffas du
v ent, ils commencèrent à faire, voile vers l'ile de
Wight : ils firent leur retraite en bon ordre} mais
la canonnade fut très-vive, & dura bien avant dans
la nuit. On s’ apperçut le lendemain qu’elle n'avoit
pas été fans effet} la flotte-anglaife avoit difparu,
mais on voyoit flotter fur les eaux- beaucoup de
cadavres & de. débris de navires : les galères françaifes
n’avoient prefque point fouffért du feu de
l’artillerie ennemie} leur peu de hauteur les ga-
rantjlIo.it.} les coups de canon paffoient par-def-
fus.. La.flotte françaife fut ramenée au Havre 3 ce
fût là le terme de cette expédition maritime.
La paix fut conclue cette même année 154.5
& ce fut encore, de la part de François I , par 1 amiral d Annebaut, affifté* dedLaymond, premier
préfident du parlement de Rouen.
La mort du due d’Orléans, dernier fils de François
I , arrivée- le 8 feptembre 1545, changeant
entièrement le p oint de vue politique relativement
au Milanez, qui avoit été cédé à ce Prince par le
traité de Crefpy, ce fut encore l’amiral d’Annebaut
qui fut envoyé avec le chancelier Olivier à
l'bmpereur, pour lui propofer un nouveau traité
qui pût tenir lieu de celui de Crefpy, devenu fans
objet.
François I , dans fon teftament, rendit à l’amiral
d'Annebaut le témoignage le plus flatteur}
il fit plus que de vanter ce miniftre, il le récom-
penfa : le généreux d’Annebaut s’étoit appauvri
dans le commandement des armées & dans le mi-
nifière : le R o i, par fon teftament, lui donna cent
mille livres, fomme eonfidérable pour le tems :
préfent ineftimable, dit M. de Thou ,'i i l’on con-
iidère la main qui le fit & lé motif qui le fitfaire. '
Auffitôt après la mort de François I , & contre
le confeil exprès qu’il avoit donné en mourant à
Henri II, Montmorenci fut rappelé, & mis avec
les Guifes à la tête des affaires. L ’amiral d’Annebaut
& le cardinal de Tournon furent exclus du
confeil. L’amiral étoit auffi maréchal de France ;
il mourut à la Fëre en Picardie, le 1 novembre
1572. Jean fon fils, baron d’Annebaut, fe diftrn-
gua, en 1544, a la bataillé de- Ç érifoles } au fiége
de Foffan il tomba de cheval, & eut l’épaule rompue
; à la bataille de Dreux, en 156 2, il reçut des
bleffures dont il mourut.
Le cardinal d’Annebaut (Jacques) , évêque de
Lizieux, mort à Rouen l'an 1558, etoit frère de
l ’amiral & oncle de Jean.
ANVILLE ( d’ ) ; (H z/?, lia. m o i.) Le géographe
Jean-Baptifte Bourguignon d’Anville naquit
a Pans le 11 juillet 1607. Il déffinoit dans fes
clalies la carte des pays décrits par les auteurs anciens
qu il etudioit. L’eloge de ce géographe , le
plus favant qui ait jamais paru, quoiqu’il n aitpas