
E D O E S C
J E d BURGE. ( Hifi. de Fr < _& <£ Anglet.) Egbert,
.ce Roi anglo-faxon, célèbre .par 1-extinction de
i’heptarchie -8c par la réunion de T Angleterre; fous
fes lois j avoit/daiis un tems d'opprefïion , trouvé
un aille à.la, cour de Charlemagne > il.y avoit médité
j préparé , mûri fes grands projets. La rivale
d'Egbert, la reine Edburge ,. que les Anglais occidentaux
abandonnèrent pour Le donner à lui , &
qui avoit mérité ce fort par fes vices & par fes
crimes, trouva aiifïi un aule à la-co^r de Charle-
■. magne.. C ette femme., qui* avoit; empoifonné fon
mari en voulant empoifonner;.un de.fes amans
qu'elle craignoit, ou dont elle avoit à fe plaindre,
difoit un jour à Charlemagne, que le plus grand
objet de fon ambition feroit d'être reine de
France. «Eh bien ! dit Charlemagne, tournant la
» chofe. en plaifanterie , je fuis veuf 8c mon fils
» aîné n'eft pas marié, qui voulez-vous époufer
» de nous deux ? Le plus jeune, dit Edburge. Ah !
» répliqua Charlemagne, fi vous m'aviez choifi, je!
« vous aurois donné mon fils ; mais puifque vous
» me l'avez préféré, vous n’aurez ni lui ni moi. 3*
Il lui donna une abbaye, qu'elle quitta pour s'enfuir
avec un nouvel amant j elle finit par aller
mourir à Pavie dans la mifère.
EDO B INCH , EDOBECH ou EBODECH 8c
E CDICIUS. (Hiß. rom.) Edobinch étoit un capitaine
français attaché au fervice du tyran Conf-.
tantin, lequel difputoit l'Empire à Honorius 8c au
fils-d'Arcadius. (Voye%, dans ce volume', l'article
■ Gêroncc.) Edobinch rendit un grand fervice à C o n f
tantin, en allant au-delà du Rhin lui chercher des
fecours parmi les Français fes compatriotes 8c les
autres nations germaniques. Conftantin étoit alors
affiégé dans la ville d'Arles par le comte Conf-
tantius , grand-maître de la milice romaine fous
Honorius, 8c le plus célèbre des généraux du
tems. Lorfque cefui-ci apprit qu'Edobinch arri-
v o it à la tête du fecours qu'il avoit obtenu, il fe
hâta démarcher à fa rencontre, & de difpofer une
.embufcade qui, n’ayant point été apperçue par
les Germains, eut contr’ eux tout fon effet. Edobinch
, attaqué en tête par le fort de l'armée de
Ccnttantius, 8c en queue par un gros de cavalerie
qui formoit F embufcade en queftion, fut aifément
mis en défordre, fes bataillons fe renverfent j les
uns fuient, les autres jettent leurs armes 8c demandent
grâce > d'autres font foulés aux pieds des
chevaux j la déroute eft complète. Edobinch eût
bien de la peine à fe fauver à courfe de cheval 5 il
alla chercher un afile dans une maîfon dé campagne
, chez un ami, nommé Ecdicius-, qu'il avoit
comblé de bienfaits., 8c fur lequel il croyoit avoir
droit de compter. Ecdicius, oubliant tous les devoirs
de la reeonnpiffance, 8c violant indignement
les lois facrées de l'hofpitalité,.Ie refpeét & 1 humanité
dus aux malheureux, coupa lui-même la
tête.de fon ami, 8c, cette tête a la main, vint demander
fon falaire à Conftantius. « C e général,*
33 dit l'auteur de l’Avant-Clovis, le remercia au
». nom de la république ,de ce qu'il avoit fait 1 office
33. de fon prévôt > mais quand il fut qu' Ecdicius
33 voulait, demeurer dans l'armée, il lui fit com-
33 mandement de fe retirer au plus vite > 8c ainfi
33.Ecdicius (ne remporta pour cette belle aétion,
sa qu'un cruel remords dans le fein, 8c une hor-
33 rible infamie fur le front. 33
C e t événement eft de l ’an 411.
EMSER ( JÉRÔME ) . (H ifi. du Luthéran. ) Luther
avoit fait en langue allemande une traduction du
Nouveau-Teftament, que les Catholiques trouvèrent
remplie d’infidélités tendantes a favorifer
fes ,dogmes. Jérôme Emfer, docteur de Leipfick
8c théologien du duc Georges de Saxe, comme
Luther l'étpit de l'Eleêteur, releva ces infidélités,
8c iLofa oppofer à cette traduction hérétique une
traduction orthodoxe. C e t Emfer, zélé défen-
feur âe la foi catholique , fatiguoit Luther de fes
écrits, 8c Luther l'accabloit d'injures plus encore
que les Rois 8c les Papes. C'étoit vers l'an 1511
qu'ils écrivoient l'un contre l’autre.
ESCARS. ( Hifi. de Fr.) La Maifon de Péruffe
ou delà Péruffe, dite d’Efcars, du nom d'une terre,
eft recommandable par fes fervices 8c fes alliances.
François d’Efcars, feigneur de h. Vauguyon ,
chambellande François I , & commandant en Dauphiné,
Lyonnois , Savoie 8c Piémont, époufa le
22 février i j i é , l'héritière de Bourbon-Carenci,
par qui la principauté de Carenci palfa dans la
Maifon d'Efcars.
Claude , prince de Carenci, fon petit-fils, fut
tué en duel le 6 mars 15.86, par le baron de
Biron.
Diane fa foe u r , devenue princeffe de Carenci,
époufa Louis dE ftuert, ou Stuert, ou Stuart,
comte de Saint-Mégrin, lieutenant-général des
armées du Roi.
Jacques , marquis de Saint*-Mégrin, leur petit-
fils , au (fi lieutenant-général, après avoir fait diverses
campagnes en Allemagne , en-Lorraine , en
Flandres , après avoir commandé en Catalogne ,
fut tué au combat de Saint-Antoine, le 2 juillet
16 f 2 , à trente-cinq ans.
Marie fa foe u r , marquife de Saint - Mégrin ,
princeffe de Carenci, comteffe de la Vauguyon ,
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épo-ufa, en 1f>y3 ,Barthëlemi de Quèlen, comte de
Broutay , maréchal des camps & armées du R o i,
tué au fiëge de Tourriay , en 1667. .
Ainfi la branche aînée de la Maifon d’Efcars s'eft
éteinte dans la Maifon dés Stuerts Saint-Mégrin ,
& cette branche dès Stuerts- Saint-Mégrin dans
celle de (jûelen j mais il reftoit d’autres branches
delà Maifoh.de Péruffe ou d Eicars , uneentr'autres
qui a produit deux prélats diftingués , favoir :
Le cardinal de Givry , Anne d Efcars , grand
‘ligueur, 8c cependant honnête Lcmmé, 8c homme
de mérite, comme Henti IV le reconnut lui-
même ; aufti fe fit-il un plaîfïr de le transférer de
l ’évêché de Lifieux à l evêché.de Metz, en 1608.
Le pape Clément VIII avoit fait Anne d'Efcars
cardinal en 1596. Mort le 19 avril i 6 n , f ^
L’ autre prélat eft Charles d’Efcars ., évêque 8ç
duc de Langres, frère du Cardinal, mais d’ un premier
lit ; le Cardinal avoit même été fon coadjuteur
à l’évêché de Langres. Charles avoit été d’abord
évêque de Poitiers en 1564? il fut nommé ,
à l’évêche de Langres en 1 | | i . En 15-73;, il reçut
à Metz les ambaffadeurs de Pologne, qui venoient
apporter au duc d’Anjou la nouvelle de fon élection,
8c la harangue que ce prélat fit à cette occafion
lui fit honneur. Mort en 1614.
ETIENNE. (Hifi. eccléfiafi. ) L’hiftoire ecclé-
fiaftique nous offre d’abord le diacre faint Etienne,
premier martyr du chriftianifme, lapidé l’ an trente-
trois de l’ère chrétienne, par les Juifs ,qui l’ accu-
foient d’avoir blafphémé contre Moïfe. Son histoire
eft rapportée dans les Adtes des Apôtres,
chapitres VI 8c VII. Il pria en mourant pour fes
perfécuteurs, 8c fes prières paroiffent avoir obtenu
la c on verfi on de Saul, qui fut depuis faint Paul.
Audivit e coelo De us
Suprema verba martyris :
Dux Saul us 6* tefiis necis ,
Necis fit ipfe pr&mium.
On compte neuf ou dix Papes du nom d’E tienne
, félon qu’on veut ou mettre ou ne pas
mettre au nombre des Papes un Etienne II, élu 8c
mort en 7 j 2 , 8c dont le pontificat ne fut que de ^
trois ou quatre jours. _
i° . Etienne la le titre de Saint. Succeffeur du
martyr Lucius en 253, ilfouffrit lui-même le martyre
le 2 août 257, pendant la perfécutiori de l’empereur
Valérien. C ’eft fous fon pontificat qu’ on
agita la fameufe queftion de la rebaptifation des
hérétiques, fur laquelle faint Cyprienréfifta au pape
faint Etiennè. (Hoye^ l’ article Cyprien (faint)
dans le Dictionnaire. )
20. Etienne II eft ce Pape de quatre jours.
30. Etienne III. C e Pape eft très-connu par fes
liaifons avec Pépin-le-Bref, 8c par les événemens
qui en ontétéla fuite. Pépin-le-Bref, dansleprojet
de confacrer par la religion le couronnement de
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fa race, & de la préferver, par ce moyen, du fort
qu'il avoit fait éprouver à la race mérovingienne,
ne defiroit rien tant qu’une alliance intime avec
les Papes : ceux-ci ne la defiroient pas moins, ne
voyant que la France qu’ils puffent oppofer avec
fuccès aux Lombards leurs plus redoutables ennemis.
Etienne porta donc à Pépin fes plaintes fur
les violences que le Saint-Siège éprouvoit alors
plus que jamais de la part des Lombards. Pépin
faifit cette occafion d’ inviter Etienne a paller en
France', pour qu’ ils puffent conférer a loifir de
leurs communs intérêts. Les, Lombards, amis delà
France fous Charles Martel, 8c qui ne vouloient
pas en devenir ennemis fous Pépin-le-Bref , n o-
fèrent s’ oppofer au paiTage du Pape, quoiqu ils
viffent trop bien l’objet de fon voyage.
Les auteurs varient fur le'cérémonial qui fut
obfervé en France à la réception d Etienne ÏM.
Dans la fuite, lorfque la fouveraineté temporelle
eut été jointe,chezlesPapes,-ala dignité fpiritueile,
8c lorfque diverfes conjonctures eurent concouru
à augmenter ces deux pouvoirs l’un par 1 autre ,.
les Rois parurent fe plaire à rendre des honneurs
prefque divins à celui d’entr’ eux qui, le dernier
par fa foible'ffe, étoit le premier par ces titres de
Père commun 8t de Médiateur univerftl. Anaftafe le
bibliothécaire, qui vivoit dans un tems ou cet
ufage-étoit établi ou s'établiffoit, jugeant peut-
être dès iifagés antiques par ceux dont il étoit témoin,
repréfente Pépin profterne devant Etienne,
lui jurant obéiffance , marchant à pied en tenant
les rênes du cheval du Pape. Les Annales de Metz,
au contraire , difent que le Pape parut en fup-
pliant, fous la cendre 8c le cilice ; qu'il fe jeta aux
pieds du Roi, 8c ne voulut fe relever qu'après que
le Roi. lui eut accordé fa prote&ion 8c lui eut promis
fon fecours. Des auteurs contemporains n’en-
trent point"dans tous ces details, 8c difent feulement
que le Pape fit des préfens, fut bien reçu
8c qu'on l'affura d'un prompt fecours. _
Le prince Charles, fils aîné de Pépin-le-Bref >
1 8c qui fût dans la fuite l’empereur Charlemagne
paroît pour la première fois dans cette occafion :
il avoit environ douze'à treize ans > il alla au devant
du Pape à plus de trente lieues , 8c le con-
duifit à Pontyon, maifon royale dans lé Pertois,.
où Pépin l'attendoit.
Pépin fit renouveler par le Pape, dans l'églife
de Saint-Denis, la cérémonie de fon facre 8c de fon
couronnement. Le Pape facra 8c couronna en
même tems la reine Berthe , femme de Pépin, 8c
leurs deux fils, Charles 8c Carloman il donna
l’ abfolution à Pépin pour fon ufurpation j il lança
en même tems toutes les excommunications d’ufage
contre quiconque oferoit jamais fonger à tranfpor-
ter la couronne dans une autre maifon , ut nun-
quàm de alterius lumbis regem in svo pr&fumant eli-
gere ; ce qui n’empêcha pas Hugues Capet d'enlever
la couronne à Charles de Lorraine , comme Pépia
■ l 'avoit enlevée à Childéric.