
à la vivacité d’Olinde, aux illufions de l’amour ,
au piquant des lituations , à tous ces traits de fen-
timent, d'efprit & de délicateffe dont la pièce eft
remplie , & tout cela eft l’ouvrage de M. Watelet.
Le dialogue a bien plus de naturel & de vérité :
les détails, les développemens, ont bien plus de
richeffe dans l’ original- que dans la copie $ l'imitateur
n’ emploie pas à beaucoup près tous les traits
heureux que fon modèle lui fournit. Le fond en
étoit fi charmant, qu’il a bien fallu qu’elle-réufsît
malgré les mal-adrefles du tradu&eur > mais l'inventeur
a bien fait de nous la donner telle qu’il
f avoit compofée : les gens de goût la préféreront
hautement à la copie-, malgré le petit fard de la
vérfification, car pour la poéfie elle eft ici du côté,
de la profe.
Le Recueil où M. Watelet revendique Zénéide
contient plufieurs autres pièces, dont quelques-
unes, &r par le fujet, & par l’ exécution, font
entièrement dans le goût antique. D’aiitres fe rapprochent
davantage des formes modernes, toutes
ont beaucoup d’ agrément. .Sylvie , petit drame-
paftoral, tiré de. Y Aminte du Taffe, offre des tableaux
rians, d’une galanterie aimable, d'une vo-;
lupté douce & décente', & c’eft uii fort beau ftylej
que celui-ci :
« Les oifeaux ne chantoient point encore leurs-
»3 plaifirs, les mortels ne recommençoient point
» a fé plaindre de leurs peines ; rien n’annonçoit
» le lever de l’aurore > il étoit l’heure où tout
» repofe, jufqu’ aux amans malheureux. Lorfque,
m dans un hameau de l ’Arcadie, la bergère Sylvie
*> s’éveilla, les amours s’éveillèrent avec elle......
» Elle remplifloit l’Arcadie d’amans & de malheu-
•3 reux......Elle fo r t , & les/grâces , qu’ elle n’ a
« point appelées, s’emprelfent & volent fur fes
é pas. »
Conjponit furtbn Jubfçquiturque décor.
C ’eft un joli tableau, & bien dans la nature innocente;
& paftorale, que celui du timide Aminte,
qui aime Sylvie , qui veut parler & entreprendre,
qui s’ anime en fon abfence, tremble & fe cache
jLufiitôt qu’elle paroît.
« Eh ! comment aurois-je pu obtenir; ce qae je
k ne lui ai jamais demande?...... J’ai toujours trem-
« blé devant elle..... Pourquoi redouter une jeune
•o & craintive bergère ?..... Non, non......toute ma
* crainte a difparu. Sylvie ! lui dirai-je.. Dans
* ce moment il l’apperçoit..... Dieux ! ne m’a-t-elle
v point entendu ? Il fe. cacha auffitôt; tous fes pro- j
•a jets fe bornèrent à l’admirer & à fe taire. *>,
T e l étoit M. Watelet dans fes travaux : poète '
eflimabie, excellent profateur, favant dans lathéo- !
rie des arts , habile dans la pratique.
Dans la fociété, c’étoit l’ange de la paix. Les
querelles, les jaloufies , les refîentimens, les hai-
pes , les pallions orageufes & malfaifantes ne pou-
voient tenir devant lui 5 il portoit dans toutes les
âmes le calme & la douceur qui étoient dans la
fienne ; il falloit s’aimer les uns les autres , parce
qu’ il falloit l’aimer.
Sa vié heureufe, écoulée dans le fein des arts &
de l’amitié, fut troublée par quelques nuages q ui,
en dérangeant fa fortune, lui ont ôté les moyens
d’être aufli utile qu’ il l’avoit été aux arts & aux
artiftes.
11 eft mort à la fin de 178 y ou au commencement
de 1786.
W AURIN ( Ro b e r t ) , ( Hiß. de F r . ) , chevalier
, lire de Saint - Venant, maréchal de France ,
eft un exèmple que l’ office de maréchal de France
étoit alors amovible 5 il fut défàppointé de cette
charge, & continua de fervir fous d’ autres maréchaux
de France, & même fous des capitaines qui
n’ avoient pas ce titre. Mort en 1360 , fous le roi
Jean.
WIED (H e r m a n ) , (H f t . du luthér.), électeur
de Cologne au feiziome fiècle, âvoit autrefois
prononcé la peine de mort contre les Luthériens ,
parce que Gropper, archidiacre de C ologne, l’avoit
voulu. Vers 1 £40 il embraffa le luthéranifme,
parce que Mélanchton & Bucer le voulurent. C ’étoit
un de ces hommes foibles & nuis, qui abandonnent
leur ame toute entière à ceux qui daignent
s’en charger. La fottife & l’ ignorance de cet électeur
font reftées célèbres : il eft vrai qu’elles ont
pu être exagérées tour-a-tour par les Luthériens
& parles Catholiques. Le landgrave de Helle, pro-
teilant, triomphoit d’apprendre à Charles- Quint
que l’électeur de Cologne étoit au nombre des
réformateurs. Eh bon D ieu ! dit l’ Empereur furpris ,
que prétend réformer ce bon homme ? I l ne fait pas lire.
J3ai entendu, deux fo is fa mejfe , qu'il h a jamais dite
que troii fo is 3 i l ne pouvoit venir a bout de déchiffrer
CIntroït. — J ’ignore comment i l lit le la tin , répliqua
le landgrave, mais i l a lu de bons livres allemands ,
& i l entend la religion ; car il fé faifoit Proteftant. 11 y perdit fon éleétorat. Dépofé par le Pape & par
i’Empereur, après quelque réfiftance il fe dépofa
lui-même alla vieillir dans l’obfcurité, l'ignorance
& l’héréfie, pendant que fon fucçeffeur,
aidé des foins de Gropper, repouftoit loin de l’ é-
leéborat de Cologne le luthéranifme.
WIL LEG1SE. {Hifi.d* A llem.) C et homme, parvenu
d’une baffe origine aux premières dignités de
TEglife & de l’Etat, fe diftingua parmi tous les
parvenus par fa modeftie philofophique & fon humilité
chrétienne. 11 étoit fils d’un charron du village
de Schoningen, dans le duché de Brunfwick,
& devint chancelier des empereurs, Othon III &
Henri I I , puis archevêque de Mayence. Pour
n’être jamais tenté .d'oublier de quel point il étoit
parti, il voulut toujours avoir fous les yeux le
fymbole de fon origine j il prit pour armoiries une
roue d’argent;, qui depuis a fervi de blafpn à
i’ églife
l’ églife éle&orale de Mayence , tant fon procédé
a parir mériter qu’ on en confacrât la mémoire.
Dans une épigramme latine faite à la louange de
Willegife, on a comparé cette roue fixée à jamais
par une folide gloire, avec la roue mobile &trom-
peufe de la Fortune :
Wilgifum ad fummos virtus evexit honores ,
Nec potuit mores l&dere fummus honos.
Qualis erat, cum privatus fub paupere tetio
Hiveret y infummo ta lis honore fuit.
Neve onûs meminijfe fui defuefceret unquam
E patriâ voluit fumere fiemma domo.
Sic rota , qu& manibus fuerat trablata parentis ,
Teffera Wilgifo non inhonora fuit.
I Mobilis efi rota E or tan a fallaxque, fed ifia
ÆtèrnA laudis fixa adamante manet.
WILLERAME, ( Hiß. eccléf ) , pieux & favant
abbé de l ’Ordre de. Saint-Benoît, eft auteur d’un
Commentaire fur le cantique des cantiques , com-
pofé dans.le onzième fiècle. On trouve dans les
Aménités de la critique , par dom Liron , une p if-
fertation où font relevées pliifîeurs fautes éçhap-
pées à d’anciens & habiles critiques, dans ce qu’ils
ont écrit fur la perfonne & fur l’ouvrage de ,w | |
lerame.
> W IL LE T ( A n d r é ) , (Hiflvmlêf. ) , théologien
anglais, a fait fur differens livres de la Bible
des Commentaires eftimés , quoique Commentaires.
Mort en 1621.
Z A N
Z a NZALE (Ja c q u e s ) . (Hijl. eccléf') Après
que Neftorius, évêque de Conftantinople, qui
féparoit trop les deux natures dans Jéfiis-Chrift,.
eut été condamné, en 431, au concile d’E p h è fe ,&
que le moine Eutychès , qui fe jeta dans Terreur
contraire de confondre cés deux natures, l’ eut été,
en 4'f 1 , au concile de Chalcédoine, on continua
de difputer beaucoup & long-tems contre l’autorité
de ces deux conciles, furtout de celui de
Chalcédoine. Les Nefioriens & les Eutychiens,
& ceux qui les condamnoient tous les deux, continuèrent
à fe faire la guerre, & par-des écrits ,
& par les armes: Ces querelles fe prolongèrent
bien avant dans le fixième fiècle & par-delà. Ce
fut dans ce fixième fiècle que les évêques, oppôfés
au concile d.e Chalcédoine, firent choix de Jacques
Zanzàle, moine fimple, ignorant & fanatique,
pour le placer fur fe fiége d’Edeffe , ôè le
nommer leur métropolitain. C e t homme , moitié
par fimplicité, moitié par enthoufiafme, pouffoit
jufqu’ à un excès méprifable raffeélation d’un extérieur
pénitent & mortifié ; il ne fe montroit en
public que couvert de haillons, & cette indécence
. bien loin de choquer les regards du peuple,
lui en impofoient par une fauffe idée d’humilité &
de fainteté. C et homme, d’ailleurs aétif & ardent,
& furtout Eutychien zjélé, parcourut toutes les
églifes de l’Orient, raffembla & réunit toutes les
différentes feétes des Eutychiens 5 car chaque erreur
principale , grâces à la fubtilité de l ’efprit des
Grecs, fe fubdivifoit en une multitude infinie de
petites fe&es.'Ce Zanzale fe piqua enfin d’être le
reftaurateur de l’eutychianifme dans l’Orient. Ses
Hifioire. Tonte VI. Supplément.
Z A N
feélateurs particuliers quittèrent le nom d’Euty-
chiens, & prirent celui de Jacobites, du nom de
baptême de Zanzale. Après la mort de Sévère ,
évêque d’Antioche, il établit une fuite d’évêques,;
qui ne réfidèrent plus dans cette v ille , mais dans
*Amida , qu’on croit avoir été fituée fur le Tigre.
L’objet de ce changement étoit d’échapper à la
perfécution des Empereurs1 romains, qui, fuîvant
l’erreur dutems, étoit toujours allumée contre les
Jacobites,"ainfi que contre les autres hérétiques.
Cette perfécution produifit l’effet ordinaire , de
rendre les perfécutés plus importans & plus redoutables.
Les Jacobites , chaffés de l’Empire, fe
.répandirent dans la Perfe, où ils infpirèrent & fomentèrent
la haine du nom romain. Ils fe répandirent
encore dans l’Egypte, & furtout dans l’ Abyf-
finie TÔù ils fondèrent des églifes de leur communion
5 ils en eurent auffi dans les lieux où les N e f
toriens étoient établis. Ces deux feétes., à mefure
qu’elles s'éloignoient de leur origine, fè rapprochèrent
l’ une de l’ autre, & , après avoir pendant
tant de fîèdes rempli l ’Empire de troubles & de
féditions , elles donnent aujourd'hui le fpeélacle
affez rare de théologiens réconciliés ; elles vivent,
en paix & communiquent enfémble. Qn connoît
même les Jacobites fous le nom de Neftoriens ,
quoique l ’eutychianifme, avec toutes les modifications
que le tems & les lieux ont pu y apporter,
femble dominer encore dans leur do&rine f car
les Jacobites rejettent le concile de Chalcédoine,
& rie reconnoiffent qu’une perfonne & une nature
en Jéfus-Chrift, Ils ont d’ ailleurs confervé la plupart
des principaux dogmes de l ’églife catholique »
D d d