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rité furpaffoit, s'il étoit poffible, fon extrême mo-
deftie.
FO N T E T T E . ( Hift.litr. mod. ) Charles-Marie
Fevret, feigneur de Fontette , confeiller au parlement
de Bourgogne, auteur delà nouvelle édition
delà Bibliothèquekiflorique delà France, fi confîdé-
rablement augmentée par fes foins , avoitpour tri-
faïeul le célèbre Charles Févret, auteur du Traité
de l Abus , qui ^ fils & père de magiftrats , mais
content de la profelïion d’avocat qu’il honoroit ,
refufa deux fois une charge de confeiller au parlement
dontle Roi vouloitle gratifier. Ce Charges
Févret eft du petit nombre de ceux qui ont trouvé
un bonheur confiant & parfait dans le mariage , 3c
ce bonheur dura quarante ans , félon le témoignage
qu’il en rend lui-même dans ces vers :
Ambo quaterdenos juniïi concorditer annos
Viximus, & luxit candida ut ri que dits. :
( Carmen , de vitâ fuâ. )
Dix-neuf enfans furent le fruit de cette union fi
douce.
Charles-Marie Févret de Fontette , reçu , en
confeiller au parlement de Dijon, obtint
promptement toute la confiance de fa compagnie,,
quHe dépita plufieurs fois pour défendre fes intérêts
au confeil du Roi , 3c qui eut toujours lieu
de s’ applaudir du choix de fon député. Le Roi , de
fon coté y pourrécompenfer des travaux extraordinaires
& de la plus grande importance par leur
objet & par leur fuccès, accorda, en 1751, à M. de
Fontette.une penfion de i2 co liv ., la première qui
aitété donnée a un confeiller au parlement de Dijon,
depuis fa.création.
Mais ce qui furtout fera vivre dans la mémoire
le nom de M. Févret de Fontette , c’eft te'fçrvice
qu’il a rendu aux lettres par fa Bïbiothèque historique
de la France y ouvrage abfolument nécelTairê à un
ordre nombreux de.littérateurs, 3c au moins utile,
a prefque tous , utile même à tout citoyen qui Veut
apprendre l’hiftoire de fon pays ou connoitre les
moyens de l’étudier. LerRoi , en 1770, récompenfa
encore ce travail par une penfion de 1200 liv.
En 1757, M. de Fontette avoit été admis , avec
le titre de directeur dans l ’Académie des fciences,
arts & belles-lettres de Dijon. En 17.61 , il eut -
grande part à la rédaction du nouveau réglement
de cette compagnie/qui lui déféra par acclamation
}a place.de chancelier, la première de fes dignités
académiques, créées par le nouveau réglement.
L’Académie des infcriptions & belles-lettres de
Paris reçut j en 17 7 1 , M. de Fontette au nombre
de fes alfociés libres.
Il mourut le 16 février 1 7 7 2 ,& ne vit pas la fin
de fon édition de la Bibliothèque hiftorique ,• elle a
été achevée par M . Barbeau de la Bruyère.
M. de Fontette , quoique juge 3 étoit grand con-
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I ciliateur de procès 3 mérite qui n’eft pas médiocrement
utile.
FOUCHER (L ’ a b b é ) . ( Hiß. litt, mod.') Paul
Foucher, de l’Académie des belles-lettres, naquit
à Tours en 170^. Prédeftiné à être janfénifte, il
n eut aucun fucces dans fes études chez les, Jé-
fuites j & né fit de progrès que chez les Orato-
riens , où il entra en 1718. Le fecrétaire de l’Academie
(M. Dupay ) nous le repréfente pourtant,
dans l’intervalle, comme poète ; il parle de fureur
poétique , 3c fait fur cela de lourdes petites plai-
fanteries collegiales, dont l’Academie l’eût bien
difpenfé. Ceux qui n’ont connu M. l’abbé Foucher
qu à 1 Académie, n’ont vu en lui ni fureur ni poé-
fie. Son mérité (car il en avoit) étoit d’ un tout autre
genre 5' il s’étoit tourné du côté de la théologie 3c
des fciences. convenables à un èccléfiaftique. L’ér
ducation qu’il avoit reçue chez les Oratoriens
fut, du moins quant aux principes, la même qu’il
donna depuis à plufieurs élèves,de qualité,, dont
l ’enfançe lui fut confiée ,téls que MM. de Chatelus
& de la Tremoille , dont quelques - uns fe font
frit depuis une autre éducation, mais fans ceffer
d’être fidèles aux principes vertueux dont il avoit
rempli leur ame.
L’abbé Foucher fut re çu , en 175-3 , $ l ’Académie
des belles-lettres. 11 a fourni beaucoup de Mémoires
a cette Académie. Ces Mémoires fe rap-
prochoient toujours de fes études favorites, & on
favoit bien de la peine à les empêcher d’être entièrement
théologiques. l ia beaucoup écrit (toujours
dans le Recueil de l ’Académie) fur la religion
des Perfes , avant que M. Anquetil fût revenu de
fon voyage ; il s’étoit trop prefle d’affiner que
ce voyage feroit inutile , & que tant d’ efforts,
de courage 3c de confiance n’aboutir oient à rien.
Qu’ en coûtoit-il d’attendre ? M. Anquetil arriva,
& avec lui les livres zends rapportés par luiffe
l ’Inde. Alors la reffource de M. l’abbe Foucher
fut de ne pas trouver dans ces livres la preuve de
ce grand mérite.de Zoroaftrê, dont il s’étoit fait
une fi haute idée d’après le témoignage des phi-
lofophes de là Grèce. Mais, n’importe, il fall oit
du moins favoir à quoi s’en tenir, & on le fait à
préfent, grâces à M. Anquetil.
D’autres Mémoires de M. l’abbé Foucher roulent
fur la religion de la Grèce. Ses écrits font
longs 3 diffus, dévots, fans,élégance,, fans intérêt}
mais ils font d’un honnête homme 3c d’ un homme
de bien.
Il avoit écrit, par inclination 3c par reconnoif-
fance, l’hiftoire delà Maifon de la Tremoille : nous
ne croyons pas qu’elle ait vu le jour.
M. l’abbe Foucher eft mort d’une attaque d’apoplexie
& deparalyfiè, en 1778.
FOUQ UÉ . (H iß .mod.) Henri-Augufte, baron
de la M o tte -F o u q u é , connu fous^Ie.nom & fo
titre du général F o u q u é étoit d’une' des plus' an-
* ciènnes
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ciennes familles de la province de Normandie.
Charles de la Motte-Fouqué fon p è re , qui poffé-
doit de riches domaines eh France , quitta ce
royaume pour caüfe de religion, après la révocation
de J’éd if de Nantes , 8c s’étant retiré à la
Haie, il y époufa Sufanne de Robillârd. Le fécond
fils qui naquit de ce mariage fut le général Fouqué.
Il naquit à la Haie le 4 février 1698. A huit ans il
entra, en qualité de page, au fervice du ducd’An-
halt Delfau, Léopold. Neuf ans après, entraîné
par un goût naturel pour les armes , il fe déroba
de la cour de Delfau pour s’enrôler} il fut fuc-
celfivement fimple foldat, enfeigne , lieutenant,
capitaine. Son mérite parvint jufqu’au roi de Prulfè,
Frédéric-Guillaume , qui lui donna l’Ordre de la
Générofîté. Legrand prince Frédéric fon fils, grand
dans le choix de fes amis, comme dans toutes fes
aérions, mit le capitaine Fouqué au nombre des
liens, dit l’auteur d’ une vie de ce général, jointe
à la correfpondance du même Fouqué avec le roi
de Prulfe (F r é d é r ic ) , correfpondance vraiment
précieufe , vraiment honorablè, 3c au Roi, 3c au
fujet. C e Prince (Frédéric ) étant tombé dans la
difgrace de fon père, Fouqué lui tint compagnie
dans fa prifon de Cuftrin, 3c lui en adoucit la rigueur
par tous les moyens qui étoient en fon pouvoir.
Il tombalui-même dans la difgrace , 3c une
fuite de mécontentemens lui fit quitter le fervice
de la Prulfe ; il entra dans celui du Dannemarck,
en qualité de lieutenant- colon e l} il n’y refta pas
long-tems. Le roi de Prulfe, Frédéric-Guillaume,
étant mort le 3 1 maiA740, f i nouveau Roi /Frédéric
I I , fe hâta de rappeler fon ami & fon compagnon
de difgrace , de te décorer, de l ’enrichir}
il lui donna l’Ordre du Mérite , qu’il venoit de
créer, 3c plufieurs places honorables & lucratives.
Fouqué entra la même année en Siléfie avec le
R oi, & prit polfelfion pour lui de Schv/eidnitz.
En IJ741, il battit des payfans de la Moravie, qui
étoiént entrés en armes dans la Siléfie. Cette même
année il fit, pour 1e bataillon qu’ il commandoit,
un changement qui fut bientôt adopté pour toutes
les troupes pruffiennes : ce fut le changement des
guêtres blanches en guêtres noires ,- & voici à
quelle occafion il fut f e . Un grenadier avoit été
mis en fentinelle près de la maifon d’un curé, qu’il
incommodoit beaucoup par fes cris continuels 3c
fes fréquens qui va là ? Le curé, accoutumé peut-
être à tirer parti de la fuperftition des payfans fes
paroiffiens , imagina un moyen fort bizarre de fe
délivrer de la fentinelle }il fe déguife endiablé, avec
des cornes, des griffes, une queue de ferpent,
des pieds de vache ; il s’ arme d’une fourche qu’ il
préfente à la fentinelle , en lui criant d’ une voix
rauque 3c fépulcrale : Tu mourras de ma main. Un
grenadier ne s- effraie pas aifément, 3c tes foldats
pruffiens ne croyoient déjà plus guère aux apparitions
du diable : la fentinelle appela 5 on fe faifit
du diable $ on ïe conduifit d’abord au pofte le plus
voifin } puis 1elendemain, & toujours danslememe
Hijioire. Tome VI. Supplément.
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état, à la grand’garde en plein jour , a la vue de
toute la ville de Cremfir , où fe paffoit cette ridicule
fcène. Le clergé n’ayânt pu prévenir un
tel fcandale, voulut du moins l ’abréger } il paya
une amende de cent ducats , pour épargner un
plus long affront 3c un traitement plus dur au pauvre
curé, qui en fut quitte pour être enferme dans
un couvent. Soit que la cnauffure noire^ des prêtres
eût donné l’ idée de ces guêtres noires, foit
que ce changement fût projeté dès-lors, & qu’ on
n’attendît plus que des fonds pour l’exécution ,
l’amende du clergé fervit pour cette dépenfe , 3c
procura aux’ foldats, avec le plaifir de rire aux
dépens du clergé, une commodité pour les marches
fréquentes qu’ils étoient obligés de faire dans
toutes fortes de chemins 3c dans toutes fortes de
faifons.
En 1742, Fouqué, tellement refferré dans Cremfir
, que de fix ordres que lui envoya le prince de
Delfau fon général.» il ne put en recevoir qu’ un
feul, fe hâta de partir en exécution de cet ordre,
pour une marche également pénible &• périlleufe,
dans laquelle , toujours fuivi 3c harcelé par le gé-
néralNadafti 3c. par une armée d’Autrichiens très-
fupérieure, il la battit près de Kokar & dans un
autre pofte encore, & parvint, avec beaucoup de
bonheur & dè gloire, a faire la réunion que cette
armée avoit voulu empêcher,
La même année, le Roi nomma Fouqué commandant
de la ville & du comté de G la tz , pays
que les guer.’e\ avouent rempli de bandits 3c de
brigands, & où il étoit chargé de rétablir l’ordre}
ce qui exigeoit de la prudence , de la vigueur 3c
de la févérité. Fouqué y réufiît ericore. y Les voya-
« geurs, dit l’ auteur de fa v ie , frémilfoient, il eft
33 vrai, à la vue des brigands pendus fur les grands
33 chemins 5 mais ils beniffoient le glaive de la juf-
» t ic e , qui faifoit leur fureté. 33 ' _
Dans la fécondé guerre de la Siléfie , qui s’alluma
au mois d’ août 17 4 4 , 3c finit au mois de
décembre 1745 3 Fouqué eut à défendré ce même
comté de Glatz contre les incurfions de l’ennemi;
mais fa valeur eût defiré des occafions plus brillantes
de fe fignaler. Le roi de Prulfe 1e confole
'ainfi fur ce regret héroïque :
« Vous n’ avez pas raifon, mon am i, de vous
33 plaindre que cette guerre ne vous ait pas fourni
33 l’occafion de vous diftinguer perfonnellement.
33 Vous avez faifi toutes tes occafions que vous
33 avez trouvées de nuire à l’ennemi, 3c j’ai été
»> entièrement tranquille au fujet de G la tz , pou-
»• vant me repofer fur votre vigilance. 3?
Heureux qui peut mériter 3c obtenir d’ être ainfi
confolé par fon Roi 3c par un tel Roi !
Fouqué fut fait lieutenant-général 1e 23 janvier
175:1, 3c d é c o ré , le 2 feptembre fuivant, de
l’Ordre de l ’Aigle noir. C e fut furtout dans la
guerre defept ans, commencée en 17 56 , &r finie
en 1762 , qu’il parut avec éclat. H fervit d’ abord >
les aeux premières années, en Bohême & en Si-
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