
rendit ces foüverains confidérables auprès de ces
trais puiflances , par l'intérêt qu'elles eurent de
les ménager , de peur qu'ils ne fe livraffent aux
autres.
v Sedan paffa, en 1370, de la Maifon de Jauche
a Jean de Barbançon , feigneur deBofiu , qui mourut
en 1381. ' ÿ
, Guillaume I , premier prince de Sedan , avoit
epoulé l'héritière de cette feigneurie, Pour lui 3 il
etoit delà Maifon de Braquemont en Normandie.
C e fut lui qui le premier fit fortifier la ville de
Sedan , &r qui commença d'en faire une place importante.
11 mourut en 1400. Louis fon fils , qui
lui fuccéda, vendit, en 1424 , cette feigneurie de
Sedan a^ fon beau-frère , Erard de la Mark , feigneur
d 'Aremberg, lequel avoit époufé Marie 3
fille de Guill aume & foeur de Louis ,. vendeur.
La Maifon de la Mark pofféda cette fouverai-
^nete jufqu'au premier janvier 1588, que mourut
le dernier prince de Sedan de cette branche de la
Mark. Il lailfa pour héritière , dans fa principauté
de Sedan & fon duché de Bouillon 3 Charlotte de
la Mark fa foeur. Henri IV la maria 3 en 1591 ^ à.
Henri de la Tour-d'Auvergne 3 vicomte de Tur
q u e & d'Oliergues , maréchal de France , dont
ni Henri IV ni Louis XIII n'eurent pas toujours à
fe louer. Elle mourut en 1^91 , ayant perdu un
fils qu'elle avoit eu du maréchal de Bouillon 3 Tu-
renne , fon mari 3 & ne laiffant point d'autres-en-
fans. Ainfi la principauté de Sedan & le duché
fouyerain de Bouillon dévoient naturellement revenir
aux héritiers de Charlotte de la Marks mais
celle-ci inftitua fon mari pour héritier , & lui fit
donation de tous fes biens. Cette, donation fut
attaquée,: on la prétendit fuppofée j elle étoit
d'ailleurs contraire à des arrangemens pris antérieurement
dans la Maifon de la Mark. Il y eut
a ce fujet un procès qui fe termina par un accommodement
entre le maréchal de Bouillon & les
héritiers naturels de Charlotte de la Mark, & les
principautés de Sedan & de Bouillon relièrent au
maréchal de Bouillon & à fa Maifon.
Perfonne n'ignore comment le duc de Bouillon,,
Frédéric-Maurice de la Tour, fils du maréchal de
Bouillon, Henri de la T ou r, étant entré , en 1642,
dans la conjuration de Cinq-Mars contre le cardinal
de Richelieu, fut arrêté au milieu de l'armée
qu'ilcommandoit en Italie, & obligé, pour fauver
fa v ie , de céder fa principauté de Sedan à la
France. La duchefïe de Bouillon fa femme , Eléonore
de Bergh , femme d'un grand courage, ef-
péra quelque tems qu'en oppofant aux menaces
du cardinal de Richelieu la menace de livrer Sedan
aux ennemis de la France ou du Cardinal, elle
parviendroit, &.à fauver fon mari, & à luiconfer-
ver fa principauté 5 mais enfin la tendrefïe , & par
conféquent la crainte, fut la plus forte. Effrayée
des dangers où fa fermeté expofoit fon mari, elle
ne put confentir à laiffer plus long-tems fon fort
dans l'incertitude 5 elle fe détermina, en gérniffant,
à recevoir garnifon frànçaife dans Sedan. La
Maifon de Bouillon reçut, dans la fuite, le dédommagement
de cette importante ceffion j mais ce
ne fut qu’après la mort du cardinal de Richelieu,
& qu'après bien des négociations avec le cardinal
Mazarin, qu'elle obtint enfin , en ï 6y 1 , en
échange de la fouveraineté de Sedan, les duchés-^
pairies d'Albret & de Château-Thierry, & les
comtés d'Auvergne & d'Evreux. Ainfi la fécondé
branche de la Maifon d'Auvergne rentra dans la
poffefTion du comté d’Auvergne, qui avoit appartenu
à la première branche de cette Maifon, &
que la mère de Catherine de Médicis , héritière
de cette première, b ranche, avoit porté en dot^à
Laurent de Médicis, père de Catherine.
Par ce même traité de 16 51, le Roi s'engageoit
à faire jouir la Maifon de Bouillon de tous les
honneurs , privilèges & ^prérogatives dont les
Maifons fouveraines jouiffeiît en France & à la
cour de,nos Rois : la Maifon de Bouillon a fur ce
point de jufles réclamations à faire.
SEMUROIS ( C o m t é d e ) . Le premier comte
de Sémur-en-Auxoîs fe nommoit Arteband. Il eut
ce comté en 900, & mourut en 950. Sa poflérité
mafcüline T a poffédé jufqu'en 1257, qu'Helvis,
fillede Henri, en hérita. Elle mourut fille en 1262,
ayant cédé ^fon comté de^Semur & fes terres de
Luzy & de Lancy à fon coufîn Jean de Broyé, feigneur
de Château-Vilain, qui defcendoit, mais
par femme feulement, de la Maifon des comtes de
Sémur 5 il étoit fils de Simon de Broyé, feigneur
de Château-Vilain, & d'Alix de Sémur, foeur de
Henri, père d'Helvis.
Jean de Broyé mourut fans enfans, & le comté
de Sémurois & fes dépendances furent réunis au
duché de Bourgogne, qui fut réuni à la couronne
en 1477.
SENS ( C o m t é d.e ) . Le premier comte de Sens
remonte jufqu’à l'an 830 : il fe nommoit Magne-
rius. Sa poflérité mafcüline pofféda ce comté jufqu'en
932, que Richard, comte de Sens, qui
n'avoit pas voulu teconnoître l'autorité du roi
Raoul, & qui fut vaincu & fournis par lu i, étant
mort fans enfans, le même roi Raoul inveflit de ce
comté Fromont I. On ne fait fi ce Frompnt avoit
quelque rapport de parenté avec Richard, ou fi
c'efl une famille nouvelle qui fut alors inveflie du
comté de Sens.
C'efl Renaud I , dit le Vieux3 fils de Fromont,
qui a bâti Joigny & Château-Renard.
Renaud II, petit-fils de Renaud I , eût de grands
démêlés avec Leuteric fon archevêque, & lui fit
une guerre ouverte. Ce prélat n'étant pas le plus
fo r t, appela le roi Robert à fonfecours, & lu i
livra la ville de Sens le 22 avril 101 y. Renaud, de
fon côté, fe fortifiant de l’appui d'Eudes, comte
de Champagne, vint afliéger Sens, & fut repouffé.
Cependant il fit un traité, au moyen duquel le Roi
CHRONOLOGIE.
luilaiffa, pour fa vie feulement, la jouiffance de
la moitié feulement de la ville de Sens. 11 la garda
long-tems 5 il ne mourut qu'en 1055 , & il mourut
fans enfans.
Lorfqu'il avoit été dépouillé de la ville de Sens
en 101 y , Fromont III fon frère avoit pris le titre
de comte de Sens 5 mais il mourut auffi fans enfans,
& le comté de Sens fut réuni à la couronne, quoique
Fromontlaiffât une fille. Cette fille, qui s’ap-
peloitManfrède, n'hérita que du comté de Joigny.
Quant au comté de Sens, la théorie des fiefs
mafculins n'étoit pas encore bien établie ; & d'ailleurs
, pourquoi le comté de Sens auroit-il plutôt
été un fief mafculin que le comté de Joigny ? Mais
il paroît qu'on fit valoir I'efpèce de confifcation '
qui avoit,été faite, en 1015, du comté de Sens,
fur Renaud I I , lorfque cette ville avoit été livrée;
au roi Robert, & le traité par lequel Renaud lui-
même avoit abandonné ce comté, moyennant
Tufufruit de la moitié feulement.
La réunion duSénonois à la couronne futcenfée
faite en 1017 par ce traité, maisne futconfommée
qu'en 105y , fous le règne de Henri I.
TONNERRE ( C om t é d e ) . Le premier comte
de Tonnerre , Milon I , le fut en 934, & mourut
en 980.
Milon II fon fils mourut en 1032 fans enfans.
Ermengarde fa foe ur, femme de Guillaume,
comte de Nevers, lui fuccéda, & toute là poHérité
mafcüline de cette Maifon de Nevers, foit de
la branche aînée, foit quelquefois des branches
cadettes, pofféda le comté de Tonnerre, depuis
la mort d'Ermengarde en 1100, iufqu'à celle de
Renaud II en 1191. Celui-ci fut tue au fiége d'Acre.
Agnès fa nièce, & Mahaud, fille d'Agnès, dont
nous avons parlé à l'article Nevers ( voye^ cet artic
le ), poffédèrentle comté de Tonnerre, qui paffa
enfuite, en 1241, à Gautier de Châtillon, petit-fils
de Mahaud.
Une autre Mahaud, nièce de Gautier de Châtillon,
lui fuccéda, puis Marguerite, fécondé fille
de cette Mahaud II , & celle-ci n’ayant point eu
d’enfans, A lix, troifième fille de cette même Mahaud
L'aîné
II, porta le comté d'Auxerre dans la Maifon ;
deChâlons, par fon mariage avec Jean deChâlons,
feigneur de Rochefort, fécond fils de Jean-le-
Sage, comte de Châlons. '
Leur fils, Guillaume III, & leur petit-fils Jean I ,
moururent pour la patrie ; le premier fut tué à la
' bataille de Mons en Puelle, le 18 août 1304 j le
fécond à celle de Crécy en x 346.
Jean III, petit-fils de Jean I , fut fait prifonnier
par les Anglais dans fon château d’Auxerre, le 10
février 1364. Il fut encore pris à la bataille d'Aurai
en Bretagne.
Louis 1 fon frère, & fon fucceffeur dans le comté
de Tonnerre, fut auffi fait prifonnier par les Anglais
en 1372. Le troifième de fes fils, Jean, feigneur
de Ligny, fut tué à la bataille d'Azincourt.
, Louis I I , eft le dernier comte de T on nerre,
qui ait joui dans fa feigneurie des droits
régaliens, qui ait battu monnoie, levé des troupes,
& fait la guerre.
Jean III fon oncle , pour payer fes deux rançons,
avoit été obligé de vendre au roi Charles V
le comté d'Auxerre, qu'il poffédoit avec le comte
de Tonnerre. Louis II prétendit exercer le retrait
lignager , dont l'aélion avoit déjà été intentée par
Louis I fon père, & frère de Jean. Cette prétention
valut du moins à Louis II une augmentation
confidérable de prix. Charles VI lui donna cent
mille écus d'or. Louis II avoit époufé Marie, fille
de G u y , feigneur de la Tremoille. Dans la fuite
étant devenu amoureux de Jeanne de Périllos, parente
de la ducheffe de Bourgogne, il l ’enleva &
l'époufa, ayant répudié fa femme légitime. Cétts
conduite lui attira l’indignation & la haine du duc
de Bourgogne, Jean, qui faifit cette occafion de lui
faire la guerre , de le dépouiller, & de s'emparer
de fon comté de Tonnerre, qu'il réunit au duché
de Bourgogne.
Louis II fut tué à la bataille de Verneuil en 1424.
Cette Maifon de Châlons avoit, comme on voit,
verfé. beaucoup de fang pour la défenfe de la
patrie.
Jeanne, foeur de Louis I I , fut fon héritière, &
prit le titre de comteffe de Tonnerrev, qu’elle
n'avoit plus j elle époufa Jean de Labaume , feigneur
de Bonrepos, & vendit fes droits fur Tonnerre
à Louis de Châlons , prince d Orange j mais
fon neveu, Jean de Huffon, fils de Marguerite,
foeur de Jeanne, laquelle portoit auffi le titre de
comteffe de Tonnerre, racheta ces droits par retrait
lignager en 1433. Il obtint même la jouiffance
du domaine de ce comté , la feigneurie feule ref-
tant réunie au duché de Bourgogne 5 il prit en con-
féquence le titre de comte de Tonnerre, ainfi que
fon frère Louis, évêque de Poitiers. Anne, leur
tante & leur héritière , comteffe de Tonnerre
comme eux & au même titre, époufa Bernardin de
Clermont, vicomte de Tallard, dont lès defcen-
dans vendirent, en 1680, ce domaine du comté
de Tonnerre à M. de Louvois.
TOULOU SE ( C o m t é d e )., Charlemagne
donna le gouvernement de Touloufe à Guillaume
I , qui, dès l'an 801, s'intituloit comte ou
gouverneur de Touloufe.
On ne fait pas fi Bérenger qui fuccède à Guillaume
I , étoit fon fils 5 mais Bernard I , comte da
Touloufe & de Barcelone, étoit fils de Bérenger:
c'efl ce fameux Bernard qui gouvernoit en minif*
tre LouisTe-Débonnaire, parce qu'il gouvernoit,
dit-on, en amant de l'impératrice Jpdith fa femme.
Charles-lç-Chauve, fils de Louis-le-Débonnaire
& de Judith , lui fit trancher la tête en 844, pour
être entré dans des intérêts différens des fiens.
Guillaume II fon fils, auffi comte.de Barcelone,
f fQUtiût la guerre contre Charles-le-Chauve qui