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voient être punis encore par la perte de quelques
avantages politiques : le relie eft un crime vil ,te
atroce de la part du vainqueur. Le b on , le doux,
le généreux Confiance-Chlore ,.père de Conftan-
tin , ne lui eut jamais donné l'exemple de cette
lâche cruauté.
ASCEL1N. ( Hiß.d'Anglet.)i GuillaumeTe-Con-
quérant fut enterré dans l ’ églife de faint Etienne
de Caen , qu’il avoit bâtie ; mais ce n’eft point
en dépouillant les hommes qu’il faut bâtir des
temples à Dieu. Au milieu de la cérémonie de
l’enterrement , un gentilhomme, nommé Àfcelin,
fe préfenta devant les Prélats : Je vous défends ,
'?? au nom de Dieu , leur dit - il à haute voix,
33 d’ enterrer ce corps ici ; cet emplacement eft à
>3 moi 3 c’eft celui de la maifon de mon père ,
»3 envahie par ce tyran ; Dieu* qui m’entend te
3» qui vient de le juger 3 m’ a vengé fans doute
33 de fes injuftices. 33
Les Prélats eurent égard à cette violente requête
3 6c on enterra le corps un peu plus loin.
A T T A L E , A T T A LU S . (H iß. rom.) Lorf-
qu’Alaric, ayant pris & faccagé Rome, fe voyoit
le feul véritable maître de l’Empire romain, ne
pouvant pas, ou ne daignant pas prendre pour
lui ce titre d’Empereur, auquel feul les peuples
aimoient à obéir , il fit ce qu’avoient déjà fait &
ce que firent depuis quelques çonquérans ; il couvrit
de la pourpre impériale un phant-ome d’Empereur,
qui s’honoroit d'être fa créature & qui
n’étoit rien fans lui ; ce fut Attale, qu’il trouva
préfet de Rome ; il le vêtit, le dépouilla, le 1
revêtit deux ou trois fois des ornemens impé- i
riaux, félon le befoin & lesconjonélures. A taulfe, j
fuccefleur d’Alaric, s’accommoda du même homme
pour le même ufage ; mais cet homme s’ennuya
du perfonnage qu’ on lui faifoit jou er, & reconnut
Lui - même pour Empereur un tyran de .
ce tems., nommé Jovin ; A taulfe, qui ne le re-
connoifloit pas , & qui étoit le véritable maître,
obligea de nouveau Attale d’être fon Empereur
après qu’A taulfe eut vaincu & pris Jovin , & lui
eut fait trancher la tête.. Attale, ou prenoit fur
chaque objet les ordres d’A taulfe, ou dpnnoit
de lui-même les ordres qu'il croyoit devoir lui .
être les plus agréables. La ville de Bordeaux
ayant ouvert fes portes fans réiîftance , n’en fut
pas moins pillée te brûlée par l’ordre d’Attale.
« Miférable id o le , Récrie un auteur moderne,
»3. qui n’ayant ni force ni vertu pour faire du
». b ien, penfoit fe fignaler par des embrâfeméns .
» te par des fracas-, comme fi la deftru&ion 8c
33.1a ruine n’étoient pas plutôt des marques d’im-
33-puifiTance que de pouvoir! 3»
Attale finit par tomber entre les mains deT empereur
fïonorius , qui triompha de lui à Rome ,,
l’obligeant de marcher à pied devant fon char ,
& qui en fuite l’envoya en exil dans l’iLe, de Li-
pari, après lui avoir fait couper le bout des doigts
A V E
de la main droite. Ces derniers événemens font
de l ’an 4.17.
AUDEBERT ( G ermain) . ( Hifi. lin. mod.)
Au peu que nous avons dit dans le Diélionnaire,
nous ajouterons i c i , i° . que c’eft par une erreur
typographique qu’ il y eft dit qu’il mourut âgé
de vingt ans; c’eft de quatre-vingts ans qu’il faut
lire. 20. Son épitaphë, écrite en lettres d’or fur
un marbre noir attaché à la muraille de la galerie
du cimetiere de l’ églife de Sainte-Croix d’Orléans
, après avoir rapporté les honneurs qui lui
furent conférés par fon roi Henri III & par des
• puifîances étrangères, telles que le pape Grégoire
XIII, 8c la Seigneurie de Venife , ajoute
les particularités fuivantes : « Et nonobftant ces
’3 grands honneurs il s’eft toujours plu à exercer
33 l ’état d’é lu , dans cette élection, l’efpace de
33 cinquante ans, tant il étoit amateur de fa patrie;
» ce que confidérant fadite Majefté, ayant créé
5> & érigé un préfident te un lieutenant en chaque
33 élection de France, exempta ledit meflire Ger-
33 main Audebert, te voulut qu’il préfidât & pré-
33 cédât l ’ un te l’ autre. 33
^Ainfixe n’étoit ni une préfidence de charge
ni une préfidence paflagère te accidentelle, mais
une préfidence perfonnelle, de droit & permanente.
La même épitaphe qualifie Germain Audebert
Prince des poètes de fon tems. On peut obferver
encore qu’elle contiént la lifte de fes ouvrages.
Seévole de Sainte-Marthe a fait fon éloge; il l’appelle
:
Audeberte, noyem facer camoenis
Qun te depereunt Jenem pueli& , &c.
Quo teprofequar, Audeberte, verfu
JLinguarum decus, ô pater leporum, &c.
Audebert étoit proteftant, & Théodore de Bèze
étoit fon ami. Une épigrâmme de ce dernier,
De fuâ in Candidam & Audebertum benevoLentiâ, a
donné lieu à ces odieufes imputations de parti,
pour lefquellesle moindre prétexte fuffit toujours.
Maimbourg les a répétées dans fon Hiftoire du
Calvinifme : les proteftans les ont réfutées.
L’épitaphe dont nous avons parlé eft commune
au père te au fils. Voici ce qu’on lit à la fin
de cette épitaphe :
« Et fous le même marbre gît meflire Nicolas
» Audebert, concilier du Roi en la cour de par-
33 lement de Bretagne, fils dudit meflire Germain
33 Audebert, grand imitateur des vertus pater-
33 nelles, qui trépafla cinq jours après fon père,
33 en l’âge de quarante-deux ans. ( Le père étoit
33 mort le 24 décèmbre 1 y98. ) 3»
AVESNES : les d’Avesnês SdesDAMPiBRREs.
( Hifi. de. Fland. ) Saint Louis étoit l’arbitre de
l’Europe : ce fut moinsencore fon droit de fouverai-
neié que là réputltion d’équité qui fit porter à
fon. tribunal les conteftations de la Flandre,.autrefois
l’alliée de i’ Angleterre contre la France.
A U M
La comteffe de Flandre, Jeanne, étoit morte fens
enfans ; Marguerite fa foeur lui avoit fuccédé :
il s’ agifîoit de favoir qui fuccéderoit un jout à
Marguerite. Elle avoit eu deux maris , Bouchard
d’Avelhes & Guillaume de Dampierre. Elle avoit
des enfans des deux lits ; ceux dû fécond pré-
tendoient exclure ceux du premier ; ils avoientq
difoient-ils, découvert que Bouchard d’Avefnes
étoit engagé dans les ordres avant fon mariage,
que par conféquent ce mariage étoit nul , &
les d’Avefnes, finon bâtards:, du moins inhabiles à
fuccéder. Les d’Avefnes croyoient voir Marguerite
incliner pour les Dampierres ; ils cherchèrent
un juge plus jufte que leur mère, te s’adreflerent
à faint Louis. Mézeray rapporte que toutes les
parties ayant comparu devant le R o i , Louis demanda
d'abord à la mère , qui elle defiroit pour
héritiers, ou des d’Avefnes, ou des Dampierres.
«c Les enfans légitimes, dit-elle, doivent .avoir la
x> préférence. Sur ce mot l’ aîné des d’Avefnes s’ecria
tout en colère : Eh quoi ! ferais-je tenu pour
»> bâtard de la plus riche P .... qui vive? 33 Louis,
le plus refpeétueux de tous les fils , feandalifé
d’ un tel outrage fait à une mère, punit d’Avefnes
d’une peine que les idées du tems pouvoient
rendre plus grave qu’elle ne le paroîtroit peut-être
aujourd. hui ; il ordonna que du lion de fable
en champ d’or que portoit d’Avefnes , il retran-
cheroit la langue & les griffes, pour marque ,
dit Mézeray , q u il ne dtvoit avoir ni paroles ni
armes contre J'a mère.
Quant au fond de la querelle, Louis fit une
efpèce de tranfaélion ; il donna le Hainaut aux
d’Avefnes, & la Flandre aux Dampierres.
Les hommes ne font pas dignes d’en croire
un fage : il faut toujours les horreurs de la guerre
pour les ramener à la paix. Les d’Avefnes vou-
loient un partage plus confidérahle, les Dampierres
perfiftoient à ne vouloir aucun partage;
ils chafierent les d’Avefnes ; ceux-ci implorèrent
l’appui du comte de Hollande. Louis n’avoit voulu
fe mêler de leurs querelles que pour les pacifier
; les Dampierres furent vaincus 8c faits prisonniers.
Marguerite à fon tour oppofà au comte
de Hollande, Charles, comte d’Anjou, frère
de faint L o u is , à qui elle abandonna l’ufufruit
du Hainaut ; celui-ci repoufla le comte de Hollande
te les d’A v e fn e s le s Dampierres furent
mis èn liberté moyennant une rançon. Il fut
démontré que la guerre n’avoit produit ^tfe du
mal : on eut recours à Louis & à. fa fentence >
le Roi engagea fon frère à rendre le Hainaut,
& les concurrens forent trop heureux de fe fou-
mettre enfin au jugement que Louis avoit prononcé
dix ans auparavant.
AUMQNT. A c e t article, dans leDi&ionnaire,
nous n’ avons parlé que des deux maréchaux de
ce nom : cette Maifon a produit plufieurs autres
guerriers recommandables, plufieurs nobles vièli-
A U V 39
I mes de la patrie, qu’il eft à propos' de rappeler ici.
i ° . Jean I I I , fire d’Aumoftt, qui fe trou va, en
1528, à la bataille de Gaffel, & qui fervit Philippe
de Valois dans toutes les occafions importantes;
il fut fait chevalier en 1340. Sa bru fut
gouvernante de Charles VI.
2°. Son petit-fils, Pierre I I , dit Hutin, fire d’Au-
m on t, fut porte-oriflamme de France. JI avoit
porté les armes plus de quarante ans.
3°. Jacques d’Aumont, fils de Pierre II & chambellan
du R o i, fut tué , en 13 9 6 , à la bataille de
Nicopolis en Hongrie contre les Turcs.
4°. Jean IV fon frère, dit Hutin , fut tué à la
fatale journée d’Azincourt, en 1415.
y°. Charles, marquis d’Aumont, petit-fils du
premier maréchal d’Aumont, & oncle du fécond,
lieutenant-général des armées du R o i, mourut à
Spire d’une bleffure qu’il avoit reçue au fiége d®
Landau, en octobre 1644.
AUVERGNE (C harles de V a lo is, comte
d’ ) . ( Hiß. mod. ) A l’article Auvergne , du Dictionnaire,
tom. I , partie I I , pag. yo8, on renvoie
au mot Charles pour un article particulier de ce
Charles de Valois , d’ abord comte d’Auvergne &
depuis duc d’Angoulême ; cet article ne fe trouve
point à Charles : nous allons le placer ici.
C e Prince étoit fils naturel de Charles IX & de
Marie Touchet (fille d’un lieutenant-particulier
au préfidial d’Orléans ) , dont l’ anagramme étoit:
Je charme tout ,• élle charma Charles IX , qui n’en
époufa pas moins Elifabeth d’Autriche, fille de
l ’empereur Maximilien IL Marie Touchet, ayant
vu avant le mariage le portrait de cette princefle,
lé rafîui*a , 8c dit : D Allemagne ne me fait pas peut.
Son empire en effet dura encore quelque tems ;
mais il finit, & elle époufa le comte de Balzac d’ En-
tragues, feigneur de Malesherbes & de MarcouffV,
& gouverneur d*Orléans, dont elle eu t, entre
autres enfans, la marquife de V erneuil, maîtrefle
de Henri IV. Le comte d’Auvergne étoit donc
frère utérin de la marquife de Verneuil. La pro-
meffe de mariage que Henri IV avoit eu la foi-
bleffe de faire à cette femme, & que Sully avoit
déchirée, mais que Henri avoit refaite, fervit de
prétexte au comte d’ Entragues & au comte d’Auvergne
pour troubler l’Etat par des confprrations,
dont l’objet étoit de faire annulier le mariage de
Henri IV avec Marie de Médicis , de faire déclarer
illégitimes les Princes qui en étoient nés , &:
' de placer for le trône-la marquife de Verneuil. Il
fallut bien pardonner à celle-c i, & , à fa confidé-
ration, à fon père & à fon frère des complots qui
par oifiènt avoir été pouffés trè s -lo in , & qu ils
euffent vraifemblablement payés de leur tête fans
le crédit de la Marquife. « j Jai vu en 1744
*> l’auteur de l'Intrigue du Cabinet ) , fur la princi-
* pale porte du château de Verneuil, adueiiement
“ détruit, une fculpture à demi-bofle déjà bien
»» effacée-, formant un groupe de perfonnages à