
dans les cours étrangères ou dans des places ou
emplois de confiance ; qu’il faudra avoir l’ âge de
trente ans accomplis pour être reçu , ou au moins
de vingt- cinq ans accomplis au.cas que quelque
railon particulière oblige à admettre quelqu’un au
rieffous de l’ âge de trente ans ; qu i! ne fera plus
reçu à l ’avenir dans lefdits Ordres, desechevaliers
de grâce , commandeurs, fondateurs ni fervans ;
que le droit de paffage & autres frais y feront
payés par chacun des chevaliers qui feront à l’avenir
admis dans lefdits Ordres î que ce droit fera
fixé à la fomme de mille livre s , & le droit des
officiers à douze cents livres , pour être diftri-
buées entr’eux fuivant l’ ufage jufqu’ à préfent ob-
fervé, indépendamment des honoraires du généa-
logifte ; que les chevaliers porteront au cou la
croix défaits Ordres, attachée à un ruban de couleur
amaranthe, 8c dans les occafions de cérémonie
ils porteront la croix ainfi 8c de la manière dont
il en a été ufé jüfqu’ à préfent ; que ceux des gentilshommes
qui auront été élevés dans l’école.royale
militaire , & que Sa Majefté jugera à propos d’admettre
dans lefdits Ordres, y feront reçus , en
faifant également preuve de nobleflfe 8c de religion
comme les autres ; mais qu’ils pourront y être
admis quoiqu’ils n’aient pasl’âge prefcrit & que le
nombre' de cent foit rempli , & suffi avec exemption
du droit de paflàge 8c de tous autres droits.
C e s réglemens, faits & arrêtés à Verfailles,le Roi
y étant, le ij juin 1757, étoient fort propres à
concilier à ces Ordres une grande faveur dans le
public : nous avons dit à quel degré de fplendeur
ils étoient parvenus dans les derniers tems , fous
la grande-maîtrife de Moniteur, frère 8c fuccelfeur
de Louis XVI.
Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Ordre militaire , qui eft le même que celui de
Saint-Lazare, depuis que ces deux Ordres ont été
réunis , a été rétabli par le roi Henri IV en 1608.
C e Prince fouhaita qu’ il ne fût compofé que de
Français , afin de le diftinguer de celui de Saint-
Lazare de Savoie, qui -rreft que pour les Italiens
& les Savoyards. Il fut compofé de cent gentilshommes
du royaume^ qui dévoient marcher en
tems de guerre près de nos monarques, pour la
garde de leurs perfonnes facrées. Philibért de Né-
reftang fut choifi pour être grand-maître de TOr-
d ré , 8z il en fit le- ferment entre les mains du Roi
à Fontainebleau, en préfence des Princes & Seigneurs
de la cour, jurant fidélité à Sa Majefté 8c
a tous fes fucceffeurs, rois de France. Le Roi lui
mit enfuite le collier, qui étoit un ruban tanné ,
auquel pendait une croix d’ or , fur laquelle étoit
gravée l’image de Notre-Dame, environnée de
rayons d’ or. Il lui mit enfuite le manteau chargé
de la même c roix; même ordre que le pape
Paul V approuva, 8c que Louis XIV a encore
ïétâbîi. .
Ordre de Saint-Michel.
Ordre militaire de France, qui fut inftitué par
Louis XI à Amboife, le premier août 1469. Il ordonna
que les chevaliers porteroienttous les jours
un collier d’ or fait à coquilles lacées l’une avec
l’autre, & pofées fur une chaînette d’ or , d’où pend
une médaille de l’archange Saint-Michel, ancien
protecteur de la France. Les ftatuts de cet Ordre
furent compris en Soixante-cinq chapitres , dont
le premier ordonne qu'il fera compofé de trente-
fîx gentilshommes , dont le Roi fera je chef, 8c
qu’ ils quitteront toutes fortes d’autrès Empereurs,
ou Rois ou Ducs. La devife étoit en ces termes :
Immenfi tremor Oeeàni.. Cet Ordre avoit ete en
grand honneur fous quatre Rois ; mais les femmes
le rendirent vénal fous le règne de Henri I I , 8c la
reine Catherine 'de Médias le donna à tout le
monde, de forte que les feigneurs 8c les grands
ne voulurent plus l'accepter. Tous les chevaliers
de l’Ordre du Saint -Efprit prennent l’Ordre de
Saint-Michel la veille du jour qu’ils.doivent recevoir
celui du Saint-Efprit ; c’eft pourquoi leurs
armes font entourées de deux colliers , & ils font
appelés chevaliers des Ordres du Roi. Peut-être
crut-on par-là relever l’Ordre de Saint-Michel;
mais cela produifit peu d’effet, 8c l’Ordre du Saint-
Efprir, au lieu d’élever à lui l’Ordre de Saint-
Michel , acheva de l’abaiffer 8c de l’éteindre.
De tous ceux qui avoient reçu l’ Ordre de Saint-
Michel fans être de l’Ordre .du Saint-Efprit, le,
roi Louis XIV en choifît & retint une centaine en
: 166y , à la charge de faire preuve de leur noblefiè
8c de leurs fer vices; nouvelle tentative pour relever
l ’Ordre de Saint-Michel, mais qui eut peu
d’effet encore.
Le Roi commet un des chevaliers de fes Ordres
pour préfider au chapitre général de l’Ordre de
Saint-Michel, & pour y recevoir ceux qui doivent
y être admis fuivant l’intention de Sa Majefté. ,
« Les premiers chevaliers que le roi Louis XI
» nomma, furent le duc de Guienne fon frère, Jean
‘ » de Bourbon , le connétable de Saint-Pol, Jean
» de Beuil, comte de Sapcerré ; Louis de Beau- 03 mont j feigneur de la Forêt 8c du Pleffis ; Jean
33 d’Etouteville-, feigneur de Torcy ; Louis de
33 Laval, feigneur de Châtillon-; Louis, bâtard de
33 Bourbon,comte deRouffillon, amiral de France;
33 Antoine de Chabanes , comte de Dammartin 3
33 Jean, bâtard d’Armagnac, comte-de Cominges,
»3 maréchal de France, gouverneur du Dauphiné;
33 Georges de la Trémoille , feigneur de Craon ;
33 Gilbert de Chabanes , feigneur de Curton ;
»3 Charles de Gruffol, fénécnal du Poitou ; Tan-
33 neguy du C h â te l, gouverneur du Rouffillon 8c
33 de Çerdagne. Le nombre des trente-fix cheva-
33 fiers n’étant pas complet, le Roi déclara qu’ au
«premier chapitre il feroit procédé à i'éledion
33 des autres. Les principales conditions pour re-
« ce v o ir un chevalier étoient qu’il fût gentilhomme
*» de nom & d ’ armes, Srfans reproche. On p ouvoit
93 ê tre privé de l’Ordre pour trois caufes > favoir :
« l'h é r é f ie , la tra h ifo n , ou ;pour avoir fui dans
« quelque bataille ou rencontre. Il fe tenoit tous
33 les ans un ch ap itre, où l'o n examinoit les v ie 8c
33 moe urs ,d e chaque chevalier en particulier, en
»» commençant par le dernier reçu 8c finifiant par
« lé R o i , qui voulut être .fournis à l’examen. Le
»3 chevalier fortoit de l ’affemb lé e, pour laiffer la
« liberté de Rexamen ; enfuite on Je faifoit ren trer,
■ >3 pour lou er ou blâmer fa conduite. « (T ir é de
l ’hifioire de Louis X I par M. Duclos.)
Onconfe rve encore les ftatuts de l’Ordre d o n n é s .
à Charles de France , duc de G u ien n e, frère unique
du roi Louis X I , premier des chevaliers faits ;
lors de l’ inftitution en 1469. i l s fon t manuferits
fur v é l in , in-40. Il y a en t ê t e la repréfentation
d’ un chapitre tenu par le R o i , accompagné de fes
chevaliers v êtus des habits de l’Ordre , peints en
miniature, fuivant l'a rtic le 24. A u deflbus font
les armes de Guienne , écartelées de France &c,
de Guienne , a v e c le collier de l ’Ordre au to u r , l
compofé de coquilles ;& d’a iguillettes, :8c derrière
un ange ayant f ’écuffon devant lu i , 8c. foutenant;
le collier de fes deux mains. C e s ftatuts ne c-on-.
tiennent que foixante-fix articles , parce que l’addition
de 1476 n’ é to it pas encore faite. U n autre ;
manuferit fur v é lin , in-40. ■ avec des vignettes , &
le portrait du roi Cha rles V III en miniature , c o n tient
quatre-vingt-dix-huit a r t ic le s , parce que ;
l’ addition du 22 décembre 1476 s’y trou v e. 11 y a !
à la fin des lettres-patentes du roi Lou is X I , pour:
la fondation d ’une ch apelle de Saint-Michel dan s1
l’enclos du palais à P a r is , du 24 décembre 1476.
Au tre manuferit fur véliiV, in-40. A la tête-de la
table eft peint en miniature, d ’après Raphaèl, un
Saint-Michel foulant aux pieds le démon; dans le,
payfage ou enfoncement paroît le mont Saint-
Mich el. A u commencement des ftatuts eft peint
auffi en miniature le roi Henri I I , tenant un chapitre
a vec les chevaliers 8c officiers en habits de
l’O rd re , .avec tous les ornemens bien diftingués.;
C e manuferit ne contient que quatre-vingt-douze
articles , parce qu’on a compris fous l’ article 8 1 ,!
les articles 8 2 ,8 4 ', 8 4 ,8 5 8c. 8 6 , & que l ’on n'a
pas coté le d e rn ier, 98. Ils doivent avoir é té
; écrits & peints vers l’ an 1 y 4 8 , que l’ on changea
les manteaux des ch evaliers, qui étoient d e damas
blanc, en toile d ’argent. C e s ftatuts furent imprimés
pour la première fois en lettres gothiques ,
in - 12 , en 1 y 1 2 , ch ez Guillaume-Euttache. C e tte
éditictn contient quatre-vingt-dix-huit articles. Sous
le règne de Henri I I , on imprima ces ftatuts fur
v é lin , & ce tte édition n’a que quatre vingt-douze
articles. L e ro i Henri II y eft peint au commencement
en miniature, accompagné des ch evaliers
en habits de l ’O rd re. 11 tient un collier de la main
g au ch e , 8c lè v e la main droite pour faire prêter
ferment à Martin du B e lla y , feigneur de Lan g e y ,
qui eft à g en o u x , ayant JLa main fur le livre des
Evangiles que tient le cardinal de Lorraine, chancelier,
placé , affis 8c couvert au milieu de l'affem-
blée. Cette cérémonie pouvoit s’être faite à Vin-
cennes. La Sainte-Chapelle de ce lieu a depuis été
deftioée pour les cérémonies de l’Ordre de Saint-
Mi. h e l , fuivant les lettres de la fondation de
iy 5 7 , '0 l ’on y voit encore, ou l'on y voyou il
•y a peu de tems , les ftalles 8c la place du Roi
dans cette difpofition; 8c dans les vitres les portraits
des rois François I 8c Henri II , chefs &
fouverajns de l’Ordre, 8c ceux des ducs de Guife
8c de Môntmorenci, ce dernier connétable de
France, chevaliers, & du cardinal de Lorraine,
chancelier, tous en habits de l’Ordre.
les,autres éditions des ftatuts font, i°. de i y 6 r,
in-tS°. avec le recueil des remontrances faites au
roi Loui'sXl fur les privilèges de-l’ Eglife gallicane
8c les Etats de Tours, de 1483-84 ; 20. de 157; ,
dans les Ordonnances de Rebuffe ; 30. de 1611 >
dans les Ordonnances de Fontanon ; 40. dans le
Théâtre d’honneur de Favyn ; y°. en 1664; 6°. enfin
en .1725 , à-Paris, de l’ imprimerie ro y a le ,
in-40. Cette édition eft enrichie de quantité de
pièces concernant ledit Ordre, de plufieurs liftes
des chefs , des officiers & des chevaliers de l’Ordre,
& de quelques gravures.
Aujourd’hui le cordon de Saint-Michel paroît
refervë à des artiftes qui fe diftinguent par un
talent éminent. C ’ eft un autre genre d’illuftration
que celui qu’on fe propofoit dans l’inftitution ;
mais comme il n’a point été étendu ou élevé juf-
qu’aux talens de l ’efprit proprement dits ; comme
ni Corneille, ni Racine, ni Boileau, ni Fontenelle,
ni Montefquieu, ni Voltaire, n’ ont été décorés de
ce cordon, je doute qu’ un .homme de lettres de
quelque confidération fe crût honoré par cette
marque , qui, dans l ’état préfent des chofes, rie
l’annonceroit toujours dans le monde que comme
un ftibàlternë à talent. L’Académie fran'çaife, fans
aucune marque extérieure , étoit une diftindtion
bien plus flatteufe, 8c qui plaçoit dans le rang le
plus honorable. On dit qu’avant que M. de Belloi
fût de ce corps illuftre, mais après le fuccès du
Jlége de Calais & de Gajion & Bayard, on fongea
un moment à relever.en quelque forte l’Ordre de
Saint-Michel, en en faifant une diftindtion unique,
8c dès-lors , difoit-on, honorable au poète national
par excellence , qui confacroit fes travaux à la
gloire & au bonheur de fa nation.
Nec minimum meruêre decus, vefiigia Gr&ca
Aufî deferere & celebrare domeftica facta.
Mais , foit que les raifons qui viennent d’être
indiquées euflent rendu M. de Belloi fort indifférent
fur ce genre inufité de récompenfe, foit que
l’ Académie françaife , eh fe hâtant de lai rendre
juftice, eût comblé tous fes voeux ,.il ne fut plus
queftion de cette autre diftindti^n équivoque &