
456 CHRONOLOGIE.
fils d’Emmanuel-Philibert, dit Tête-de-fer, qui gagna
en i 5 57 la bataille de Saint-Quentin, & qui fut
rétabli dans fes Etats par la paix de Cateau-Cam-
brefis, en époufant la foeur d’Henri II.
Charles-Emmanuel avoit profité des troubles de
la Ligue pour envahir le marquifat de Saluces.
Henri IV en exigea la reftitution : Charles-Emmanuel
réfilla long-tems ; il difoit que le mot de
reftitution étoit un barbarifme dans la langue des-
Princes. A force d’intrigues & de confiance il parvint
à conferver le marquifat de Saluces, & ce fut
pour lui une efpèce de triomphe, puifqu’il fem-
bloit s’être fait un point d’honneur de la confer-
vation de cet Etat ; mais il fut obligé de rendre en
équivalent ta BrefTe, le Bugey & le Valromey,
qu’il céda pour lors (en 1601 ) à la France, en
échangé du marquifat de Saluces, & qui par-là
furent réunis à la couronne.
BRETAGNE. ( Voye^, dans le Dictionnaire, les
articles Bretagne & Anne de Bretagne.')
BRIE. ( Voyei ci-après l’article Champagne.)
C AL A IS ( C omté d’Oy e et d e ) . On fait
qu’Edouard I I I , roi d’Angleterre , prit Calais
le 31 août 1 347, & que les Anglais l’ ont confervé
depuis ce tems j11 {qu’ au 8 janvier i j j S , qu’ il fut
enlevé à la reine Marie par l’illuftre François, duc
de Guife , dont, à ce feul titre, le nom doit être à jamais précieux à la France.
Guifnes & tout ce qu’ on appelle la terre d’Ove
& toutes les dépendances de Calais furent pareillement
reconquifes & réunies dans le même tems.
C ARC ASSONNE, BÉZIERS & NIMES. Que ce
foit Carcas, un des fept eunuques du roi Afluérus,
qui ait bâti la ville de Carcaffonne juftement cinq
cer.t cinquante ans avant la fondation de Rome,
ou que ce foit la dame Carcas, vaillante amazone,
veuve de Balah'ac, un des chefs des Sarrafins du
tertio de Charlemagne, qui ait donné fon nom à
cette v ille, comme fa repréfentation, qu’on voit
encore fur la porte de la c i t é , avec l’infcription :
Carcas fum , femble l’annoncer , c’ eft ce que nous
ne rechercherons point ici. Nous ne remonterons
qu’ à Roger I , qu’ on croit avoir é té , en 888, lé
premier comte ou gouverneur de Carcaffonne, &:
qui mourut en 920.
Sa poftérité mafculine pofTéda Carcaffonne juf-
qu’ en 1029, que Roger III eut pour héritière Er-
mengarde fa foeur.
Elle époufa Raymond Trincavel, vicomte de
Béziers Si d’Agde.
Celui-ci eut une grande guerre à foutenir con--.
tre Raymond Bérenger, comte'de-Barcelone, qui
defcendoit, comme Ermengarde, de Roger,premier
comte de Carcaffonne , & qui prétendit partager
avec elle ce comté. Quelques fuccès de
Raymond Béienger forcè^t-Trincave là lui. céder.
Carcaffonne, en confervantle refte du comté. Bernard
A ton , frère & fucceffeur de Trincavel dans
les vicomtés de Béziers & d’Agde, & dans la partie
qui lui étoit reliée du comté de Carcaffonne, continua
la guerre contre les comtes de Barcelone ,
& reprit deux fois la ville de Carcaffonne, qui enfin
lui relia, mais fous la condition de rendre hommage
au comte de Carcaffonne, & de fe contenter
du titre de vicomte. Il époufa C é c ile , vicomtelfe
de Nîmes- Ses divers Etats furent partagés entre
fes trois fils , Rog er, Raymond & Bernard. L’ aîné
eut Carcaffonne & Alby ; Raymond, Béziers ; Bernard,
Nîmes. Raymond finit par réunir tous ces
Etats. Il eut des guerres à foutenir contre Raymond
V , comte de Touloufe. Il fut maffacré le
22 juillet 1167, dans l’églife de Béziers, par des
rebelles & des conjurés. '
Raymond Roger fon petit-fils, ayant au contraire
embraffé le parti de Raymond V I , comte
de Touloufe, fils de Raymond V , & ayant combattu
pour les Albigeois, Simon de Montfort conquit
fur lu i, en 1209, Carcaffonne & Béziers, &
prêfque tous fes domaines.
Un fils que laiffa Raymond Roger céda dans la
fuite à faint Louis tous fes droits fur Carcaffonne
& Béziers, moyennant 600 liv. de revenu.
Simon de Montfort avoit étéinvefti de fes conquêtes.
11 devint feigneur de Carcaffonne, & reprit
le titre de comte que fes prédéceffeurs, par lui
dépouillés, avoient quitté pour celui de vicomte.
Tué eh 1219 au fiége de Tou lou fe, il eut pour
fuçceffèûr Amauri fon fils , qui en 1222 céda
tous fes droits au prince Louis, fils de Philippe-
Augufte & père de faint Louis, & ratifia en 1229
cette même cefïion, d’ une manière plus folennelle ,
en faveur de faint Louis lui-même , q u i, à cette
époque, réunit à la couronne les comtés de Car-
caffonne , de Béziers & de Nîmes.
CHALONS-SUR-SAONE (C o m t é de) . T h éo d
ore I étoit comte de Châlons & de Mâcon
en 830.
Bernard, le fécond de fes arrière-petit-fils, eut
pour fon partage le comté de Mâcon. ( V’oyeç
Mâcon. )
Manaffès , neveu de Bernard, fils de Manafïes-
le-Vieux , frère aîné de ce même Bernard, eut le
comté de Dijon en 900. ( Voye% Dijon.)
Châlons continua d’être le partage des aînés.
Gifalbert, comte de Châlons, frère aîné de Ma-
naftès, & qui s’ intituloit Comte par la grâce de
Dieu , ne laiffa que deux filles. De plus grands
domaines alors échus à cette Maifon furent le
partage de l’aînée : ce fut la cadette, nommée
Véré, qui hérita du comté de Châlons ; elle époufa
Robert de Vermandois, comte de Troyes.
Adélaïde leur fille unique leur fuccéda ; elle
époufa un comte de Lambert, dont on ne fait ni
la famille ni le domaine, mais qui forma la fécondé
branche ou dynaftie des comtes de Châlons.
Hugues
" Hugues T leur fils léur fuccéda, mais il quitta
fon comté pour -entrer dans l’état eccléfiaftique ;
il fut évêque d’Auxerre , & 'mourut, en 1039 ,
moine à l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre.
Son neveu ; Thibaud, & fon petit-neveu, Henri,
partagèrent par moitié le comté de Châlons.
Une de ces moitiés fut céd ée, en 1113, à le v é -
que de Châlons, par un feigneur de cette Maifon.
Les fucceffeurs de cet évêque en ont toujours joui
depuis, ÎJe c’eft de là que leur vient le titre de
.comtes de Châlons, joint a celui d’évêques. L’autre
moitié du comté continua d’être poiiédée par la
Maifon des comtes de Châlons.
Guillaume I I , mort en 1202 , ne laiffa-qu’une
fille , nommée Béatrix , laquelle avoit époufé, en
1188 , Etienne I I , comte d’Offonne. ( Voye%
Offonne. )
. Jean,comte d’Offonne, leur fils, échangea,en
1247, la moitié du comté de Châlons, dont il
aveit hérité, contre Senlis & beaucoup d’autres
terres. C e fut avec Hugues IV, duc de Bourgogne,
dont il avoit époufé la foeur, qu’il fit cet échange,
au moyen duquel le comté de Châloris-fur-Saône
f i t réuni au duché de Bourgogne, lequel, comme
on fait, le lut à fon tour à la couronne en 1477.
CHAMPAGIHE & BRIE ( C o m t é d e ) . En
884, Robert I s’empara de pl 11 fleurs villes de
Champagne , nommément de celle de Troyes, St
prit le titre de comte de Troyes. On croit au il
étoit beau-frère des deux rois, des deux frères ,
Louis III & Carloman.
Son fils Richard mourut fans enfans en 958 : il
étoit beau-frère des rois Eudes & Robert. V o ilà ,
fi l’on v eu t, une première race des comtes dé
Champagne.
Robert de Vermandois, troifième fils de ce trop
fameux Herbert I I , comte de Vermandois, qui
trahit le roi Charles-le-Simple , & qui en mourut
de remords, s’empara de la Champagne à main
armée : il ne tenoit à fon prédéceffeur que par un
lien très-foible; il étoit neveu dé Richilde, femme
de Richard : ce n’étoit pas là un titre héréditaire ;
mais tout titre eft bon avec la force, il eft dans la
lifte des comtes de Champagne, fous le nom de
Robert II. Il ne laiffa qu’une fille, nommée Her-
mengarde, qui ne fuccéda point aux Etats de fon
père.
Robert avoit fait venir auprès de lui fon frère
aîné, Herbert, comte de Meaux , fécond fils
d’Herbert I I , comte de Vermandois ; il i’inftitua
fon héritier. C et Hèrbert eut un fils , nommé
Etienne I dans la lifte des comtes de Champagne}
celui-ci mourut fans enfans, &c en lui finit la branche
mafculine des comtes de Champagne de la
Maifon de Vermandois, qui n’ avoient été qu’ au
nombre de trois.
Eudes, fucceffeur d’F.tienne, étoit fon parent,
mais il n'était pas de la même Maifon; il delcen-
doit bien , comme lu i, d'FIerbert I I , comte de-
hLiftoire. Tome K l. Supplément,
Vermandois , mais par femme feulement : c’étoit
par Leutgarde, fille d Herbert, femme de Thi-
; haut I I , comte de Blois , bifaïeul d’Eudes, auxfi
comte de Blois. Eudes fut donc à la fois comte de
Champagne & de Blois, & encore de Chartres &
de T ou rs , pofledés alors par les comtes de Blois. 11 fe vit un des plus puiftans feigneurs de France ,
&: il fit ombrage au roi Robert, comme un vaffjl
trop redoutable à un Roi trop foible ; mais Eudes
périt par fon ambition. Toujours avide de conquêtes
& d’ agrandiflement, il s’empreffa de difputer
à Conrad-le-Salique la fucceffion du royaume de
Bourgogne après la mort de Rodolphe III. Conrad
étoit mari de Gifele , nièce de Rodolphe , & c ’étoit
à ce titre que Rodolphe l’avoit inftitué fon
héritier. Eudes étoit auflï neveu de Rodolphe » il
étoit fils de Berthe fa foeur aînée. Il conquit d’ abord
une partie du royaume de Bourgogne, mais
Conrad l'en chaffa en 1032, & força Eudes d’abandonner
fes prétentions par un traité qu’Eudes
s’empreffa de violer en entrant à main armée dans
le duché de Bourgogne ; mais il fut vaincu & tué
à la bataille.de Bar le 1 y feptembre 1037.
Son fécond fils, Etienne I I , eut, dans fon partage
, la Champagne & la Brie , qui en fut toujours
comme une annexe.
Nous avons dit, à l’article Blois, commentThibaud
II, frère aîné d’ Etienne, & qui avoit eu dans
fon partage les comtés de Blois, Chartres , &c_
s’empara de la Champagne à la mort d’Etienne ,
au préjudice d’un fils qu’ il laiffoit, mais dont la
naiffance parut équivoque. ( Koye[ l’ article Blois.)
La poftérité mafculine de ce Thibaud polféda
la Champagne. Son arrière-petit fils, Henri I , dit
U Riche , dont le r -gne fut nommé L‘âge a3or de la
Champagne , eut deux fils, Henri I I , qui fut comté
de Champagne, & Thibaud, quLeut le comté de
Meaux.
Henri s’étant croifé , en 1 1 9 1 , avec les rois de
France & d’Angleterre, Philippe-Augufte & Richard
Coeur-de-Liong mourut à Tyr en U 9 2 ,
étant tombé d’une baluftrade de fon palais. Richard
lui avoit fait époufer Ifabelle, reine de
Jérufalem. De ce mariage naquirent deux filles ,
A lix , qui époufa Hugues I , roi de Chypre; Philippine
, qui époufa Erard de Brienne ; elles por?
tèrent à leurs maris leurs prétentions au trône de
Jérufalem,mais elles furent exclues delà fucceffion
au comté de Champagne, qu’ on fuppofa être un
fief mafeulin : ce fut Thibaud leur oncle, comte
de Meaux, frère de Henri I I , qui hérita de la
Champagne. II fut père d’ un autre Thibaud, le
plus célèbre des Princes de ce nom , le plus célèr
bre même de tous les comtes de Champagne.
Q’eft celui dont nous avons des chanfo.ns amou-
réufes, dont on croit que la reine Blanche, mère
de faint Louis, fut l’objet. C ’eft celui qui fut foup-
çonné d’ avoir, par des motifs de rivalité, avancé
les jours de Louis V .lll, mari de Blanche. C ’eft
celui qui joua un rôle afiez' équivoque dans les
M m m