
prefque toute la Thrace. 11 fournit de même là
Bulgarie & la Servie ; il remporta jufqu’à tr-ente-
fept victoires-> il périt dans ht dernière, en 13%.
B- fe piquoic d'imiter C y ra s ; il fit des-conquêtes
comme lu i, mais il reffembla peu d'ailleurs au
C-ÿrus de Xénophon; il n’eut ni clémence ni bonté.
.Son fils-fe révolta contre lui 5 il lui-fît crever le s
y eu x , exerça toutes fortes de cruautés fut les
complices de la révolte de- ce Prince.
2°. Amurat J l, fils & fucceffeur de Mahomet I,
fut père de ce célèbre Mahomet II qui prit Conf-
tantinople en jq y 5.. A murât avoit auffi aüiégé cette
place en 14z z ; il y avoir employé du canon , &
c ’étoit Ta première fois que les Turcs en faifotent
ufage . Malgré cet avantage il fut obligé de lever
le Mége:; if leva airffi la même année celui de Belgrade
, mais il prit d’affaut fur le s Vénitiens la
ville de Thefiùlorfiquie. Les princes, de Bofnie &
d'Albanie furent contraints de lui payer tribut.
C e prince d? Albanie fut le père de Scanderberg.
(. Voyeç dans le Dictionnaire l'article Scanderberg,
& fes- guerres, 8c fes fuccès contre Amurat II. )
L'expédition la plus mémorable d'Amurat II fut
celle de Hongrie , où il g a g n a le 11. novembre
144 4, la bataille de V arnes contre le roi Ladiflas.
( koyeç dans le Dictionnaire, fur cette expédition
& fes fuites, les:'articles Ladiflas I I & Cefarini
( T;{lien. ) ( ; aufli Huniade. ) Amurat avoir
é té ptiér à prendre-la fuite dès le commencement
de la bataille : fe s principaux officiers l'avoient
force de reicer:& de vaincre, en le menaçant de
fe tuer. )i prit fon parti, & à fon tour il empêcha
fes fiddats de fuir dans un moment où il les voyoit
ébranlés. Les Chrétiens avoient été déterminés à
la bataille par le cardinal Julien Cefarini, au mépris
d ’un traité dont ils avoient folennellement
juré l ’exécution fur l'Evangile.. Amurat, au moment
où les Turcs aîloient plier, tira,, dit-on , de
fon fein. ce traité ^indignement violée & s’adref-
£mt.au:Lieu que les Chrétiens avoient pris pour»
garant : Jéfus , s 'é c r iâ t - il,. voici ü: alliance que Us
Chrétiens ont jurée avec moi par ton. nom. S i tu es
Dieu y comme ils le difent:, vengez ton injure Ù la
mienne. C e mouvement, qui rappeloitlinfidélité
des Chrétiens, eut un grand effet 5 en réveillant
l'indignation des T urc s , il.redoubla leur courage,
& ils vainquirent. Amurat eut aufli la gloire de
vaincre Huniade, & dans cette bataille, & depuis
encore dans d’autres rencontres ; mais i l mourut,
dît-on > de douleur des fuccès de Scanderberg ; ce;
fut en 145-1, dans fa foixante & quinzième année.
Il ovoit commencé à régner en 1421. A murât 1
avoit établi les Janiffaires'; Amurat II fit plus peut-
être ; il les. difeiplina.
3d. Amurat III fit plus encore> il.fut les réprimer.
Cette foldatefque feditieufe vintluidemander
en tumulte la tête au grand-tréfOrier. Pour toute
réponfe il fondit fur eux le fabre à. la main, en tua
plufieurs, & fit rentrer les autres dans le devoir,
il étoit vaillant, cruel 8c débauché. Il avoit fait
étrangler fes frères-. §É s'étendit d’ un côté:en Hongrie
; de l'autre en Pérfë, par la prifè de Raab
& de Tauris. I l avoir foc cédé en 1574 à S e lim ll
fon père. B mourut en r yqy , a einquante ans.
40.. Amurat I V , fur nommé l'Intrépide, épithète
qui auroit bien convenu aufli au précédent , effet
lui qui prit l'ubylone en .’ 6-3,8 c’e f t l ’ Airuitat-
de la tragédie de liaja^et. Sa politique-à l'égard,
des JanifTaires étoit d’employer leur valeur au;
dehors contre les ennemis de l’Etat, pour n’avoir
rien a craindre de leur inquiétude dans l’ intérieur
de l’Empire ; c ’étoit pouraffurer le repos de Conf*
tantinople qu’ il les rnenoit prendre Babylone.
Racine dit même qu’ Amurat avoit voulu retrancher
la moitié du corps des JanifTaires.
C ’eft en vain que, forçant fesfoupçons ordinaires,
Il fe rend aceeftîble à tons- les JanifLires j
Il fe fou vient toujours que fon inimitié
Voulue de ce grand corps retrancher la moitié,
Lorfque , pour affermir fa puiffance nouvelle,
Ii vûuloit, difbit-il„ fortir de leur turellè.
Moi-même j’ai fouvent entendu leurs.,difc<aurs.':
Commeii les craint fans ceiTe, iis le craignent toujours.
Ses careffes n’ont point effacé cette injure.
AmuratvIV eut pour fes frères la même rigueur
qu’Amurat III avoit eue pour les liens. Il fit périr
.Orean & Bajazet, 8c n’épargna Ibrahim que parce
qu’i l le jugea
Indigne également de vivre & de mourir.
; Cet ufage barbare d immoler fes frères étoit pour
! ainfî dire confacré alors par la politique turque :
I Tu fais de nos Sultans les rigueurs ordinaires,
i Le frère rarement laide jouir fes frères
De l’honneur dangereux d’être forci d’un fang
Qui les a de trop près approchés de fon rang.
i L’influence d’Amurat au dehors fe faifoit fentir
I jufque dans le M ogo l, où il lôcouroit l’empereur
! Cha-Goan ou Schah-Géan, contre fon fils Au-
[ rengzeb. Infidèle à la loi de Mahomet, qui en
: effet ne convenoit pas aux Turcs , maîtres de la
. Grèce & de tous les bons vins grecs, il mourut
d’un excès de vin en 1640, à trente-un ans. Il
j étoit monté fur le trône après Muftapha,en 1623.
ANGILBERT. (H f l. de Fr ) On fait que Char-
; lemagneavoitétabli dans fon palais une Académie,
! dont chacun des membres, félon un ufage qui s’eft
| confervé dans quelques Académies étrangères,
prenoit un nom littéraire & académique, qui ex-
primoit, ou leurs goûts, ou leurs inclinations, ou
le genre de leurs études, ou enfin leur caraét ère -
Le nom d’Angilbert, dans cette Académie, é toit
Homère, Toit parce qu’ il faifoit fes délicés de la
i le&ure de ce prince des poètes, foit parce qu’ il
faifoit lui-même des vers grecs. Le favant Alcuin,
chargeant Angilbert qui étoit à Rome, de lui en
rapporter des reliques, cite gaîment ce vers de
Y A n d‘aimer d’Oviae :
Si nih.il attulerisy ibis, Homere, for as.
L’inftruétion dont Charlemagne charge Angilbert
pour le pape Léon III, eft adreffée à Homère auriculaire
, c’eft-à-dire , confident.
Angilbert étoit d’ ailleurs l’ homme le plus aimable
de la cour de;Charlemagne ; il leparuttrop
à la princeffe Berthe, fille de ce Monarque. On
prétend que la tendreffe de Charlemagne pour fes
filles nuint à leur établiffement 5 qu’ il les aima plus
pour lui qiie pour elles-mêmes, & qu’il eut fujet
dè s’en repentir. Berthe eut deux enfans d’Angil-
bert; favoir : Nitard, connu pour avoir, écrit une .
partie de l’hiftoire de-fon tems, & Arnide, dont
on ignore la deftinée. On pourroit induire du
récit de quelques hiftoriens, que Berthe, du con-
fentement de fon père, avoit époufé fecrétement
Angilbert.j d’autres ne parlent point de mariage ;
d’ autres difent clairement qu’ il n’eut lieu qu’après
.qu’il eût été rendu nëceffaire par la naiffance de ;
ces enfans. Quoi qu’ il en foit, Angilbert renonça ;
dans la fuite au monde & à la faveur y il fe f i t ;
moine, & fut abbé de Saint-Riquier. Un de fes ;
fuceeffeurs dans cette Abbaye, nommé Aufcher,
q u i, dans le douzième fiècle, a écritla vie d’An-
gilbert, prétend qu’Angilbert étoit déjà prêtre
lorfqu’il epoufa la princeffe Berthe ; ce qui n’em- :
pêcha pas Charlemagne ïde confentir à ce mariage.
C e trait n’eft pas aufli dépourvu de vraifemblance, '
que là décence dès -ufages aétuels pourroit le faire
croire. Les mariages des prêtres netoientpasarares ;
alors, même dans l'Occident ; ce fut (. harlemagne :
qui réforma cet ufage, comme un abus introduit
à la faveur des guerres & de la licence ;■ mais, il [
pouvoit en avoir profité pour réparer l ’honneur ;
de Ta fille ; & lorfque les prêtres eurent été rap- 1
pelés à la loi du célibat, Angilbert aura cru expier, •
:& fes galanteries, & fes mariages .en fe faifant
moine. C e fut en 790 qu’ilembrafla l’état monaf-
tique; il mourut en 814. Charlemagne l’avoit fait
.gouverneur de toute là partie feptentrionale de
la France maritime, depuis les bouches de l’Ef-
caut jufqu’ à l’embouchure de la Seine, &•, en couronnant
roi d’Italie Pépin fon fécond fils, il lui :
avoit donné le même Angilbert pour .principal
miniftre. On trouve quelques poéfies .d’Angilbert I
dans le. recueil des hiftoriens de France , parmi j
les oeuvres d’Alcuin, & dans le Spicilége. On a
aufli l’hiftoire1 de fon monaftère de Saint-Riquier,
cju’il ayoit pris foin d’écrire.
ANGLURE '{ H fl. de France ) , petite viEede :
Champagne, fur la rivière d’ Aube, un ipeu.au i
deflixs de la jonction de cette rivière avec la Seine,
«donnéifon nomà laMaifon. d ’ Anglure. I l y avoit
uneancienneMaifon d’Anglure,.dontdefoendoit,
Helwide, dame d’A nglure, qui par fon mariage
donna naiffance à une fécondé Maifon d’Anglure.
Les ancêtres d’Helwide avoient accompagné G odefroy
de Bouillon à la première croifade. ‘Un
autre d’Anglure alla aufli a la croifade contre Sa-
ladin, & fut pris par ce héros de l'Orient. On
attribue à ce a ’Anglure une partie de la conduite
fldelle & généreufe que M. de Voltaire donne
-à Néreftan dans Z#ïre; c ’eft-à-dire q u e , revenu
en France fur fa parole pour y chercher Ta rançon,
i& m’ayant pu Te la procurer parce qu'il n’ avoit
qu’ un partage de cadet., il revint reprendreTes
fe r s , & qu’on ne put pas dire avec vérité de lui
non plus que de Néreftan, qu’ il eût permis à
fon courage
Des fermons indifetets pour fortir d’efclavagc.
Saladin étoit fait pour Tefitir tout ce qu’un tel
procédé a de noble ; il fit.ee qu’on fait faire à O ro f
mane ; il renvoya fon prifonnier Tans rançon, en
exigeant feulement qu’il f ît porter le nom de Saladin
-à tous les aînés mâles qui defeendrdient de
lui. Cette condition étoit peu digne de la délica-
tefle d’ un héros tel que Saladin : c’ étoit preferire
la reconnoiffance & en preferire jufqu’à la forme.
Je foupçonne qu’ici des‘.hiftoriens fans délicateflè
eux-mêmes, voyant que les d’Anglure, en mémoire
Sz par reconnoiffance de ce bienfait, avoient
fouvent fait prendre à leurs enfans ce nom de Saladin,
ont penfé que c ’étoit une condition qui leur
avoit été impofée.
Quoi qu’il en fo it, Helwide d’Ànglure époüfa
Oger de Saint-Chéron , qui mourut en 12y6 , &
ces Saint-eCbéroh prirent le nom &r les armes d'An-
glure, fans y joinare même celui de Saint-Chéron.
:Deux petits-fils d’Oger de Saint - ‘Chéron &c
d’Elwide, Oger II & Saladin d’Anglure, fer-
•virent le roi Philippe-le-^Bel dans les guerres de
Flandre.
O gerIII3 fêigneur d’Anglure, rendit de grands
Tervices au roi Philippe de Valois , &r fut un de
fes quatre chevaliers d’honneur 011 principaux
chambellans il epoufa Marguerite de Conflans j
fille & héritière d’Euftache, feigneur d’Eftoges ,
chef du nom & armes des anciens feigneurs
de Conflans, maréchaux héréditaires de Champagne.
Elle tenoitdefes ancêtres le titre d’avouée
de Thérouenne , ■ &. ce titre fut porté de père en
fils par toute fa -defcendance. Dans la branche
d’Eltotçes, iffue d’elle-aufli, Jacques-d'Anglure ,
chevalier de l’Ordre du Roi, gouverneur d’Auxerre,
fervit avec réputation contre lés Huguenots aux
batr.iües de Jarnac & >de 'Moncontourj & dans
toutes les^guerrés civiles & relig-ieufes du feizième
■ fiècle.
Antoinette d’-À-nglu-re fa -fille unique epoufa
en 1 y.72 Chtétiende Sa-vigny ,Teigneurde R eine ,
kélé ligueur, qui- tenta en 1^91 de-porter du Te-
cours à la ville <le 'M êyon, àftiégee -parles:Roya-
liftes , Sz en 1-594. • à ^ l é - d e Rouen, afliégée