
l'affiégea dans Tou loufe , & fut obligé de lever
le fiége, mais q u i, en 848§ parvint à le chaffer de
cette capitale de fes Etats.
B aymond I fou fucceffeury fut rétabli. On ignore
fi Bernard I I , qui fuccéda a Raymond, étoft fon
filsi
Tout le refte de la filiation depuis Bernard II
efi plus certain , & la fucceffion n'éprouve point
d'irrégularité depuis86y jufqu'àRaymond IV , dit
de Saint-Gilles, qui fuccéda au comte de Tou-
loufe en 1091. II fut un des plus illuftres chefs de
la première croifade. Il fut un de ceux qui méritèrent
d'être mis fur les rangs pour être Roi de
Jérufalem. Il mourut au fiége de Tripolyen t ic y .
Sa fécondé femme, héritière du marquifat de Provence
, c’ eft-à-dire, de la partie de la Provence,
dont Avignon étoit alors la capitale, lui Iaiffa cet
Etat par fon teftament, & la plupart des prédé-
ceffeurs de RaymondIV s'étoient tellement agrandis
par leurs alliances-, leurs conquêtes, leurs
acquifitions de tout genre, que les comtes de
Touloufe étoient au nombre des plus puiffans fei-
gneurs qu'il y eût en France. L'Agenois,le Quercy,
le Rouergue, l'Albigeois, une partie de la Catalogne
, étoient comptés parmi leurs domaines.
Raymond de Saint-Gilles avoit eu de fa première
femme, Eléonore de Caffille, un fils nommé A lphonfe,
cju'il lailfa en bas â g e , & qui étoit fon
héritier légitime ; mais il avoit eu précédemment
un fils naturel, nommé Bertrand, q ui, à la mort
de Raymond de Saint-Gilles, profitant de l'ab-
fence du jeune Alphonfe, né dans la Paleftine, &
uin'avoit pas encore pafle en France, s'empara
u comté de Touloufe ; il ne jouit pas long-tems
de fon ufurpation. Guillaume V , qui avoit époufé 1a fille de Guillaume IV , frère aîné de Raymond
de Saint-Gilles, chaffa Bertrand, & prit pour lui,
en 1106 , le comté de Touloufe.
11 avoit chafle un ufurpateur, mais il étoit ufurpateur
lui - même ; un autre ufurpateur, Guillaume
IX , duc de Guienne, lui fit une guerre heu-
reufe, où il s'empara de Touloufe & d’une partie
du Languedoc.
Enfin, e n m y , Alphonfe, fils de Raymond de
Saint-Gilles, revint de Syrie, & revendiqua la
fucceffion de fon père. Guillaume V mourut en
1126 fans enfans ; ce qui facilita le rétabliffement
fi'Alphonfe , lequel fut reconnu par fes peuples,
& avec leur fecours chaffa de fes Etats les parti-
fans de Guillaume V & ceux du duc de Guienne. 11 époufa Eaidide, fille de Gilbert, comte de Provence
, qui lui apporta en dot la partie de la Provence,
renfermée entre la Durance & l ’IIère ; il
prit en conféquence le titre de marquis de Provence.
U fut riche, puiffant & heureux; mais la Paleftine
étoit fa patrie, le Jourdain étoit fon fleuve ; il
avoit été baptifé dans fes eaux ; il en portoit le
nom d’Alphonfe Jourdain ; il voulut le revoir ; il
fe croifa en 1 1 4 7 , & mourut en 1148 à Céfarée
en Paleftine.
Raymond V fon fils , avec le fecours des rois
LouisTe-Jemie 8c Philippe-Augufle, fit long-tems
la guerre aux rois d’Angleterre, Henri II& Richard
Coeur-de-Lion, qui lui difputoient le comté de
Touloufe, d’ après quelques vieilles prétentions.
Raymond VI fon fils eft ce fameux comte de
Touloufe, viétime delà croifade contre les’ Albigeois
, dépouillé de fes Etats par Simon de Mont-
fort , 8c qui en reconquit la plus grande partie fur
Amaury, fils de Montfort.
Son fils, Raymond V I I , acheva cette conque te *
& répara tous les maux de la croifade.
Jeanne fa fille époufa , en 1241, Alphonfe de
France, comte de Poitiers, frère de faint Louis.
Comme ce mariage fe faifoit à la fuite d’une guerre
que Raymond VII avoit eue à foutenir contre
faint Louis, on tranfîgea fur les divers objets de
conteflation, & il fut flipulé que fi Jeanne mou-
roit fans enfans, fes Etats feroientréunis à la couronne.
Alphonfe fuivit le Roi fon frère à fa pre-
mière croifade en 1249, 8c fut fait prifonnier avec
lui. Pendant fon abfence , Raymond fon beau-père
mourut, la eomtefïé Jeanne recueillit fa fucceflion,
& , en 12 5 1 , Alphonfe à fon retour fut auffi reconnu
dans les Etats de fa femme i Raccompagna
encore le Roi fon frère en Afrique, 8c mourut à
fon retour, à Corneto, dans le Siennois, le 21
août 1271. La comteffe fa femme mourut fans en-
fans en 1272 ; &par ce cas prévu dans fon contrat
de mariage, le comté de Touloufe-8c le marquifat
de Provence furent réunis à la-couronne. Ce marquifat
de Provence confifloit alors dans la moitié
de la ville d’Avignon, le Comtat-Vénaiffin, 8c
quelques places en Provence.
TURENNE ( V ic o m t é d e ) . Les vïeomtes de
Turenne faifoienc battre monnaie, & jouiffoient
dans leur feigneurie des autres droits régaliens}
e’eft à Pan 490 qu'on fait remonter l'origine de
ces vicomtes ; le premier d'entr’eux fe nommoit
Aymar. Cette première race des vicomtes de Tu*
renne, originaires du pays, & qui n'avoientpas
d’autre nom que celui de leur feigneurie, finit
dans la perfonne d’Aymar I I , petit-fils d’Aymar I ,
& qui mourut fans enfans en 986.
11 eut pour héritière fa foeur, qui avoit époufé
Archambaud, vicomte de Comborn, dans la Maifon
duquel paffa le vicomté de Turenne, quoiqu'il
n’ ait pas Iaiffé d’enfans de fa femme; mais
par fon teftament elle Pinftitua fon héritier, d’après
le pouvoir dangereux que le droit écrit lui
en donnoit. Les héritiers collatéraux de? premiers
vicomtes attaquèrent ce teftament les armes à la
main ; Archambaud les vainquit, & reprit T urenne
; mais à l'attaque du chateau il fut bleffé à
la jambe, & jamais il ne put parfaitement guérir
de cette blgffure, qui lui fit donner le furnom de
Jambe pourrie. II eut d'un fécond mariage avec une
foeur de Richard, duc de Normandie, un fils
nommé Ebles, qui lui fuccéda dans le vicomté de
Turenne, en 992.
Ebles fut trifaieul de Bofon I I , vicomte de T u renne
, qui fat tué au fiége' de la Roche-Saint-
Pol en 114? , en faifant la guerre pour les intérêts
d’Aymar, vicomte de Limoges, qui avoit époufé
Marguerite, foeur de Bofon.
Raymond II fon fils* fuivit le parti du roi Phi-
lippe-Augufle contre fon redoutable rival, Richard
Coeur-de-Lion : celui-ci prit Turenne en 1187. A
la paix, Turenne fut rendu à Raymond j il fuivit
Philippe-Amgufte àJa croifade, 8c y mourut en
1.191. Raymond faifoit battre monnaie à T u renne.
Les comtes de Touloufe ayant haufïe la monnaie
en Q uercy, le vicomte de Turenne, Raymond
III, fils de Raymond H , défendit de la recevoir
dans fon vicomté.
Le droit de mafculinité eommençoit à s’introduire
dans la fucceffion des vicomtes de Turenne :
Bofon III, fils de Raymond III, n’ayant Iaiffé que
des filles, elles furent exclues par Raymond IV
leur o n d e , frère de Bofon.
Raymond IV fit le voyage de la Terre-Sainte :
il étoit affez grand feigneur pour créer des chevaliers
j il ne Iaiffa encore qu’ une fille, nommée
Elife, mariée à Henri Rude!, feigneur de Bergerac.
Raymond V , frère de Raymond IV , avoit,
pour exclure E life , le même droit qu’avoit eu
Raymond IV pour exclure fes deux nièces ; ce-
pendantll en fut décidé un peu autrement : la
reine Blanche ayant été choifie, ou s’étant portée
pour arbitre, Iaiffa Raymond V 8c Raymond VI
fon fils en poffefiion du vicomté 5 mais cependant
elle les obligea d’en céder une partie à la dame de
Bergerac, Elife.
Le traité de 12^9, par lequel faint Louis ren- :
dit au roi d’Angleterre, Henri I I I , une partie des
Etats confifqués fur Jean-Sans - T erre , père de
Henri, fit un changement dans la vaffalité de T urenne
: Henri reliant duc de Guienne , Raymond
VI fut obligé de lui rendre hommage. Malgré
cette amère^vafTalité., & malgré la diminution
de fon vicomté, Raymond VI n’en étoit pas moins
un fort grandifeigneur, qui s’intituioit Vicomte pur
la grâce de Lieu; il fuivit faint Louis à la Terre-
Sainte , 8c le roi Philippe-le-Hardi fon fils à l’expédition
d’Arragon.
Raymond V I I , fils de Raymond V I , lui fuccéda.,
8c mourut en 13.04, terminant la fécondé
Maifon de Turenne , qui poffédoitce vicomté depuis
l’an 986.
Raymond VII eut pour héritière fa foeur Marguerite
, femme de Bernard V I , comte de Corn-
min ge s..
De ce mariage naquit une fille., nommée Marguerite
comme fa mère, ■héritière 8c quelle inflitua fon en lui fubflituant le comte de Commin- ;
g e s , mari de Marguerite teflatrice, 8c père de
Marguerite inflituée, La mère 8c la fille moururent I
toutes deux en .15,06, 8c la fubflkution eut lieu en
faveur du comte de Comminges, Bernard, qui eu*
pour fuccefleur fon fils Jean, auquel fuccéda C é cile
fa foeur. ( Veyei l’article C o m m in g e s . )
Cécile vendit le vicomté de Turenne à fon
beau-frère Guillaume R o g e r , comte de Beaufort,
mari d’Eléonore fa foeur.
Ici commence une quatrième Maifon de T urenne
, celle des comtes de Beaufort.
au ^Guillaume Roger rendit d’ abord hommage roi Jean, qui confirma tous les privilèges du vicomté,
nommément payer celui d’y lever finances 8c
celui de faire le droit de franc-fief 8c les
comte amortilfemens. La Guienne ayant été 1360,cédée aux
vide
Anglais par le traité de Bretigny,va- flal en le Turenne redevint de l’Angle-
tc rre , 8c rendit hommage au Prince-Noir : cette
province étant revenue à la couronne de France
en 1370, il renouvela fon hommage au roi Charles
V .
Raymond VIII fon fils, vicomte de Turenne 8c
comte de Beaufort, faifoit battre, monnaie, 8c ac-
cordoit des lettres de grâce : il n’eut qu’une fille ,
nommée Antoinette, qui fut femme du maréchal
de Boucicaut, Jean le Meingre , vice - roi de
Gênes.
Antoinette eut pour héritière Eléonore fa n ié - .
c e , qui mourut auffi fans enfans, inftituant fon
héritier Amanjeu de Beaufort fon coufîn.
Une nièce d’Eléonore, Alix de Baux, fille de
Jeanne de Beaufort, foeur d’Eléonore, difputa le
vicomté de Turenne à cet Amanjeu, qui mourut
dans le cours du procès.
Pierre fon frère reprit ce procès, le gagna , 8c
refia en poffefiion de Turenne : il Iaiffa deux filles
; Anne, l’aînée, lui fuccéda..
Elle époufa Agne de la T o u r , feigneur d’Olier-
gues, ifiii de Bertrand I I , fire de la T o u r , qui
defcendoit des comtes d’Auvergne : cet Agne de
la Tour d’Oiiergues forma la cinquième êc dernière
Maifon de Turenne.
Sa poflérité mafculine conferva le vicomté de
Turenne depuis 1489, époque de la mort d’Agne
de la Tour 8c de fa femme, jufqu’en 1738 , que le
feu duc de Bouillon, Charles Godefroy de I4
T ou r , en vendit au roi Louis X V la propriété ,
s’en réfervant le nom, ajnfi qu’à fa poftérité.
Cette Maifon de la Tour a produit des perfon-
nages très-illuflres dans la ligne des vicomtes dâ
Turenne.
i °. François IJ de la T ou r , chevalier de l’Ordr»
du R o i, capitaine de cent hommes d’armes, gouverneur
de Gênes en 1 j i 8 , ambaffadeur en Ah- '
gleterre en 1 f 2 f , époque de la captivité de François
I5 ambaffadeur en Efpagne en 1529, après la
paix de Cambrai.
Son fils, François I I I , ;gendre du connétable
Anne de Montmorenci, fut tué à l’ âge de trente-
un ans , à la bataille de Saint-Quentin en j j y