
odes , imprimé en 1596 , fous le titre de Gélodacrie
amoureufe.
PORCA CCHI ( T h o m a s ) , (Hiß. lin. mod.%
né à Caftiglione-Aretino en Tofcane , eft auteur
de plulïeurs ouvrages, & d’ érudition , & de bel
efprit, parmi lefquels on remarque fon Ifole del
Mondo 3 & plus encore fes Funeraii antichi di di-
verfi Popoli e Nadoni, con figure del porto. Il a traduit
en italien, , Dion , Plutarque & quelques
autres auteurs, tant grecs que latins. lia aufli fait
des vers latins & italiens. Mort en 1585.
PORCHAIRE ( Sa in t ) , ( Hiß. eccléf. ) , abbé
de Lérins, étoit à la tête de cinq cents moines
dans ce monaftère, alors la pépinière des évêques
& des faints, lorfque lesSarrauns ou Maures d’Ef-
pagne, au retour au fiége d'Arles, vinrent fondre
fur cette île , ravagèrent le monaftère , & mafia-
crèrent fans pitié l’abbé avec tous fes moines ,
à la réferve ae quatre ou cinq qui trouvèrent le
moyen d’échapper, & q u i, lorfque cet orage fut
palîe , revinrent habiter leur monaftère.
PORCHE TTI DE S ILV A T IC IS , ( Hiß. litt,
mod. ) , favant chartreux génois, qui vivoit vers
l ’an 131 ç , charma l’ ennui de fa folitude en s’occupant
a réfuter les Juifs dans un livre intitulé
Victoria adverfus impios hebr&os. Cet emprefle-
ment & ce befoin de dire des injures à fes adver-
faires dès le titre même de l’ ouvrage n’ annoncent
pas des vues de conciliation. D ’ ailleurs , ceux qui
défendent la religion chrétienne peuvent toujours
s’alfurer de vaincre par la bonté de leur caufe.
Eloquio vicli, re vincimus ipfa.
Mais cependant il n’ eft ni féant ni prudent d’intituler
un écrit polémique : Victoria.
PORRÈTE ( Ma r g u e r it e ) , ( Hiß. eccléf. ) ,
prédicante myftique du treizième & du quatorzième
fiècle , enfeigna la premièré toutes les erreurs
du quiétifme , & , par l’effet d’une erreur
bien plus funefte, fut brûlée en 1310 comme
hérétique.
PORTAIL ( An toine ) , ( Hiß. de Fr. ) , ma-
giftrat célèbre, remplit long-tems, avec la plus '
grande diftinction, la charge d’avocat-général au ;
parlement de Paris j il fut enfuite préfident à tiior- ,
t ie r , puis premier préfident. Eftimé & iefpeété
dans toutes ces places , l’ éloquence qu’ il avoir
fignalée dans la première , la dignité perfonnelle
qu’il conferva dans les autres, l’amour des lettres,
auquel il dut une partie de fæconfîdérâtïôn,rlui
ouvrirent les portes de l’Académiefrariçaife : il y 1
fut reçu le 28 décembre 1724, à la place de l ’abbé j
de C hoify . On diftingue , dans le recueil des ha- !
rangues, le difcoprs noble & modelte que pro- /
nonça ce magiftrat à fa réception. « Quoique re-
»» vêtu de la première dignité du premier parlement
« du royaume, il crut s’honorer en venant s’affeoir
« parmi nous à la dernière place , & en nous affu-
» rant de tout le prix qu’ il mettoit à nos fuflrages, »
dit M. d’Alembert, qui met ce diffcours en parallèle
avec celui que prononça, dans une occafion
femblable, un autre magiftrat, lequel eut le malheur
de fe figurer que fon nom & fa place hono-
roientT’Académie, & dont en conféquence le
difcours fut un chef-d’oeuvre de ridicule & d’or-
güeil ftupide.
M. Portail mourut le 3 mai 1736.
Il avoit un frère, M. l’abbé Portail, qui fe dif-
tinguoit de fon côté par l’éloquence de la chaire :
on a retenu dans une pièce du tems ce vers où
ils font célébrés tous deux ;
Portalio templa ut plaudunt, fie curia fratri.
Ils avoient un neveu, M. Charpentier, fils d’ un
confeiller au parlement, & qui, avant d’être reçu
lui-même dans une femblable charge, plaida, comme
a voca t, fa première & vraisemblablement fon
unique caufe , avec beaucoup de diftinôtion à la
grand’chambre, en préfence de M. Charpentier
fon p sre , homme de mérite auffi, & de M. le premier
préfident Portail fon oncle. L’avocat qui plat-
doit contre lui, témoin du fuccès de fon éloquence,
y applaudit par un compliment public, où il lui fit
une application heureufe de ces vers d’Andro-
maque , au fujet de fon neveu Afcagne, dans le
IIIe. livre de l’Enéide.
In andquam virtutem animofque viriles,
Et pater Æneas, & avunculus excitât Hector.
PREVOST ( L’abbé ) . A la page 8 & fuivantes
de la Correfpondance fecrète , politique & littéraire
, ou Mémoires pour fervir à l’niftoiré des
cours, des fociétés & de la littérature en France,
depuis la mort de Louis X V , tome V , à Londres
, chez John Adamfon, 178 7 , on lit ce qui
1 fuit :
« Cette anecdote fingulière (1) & très-vraie
| n’ eft point connue : elle vous étonnera fans doute}
elle regarde l’abbé Prévoft, célèbre auteur de
romans, mort depuis quelques années. C e romancier
foup oit un foir avec quelques intimes amis,
pareillement hommes de lettres. Après qu’on eut
.épuifé, la. politique, la littérature , l’hiltoire du
jou r, la converfation tomba infenfiblement fur la
morale. Un des.convives avança que le plus honnête
homme ne pouvoit répondre de ne janiais fu-
birles fuppficesiréfervés aux criminels ; ajoutez,
dit l'abbé Prévoft, ni même de les mériter. Chaf
(1) Elle a été rapportée,encore dans quelques autres
papiers publics*hc pui(qu'elle eft fauffe , il cft jufte Hc.
Utile de la détruire.1
cun fe récria fur cette dernière affertion ‘ o u i,
Meffieurs, reprit l’abbé, je vous foutiens qu on
peut très-bien, avec un bon coeur, une ame droite,
avoir le malheur de commettre un crime qui con-
duife à l’échafaud. On dit que cela n’étoit guère
poflible. -
« Meilleurs , continua-t-il, vous êtes tous mes
amis > je puis compter fur votre diferétion, & je
peux en alïiirance vous faire une confidence que je
n’ai encore faite àperfonne. Vous me croyez tous
honnête homme? Chacun dit qu’il ne doutoit nullement
de fa probité. Eh bien ! pourfuivit l ’abbé,
je me fuis rendu coupable du plus grand des forfaits
, & il s’en eft peu fallu que je n’aie péri de
la mort la plus ignomineufe. Chacun crut qu il
plaifantoit} rien, dit-il, n’ eft plus férieux : on fe
regarde avec furprife. Puifqu’ il faut vous le dire,
moi , j ai tué mon père : on ne fait ce qu on doit
croire j on le prefle d’expliquer cette énigme } il
pour fuit fon hiftoire ainfi :
« En fortant du collège, je devins amoureux ,
mais éperdument amoureux a’utie petite voifine de
mon âge} je.m’en fis aimer} j’ obtins tout ce que peut
defirer un amant. Enfin elle ne tarda pas à porter
des fruits de fa foibleife : j’étois enivre d’amour 3
je defirois d’être fans ceffe à les côtés} je palïois
tout mon tems avec elle. Mes parens me pref-
foient de choifir un état} je ne voulois que le
plaifir d’adorer fecrétement ma maitrefie : toute
4utre occupation me fembloit faftidieufe. Mon
père, qui conçut quelques foupçons fur le^ motifs
de cette indifférence, m’épia, & parvint à découvrir
mon intrigue. 11 vint un jour chez ma maïtrefle,
grofiè de trois à quatre mois , dans le moment
même que j’y étois } il lui fit en ma préfence^ des
reproches amers fur la liaifon criminelle qu elle
entretenoit avec moi. Je gardai le filence : il lui
reprocha encore qu’elle mettoit obftacle a ma fortune.
Elle voulut fe juftifier : il l’accabla d'injures :
elle pleura, je la défendis} mais mon père devint
furieux 5 enfin il s’enflamma tellement, qu’il s’oublia
au point de frapper cette infortunée. Il lui
donna même un coup de pied dans le ventre } elle
tomba fans connoiflance : à ce fpeêlacle je perdis
la te t e } je me jetai fur mon père , je le précipitai
à travers l’efcalier. Cette chute le bleffa fi dange-
reufement, qu il mourut le foir même. 11 eut la
générofité de ne me point dénoncer : on crut qu il
étoit tombé naturellement, on l’enterra, & je fus
fauvé par fon filence de l'opprobre & des fupplices.
Cependant je'n’en fentis pas moins toute l’énormité
de ma faute} j’ ai conferve long-tems une
douleur morne & taciturne que rien ne pouvoit
dilfiper. Je réfolus d’aller, dans la folitude d un
cloître , enfevelir mes regrets & mon affliction ,
& j'embrajfai l ’Ordre de Lluny. C ’eft peut-être a
la mélancolie profonde que cette première erreur
de ma jeunelfe a répandue furie refte de mes jours,
ue je.dois le choix des événemens tragiques,
es événemens terribles, des couleurs fombres &
lugubres dont font remplisses romans que j’ ai
publiés. 33 Les amis de l’abbé écoutoient cet aveu
avec une attention mêlée de furprife & d’horreur >
ils ne pouvoient fe perfuader que cela fût vrai. Ils
s’imaginèrent que l’abbé Prévoft, voulant faire
ufage de ce trait dans un de fes romans, avoit ef-
fayé , en le racontant, l’impreffion qu il pourroît
faire. Ils lui ont plufieurs fois demandé la confirmation
de cette aventure 3 il a toujours perfifté à
leur en affurer la réalité.
Preuves de la faujfeté de Vinculpation ci-dejfus, faite
a l'abbé P/évofi3 réfultantes des faits que fes neveux
prouveront par pièces authentiques s'il le
faut.
F A I T S .
Antoine-François Prévoft j connu fous le nom de
l’abbé Prévoft, eft né le : i avril 16517., Lievin
Prévoft, confeiller procureur du Roi au bailliage
royal d Hefdin en A rtois , où il fit fes humanités
au collège des jéfuites. H alla faire une fécondé
année de rhétorique au collège d’Harcourt, à
Paris,d’ où il entra au noviciat des Jéfuites, qu'il
quitta à l'age de feize ans. Il refta à Paris pour y
ftire fa pfiilofophie: delà il fut volontaire dans un
régiment qu’il quitta aufli pour rentrer chez les
Jéfuites, d’ où il fortit encore s enfuite il pafla quelque
temps chez fon père. Il fut fait officier : après
peu de tems il abandonna le fervice pour entrer
dans la Congrégation de Saint-Maur.
Après fon noviciat, ilalla à l'abbaye de Saint-
Ouen, à Rouen. ' - , . .
En 1710 & 1721 il eut des démêlés littéraires
avec le P. Lebrun, jéfuite ; de là il fut envoyé à
l’abbave du B ec, pour y étudier la philofophie.
Vers l'an 1726 on l'envoya enfeigner les humanités
au collège de Saint-Germain, d’où il alla
prêcher pendant un an à Evreux ; enfuite il fut appelé
à Paris , pour travailler au Gallia chriftiana.
C e ne fut que pendant fon féjour à l’abbaye de
Saint-Germain-des-Prés que l'abbé Prévoft conçut
le deffein de pafler dans l'Ordre de Cluny, & qu’ il
l’exécuta. 11 y fu t , dit-on, engage par fes amis,
afin d’y jouir d’une plus grande liberté pour
s'adonner à un genre d’ étude plus conforme a fon
goût. On voit que l’abbé Prévoft n'étoit plus un
enfant ni même un jeune homme lorfqu'il eft
pafle dans l’Ordre de Cluny.
Le 22 décembre 1755, S. A. S. M. le prince de
Conti le nomma fon aumônier.
Son père, Lievin Prévoft, mourut le 25 fep-
tembre 1737, âgé d’environ foixante-treize ans,
d'une hyaropifie dont il étoit attaqué depuis plufieurs
années. L’ abbé Prévoft avoit donc alors plus
dequnranu-deux ans , & i l avoir déjà écrit plufieurs
de f.-.s romans. Son père n’ a donc pas été tué dans
un mouvement d’une première jeunelfe.
Si on defire la preuve que le père de l'abbé