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Grecs j &r auteur de cette belle retraitej qui a
caufé la perte de l’ ouvrage de Themiftogène.
THÉOBALDE ou THIBAUT ( Z a c h a r ie ),,
(H 'f t . mod.), hiftorien luthérien, né en Bohême,
mais ayant vécu & ayant écrit à Nuremberg. On
a de lui, en allemand, l’hiftoire de Jean Hus & de
la guerre des Hu[fîtes, ouvrage qui a été traduit
en latin: on a aufli de lu i, en latin, une hiftoire
chronologique de 1 eglife de Eohêrne, & une fuite
généalogique & chronologique des Juges, des
Pues & des Rois de Bohême. Cet auteur a joui
de quelque eftime.
THÉOPHANE. A cet article, il n'eft parlé,
dans le Diélionnaire, que de Georges Théophane,
l'un des écrivains de la Byfantine, & d'un autre
Théophane, évêque de Tauromine en Sicile. Mais
il en eft un qu'il n'efl: pas permis d’oublier, c'eft
Théophane de Mitylène, fur la vie & les ouvrages
duquel M. l'abbé Sévin a fait de favantes recherches
, inférées dans le quatorzième volume,
Pag* 141 & fuiv., du Recueil de l'Académie des
Jnfcriptions & Belles-Lettres. C e Théophane étoit
tout a la fois hiftorien, poète & homme d'Etat,
L ’ intime amitié qui l'uniflbit avec le grand Pompée
, la confiance qu’ il fut infpirer à cet illuflre
Romain, qui le eonfultoit fur toutes les affaires,
auroient été feules des titres fuffifans pour le recommander
à la poftérité. Les partilans de Mithridate
, dans fes guerres contre les Romains,
étant les plus puiflans à Mitylène, & ayant livré à
Mithridate Manius Aquilius, l ’un des généraux
de la Rép ub liqu eceux qui s’étoient oppofés à
cette lâche réfolution furent bannis de la ville.
On préfume que Théophane & fo n père forent du
nombre des bannis, qu’ ils fe retirèrent auprès de
Sylla lorfqu’il entra en Grèce à la tête des légions
romaines, qu’ ils en furent accueillis, que la guerre
finie ils fuivirent ce grand général à Rome , que
Theophane y vit P ompée, & que là fe forma leur
amitié. Il faut avouer que tous les fuffrages ne
font pas favorables à Théophane : fi Strabon le
lo u e , Plutarque le décrie. Au refte, il paroît que
les reproches qu’ on lui fait font principalement
d avoir tout facrifie en toute occafion aux intérêts
de Pompée par un motif qui n’étoit pas entière- *
ment p u r , par le defir & l'efpérance de profiter,
pour fa propre élévation, de la grandeur & de la j
puiflance de Pompee. Pompée, de fon cô té ,é to it,
dit-on, avide de louanges, & par cette raifon il
vouloit avoir auprès de lui un écrivain flatteur,
capable de rehaufler, par les grâces du langage,
1 éclat de fes victoires. Théophane le fervit à fon
gré ; il employa tous fes talens à relever le mérite
de l’expédition de Pompée contre Mithridate. La
lecture de fon ouvrage charma Pompée; il affem-
bla les légions, & en leur préfence, après un dif-
cours ou les fervices de Theophane ét oient exal- I
tés comme les exploits de Pompée l'avoient été 1
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par Théophane * il accorda folennellement à
celui-ci le droit de bourgeoifie romaine. A fon retour
il eut pour Théophane la complaifan’ce de
vifiter la ville de Mitylene, & de rendre fes habitons
témoins de la confïdération dont leur compatriote
jouilFoit auprès de lui. A fa prière, il leur
rendit les privilèges dont le fénat les avoit dépouillés
pour les punir de s'être jetés dans le parti
de Mithridate. Tant de marques de confiance &
d'amitié de la part d'un homme tel que Pompée
acquirent à Theophane l'amitié des Romains les
plus diftingués, tels qu'Atticus & Cicéron. Quelques
endroits des lettres de Cicéron à Atticus
donnent lieu de penfer que quand ce célèbre orateur
, fuccombant fous la violence de Clodius &
fous la mauvaife volonté de Pompée , contraire
alors à Cicéron, fut obligé de quitter Rome,
Théophane travailla fincérement à conjurerl'orage.
Cicéron en reçut des confeils falutaires, & de fon
propre aveu il s'étoit repenti plus d'une fois de ne les
avoir pas fuivis. On infinue même que vraifembla-
blement il lui fut redevable en partie de fon rapp
e l Théophane ayant difpofé favorablement pour
lui l'efprit de Pompée. Quand la guerre civile
' éclata, Théophane fuivit le parti de Pompée : des
motifs vertueux ou du moins raifonnables pou-
voient Py déterminer ; mais on obferVe que l'intérêt
put l'attacher à ce parçi. Si Pompée étoit
vainqueur, Pompée étoit le maître, & Théophane,
qui le gouvernoit par les louanges, étoit le maître
fous lui j Pharfale, en ayant décidé autrement,
Pompée, que les confeils de Théophane avoient
engagé à rejeter les propofitions ae Céfar, qui
auroient pu prévenir la guerre civile., s'embarque
avec le même Théophane pour aller à Mitylene
reprendre Cornélie fa femme, qui s'y étoit retirée
comme dans une place fure, dont les habitans ,
comblés des bienfaits de fon mari, étoient d'ailleurs
dévoués à Théophane qui lesJeur avoit attires.
Dans la deliberation fur la retraite que choi-
firoit Pompée j Théophane opina pour l'Egypte
dont le Roi devoit à Pompée fa couronne. On
croit qu'aprèslamort de Pompée, Théophane ne
fut pas des derniers à implorer la clémence du
vainqueur. Après la mort de C é fa r , lorfque tous
les partifans de la République alloient groflir l'ar-
mee de Brutus & Caffius, Cicéron mande à Atticus
que Théophane lui avoit demandé une entrevue
pour lui parler, difoit-il, d’ affaires qui les con-
cernoient l'un & l'autre. On ignore le refte de
I’hiftoire de Théophane. On lit dans Tacite, que
les Grecs, auxquels fon crédit avoit été fouvent
utile, lui décernèrent les honneurs divins. Le
même Tacite rapporte que le fils de Théophane,
nommé Marcus Pompeius Macer, parvint, fous
Augufte , à la dignité de prêteur. Strabon ajoute
qu'au commencement du règne de Tibère, Macer
fut en. grande faveur auprès de lui ; mais que dans
la fuite ce tyran capricieux le hait & le perfecuta,
& fit condamner an banniflement PpmpeiaMa-
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crina, fille de Macer ; 8c Tacite dit que Tibèré
prenoit pour prétexte de cette injufte perfécution j
l’intimite qui avoit régné entre Théophane & j
Pompée.
Quant aux écrits de Théophane, le plus impor- j
tant 8c le plus curieux étoit l 'hiftoire des guerres j
que les Romains avoient faites en divers pays fous
le commandement de Pompée. Il s'en eft confervé
quelques fragmens dans Strabon, dans Plutarque,
dans Stobée. La meilleure partie eft celle qui fe
retrouve dans la vie de Pompée par Plutarque.
Diogène Laèrce eft le feul des anciens qui rafle
mention du Traité que Théophane avoit publié
fur la peinture. C e qu'il en dit fait connoître.que
l'ouvrage contenoit des particularités remarquables
de la vie des peintres célèbres.
Plutarque parle d'un très-beau difeours que fit
Théophane pour confoler les Rhodiens de la perte
de leur flotte; mais M. l'abbé Sévin trouve de la
difficulté à concilier ce paflage de Plutarque avec
l'hiftoire de ces tems-là.
Tels font les ouvrages que Théophane avoit
écrits en profe> Quant à fes poéfles, il ne s'eft
confervé que deux pièces de lu i, inférées l'une &
l'autre dans le Recueil de l'Anthologie.
Un autre Théophane, archevêque de Novogo-
rod en Ruflie, s’eft diftingué au commencement
du dix-huitième fiècle , fous le czar Pierre I , par
fon amourpour les Lettres, par fon zèle à féconder
les vues utiles de ce* grand Empereur, dont il avoit
été aumônier; par l'établiflement qu'il fit dans fa
propre maifon, d'une école pour Soixante jeunes
gens qu’il fournit de maîtres 8c de livres nécef-
faires. C'étoit le plus favanthomme du clergé rufle.
N é àKiov iale ? juin 1681 ; mort le 8 octobre 1720.
TH ÉOPHY LA C TE . A cet article du Dictionnaire
, il n'eft parlé que de Théophylaéte Simo-
catta : on peut en joindre deux autres affez dignes
de remarque, mais diverfement.
i ° . Théophylaéte, patriarche de Conftanti-
nople au dixième fiècle, étoit fils de Romain,
qui , abufant du pouvoir que lui laifloit la jeu-
nefle de Conftantin Porphyrogénète fon gendre,
éleva fes propres enfans fur le trône impérial.
Théophylaéte fut deftiné à l 'Eglife , confacré 8c
mis fur le fiége de Conftantinople en 933. Il étoit
eunuque & en avoit les moeurs dépravées. Il ven-
doit les bénéfices les dignités eccléfiaftiques, &
avoit une telle pafiion pour les chevaux, qu'il voulut
en avoir jufqu'à deux mille. On dit qu'il les
nourrifloit d'amandes, de piftaches, de dattes.,
de fafran, de baume 8c de tout ce qu'il pouvoit
imaginer de plus rare & de plus précieux. Officiant
pontificalement le jeudi-faint dans l'églife de
Conftantinople, il fut averti qu’une jument qu'il
aimoit beaucoup venoit de faire un poulain ; il
courut à l'écurie pour voir la mère 8c l'enfant,
puis il vint achever l'office; Il mourut par les chevaux.
Se promenant à cheval, il fe blefla contre i.
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une muraille, 8c mourut des fuites de cet accident
en $)f6.
2°. Théophylaêle, archevêque d’Acride en Bulgarie,
vivoit dans le onzième fiècle, fous les empereurs
Michel Ducas, Nicéphore Botooiates 8c
Alexis Comnène, & fut un des hommes les plus
illuftres de ce même fiècle. Son archevêché d'A-
cride étoit la métropole de la Bulgarie. Il eut à
établir la foi chrétienne dans cette province alors
toute barbare. On a de lui des Commentaires fur
plufieurs livres de l 'Ecriture-Sainte ; fes le ttres ,
■ "écrites en grec 8c traduites en latin, ont été imprimées
& réimprimées en divers lieux au commencement
du aix-feptième fiècle : elles font d’ailleurs
inférées dans la Bibliothèque des Pères.
On a encore de Théophylaête un Traité intitulé
en latin : Oratio in adorationem crucis medio
jejuniorum tempore;
Et un autre Traité imprimé en i é y i , en grec
8c en latin , & intitulé en latin : lnfiituùo regia ad
Conßantinum Porphyrogenitum , Michaelis Ducis
filium. Il a aufli été hnprimé dans Y Imperium orientale
de dom Anfelme Banduri.
L'archevêque d’Acride étoit né à Conftantinople;
il vivoit encore en, 1071.
TH E O R IE N , THEOR IAN US , auteur grec
du douzième fiècle, fut envoyé en 1170, par l'empereur
Manuel Comnène, pour travailler a la con-
verfion des Arméniens, & il a donné une relation
de cette légation, & un dialogue d'un orthodoxe
avec un évêque arménien ; ouvrages qui fe trouvent
dans la Bibliothèque des Pères.
THÉOSOBIE, ( H iß . ecclêf. ) 3 fille d’Emmelie,
femme de faint Grégoire de Nazianze, foeur de
faint Grégoire de Nyfle ; c’ eft ce qui réfulte, foit
textuellement, foit par induétion, d’ une inscription
qui fe trouve parmi les poéfies de faint Grégoire
de Nazianze, laquelle infeription n’eft pas
de ce faint, mais d'un ancien auteur. Tu quoque,
Theofebia , inclyttt Emmelia fi lia , Gregorii magni
verè conjux , hicfacram Jubiifti humum, columen femi-
narum piarum , è vilâ verè maturè excejjifii. Elle fe
fépara de faint Grégoire de Nazianze par un con-
fentement mutuel, & par le defir d’une vie plus
parfaite ; ils fe confacrèrentl'un 8c l'autre à Dieu.
Théofebie fut diaconefle. Baronius & les Pères
Henfchenius & Papebroch célèbrent beaucoup fa
piété. Les deux Grégoires & Théofebie vivoient
dans le quatrième fiècle de l’ Eglife.
THERAIZE S Mich e l ) , né àChauni en Picardie,
doéteur de Sorbonne, chantre en dignité,
chanoine & official à Péronne, favant eccléfiafti-
que, eft auteur d'un livre eftimé, qui a pour titre :
Queßions Jur la mejfe publique &folennelle, dont on
a rendu compte dans le Journal des Savans du lundi
30 novembre 1699. M. Theraize prétend que les
auteurs qui ont traité avant lui des cérémonies de