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tuteur d’Amé VI , comte de Savoie, furnommé
le Verd. Les hiftoriens de Savoie lui donnent
réloge d’avoir été un des plus fages chevaliers
de toute la Gaule. Il eut beaucoup de part aux
plus grandes affaires de Ton tems, & en France ,
& dans les Etats de Savoie ; il mourut avant fon
p è re , l’ an 1360, d’ une bleflure qu’ il avoit reçue
au fiége de Carignan.
40. Il avoit eu un frère naturel, qui fe nom-
moit Etienne comme fon père , 8c qui fut amiral
8c maréchal de Savoie, & chevalier de l’Ordre de
l ’Annonciade. C et Bjtienne acquit de la glo ire ,
furtout à la prife de Gallipoli. Il vivoit encore
en 1401.
50. Jean de la Baume, comte de Montrevel,
fe diftingua, jeune encore, à la prife d’Qrma-
cien en Dauphiné. Il eût, en 1383, la conduite de
l ’armée que le duc d’A n jou, Louis, régent de
France pendant la minorité de Charles V I , avoit
levée pour fon expédition de Naples. Le duc
d’Anjou le fit comte de Cinople en Calabre;
mais ce n’étoit qu’un titre honorifique, comme
l’étoit pour le duc d’Anjou lui-même le titre
de roi de Naples. Tous les Princes s’empref-
ferent à l’envi d’attirer Jean de la Baume d'ans
leur parti 8c de l’attacher à leur fervice. Amé VIII,
premier duc de Savoie, le fit chevalier de l’Ordre
de l’Annonciade en 1409. Dès l’ an 1404 le duc
d’Orléans lui avoit donné le collier de fon Ordre
du Porc-Epic. Le duc de Bourgogne lui fit aufli
beaucoup d’avances. Charles V I le fit fon chambellan.
Il paroît qu’il s’attacha au parti de Bourgogne
8c d’Angleterre dans le tems du traité
de Troyes ; car ce fut à la follicitation du roi
d’Angleterre, Henri V , que Charles VI le fit
maréchal de France le 22 janvier 1421. C e furent
aufli les Anglais qui lui firent donner le gouvernement
de Paris. Il vivoit encore en 14? ç.
6°. Jacques de la Baume, fils du précèdent^
s’attacha au duc de Bourgogne , Jean-le-Cruel,
qui lui procura, le 16 janvier 1418, la charge de
maître des arbalêtiers de France. Le duc de
Savoie le combla auffi d’honneurs 8c d’emplois.
70. Dans la branche des premiers feigneurs du
Mont-Saint-Sorlin, Quentin , chambellan du duc
de Bourgogne , Charles-le-Téméraire, fut tué à
la bataille de Grànfon-
8°. Marc de la Baume, feigneur de Bufly , fe
trouva, fous le règne de LouisXlI, à la bataille de
Novarre. François I lui donna la lieutenance - gé-
néraledu gouvernement de ChampagneSc de Brie,
fous le duc de Guife.
90. C ’eft en faveur de Joachim de la Baume, un
des fils de Marc, que le roi Henri 11 érigea en
comté la feigneurie de ChâteaurVilain.
io ° . Dans la branche des derniers feigneurs du
Mont-Saint-Sorlin, Claude de la Baume, tige de
cette branche, chevalier de la Toifon d’ o r , maréchal
& gouverneur du comté de Bourgogne, 8c
cjiaçabeUau de Charles-Quint, mort en 1541.
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1 1°. François de la Baume fon fils accompagna,
en 15 C2, le même empereur Charlês-Quint au
fiége de M e tz , fut gouverneur de Savoie & de
Breffe 9 mourut en 156
12°. Emmanuel-Philibert, fils de François, fut
page du duc de Savoie, puis gentilhomme de la
chambre du roi Charles IX , & des ducs d’Anjou
& d’Alençon fes frères 5 il fut tué en Flandre d’un
coup de-moufquet.au talon.
1 30. Antoine de la-Baume , frère aîné du précédent,
attaché de même, 8c au roi de France, 8c
au duc de Savoie, fut fait prifonnier en 1590 à la
bataille d’ Iffoire en Auvergne 5 il commandoit un
régiment de quinze cents hommes au fiége de
Genève en 1593 j il fut fait colonel-général de
l’infanterie du comté de Bourgogne, 8c fut tué au
fiége de Vefoul en 1595".
140. Jean-Baptifte, feigneur de Saint-Martin ,
fils d’Antoine, 8c connu fous le nom de baron de
la Baume, s’ attacha au fervice de l’Empereur &
du R o i, 8c acquit la plus grande réputation dans
toutes les expéditions militaires qui fe firent de
fon tems en Allemagne 8c dans les Pays-Bas ; il
étoit capitaine des gardes-du-corps du cardinal
Infant, gouverneur du comté de Bourgogne, général
de l’artillerie en Allemagne j il mourut à
Grey tout couvert de bleffures.
i j 0. Philibert de la Baume, marquis de Saint-
Martin , frère du précédent, né le 16 mars 1 y 86 ,
fut fait chevalier au fiége d’Oftende en 1602, 8c
mourut d’une chute qu’ il fit à la chaffe en courant
le cerf.
160. Claude-François de la Baume, comte de
Montrevel, frère aîné des deux précédons, fut
fait chevalier, ainfi que Philibert, au camp devant
Oftende, le 3 février 1602, par l’archiduc Albert;
en 1619 Louis XIII lui donna le régiment de
Charhpagne ; il fe fignala en 1620 au combat du
Pont-dè-Cé ; il fuivit Louis XIII au voyage en
Béarn, où le gouvernement des villes de Sauve-
terre 8c d’Oléron lui fut confié ; il fut fait mare-
chal-de-camp le 24 avril 1621 ; il fe trouva enfuite
au fiége de Saint-Jean-d’Angely; il mourut le dernie
r mai de cette même année 1621, d’un coup de
moufquet qu’il reçut en forçant les barricades du
faubourg de Taillebourg; il alloit être nommé
chevalier des Ordres du Roi; il en avoit le brevet.
17°* Ferdinand de la Baume, comte de Montrevel,
fils du précédent, eut aufli le régiment de
Champagne quand fon père fut fait maréchal - de-
camp ; il commanda ce régiment, n’ayant encore
que dix-rfept ans, aux fiéges de Saint-Jean-d’Angely
8c de Royan, où il fut darigereufement blefle ;
il fe trouva enfuite au fiége de la Rochelle 8c à
toutes les, guerres de fon tems ; il fut, comme fon
père, marechal-de^camp, 8c il obtint en 1661 le
collier des Ordres que fon père alloit obtenir en
1621 ; il fut lieutenant-général pour le Roi en
Brefle 8c dans le comté de Charolois. M oitié 20
novembre 1678.
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i8°. Charles-François de la Baume fon fils
aîné fervit en Artois l ’an 1645" » Y ^ut blefle 8c
fait prifonnier ; il fervit depuis - fous le prince de
Coudé , en Catalogne, en Flandre. Sc.pendantdes
mouvemens de Paris ; il mourut avant fon p è re ,
en 1666.
190. Jacques-Marie de la Baume , fils du précédent,
8c.comte de Montrevel, brigadier des"armées
, fut tué à la bataille de Nerwinde, le 29
juillet 1693.
20°. Il eut un fils, le comte de Montrevel, ca^-
pitaine de cavalerie , tué en Italie en 1701^
2 i ° . Le maréchal de la Baume Montrevel, Nicolas
Augufte, étoit fils de Ferdinand, mentionné
fous le n°l 17 ; frère de Charles-François, n°; 18;
oncle de Jacques-Marie, n0,. 15r; grand-oncle du
dernier; il avoit été élevé à la cour de France avec
les enfans du fameux comte de Harcourt-Lorraine.
Une affaire d’honneur qu’ il eut à Lyon dans
fa tendre jeunefle, 8c dont il fortit deux fois avec
avantage, l’obligea de quitter le royaume : il y
rentra en 1667 , jaloux de fervir le Roi dans la
guerre qui s’allumoit alors ; il fe diftingua fi noblement
au fiége, de Lille , que M. de Turenne
follicita pour lui desjjraces du Roi; en 1668 il fut
dangereufement blefle d’ un coup de moufquet à
la cuifle , en dégageant un convoi que les ennemis
avoient enveloppé au pont d’EIpières.
. Dans la guerre de Hollande, au paflage du Rhin
en 1672, il fut un des premiers qui fe jetèrent
dans le fleuve : il y reçut plufieurs blefliires, en-
tr’autres un coup de fabre au vifage ; il fe diftin-
gua encore à la bataille.de Senef, au fecoursd’Ou-
denarde 8c de Maëftricht, à la bataille de Caflrel,
au fiége de Luxembourg, au combat de Fleurus,
, a la prife de Namur ; il avoit été fait maréchal-de
camp en 1688, au renouvellement de la guerre ;
il fut fait lieutenant-général en 1 6 9 3 ,8c en cette
qualité il commanda des corps détachés, 8c fut
chargé, de garder la frontière tous les hivers pendant
cinq années confécutives ; il fut enfin compris
dans la promotion des maréchaux de France,
du 14 janvier 1703 ; il alla commander en Languedoc
contre les fanatiques des Cévennes, qu’ il
défit en diverfes occafions ; il eut encore divers
commandemens en Guyenne , en Alface, en Franche
Comté. Mort le r i octobre 1716.
22°. La Maifon de la Baume de Montrevel a
donné aufli à l’Eglife des perfonnages d’un mérite
diftingué, entr’autres deux cardinaux, archevêques
,de Befançon, qui tous deux eurent occafion
de fignaler leur zèle contre les Proteftans. Le premier
(Pierre de la Baume) étoit évêque de Ge-
j*6vé en 1323, dans le tems où 1 héréfie s ’y éta-
blifloit: les Huguenots le chafîerent jufqu’à deux
rois de la ville. Le chapeau de cardinal qu’il obtint
en 1 J5SU & l’archevêché de Befançon qui lui fut
conféré en 1 J42, furent fon dédommagement 8c
.fa récompenfe. 11 mourut le 4 mai 1 ^44.
*-• *3°. Il eu t, en 1343, pour coadjuteur dans fon
Hijioire. Tome V'i, Supplément.
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archevêché, Claude de la Baume fon neveu ( c ’eft
le fécond des deux cardinaux que nous venons
d’annoncer); il eut aufli à combattre les opinions
de Calvin, 8c il parvint, dition,_Ji les difliper entièrement
dans fon diocèfe. Il fit recevoir le concile
de Trente à Befançon, fut fait cardinal en
15^78, mourut le 14 juin 1 ƒ 84, ayant été nommé
vice-roi de Naples, 8c partant pour aller prendre
pofleflion de ce gouvernement, qui eût mieux
convenu, ce femble, à un laïc 8c a un militaire.
C e prélat fut l’ami des gens de lettres de fon tems.
BAUX ( Maison de ). ( Hiftoire de Prov. ) La
Maifon de Baux en Provence eft une de celles
dont l’ origine fe perd le plus dans les ténèbres 8c
les fables de l’antiquité; mais ces ténèbres 8c ces
fables dépofent prefque toujours d’ une origine
illuftre, 8c dont l’époque a échappé à la mémoire
des hommes. Par un effet de cette antiquité même,
on ignore d’abord fi cette Maifon tire fon nom du
château de Baux en Provence, ou fi elle le lui a
donné. On obferve feulement que ce nom de
Baux, en provençal, fignifie un rocher, un promontoire
, un lieu élevé 8centouré de précipices;
que le verbe debauffar fignifie dans la même langue
, fe précipiter, tomber d’un lieu élevé. 11 y a
en Provence des terres connuesfous la défignation
de terres baujfenques. C e fon t, dit-on, foixante-
dix-neuf, tant villes que bourgs ou villages, qui
ont appartenu aux barons de Baux. Ils avoient,
ajoute-t-on, une forte d’ attachement myftérieux
pour ce nombre de foixante-dix-neuf, parce qu’il
étoit compqfé des nombres 7 -8c 9. Ces myftères,
ces préjugés, ces prédilections fyftématiques pour
de certains nombres, fentent fort l’antiquité ; mais
indépendamment de tou t’myftère 8c de tout fyf-
tème, despofîeflions aufli vaftes étoient un digne
objet d’attachement 8c une marque impofante de
.grandeur 8c de puiflance. On fait d’ailleurs que
les barons de Baux étoient feigneurs en partie de
Marfeilley qu’ ils étoient princes d’Orange, qu’ils
ont porté le titre de rois d’ Arles, qu’ils ont prétendu
à la fouveraineté de la Provence, 8c qu’ils
l ’ ont difputée les armes à la main aux comtes pof-
fefleurs.
Le plus ancien de ces barons de Baux , dont on
ait connoiflance, eft Guillaume ou Hugues, qui
vivoit en 1040 8c io fo .
Raimond fon fils eut quatre fils, avec lefquels il
prit les armes contre Raimond Berenger, comte
de Provence, pour des prétentions qu’avoient fait
naître des alliances avec la Maifon aes comtes de
Provence. Il paroît que cette querelle partagea
non-feulement la province qui en étoit l’ objet,
mais encore quelques-unes des provinces adjacentes
, 8c les plus grands feigneurs du voifinage.
Vers l’an 1150 il fe fit entre les deux partis un
accommodement, par lequel les barons de Baux
renoncèrent à tous les droits qu’ils pouvoient réclamer
fur la Provence, 8c les comtes de Pro-
G