
Prévoit n'eft mort qu’en 1739 3 outre fon a£te mor- I
tuaire qu’ on produira, on pourra prouver qu’il
vivoic encore à cette époque, par maints a êtes
juridiques> car il a exercé fa charge de procureur
du Roi jufqu’ à fa mort, 1739.
( Article fourni pâr la famille. )
PROCOPE -COUTEAUX (M ich e l ) . (Hiß,
litt, mcd. ) ( Nous n’avons dit qu’un mot de lui
dans le Dictionnaire. C et article, qu’ un homme de
lettres connu a bien voulu nous fournir, remplira
ce qui manque au nôtre.)
Michel Procope-Couteaux, doéteur-régent de
la Faculté de médecine en l ’Ûniverfité de Paris,
étqitle fécond fils de François Procope-Couteaux,
qui le premier établit en France les lieux appelés
cafés 9 & nous fit connoître l’ ufage des glaces &
autres rafraîchififemens (1 ). Michel naquit à Paris
le 7 juillet 1684. On le deftina dès fon enfance à
l ’état eccléfiaftique, & à l’ âge de neuf ans il
prêcha en l ’églife des Cordeliers du grand courent
de cette ville, un fermon en grec, de fa compo-
fition. Il quitta par la fuite cet état pour celui de
la médecine, profeflion dans laquelle il avoir fon
frère aîné, qui s’établit depuis en Efpagne, où il
fut premier médecin du Roi. Les connoiffances
que Michel Procope acquit dans fon art lui valurent
la réputation d’un bon théoricien > mais l’ amour
du plaifîr & de la liberté lui permit peu
d’être un grand praticien.
Son efprit le fit bientôt connoître dans le monde.
Il étoit petit, laid & boftu, néanmoins il fut recherché
des plus grandes & des plus aimables
compagnies, où il a toujours été connu fous le
nom du Docteur Procope. Un efprit vif & gai, un
caractère complaifant auprès des femmes, lui donnèrent
fur elles un afeendant qui é to it , en apparence
, difficile à concilier avec fa laideur 5 mais
comme il avoit l'art de fe prêter à leurs caprices
& à leurs fantaifîes, ayant avec elles l ’efprit
qu elles avoient, & flattant leur vanité, il parvint
fouvent à les affervir. 11 fut marié trois fois 5 &
cet homme, qui étoit, comme nous venons de le
dire, petit, laid & boftii, d’une naiflance peu
connue, & âgé de plus de quarante ans, époufa
en troifièmes noces la fille aînée de M. le comte
de Montfort, foeur du marquis de ce nom, capitaine
au régiment du Roi. .
Le marquis de Montfort étant mort fans en-
fans, les difpofitions de la coutume du Maine,
favorables .aux .filles , firent revenir à madame
(1) Le véritable nom de cette famille , originaire de
Païenne en Sicile,. eft Cuto. François-Procope Cuto7 en s’établifTant à Paris, où des dérangeoeens dé fortune
l'avoient attiré , avoir francifé fon nom, & l’avoit écrit
comme il fe prononçoit dans fa patrie. A l'égard du
nom Procope qui le précède, c’écoit un nom de baptême
, qui par la fuite eft devenu un nom de famille
pour fes défeendans. j
j Procope toutes les terres honorifiques de cette
Maifon j mais le doéleur jouit peu de cette brillante
fortune : fa femme mourut quelques mois
après, & un fils qu’il avoit*eu d’elle ne lui fur-
vécut pas long-tems. Pour lu i ,; i l mourut à
Chaillot près Paris, le 9 décembre 17 5 3 , âgé de-
foixante-neuf ans & fix mois.
Procope a donné au Théâtre français YAJfem-
blée des Çomcdiens, prologue non imprimé 5 au
Théâtre italien, avec Romagnefi, les Fées & Pyg-
maliofij avec Lagrange, la comédie de la Gageure,
& le Roman avec G u y o t-d e -M e r ville. Il a fait
beaucoup de poéfies fugitives : plufieurs de ces
dernières font inférées dans un recueil intitulé
Le Secrétaire du Pamajfe. Tous les gens de lettres
ont retenu cette épigramme de lu i, fur un prédicateur
de village : il n’eft pas befoin d’annoncer
que c’ eft un impromptu $ elle a bien l’ air d’être
née de la vivacité & du dépit :
Maudic bavard, finiras-tu?
Au nom de Dieu, dépêches 5
Tu dégoûtes de la vertu
Par la façon dont tu la prêches.
Procope a donné, comme médecin, YAnalyfe
du fyfiéme de la trituration , Y Extrait des beautés &
des vérités contenues'dans la réponje des Bordegaraye
& Y Art de faire des garçons.
Si cet Art de faire des garçons , qui ne peut être
u’une plaifanterie dans la théorie, pouvoit fe ré-
uire en pratique, l’auteur d’un pareil ouvrage,
dans quelque pays que ce fû t, auroit fait une fortune
immenfe. Dans toutes les nations, dans tous
les Etats, que d’hommes, entêtés de leur nom ,
défirent avidement de le voir perpétuer ! Combien
on aime à revivre dans un autre foi-même ! Avec
quelle joie ! avec quelle ivrelïe un père orgueilleux
accueille l’être deftiné à le remplacer un
jour dans fon rang, dans fes dignités, dans fes
emplois , tandis que l’humeur, le chagrin, s’emparent
de fon ame à la vue de l ’enfant que la
nature n’a pas deftiné à le repréfenter, & auquel
il reproche déjà de confondre un jour fon fang,
fon nom', fa fortune dans une famille qui ne fera
point la fienne! Certes, M. Lemierre, de l’Académie
françaife, a eu bien raifoh de dire qu’ un
garçon
Eft aimé par l’orgueil & non par la nature (1). ■
Un petit-neveu du doéteur Procope (Alexandre-
Julien Procope-Couteaux) a rempli pendanttrente-
trois ans avec la plus haute diftin&ion, la place de
procureur du Roi du fiége-général delà connétablie
& maréchauflee de France. Son z è le , fon activité,
( i) C’cft M. de Belloi & non M. Lemierre qui a dit
cela.
fes talens, ont ramené l’ attention du miniftère fur
ce tribunal, un des plus anciens de la monarchie,
& le feul dont le reflort s’ étende dans tout le
royaume. Les travaux de ce magiftrat infatigable
.ayant été mis fous les yeux du feu R o i , ont été
récompenfés par les lettres de noblefle les plus
flatteufes que Louis X V lui a accordées.
( Cet article eft de M . DE L a ü S de Bo iS SY ,
lieutenant-particulier du fiége de la connétablie. )
PRUSSE. Dans le Dictionnaire, l’article Brandebourg
renvoie à l’article Prujfe 3 & il n’y a point
d’ article Prujfe. Ce court article va y fuppléer.
La partie de l’Allemagne qui forme aujourd’hui
le royaume de Prufle, appartenoit autrefois à
l ’Ordre teutonique , un de ces Ordres militaires
& religieux nés des Croifades. Le prince Albert
de Brandebourg, qui en étoit le Grand-Maître du
tems de Luther, au feizième fiè c le , conçut à
foixante-neuf ans le defir de fe marier, de fe réformer
& de fe faire une fouveraineté héréditaire.
Il époufa la princefle Dorothée, fille du
roi de Danemarck 5 il fe fit luthérien, & il envahit
la Prüfte dont il dépouilla fon Ordre> il n’en
prit pour lui qu’une partie j il fut obligé d’abandonner
l’autre à fon oncle, Sigifmond, roi de Pologne,
& de lui faire hommage de la fienne. La
partie cédée à la Pologne fe nomma la Prujfe
royale, & la partie reftée au prince de Brandebourg,
la Prujfe ducale ,• celle-ci eft devenue, en
170 1 , le royaume de P,rufle. C e royaume n’a
donc encore qu’un fiècle de durée ; mais il a bien
employé le tems pour l’accroifiement de fa puif-
fance & de fa gloire.