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gent que Tes fujets lui avoient donné pour la
guerre * rentra dans l’ inaCtion ( voye\ plus haut
rarticle de Burgh ) : le comte de Bretagne * foi-
blement fecouru par fes alliés & vivement preffé
par les Français * fe préfenta* dit un auteur con-
temporain3 devant le roi Louis IX ( faint Louis ) 3
la corde au c o u , fe jeta à Tes pieds 3 & demanda
pardon de fa félonie. « Mauvais traître, lui répondit
le Roi , encore que tu aies mérité une mort infâme
3 cependant je te pardonne en confidération de la
noble(fe de ton fang ; mais je ne laijferai la Bretagne
a ton fils que pour fa vie feulement, & je veux qu a-
pres fa mort les rois de France foient maîtres de ta
terre.
Cette menace 3 qui cependant ne s’effeCtua
point* prouve que faint Louis avoit une haute'
idée des droits que fa couronne lui donnoit fur
la Bretagne. Depuis environ un liècle il s’étoit introduit
dans la féodalité une diftinétion d’hommage
fîmple & d’hommage-lige. C e dernier en-
traînoit des devoirs plus rigoureux & plus étendus
que l’autre. Le vaffal-lige étoit obligé de fervir en
perfonne fon feigneur envers & contre tous î le
vaffal fîmple ppuvoit mettre un homme en fa place*
& n’etoit obligé de fecourir fon feigneur que
dans certains cas. Les Bretons prétendoient ne
devoir que 1 hommage fîmple. Le comte de Bretagne
3 en cette occafion * fut forcé de rendre
l’hommage-lige y c’ eft* dit-on* ce qui lui fit donner
le furnom de Mau-Clerc, c’eft-à-dire * mal
habile. Depuis cet accommodement* fait en 1234*
Pierre ( Mauclerc ou non) fut toujours fidèle au
roi faint Louis > il le fuivit en Afrique* combattit
vaillamment à la Maffoure* & mourut fur mer lé
22 juin i2 yo* en revenant en France.
PIFRRE ( A l b e r t de l a )* (Hifi. desSuijfes) *
capitaine fuiffe* fort attaché à la France dans les
différentes guerres de François 1* depuis 1 y r j juf- :
qu’en iy2z.
En les Suiffes défendoient l ’Italie contre !
les Français* & occupoient le Pas-de-Sufe pour
les arrêter au paffage des Alpes j ils avoient à leur !
tête le cardinal deSion* implacable ennemi de la \
France. Les Français leur échappèrent, & pénétrèrent
en Italie par une route jufqu’ alors inconnue*
qui leur fut indiquée par un payfan piémon-
tais* à qui tous les détours des Alpes étoient familiers.
Le cardinal de Sion & les SuifTes frémirent
de rage en apprenant que les Français* qu’ ils at-
tendoient toujours au Pas-de-Sufe * occupoient
déjà une partie du Milanez ; mais bientôt leurs
chefs fe brouillèrent ; i& n’étoient pas tous dans
les mêmes difp offrions à l’égard de la France* .&
le cardinal de Sion* dont le tems fembloit enflammer
la fureur au lieu de l’amortir* fe plaignoit
de la froideur de quelques - uns d’entr’ eux 5 il
pouffa même l’imprudence de fes emportemens
jufqu’ à reprocher au colonel Albert de la Pierre*
qui conamandoit les SuifTes du canton de Berne*
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qu’il étoit trop ami des Français pour avoir ignoré
leur marche à travers les Alpes. La Pierre repouffa
l’infulte par la brutalité j il donna un démenti au
Cardinal. Celui-ci montra auffitôt des patentes de
Général* lignées du Pape & de l ’Empereur* 8c
fit arrêter la Pierre ; mais il fut obligé de le relâcher
au bout de vingt-quatre heures. Le lendemain
la Pierre* pour fe venger* lui demanda la
folde à la tête de fa troupe, dont le Cardinal fai-
foit la revue. Le Cardinal * qui n’avoit point d’argent*
prit le ton de la douceur > c’ eft-a-dire * de
la foibfefîe. Albert* d’autant plus fier que le C ardinal
étoit plus fouple * infîfte * menace * fa troupe
l’appuie : le Cardinal fe croit en danger* & s’ enfuit
avèc fes amis à Pignerol. La fin de cette querelle
fut qu’Albert de la Pierre quitta l’armée * &
ramena dans le canton de Berne une grande partie
de fa troupe * ne voulant ni fervir fous le Cardinal
* ni mériter fes reproches en paffant pour lors
dans l ’armée ffançaife.
Mais en 1 y 16* l’Empereur ayant fait une irruption
dans le Milanez* dont les Français avoient
fait la conquête l'année précédente * le capitaine
Albert de la Pierre arrive pour les défendre à la
tête de treize mille Suiffes. C e renfort fit renaître
l’ audace avec l’ efpérance : on ne fe borna plus à
la défenfîve } on ne parla que d’ attaquer l’Empereur
& de le réduire à une retraite honteufe. Cependant
les Suiffes amenés par Albert de la Pierre
eurent horreur de fouiller leurs mains du fang de
leurs compatriotes* qui fervoient au nombre de
quatorze mille dans l’armée de l’ Empereur j ils
refuferent de combattre , quoiqu'ils euffent reçu
leur montre ou folde. Le connétable de Bourbon
les licencia * & les renvoya pour éloigner de fon
armée la contagion de la aéfobéiffance > mais Albert
de la Pierre étoit trop attaché aux Français
pour les abandonner ; il relia * & força de relier
fa compagnie de trois cents hommes. Elle exigea
cependant que l’on ne l’employât que contre les
Allemands * & protefla de ne point combattre
contre les Suiffes.
Au moyen du traité de Fribourg* du 29 novembre
1516* auquel on a donné le nom de Paix per--
pétuelle * & qui le mérita * puifque depuis' ce tems
les Suiffes n’ont pas ceffé d’ être fidèles aux rois de
France * on n’ eut plus à craindre de rencontrer les
Suiffes* du moins de l ’aveu de leur nation* dans
les armées ennemies de la France.
On fait avec quelle inconfidération & quelle
opiniâtre déraifon les Suiffes du maréchal de
Lautrec le forcèrent* en 1521* de livrer à la Bicoque
> contre les Impériaux* un combat nécef-
fairement défàvantageux, & dont le fuceès étoit
impofïiMe j ils demandoient d’ être payés * & ils
ne vouloient pas permettre qu’on s’avançât vers
Arona pour y prendre là caiffe militaire qu’ on y
avoit Iaiffée comme dans un porte fûr &■ a l ’abri
du pillage. C e même Albert de la Pierre, autrefois
fi attaché à la France* mais qui alors paroiffoit
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tendre à la défection * fut chargé de porter a Lautrec
les dernières propofitions-des Suiffes* qui fe
réduifoient à ces trois mots '. Argent, congé ou bataille.
Lautrec n’ ayant point d’argent* puifqu’ on
l’empêchoit d’en aller chercher * prit le parti de
livrer les Suiffes à toute leur ardeur * & difpofa
tout pour le combat * ou plutôt pour fa défaite.
«« Il les devoir très-bien & beau biffer aller & les
*> recommander à tous les diables * dit Bran-
aï tome ;... car jamais le fait ne va bien quand il
» faut que le Général obéiffe à fes foldats ex cem-
» batte à leur volonté. *>
Lautrec fit pour cette funefte bataille où on
le forçoit* les meilleures difpofîtions que le génie
& la prudence pouvoient fuggérer > mais il ne put
forcer la nature. Les Suiffes * qui n’avoient jamais
voulu comprendre la veille ce qu’il leur avoit montré
lui-même * que les retrancnemens étoient partout
fi efcarpés * qu’à peine pouvoient-ils y atteindre
du bout de leurs piques* mefuroient alors
d’un oeil inquiet cette hauteur inacceffible * s’ex-
citoient à la franchir , grimpoient avec effort * re-
tomboient * regrimpoient encore * tandis que le
canon & la moufqueterie* tonnant fur eux fans relâche
* mettoient tout en défordre * & qu’enve-
loppéssde toutes parts * ils ne pouvoient faire face
d’aucun côté j ils frémiffoient, ils pleuroient de
colère * ils pouffoient des hurlemens affreux * ils
fe confumoient en efforts furnaturels & fuperflus.
Montmorenci* qui commandoit leur attaque & qui
n’en efpéroit rien* les confoloit* les encoura-
geoit * defcendoit avec eux dans ces foffés profonds
* gémiffoit comme eux de l’ impoffibilité de
les franchir. Albert de là Pierre * leur célèbre commandant*
& vingt-deux de leurs capitaines* furent
tués fur la place.
Le jour de ce grand défaftre fut le dimanche de
Quafimodo * 22 avril 1522.
PIET ( Baudouin V an d e r ) * ( Hifi. litt.
mod,j3 profeffeur en droit à Douai & jurifconfulte
habile * auteur de plufieurs bons Traités de droit
en latin. Il fut le premier qui* à la naiffance de
l’Univerfîté de Douai* eut le titre de bachelier.
Le confeil de Malines le nomma plufieurs fois
pour un de fes membres > il refufa conftamment
cet honneur* aimant mieux continuer à former
des juges que d’ être juge lui-même. Il pouvoit
dire :
J’ai faitde*'Souverains, & n’ai pas voulu l’être.
Né à Gand en 1546 3 mort à Douai en 1609.
PIGHIUS ( A lb er t & É tienne V in an d ) *
oncle & neveu * favans flamands.
i° . Albert* catholique zélé* fit beaucoup d’é crits
contre Luther * Mélanchton * Bucer & Calvin
* & fut agréable au pape Adrien VI & à fes
fucceffeurs* par fa doctrine plus que catholique 8c
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vraiment ultramontaine. Ses ouvrages les plus con-
fîdérables font un Traité ( latin) de la grâce Sc
du libre arbitre* & un autre Traité intitulé Afi-
fcrtio Hierarchie. ecclefiaflicA. Il etoit auflî mathématicien
j il excelloit à conftruire des fphères ar-
millaires : il y a de lui plufieurs ouvrages de mathématiques.
Né à Campen* mort en 1542 à
Utrecht.
2°. Étienne Vinand* né aufïl à Campen 8c mort
en 1604* à quatre-vingt-quatre ans, avoit ete pendant
quatorze ans fecrétaire du cardinal de Gran-
velle * & enfuite chanoine régulier. 11 eft auteur
des Annales de la ville de Rome & de quelque«
autres ouvrages d’érudition.
PIGNA (Jean-Ba p t is t e ) , (Hiß. litt, mod.)3
auteur italien du feizième fiècle* affez eftimé 3 eft
connu par divers ouvrages de politique * d’hif-
toire , & c . tels que 11 Principe ; I l duello nel
quale f i tratta deIVonore è delVordine délia Cavale-
ria ; Uifioria de Principi di Eftel y Roman fi ne quali
délia Poèfia e délia vita d'Ariofto f i tratta.
PIGNOR1US ( L a u r e n t ) , (Hifi. litt. mod. ) 3
curé de Saint-Laurent de la ville de Padoue, où
il étoit né en 1571 * puis chanoine de Trevife *
où il mourut de la perte en 16$ 1 , étoit poffeffeur
d’une belle bibliothèque & d’un riche cabinet de
médailles. Ses ouvrages furent très-eftimés des
favans. On a de lui un Traité De fervis, 6* eorum
apud veteres minifieriis j un ouvrage intitule Ca-
ralleres Agyptii. Il a auffi écrit très-favammént fur
les origines de la ville de Padoue : Origini de
Padoua.
! PILARINO (J a c q u e s ) * (Hifi. litt, mod. ) *
favant médecin, eut une deftinée affez errante.
Né en Grèce* à Céphalonie, il enfeigna la méde-
; eine en Italie * à Padoue j il l’exerça dans des climats
tout différens* eaValachie, en Mofcovie* Sec.
Il frit conful dans l’Aiie-Mineure * à Smyrnej il
revint mourir en 1718* non dans fa patrie* mais
dans celle qu’ il avoit paru d’abord adopter * c’eft-
à-cLire* à Padoue. On a de lui un Traité latin de
VInoculation de la petite-vérole * & quelques autres
écrits fur la médecine.
PILON (G e r m a in )* (Hifi. mod. ) * fculpteur
& architecte célèbre * par qui la fculpture furtout
a fait des progrès en France. Il paffe pour le pte-
mier fculpteur qui ait exprimé d’une manière fu-
périeure le caractère des étoffes, & qui ait appliué
à fon art le talent de la draperie. Il eft 1 auteur
e ce faint François recevant les ftigmates, qu’ on
voit dans le cloître des Grands-Auguftins à Paris.
Il exécuta cette figure en terre cuite, comme nous
la voyons * & il devoit l’exécuter en marbre.
! Quelque éloge qui foit du à cet ouvrage * lequel
1 eft en poffeffion d’ arrêter & de fixer les regards
! des paffans * on ne peut pas dire * à ce qu’ il noue